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Les fausses interprétations du marxisme

10 décembre 2012, 22:55

En avril 1895, seulement quatre mois avant sa mort, Engels écrivit avec colère à Kautsky :

« A mon étonnement, je vois aujourd’hui dans le Vorwaerts un extrait de mon introduction reproduit à mon insu, et arrangé de telle façon que j’y apparais comme un paisible adorateur de la légalité à tout prix. Aussi, désirerais-je d’autant plus que l’introduction paraisse sans coupure dans la Neue Zeit, afin que cette impression honteuse soit effacée. Je dirai très nettement à Liebknecht mon opinion à ce sujet, ainsi qu’à ceux, quels qu’ils soient, qui lui ont donné cette occasion de dénaturer mon opinion et qui plus est sans m’en avoir informé en aucune manière. »

En octobre 1896, un peu plus d’un an après la mort d’Engels, Bernstein écrivit un article dont le sujet était « Problèmes du Socialisme » et qui marqua le début de sa répudiation ouverte du programme révolutionnaire du marxisme. Son article commençait par noter l’avancée rapide et l’influence croissante du mouvement socialiste en Europe. Même les partis bourgeois devaient prêter attention aux revendications avancées par les socialistes. Toutefois soutenait Bernstein, ces succès ne signifiaient pas que le socialisme était à la veille d’une victoire totale, il était certainement devenu nécessaire d’abandonner l’attitude largement négative prise par le mouvement socialiste à l’égard de la réalité existante. A la place, les socialistes devaient « aller de l’avant avec des propositions de réforme positive. »

Comme Bernstein l’écrivit au congrès de Stuttgart du Parti social- démocrate en 1898 :

« Je me suis opposé à la conception selon laquelle nous serions au seuil d’un effondrement imminent de la société bourgeoise, et à ce que la Social Démocratie puisse permettre que ses tactiques soient déterminées par, ou soit rendues dépendantes, de la perspective d’une catastrophe majeure prochaine de ce genre quelle qu’elle fût. Je maintiens cette conception dans tous les cas de figure. »

Rosa Luxembourg, alors âgée de 27 ans, écrit Réforme sociale ou Révolution. Dans le premier chapitre de sa brochure, elle résume avec concision le problème fondamental que posait l’attaque du marxisme par Bernstein :

« La théorie révisionniste est confrontée à une alternative : ou bien la transformation socialiste de la société est la conséquence, comme auparavant, des contradictions internes du système capitaliste, et alors l’évolution du système inclut aussi le développement de ses contradictions, aboutissant nécessairement un jour ou l’autre à un effondrement sous une forme ou sous une autre ; en ce cas, même les " facteurs d’adaptation " sont inefficaces, et la théorie de la catastrophe est juste. Ou bien les " facteurs d’adaptation " sont capables de prévenir réellement l’effondrement du système capitaliste et d’en assurer la survie, donc d’abolir ces contradictions, en ce cas, le socialisme cesse d’être une nécessité historique ; il est alors tout ce que l’on veut sauf le résultat du développement matériel de la société. Ce dilemme en engendre un autre : ou bien le révisionnisme a raison quant au sens de l’évolution du capitalisme - en ce cas la transformation socialiste de la société est une utopie ; ou bien le socialisme n’est pas une utopie, et en ce cas la théorie des " facteurs d’adaptation " ne tient pas. »

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