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Quand le nouveau secrétaire général de la CGT est en train de préparer avec la bourgeoisie la manière de faire passer en douce la privatisation de la SNCF

17 juillet 2014, 07:48, par alain

Les syndicats peuvent apparaître comme l’organisation la plus basique de la classe mais, à leur sommet, ils sont liés à la bourgeoisie et à l’Etat. Dans une crise, les travailleurs sentent le besoin des syndicats encore plus que dans les périodes « normales » mais ils cherchent ainsi à traire un bouc. Dans le secteur industriel, il y a eu des conflits et des luttes très radicales, et à chaque fois que les dirigeants syndicaux avançaient le mot d’ordre de grève générale, sectorielle, etc., les travailleurs répondaient massivement. Le problème est que les dirigeants syndicaux sont complètement impuissants face à la crise du capitalisme puisqu’ils n’ont aucune alternative réelle (autre qu’une légère forme de stimulus keynésien).

En Espagne, il y a eu une grève générale des professeurs dans les îles Baléares. Elle a duré trois semaines et a bénéficié d’un soutien populaire massif (avec une manifestation à Palma d’environ 100 000 manifestants, pour une île de 800 000 habitants !). La grève a été conduite avec les méthodes traditionnelles de la lutte des classes qui avaient été perdues au cours de la dernière période : assemblées de masse, délégués élus, soutien des parents et des étudiants et caisse de grève. Cependant, les dirigeants syndicaux ont laissé les professeurs des Baléares à leur sort, et ont refusé d’étendre la lutte au-delà des professeurs et au continent. Le mouvement a dû battre en retraite, vaincu par l’épuisement.

Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que beaucoup de travailleurs remettent en question la pertinence des grèves générales de 24 heures isolées, sans un plan de lutte durable de la part des dirigeants syndicaux. En fait, ces grèves ont été utilisées par les dirigeants pour lâcher de la pression. En Grèce, l’arme de la grève générale de 24 heures est désormais contreproductive. Elle est accueillie avec scepticisme par les travailleurs, qui comprennent que des actions plus radicales sont nécessaires. En Grèce, désormais, ce qui est nécessaire est une grève générale politique illimitée pour renverser le gouvernement.

On voit une accumulation de mécontentement et de colère qui, à ce stade, ne trouvent pas de canal – politique ou syndical – pour s’exprimer clairement. En Espagne, au Portugal, en Italie, des centaines de milliers de jeunes sont forcés d’émigrer – une situation que leurs parents croyaient appartenir définitivement au passé.

Il y a des attaques constantes contre les systèmes de santé et d’éducation publiques, une croissance endémique du chômage, particulièrement dans la jeunesse, le scandale des expulsions, des saisies d’appartement – alors même que de nombreux logements sont vides et qu’un nombre croissant de personnes vivent dans la rue. Beaucoup se croyaient membres de la « classe moyenne » et sont tombées sous le seuil de pauvreté.

Les premières étapes de la radicalisation des masses prendront la forme de grèves, de grèves générales et de manifestations de masses. Nous avons déjà vu cela en Grèce, en Espagne et au Portugal. Mais au vu de la profondeur de la crise, ces actions ne peuvent pas, à elles seules, réussir à empêcher de nouvelles attaques contre les conditions de vie.

Même en Belgique, où l’action militante des pompiers et des cheminots a forcé le gouvernement à battre en retraite, cette victoire sera temporaire. Ce que le gouvernement donne de sa main gauche, il le reprendra de sa main droite. En Grèce, il y a eu près de 30 grèves générales, et pourtant le gouvernement continue d’attaquer.

Graduellement, les travailleurs apprennent par l’expérience que des mesures plus radicales sont nécessaires. Ils commencent à tirer des conclusions révolutionnaires. Trotsky expliquait l’importance des revendications transitoires, comme moyen d’élever la conscience des travailleurs au niveau exigé par l’histoire. Mais il expliquait aussi qu’en période de crise profonde, de telles demandes sont insuffisantes :

« Bien entendu, l’échelle mobile des heures de travail et l’autodéfense ouvrière ne sont pas suffisantes. Ce ne sont que les premiers pas nécessaires pour préserver les ouvriers de la faim, de la mort et des poignards fascistes. Ce sont là des moyens élémentaires de défense, qui s’imposent de toute urgence. Mais ils ne suffisent pas pour résoudre la question. La tâche essentielle est de s’orienter vers une amélioration du régime économique et une utilisation plus judicieuse, plus raisonnable, plus honnête, des forces productives dans l’intérêt du peuple tout entier.

« Elle ne peut être réalisée qu’en rompant avec la routine habituelle des méthodes “normales” du travail syndical. Vous devez reconnaitre que, dans la période du déclin capitaliste, les syndicats isolés sont incapables de s’opposer à l’aggravation incessante des conditions de vie des ouvriers. Il faut avoir recours à des méthodes plus efficaces. La bourgeoisie qui possède les moyens de production et du pouvoir d’État a mené l’économie dans une impasse totale et sans espoir. Il faut déclarer la bourgeoisie débitrice insolvable et que l’économie passe entre des mains honnêtes et propres, c’est-à-dire aux mains des ouvriers. »

(Trotsky, Les syndicats et la crise sociale aux États-Unis [discussion de Léon Trotsky avec Plotkin, dirigeant du syndicat l’IGLWU à Chicago], 29 septembre 1938)

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