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Bilan de la réunion publique des groupes de l’extrême gauche révolutionnaire

6 novembre 2013, 22:45

Chers camarades,

Nous avons répondu favorablement à votre appel pour la tenue d’une réunion publique à Paris le 12 octobre 2013 dont nous avons assuré avec vous l’organisation.

Nous estimons qu’il est utile d’échanger des informations et de discuter des différentes positions – pour autant que cela puisse contribuer à l’unification des forces révolutionnaires - et saluons, de ce point de vue, votre organisation régulière de réunions ouvertes, de même que la publication sur votre site « Matière et révolution » de documents extérieurs à votre « groupe ».
Nous voudrions revenir sur la composition de la dernière assemblée, notamment par rapport à l’idée émise en fin de réunion d’enchaîner sur d’autres réunions pouvant déboucher sur des actions communes (cf. par ailleurs l’appel lancé par ARS-Combat sur votre site le 4 novembre) entre les différents groupes présents –et d’autres. A notre sens, votre souci souvent exprimé –cf. le dernier compte-rendu – de ne pas imposer, de ne pas décider, de laisser décanter les situations rencontre ici ses limites.

A force de ne pas se poser les questions du pourquoi faire et avec qui, on se contente de faire tourner le moulin à paroles, sans avancer d’un pouce d’ailleurs, sur les divergences.
Nous avons noté, de notre côté, et nous en avons déjà discuté ensemble, toute une série de divergences qui mérite une discussion sérieuse, argumentée, recourant aux textes, aux chiffres, aux données des situations – ce qui ne peut pas se faire AU DEPART dans une réunion publique ouverte.

Rappelons ces éléments de divergence :

1°) La nature de la crise actuelle. Pour vous, une crise structurelle, définitive, mortelle, du mode de production capitaliste. Pour nous une nouvelle crise de surproduction typique du MPC, gravissime, et de ce point de vue apportant une confirmation éclatante de la critique marxiste de l’économie politique mais nullement définitive. Par ailleurs elle révèle des changements profonds dans les équilibres mondiaux entre les vieilles nations capitalistes et leurs plus jeunes concurrents.
2°) L’analyse de la période. Nous avons à déplorer la plus longue contre-révolution que l’histoire ait connue, depuis la fin des années 1920, soit une durée exceptionnelle de presque 90 ans. Dans une telle période, toute reconstitution artificielle d’un parti ne peut être que vouée à l’échec.
3°) L’importance du travail de restauration théorique. Le corollaire de la contre-révolution c’est que les maigres forces révolutionnaires ont complètement lâché sur le développement théorique et se trouvent donc, aussi, désarmées pour comprendre la période, l’évolution du MPC, les crises, les conflits impérialistes, etc.

Par ailleurs, se sont manifestées au cours de la réunion toute une série de positions divergentes sur :
4°) la nature actuelle des syndicats et son corollaire : faut-il/peut-on y participer aujourd’hui ? comment, à quel niveau ?
5°) le rôle historique du parti, notamment en relations aux conseils/soviets, aux syndicats, etc.

Il est clair que sur tous ces points, les divergences ne disparaîtront, ni dans la magie de la discussion, ni par la bonne volonté des uns et des autres, ni par le seul recours à l’interprétation des textes. C’est le feu de l’histoire qui tranchera.

Reste à savoir aussi AVEC QUI on doit discuter de tout cela. Si nous rencontrons, chez VdT/MR cette volonté d’ouverture, il n’en va pas de même de la plupart des autres groupes présents le 12 octobre. A ce propos, nous souhaitons revenir sur la discussion que vous avez eu, en préalable à cette réunion avec le CCI et sur le refus que celui-ci vous a signifié. A leur question : « quels sont les critères d’invitation des groupes », vous répondez : il n’y en n’a pas, vient qui veut. Vous ajoutez : il y a ceux qui veulent discuter et ceux qui ne veulent pas discuter. Au cours de la réunion Robert Paris dit : il y a les « grands » et il y a les petits. On apprend au passage qu’ont été invités le NPA et LO. Pourquoi pas le Parti de Gauche ou le PC si il n’y a aucun critère pour savoir qui a trahi, qui défend les intérêts du prolétariat, qui est un parti ouvrier bourgeois, et qui défend des positions contre-révolutionnaires ?

Le CCI emploie la formule de « frontières de classe ». C’est une bonne formule mais mal appliquée dès lors que pour cette organisation, des questions purement tactiques et historiques comme le fait de participer ou non aux syndicats, de soutenir ou non telle ou telle lutte nationale, de participer ou non aux élections et plus largement à l’extension de la démocratie constituent des « frontières de classe ».
Si l’on reprend cette notion de « frontières de classe » au sens de la délimitation du camp prolétarien et du camp ennemi, ce n’est pas sur ce terrain qu’il faut se situer, mais sur celui qui a toujours défini le contour des positions du parti ouvrier :
Défense de la nécessité de constituer un parti prolétaire distinct de et opposé à tous les autres partis
Défense de la nécessité de conquérir le pouvoir politique et de constituer des organes du pouvoir prolétarien qui n’est plus un état à proprement parler
Nécessité d’exercer la dictature du prolétariat
Lutte pour une société sans classe, sans état, sans salariat, non mercantile et sans argent
On voit bien que ces critères simples, clairs et précis excluent une bonne partie de ce que vous appelez « l’extrême-gauche révolutionnaire », sans parler évidemment des partis de gauche de gouvernement qui se présentent fallacieusement sous l’étiquette du « socialisme » ou du « communisme ».

Dans votre discussion avec le CCI, vous continuez en affirmant : « Nous ne contestons nullement le droit de chaque groupe de militants d’estimer que des critères existent pour trier les groupes d’extrême gauche afin de ... discuter de la nécessaire riposte de la classe laborieuse. Pour notre part, nous ne disposons malheureusement pas de tels critères car nous ne savons pas d’avance ce que ces groupes vont devenir. » (http://www.matierevolution.org/spip.php?article3729 )

Permettez-nous de considérer qu’il s’agit là d’une bien pauvre dialectique qui considère qu’on ne peut pas prévoir ce que tel ou tel groupe va devenir en fonction de son passé.
Lors de la réunion du 12 octobre se sont exprimés des groupes que nous qualifierons de « Trotskystes orthodoxes », produits de l’interminable agonie de la pseudo « Quatrième internationale » (elle-même produit de l’agonie de l’IC), qui défendent des positions que nous qualifions de totalement contre-révolutionnaires. Nous pouvons parfaitement prédire l’avenir de groupes qui défendent la nature « socialiste » ou au moins progressistes de nations capitalistes comme l’ex-Urss (jusqu’en 1991) ou aujourd’hui la Chine : ils se mettront en travers de la dynamique de la révolution communiste. Que pouvons-nous avoir en commun, en termes de définition de la cible visée, c’est-à-dire de ce que doit être une société socialiste, avec des gens pour qui le « socialisme » fait le meilleur ménage avec l’argent, le salariat, la division du travail, et, en un mot, la loi de la valeur ? RIEN ! nous n’avons rien en commun avec eux, même pas le fait de nous dire, les uns et les autres, révolutionnaires et communistes.

Si l’objectif immédiat est de tenter d’unifier les faibles forces représentant aujourd’hui des forces représentant le parti ouvrier au sens historique du terme, cela ne peut pas se faire sur une autre base que celle des principes énoncés plus haut. Par conséquent, nous ne nous associerons pas à une initiative qui ne se situerait pas fermement sur ces bases-là (ce qui ne signifie pas chercher à effacer toutes les divergences au préalable).

Robin Goodfellow, le 6 novembre 2013

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