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Fukushima, six mois après : un technicien de la centrale raconte

15 novembre 2011, 10:53, par Max

Témoignage d’un travailleur "en zone dite controlée" en France :

Je suis chef d’équipe pour la société Westinghouse, concurrent direct de Areva, en sous-traitance pour EDF. Je peux témoigner que la dosimétrie neutronique est un problème en centrale nucléaire. Je travaille sur l’ouverture et la fermeture de la cuve refermant les éléments combustibles ainsi que sur les différentes machines permettant la manutention du combustible. Ce qui nous demande de descendre en fond de la piscine du réacteur, une fois la cuve ouverte et vide (j’entend par là, la cuve sans combustible). Je suis amené à travailler sur plusieurs sites nucléaires français.

Afin de travailler en zone controlée, il est nécessaire d’avoir un « RTR » (Régime de Travail Radiologique) spécifiant les débits de doses individuelles et collectives maximales. Sur ces même RTR, il est précisé s’il y a un danger neutronique, c’est-à-dire si la tâche que nous avons à effectuer risque ou non de nous exposer à un rayonnement de neutrons. Edf, ou des soutraitants, établissent ainsi des cartographies des « points chauds » : ils repèrent à l’aide de dosimètres atmosphérique les endroits les plus irradiants à éviter. Il nous revient ensuite de suivre leurs instructions.

Ce qui nous étonne, mes collègues et moi, c’est que concernant les tâches que nous devons effectuer, les RTR affichent toujours un debit neutronique nul. Autrement dit, on nous affirme qu’il n’y a pas de risque d’exposition aux neutrons (alors qu’il est avéré que le combustible usagé peut-être très émetteur de rayonnement neutronique, voir ici l’article consacré à ce sujet sur Mediapart, ndlr). Nous avons demandé des explications, et des documents prouvant l’absence de danger, mais en vain. La réponse est toujours identique : « il n’y a pas de danger ».

Il existe également d’autre anomalie dans les relevés de dosimétrie dite « classique ». Lors d’une activité à proximité d’un point chaud (très irridiant), les mains des intervenants sont en contact direct avec ces points chauds (pouvant atteindre de très gros débit de dose de l’ordre de 50mSv/h et plus encore). Pour ce faire, il existe des bagues « dosimètre » afin de relever les doses prises par les mains. Elles sont utilisées quand un exécutant doit réaliser une opération à proximité d’un point chaud (supérieur à 2mSv/h). Le but étant de vérifier les doses prises par les mains au moment de l’activité. A ce jour, toutes les demandes de mes collégues ou moi même pour avoir accès à ces bagues sont vaines. Elles nous sont refusées pour cause de dépenses trop importantes.

Ces problèmes de dosimétrie neutronique sont un secret de polichinelle dans le nucléaire. Je n’en parle pas au médecin du travail car je n’ai plus vraiment confiance dans le système. Je ne suis pas syndiqué. A Westinghouse, nous sommes plutôt moins mal lotis que les autres, pour nos conditions de travail et de rémunération. Si je travaille un mois complet, je gagne environ 4500 euros (salaires + primes). Avec mes collègues, on se pose des questions mais on n’a pas non plus cherché plus loin.

Je crois qu’en général dans le nucléaire, les risques d’irradiation et de contamination exterieurs aux centrales sont faibles. Les conditions de sûreté me paraissent plutôt de bon niveau. Par contre, les règles de sécurité des personnes qui y travaillent sont parfois aberrantes. Par exemple, quand on travaille en hauteur, à proximité du vide, le harnais de sécurité ne comporte qu’une seule longe. Ce n’est pas normal. Avec une seule longe, pour se déplacer, cela nous oblige à être au-dessus du vide sans protection. Quand on bataille pour avoir un deuxième harnais, on l’obtient. Mais il faut batailler.

commentaires de M&R : donc soit on achète le silence des ouvriers dans les grands groupes, soit on utilise la sous traitance et des conditions salariales très inférieures et de vie également car ces employés sont toujours entre 2 arrêts de tranche et non pratiquement auncune vie personnelle.

Dans les 2 cas, leur vie ne tient pas à grand chose, car si les travaux délicats sont parfois bien rémunérés, ils sont toujours liès à une présence importante de radioactivité.

L’entreprise et sa médecine du travail, ses comités de prévention ou de sécurité sanitaire, ne mesurent que ce qui ne les gènent pas.

Pour cela, les appareils peuvent avoir leur limite, détecter les particules dans des plages bien définies. Mais ils peuvent aussi être défecteux, non étalonné et même laissé aux vestiaires avec les bons conseils du patron, qui nous explique que c’est mieux pour conserver son emploi et ne pas être réformé par les temps qui court.

LEs patrons s’assoient en permnence sur les règles de sécurité du personnel et parfoisc’est pire dans les grosses entreprises car justement la fameuse sécurité de l’emploi, fait pression sur les travailleurs pour ne rien dire et accepter des conditions de travail dangereuse, voir mortelle à long ou moyen terme.

Il n’y a pas de bon salaire quand on est exposé à des rayonnements ou a des produits toxiques, chimiques, ou à des produits manufacturés comme de l’amiante.

Les seuils n’existent pas dans la nature car 2 individus n’ont déja pas exactement le même système immunitaire, cardiaque, hormonien etc..
Et cette notion de seuil a été inventé par les pressions des industriels et des Etats , pour continuer d’exploiter les ouvriers au contact de matériaux nocifs et mortelles.

Ce chef d’équipe nous dit que les centrales sont sûrs pour l’environnement extérieur, mais cela aussi est un résultat dela propagande permanente des opérateurs nucléaires et de la peur de perdre son boulot !

Et cette peur est bien plus forte quand on gagne 4500 euros et que derrière il y a un crédit de maison de 2000 euros qui tombe tous les mois pendant 15ans.

MAis 15ans c’est long et ce sont les plus belles années ou nos enfants grandissent et ont besoin de leur parent.
Ils veulent de l’amour pas des parents stressés, malades, jamais là ,qui vont ramener un cancer à la maison et qui ne sont pas certains de terminer de payer la maison, car la crise amène son lot de licenciement et de baisse de salaire.

Ils veulent une vie simple et personne ne peut leur expliquer pourquoi elle est si casse gueule car sinon on leur justifierait que notre système n’a auncun avenir et ils nous diraient à l’évidence : "pourquoi on le garde alors ?"

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