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Quand le nouveau secrétaire général de la CGT est en train de préparer avec la bourgeoisie la manière de faire passer en douce la privatisation de la SNCF

2 décembre 2014, 20:46

La Commission exécutive de la confédération va « prendre toutes les dispositions nécessaires » mardi prochain après les révélations sur la prime de départ que le Comité régional CGT de Normandie a versé à Thierry Lepaon quand il a rejoint la confédération.

Quand est sortie l’affaire de son logement de fonction , le 28 octobre, la question était de savoir si Thierry Lepaon pourrait faire un second mandat à la tête de la CGT, comme il en avait exprimé publiquement l’intention. Après la réunion du Comité confédéral de la CGT, les 4 et 5 novembre, il n’en était plus question . Fin novembre, la révélation du montant des travaux réalisés dans son bureau au siège de la CGT à Montreuil - quelque 60.000 euros après 130.000 euros pour l’appartement dans le « carré magique » de Vincennes - a fait vaciller encore un peu plus le secrétaire général cégétiste. Désormais, la question de son départ est clairement posée. Ces jours seraient même comptés ; il n’est pas exclu que la décision de le débarquer soit prise la semaine prochaine.

A la veille des élections dans la fonction publique , jeudi, personne ne veut provoquer de séisme mais la colère gronde désormais dans toute l’organisation, après que Thierry Lepaon a admis dans « l’Express » avoir touché une indemnité de départ lorsqu’en mars 2013, il a quitté le secrétariat du Comité régional CGT de Normandie pour succéder à Bernard Thibault à la tête de la confédération. Une réunion exceptionnelle du bureau confédéral (l’équipe de direction autour du secrétaire général, soit 10 personnes au total) s’est tenue ce mardi matin auquel Thierry Lepaon, que des rumeurs disaient hospitalisé, a participé.

A son issue, un communiqué a été diffusé en interne qui promet que « la transparence complète sera donnée [aux] organisations [de la CGT] sur ces derniers éléments et la Commission exécutive confédérale [direction élargie de 50 membres] se réunira le 9 décembre pour prendre toutes les dispositions nécessaires ». Dispositions nécessaires... Les termes n’ont pas été choisis au hasard. Vendredi, une nouvelle réunion du bureau est prévue pour « préparer ces débats ». Mais nombreux sont désormais ceux qui pensent qu’il « faut débarquer Thierry Lepaon le plus vite possible ». Si l’issue ne fait désormais plus de doute, il reste à savoir si ce dernier « ne va pas tenter jusqu’au bout de se maintenir ».

L’affaire de l’indemnité de départ touche au moins autant que celle de l’appartement aux fondamentaux de la CGT. Rien de plus normal pourtant pour le leader cégétiste qui la justifie par le fait qu’il « changeait d’employeur ». La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans la galaxie CGT. « On est au-delà du taquet », commentait ce mardi un responsable, meurtri comme tous ceux qui acceptent d’évoquer la situation anonymement pour ne pas être accusés de jouer contre l’organisation.

Il y a eu versement d’un complément de salaire au moment du départ vers la confédération. « Il s’est en quelque sorte attribué une prime de mobilité alors que son employeur lui finance un logement de fonction, c’est assez incroyable », résume un ancien DRH.

Politiquement, le numéro un de la CGT s’est mis dans une situation intenable pour plusieurs raisons. La première est que sa centrale s’est refusée à signer l’accord créant la rupture conventionnelle en 2008, au motif qu’en réalité, les ruptures amiables sont faites pour permettre aux patrons de licencier en évitant les prud’hommes. Or Thierry Lepaon montre là qu’elles peuvent être au contraire à l’avantage du salarié car logiquement, il aurait dû démissionner de son poste et partir sans indemnités autres que de congés payés. La deuxième est que l’indemnité lui a été attribuée par le comité régional alors qu’il le dirigeait. La logique est la même que celle que dénonce la CGT sur les retraites chapeaux que s’attribuent les grands patrons. La troisième raison est que de fait, l’indemnité a été payée, au moins en partie, par les cotisations des syndiqués qui apprécieront d’avoir été mis à contribution là aussi comme sur les travaux hors de prix de l’appartement et du bureau.

On ignore pour l’instant toujours le montant précis de l’indemnité. Thierry Lepaon a dit à « L’Express » qu’il « ne se souvient plus » de son montant, ajoutant que ce n’était « pas grand chose » alors que dans la confédération, une fourchette de 100.000 à 200.000 euros circule. La plongée dans les comptes publiés par le Comité régional CGT de Normandie au « Journal officiel » laisse en tout cas perplexe. Interrogé ce mardi par « Les Echos », son secrétaire général, Lionel Lerogeron, a refusé de répondre. A la question du poste comptable sur lequel elle a été affectée, il a rétorqué : « Ma seule réponse, c’est que nos comptes sont validés par un commissaire aux comptes ». Contacté, ce dernier a précisé être tenu par « le secret professionnel le plus strict », mais a accepté de répondre par écrit à des « questions techniques ». Il a confirmé n’avoir « relevé aucune anomalie lors de [ses] contrôles » et a précisé que « les indemnités de départ figurent, conformément au plan comptable, dans le compte de résultat et sont intégrées dans la masse salariale ».

Celle-ci n’a pas bougé entre 2012 et 2013, avec respectivement 104.445 euros et 102.841 euros de « rémunération du personnel » et 52.511 et 55.042 euros de « charges sociales » (ce qui confirme l’absence de rupture conventionnelle homologuée, les indemnités dans ce cas n’étant pas soumises à cotisations sociales). Or le successeur de Thierry Lepaon au secrétariat du comité CGT de Normandie est un fonctionnaire et a donc dû à ce titre continuer à être payé par son administration, engendrant autant d’économies pour le comité régional.

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