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Quelle suite pour le mouvement des gilets jaunes

25 décembre 2018, 08:40

La situation politique devient en fait plus explosive. Le gouvernement n’a satisfait aucune des revendications sociales et politiques qui poussent les « gilets jaunes » à manifester : pour l’égalité sociale, de larges hausses de salaire, l’imposition des riches, la démission de Macron et la fin de la répression. Tous se sont aperçus à présent du gouffre béant qui sépare les travailleurs en lutte de tout l’appareil politique et syndical du capitalisme européen.

Ayant traité les travailleurs de « fainéants » et invité avec mépris les chômeurs à « traverser la rue » trouver un travail, Macron ne garde le pouvoir que retranché derrière les blindés et les tirs de lacrymogènes de la gendarmerie. Un hélicoptère se tient prêt à l’exfiltrer de l’Elysée, où il craint que les manifestants prennent d’assaut sa résidence officielle. Toute sortie, même brève au cinéma ou à la boulangerie, lui est déconseillée, selon Le Monde : « Trop dangereux aujourd’hui ».

Alors que sa cote de popularité chute encore pour s’établir aux alentours de 20 pour cent, le journal ajoute que « L’Elysée est devenu un huis clos ».

On voit que si Macron a salué le dictateur collaborationniste Philippe Pétain en novembre, alors que les passants le huaient lors de son « itinérance mémorielle » pour le centenaire de la Première Guerre mondiale, c’est qu’il voyait en Pétain un semblable, un autre chef d’État haï. Quelques jours plus tard, juste avant la première mobilisation des « gilets jaunes », Macron avouait qu’il n’avait « pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants ». Ce mois-ci, il aurait déclaré à ses conseillers qu’il subissait la « haine » de masses de Français.

La conscience d’être haïe ne changera pas la politique de l’élite capitaliste, sauf en la rendant plus violente. En visant Macron, les « gilets jaunes » ont lancé un conflit avec tout un régime européen et international qui impose le diktat des banques et de l’aristocratie financière aux travailleurs. Le seul moyen de lutter contre ce diktat est une lutte internationaliste et socialiste pour exproprier les banques et transférer le pouvoir à la fois politique et économique aux travailleurs.

Malgré l’opposition manifeste d’une écrasante majorité des Français, l’aristocratie financière exige de continuer l’austérité et le militarisme. Le gouvernement Macron prévoit des coupes drastiques dans l’assurance-chômage, les retraites et le statut de la fonction publique. « C’est ce pour quoi nous avons été élus, et c’est ce qui doit rester notre boussole », déclare sans ciller le député LRM Pierre-Alexandre Anglade.

Depuis le Tchad où il allait discuter des guerres néocoloniales de l’OTAN, Macron hier a menacé les manifestants : « Il est évident que les réponses judiciaires les plus sévères seront apportées. C’est maintenant l’ordre qui doit régner, le calme et la concorde. Notre pays a besoin de ça. »

La « concertation » offerte par Macron pour 2019, tout comme ses premières promesses ce mois-ci pour tenter de mettre fin à la mobilisation, telle l’annulation des taxes sur le carburant et une petite revalorisation temporaire du SMIC, sont sans valeur aucune. Il n’a donné que des miettes, et cela avec une parfaite mauvaise foi, car il compte reprendre ces miettes dès que possible.

Mardi le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé qu’il suspendait les mesures accordées par Macron, au prétexte qu’elles coûteraient trop cher. Il s’est ravisé quelques heures plus tard, face à une vague de colère sur les réseaux sociaux ; mais ces deux tournants à 180 degrés ont démontré qu’on ne peut accorder aucune confiance à la parole accordée par le gouvernement.

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