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L’Inde explose contre le viol ! No rape !

14 mars 2013, 13:31, par Max

L’Indienne Sampat Pal et son Gulabi Gang défendent sans relâche les laissés-pour-compte de la société indienne, en premier lieu les femmes.

Pas facile de se faire entendre lorsqu’on est une femme en Inde. Encore moins lorsqu’on est en bas de l’échelle sociale. Depuis son enfance pauvre à Chitrakoot, un petit village du district de Banda, en Uttar Pradesh (nord), Sampat Pal n’a pourtant jamais hésité à élever sa voix. "Je ne demande jamais rien qui soit injustifié. C’est ça ma force", explique t-elle. Très vite, elle a compris qu’il allait falloir "crier plus fort que les autres pour se faire entendre".

Issue d’une famille rurale de la basse caste des Gadarias (les gardiens des troupeaux), cette femme de 47 ans en fait dix de plus. Son visage paraît usé, durci par les luttes qu’elle mène sans interruption depuis des années. Ses yeux perçants et son rire un brin provocateur traduisent une assurance et une détermination certaines. Dans son État natal d’Uttar Pradesh, les démunis la vénèrent, les membres des hautes castes et les représentants de l’Etat la craignent. Tous la respectent.

Mariée à douze ans, elle part vivre chez sa belle-famille trois ans plus tard. Cantonnée dans un rôle d’épouse soumise, elle se rebelle. Révoltée contre le machisme, mais aussi la hiérarchie des castes qui continue de régir strictement la société indienne rurale, elle décide de tenir tête aux Brahmanes du village. Ses affronts successifs lui valent rapidement une réputation de fauteuse de troubles. Sa tête est alors mise à prix. Elle reçoit la visite d’un tueur à gage qu’elle parvient à faire renoncer à sa basse besogne. Soupçonnant le clan de sa belle-famille et des brahmanes du village, Sampat Pal n’a d’autre choix que de faire ses valises.

Son courageux combat, qu’elle retrace aujourd’hui dans son autobiographie, ne fait pourtant que commencer. Prenant conscience de la force du nombre, elle encourage les pauvres, en particulier les femmes, à s’organiser pour faire valoir leurs droits et réclamer justice. En 2005, elle forme le Gulabi gang, ou "gang des saris roses", un groupe de femmes qui organise sit-ins et opérations coup-de-poing, là où la police et le gouvernement d’Uttar Pradesh refusent d’intervenir.

Bien qu’armées de lathis, ces fameux bâtons de bambou chers aux policiers indiens, les femmes en rose n’ont rien de gangsters ou de crapules. L’appellation et l’uniforme qui va avec servent avant tout à "créer un sentiment d’unité, de force", explique Sampat Pal. "Notre but n’est pas de répandre la peur mais de faire valoir nos droits", ajoute t-elle.

Fonctionnaires et policiers corrompus, Brahmanes qui abusent de leur statut, maris violents qui maltraitent leurs épouses : tous font les frais de Sampat Pal et de son gang hyperactif. Comprenant qu’une dose de provocation est nécessaire pour faire avancer les choses, elle n’hésite pas, par exemple, à frapper un policier qui refuse de prendre une plainte ou à tirer l’oreille d’un mari abusif.

Le Gang des saris roses compte aujourd’hui près de 60 000 femmes dans ses rangs, selon les dires de son chef. Cette montée en puissance du gang de Sampat Pal suscite un sentiment à la fois d’admiration et d’inquiétude chez les politiciens locaux. "Les ministres paniquent car je réalise des choses qu’ils n’ont jamais été capables de faire. Ils ont honte", lance t-elle, triomphante. Elle tient d’ailleurs farouchement à son indépendance et affirme n’avoir "aucune confiance dans les partis politiques", qu’elle a toujours refusé de rallier, malgré quelques offres alléchantes.

Cela fait bien longtemps que Sampat Pal ne compte que sur ses fidèles et sur elle-même pour agir. "Mes idées passent et je sais qu’on aura du succès sans passer par une quelconque structure. Je ne m’arrêterai plus".

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