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Les fausses interprétations du marxisme

26 janvier 2016, 06:44

Les socialistes falsificateurs de Karl Marx

La campagne du cinquantième anniversaire de la mort de Marx se déroule chez les socialistes sous le signe du « retour à Marx ». La C.A.P., d’abord avec la Fédération de la Seine, organise une fête commémorative à Paris. Dans le Populaire, Amédée Dunois consacre à Marx toute une « Vie du Parti » qui est adressée à tous les membres du parti socialiste. Des réunions sont prévues aussi dans La province.

Les socialistes veulent, ainsi faire croire aux masses qu’ils sont un parti marxiste.

Les temps ont bien changé… Il y a à peine trois ou quatre ans que les députés socialistes, Montagnon, Déat, après le député socialiste Moch, ont « réfuté, et enterré » Marx.

« Marx reste un grand bonhomme. Mais la plupart de ses déductions apparaissent fausses. Il s’est trompé dans ses prévisions » — écrivait Montagnon en 1929.

« Que reste-t-il des conceptions marxistes si les crises peuvent, par la rationalisation cartellisée, être surmontées ou, tout au moins, efficacement contrebattues » — écrivait un an après Déat.

Moch, lui, démontrait tout simplement en 1927, salué par Blum, que les crises sont presque impossibles dans le « nouveau » régime capitaliste.

« Il est aussi difficile de parler de crises de surproduction en régime rationnel (sic !) que d’en concevoir en régime socialiste ».

Comme conclusion de leurs attaques contre Marx, les révisionnistes proposaient le rejet de la conception de Marx, de sa théorie de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire de l’âme même du marxisme.

« Il conviendrait, peut-être, que nous en finissions avec une autre routine, inattendue, paradoxale, et plus malfaisante qu’elles toutes : la routine révolutionnaire » — écrit Déat.

Montagnon posa le problème d’une façon particulièrement nette :

« Il s’agit de savoir si le jeu des forces économiques doit amener fatalement la transformation révolutionnaire de la société capitaliste en société socialiste. Eh bien ! Nous ne croyons plus à cette fatalité. »

Dans ce cas, l’expression même de révolution est à rejeter. « Si l’on constate qu’on n’est pas, qu’on ne peut pas être révolutionnaire, pour quoi, répéter si souvent cette expression imprécise et dangereuse ? »

Il est utile de mettre ces quelques extraits — on pourrait les multiplier à l’infini — pour leur montrer quelle est l’attitude du parti socialiste de ses dirigeants, envers Marx : nulle part ces idées contre-révolutionnaires ne furent désavouées et condamnées par ce parti « marxiste ».

Mais la crise économique mondiale a brisé en morceaux les prévisions et les conceptions des apologistes du capital de la S.F.I.O. sur la « fin des crises » et sur le passage pacifique au socialisme.

L’approfondissement de la crise économique dans les pays capitalistes et les succès simultanés de l’édification, socialiste en U.R.S.S. obligent les socialistes à modifier, leur attitude envers le marxisme qui est ainsi confirmé brillamment dans tous ces points. Le chômage et la misère accrue des masses, l’aggravation des antagonismes de classe, la poussée révolutionnaire créent un milieu par trop défavorable aux théories révisionnistes ouvertes, à l’apothéose du « nouveau capitalisme organisé » et de ses bienfaits. C’est pour retenir les masses sous leur influence que les chefs socialistes adoptent à nouveau des formules révolutionnaires et se présentent comme disciples de Marx.

Dans la dernière période, les déclarations de fidélité au marxisme abondent dans le parti socialiste. Paul Faure remplit de ses condamnations du capitalisme et du révisionnisme les colonnes du « Populaire » ; ses déclarations voisinent d’ailleurs avec des articles participationnistes les plus plats. Lebas part en guerre contre le « néo-socialisme » de Déat, Marceau Pivert menace le capitalisme de la dictature du prolétariat.

Enfin, pour coordonner ce travail d’escamotage et de duperie démagogique, Séverac lance « Le Parti socialiste, ses principes et ses tâches ».

Par contre, Séverac veut être orthodoxe marxiste à 100 p. 100.

« Je voudrais qu’on ne trouvât rien dans ce petit livre qui fût nouveau ; rien qui ne fût fidèle aux idées maîtresses de ce socialisme marxiste, duquel toi (Paul Faure) et moi nous nous obstinons à nous réclamer ».

Mais déjà, dans ce désir de ne rien ajouter de neuf au marxisme se manifeste l’abandon du marxisme par Séverac et tous les autres. Séverac se refuse à voir de profondes modifications survenues dans le capitalisme, sa nouvelle phase impérialiste, il se détourne de la révolution russe, de l’édification socialiste dans l’Union soviétique.

Dans son exposé « marxiste », Séverac traite de tout : on y trouve des dissertations sur la morale, sur la religion, sur l’avenir des coopératives, sur le luxe, sur l’art, sans parler de la dédicace où Séverac considère comme indispensable de nous faire connaître en détails sa biographie jusqu’au moment de l’éclosion de son manuel.

Seulement, la place lui a manqué pour parler de la révolution prolétarienne et de l’édification socialiste en U.R.S.S. Or, Marx considérait le problème de la révolution comme problème « central » de sa doctrine, mais le marxiste Séverac a « oublié » exactement cette partie des enseignements de Marx.

De la même façon, l’autre « marxiste, » ; Durnois ne trouve pas de place dans son exposé du marxisme, pour la théorie marxiste de l’État.

Ce n’est pas un hasard, c’est une méthode de falsification du marxime. Ils ne font qu’imiter le vieux renégat. Kautsky, démasqué et cloué au pilori par Lénine dans son pamphlet génial : « La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky »

Il ne fait qu’imiter son véritable maître, le renégat Kautsky.

Tout ce que Lénine écrit sur Kautsky s’applique parfaitement à Séverac et à Dunois et à tous les assassins.

« Du marxisme, Kautsky prend ce gui est admissible pour les libéraux, pour la bourgeoisie (critique du moyen âge, rôle historique utile du capitalisme, en général, et de la démocratie capitaliste, en particulier), et jette par-dessus bord, passe sous silence ou laisse dans l’ombre ce qui, dans le marxisme, est « inadmissible » pour la bourgeoisie (violence révolutionnaire du prolétariat contre la bourgeoisie jusqu’à l’anéantissement final de cette dernière. Voilà pourquoi, par la position qu’il occupe en fait, et quelles que puissent être ses conditions subjectives, Kautsky est inévitablement un laquais de la bourgeoisie. »

L’Humanité, 14 mars 1933

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