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L’étude scientifique obéit-elle à la relation de cause à effet ?

21 janvier 2013, 04:43, par RP

Le mouvement est un effort par lequel un corps change, ou tend à changer de place, c’est-à-dire à correspondre successivement à différentes parties de l’espace, ou bien à changer de distance relativement à d’autres corps. C’est le mouvement qui seul établit des rapports entre nos organes et les êtres qui sont au dedans ou hors de nous ; ce n’est que par les mouvements que ces êtres nous impriment, que nous connaissons leur existence, que nous jugeons de leurs propriétés, que nous les distinguons les uns des autres, que nous les distribuons en différentes classes. Les êtres, les substances ou les corps variés dont la nature est l’assemblage, effets eux-mêmes de certaines combinaisons ou causes, deviennent des causes à leur tour. Une cause, est un être qui en met un autre en mouvement, ou qui produit quelque changement en lui. L’effet est le changement qu’un corps produit dans un autre à l’aide du mouvement. (...) De l’action et de la réaction continuelle de tous les êtres que la nature renferme, il résulte une suite de causes et d’effets ou de mouvements, guidés par des lois constantes et invariables, propres à chaque être, nécessaires ou inhérentes à sa nature particulière qui font toujours qu’il agit ou qu’il se meut d’une façon déterminée. (...) Ces éléments, que nos sens ne nous montrent jamais purs, étant mis continuellement en action les uns par les autres, toujours agissant et réagissant, toujours se combinant et se séparant, s’attirant et se repoussant, suffisent pour nous expliquer la formation de tous les êtres que nous voyons ; leurs mouvements naissent sans interruption les uns des autres ; ils sont alternativement des causes et des effets, ils forment ainsi un vaste cercle de générations et de destructions, de combinaisons et de décompositions, qui n’a pu avoir de commencement et qui n’aura jamais de fin. En un mot la nature n’est qu’une chaîne immense de causes et d’effets qui découlent sans cesse les uns des autres. Les mouvements des êtres particuliers dépendent du mouvement général, qui lui-même est entretenu par les mouvements des êtres particuliers. Ceux-ci sont fortifiés ou affaiblis, accélérés ou retardés, simplifiés ou compliqués, engendrés ou anéantis par les différentes combinaisons ou circonstances qui changent à chaque moment les directions, les tendances, les lois, les façons d’être et d’agir des différents corps qui sont mus.
Vouloir remonter au-delà pour trouver le principe de l’action dans la matière et l’origine des choses, ce n’est jamais que reculer la difficulté, et la soustraire absolument à l’examen de nos sens, qui ne peuvent nous faire connaître et juger que les causes à portée d’agir sur eux ou de leur imprimer des mouvements. Ainsi contentons-nous de dire que la matière a toujours existé, qu’elle se meut en vertu de son essence, que tous les phénomènes de la nature sont dus aux mouvements divers des matières variées qu’elle renferme, et qui font que, semblable au phénix, elle renaît continuellement de ses cendres.

D’Holbach

dans Système de la nature

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