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Qui était Jean Jaurès ? Etait-il marxiste ou non, réformiste ou non, idéaliste ou matérialiste, dirigeant bourgeois de gauche ou dirigeant prolétarien, politicien ou non, nationaliste ou universaliste, pro-capitaliste ou pro-socialiste ou même communiste ?

9 décembre 2012, 15:21, par Robert Paris

L’Armée nouvelle de Jean Jaurès
par Rosa Luxembourg

Sous ce titre le camarade Jaurès a fait paraître un nouveau livre volumineux qui aborde les questions mêmes de la guerre et de la paix qui, dernièrement, ont aussi éveillé un vif intérêt en Allemagne dans les cercles du Parti. L’ouvrage est du début à la fin consacré à l’idée de paix que Jaurès imprègne de la puissance passionnée du verbe qui lui est propre. Ce livre n’est pas une recherche des conditions objectives du militarisme moderne et de ses rapports avec le développement capitaliste, mais seulement une discussion pénétrante des idées répugnantes et des préjugés du patriotisme français officiel et de ses appétits bellicistes. Le leitmotiv du livre est la conception de la “nation armée” que Jaurès veut instaurer à la place du présent système de l’armée permanente et son œuvre n’est qu’un grand plaidoyer en faveur de l’armée populaire considérée comme le meilleur et le plus sûr moyen de défense de la nation contre l’ennemi extérieur. Il présente aussi en conclusion de son livre un projet de loi détaillé d’organisation nouvelle de l’armée française en duit-huit articles. (...)

Le fait, pour Jaurès, de déclarer criminelle toute guerre qui n’est pas manifestement défensive serait à ses yeux un moyen de prévenir les guerres. Mais qu’arriverait-il si cette affirmation ne produisait pas la plus petite impression sur les gouvernements d’aujourd’hui ?

Voilà comment Jaurès répond à cette question dans l’article 17 de son projet de loi :

Tout gouvernement qui entrera dans une guerre sans avoir proposé, publiquement et loyalement, la solution par l’arbitrage, sera considéré comme traître à la France et aux hommes, ennemi public de la patrie et de l’humanité. Tout parlement qui aura consenti à cet acte sera coupable de félonie et dissous de droit. Le devoir constitutionnel et national des citoyens sera de briser ce gouvernement et de le remplacer par un gouvernement de bonne foi [...]

(...)

Si la social-démocratie propage sa revendication des milices et demande que la décision sur la guerre et la paix appartienne à la représentation populaire, au moins ne se fait-elle pas la plus petite illusion sur le fait que tout le développement du capitalisme moderne rend ces revendications inapplicables jusqu’au moment où le prolétariat aura pris le pouvoir. Nos revendications doivent indiquer la direction vers laquelle s’orientent nos vœux, ainsi que l’intérêt du prolétariat. Mais s’abandonner à l’illusion que des formules juridiques l’emportent en quoi que ce soit sur les intérêts et le pouvoir du capitalisme, c’est la politique la plus nocive que puisse mener le prolétariat.

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