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Grèves ouvrières en Tunisie

vendredi 28 février 2014

Grèves ouvrières en Tunisie

Les grèves sont multiples : télévision nationale, chauffeurs du métro, agents des services bancaires, téléphonie mobile, pompistes, magistrats, juges, enseignants, office de l’ONAS, magistrats, agents au sol d’aéroport, grève générale de Médenine, grève générale à Jelma, employés d’une fabrique de brique, techniciens supérieurs de la santé, agents de la propriété foncière, agents des transports interurbains, ouvriers de JAL-Groupe, grève générale à Sfax, etc, etc…

La Fédération de transport relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a décrété une grève de 3 jours du 10 au 12 mars 2014.

La fédération réclame l’application des accords passés entre l’UGTT et l’UTICA pour 2012, concernant la hausse des salaires dans le secteur du transport des marchandises par route, en payant les mois de retard. Si leurs revendications ne sont pas satisfaites et leurs dus ne sont pas payés, les travailleurs du secteur vont entrer en grève, prévient la fédération.

“La Fédération générale des transports a déclaré que les employés du transport de marchandises à travers les routes ont décidé d’entrer en grève pour 3 jours à partir du 10 Mars 2014 en protestation contre la non application de la convention se rapportant au versement des augmentations de salaires. Dans le cas où cette grève serait appliquée, toute la flotte de transport des carburants sera paralysée dans toutes régions, sachant que le transport de marchandises à travers les routes concerne spécialement le secteur des produits pétroliers.”

« African Manager » écrit :

De nouveau, la Tunisie est en butte à une spirale ascendante des grèves. Après des mois de « calme relatif » et de détente sociale observés jusqu’à la fin de l’année dernière, les manifestants occupent de nouveau le terrain et livrent une bataille rude, illégale et parfois violente, profitant d’une équipe gouvernementale, nouvellement mise en place, pour la bousculer et lui arracher des réponses immédiates à leurs revendications.
Bien que la Tunisie ait enregistré vers la fin de l’année dernière une sorte de fléchissement en termes de nombre de grèves observées, l’année 2014 marque un retour en force des grévistes. Cependant, selon les chiffres communiqués par le ministère des Affaires sociales, le nombre des grèves a baissé de 22%, durant les 10 premiers mois de l’année 2013, et ce par rapport à la même période de l’année 2012. Le nombre des entreprises ayant connu des mouvements sociaux a également baissé de 4%. Celui des salariés ayant participé à ces actes de contestation a été également moins important que celui de l’année 2012, chutant de 11%. Le nombre des jours perdus a aussi reculé de 10%. Ces mouvements ont touché 245 entreprises dont 225 publiques et 29 privées. Il s’agit certes, de bons chiffres, mais qui semblent loin de demeurer en l’état, en ce début d’année, suite à la flambée des grèves qui a marqué le premier mois du gouvernement de Mehdi Jomaâ.
Les grévistes occupent donc de nouveau le terrain. Grève des juges, de la télévision, des médecins, des boulangers, des agents de l’ONAS, des conducteurs du métro, de la douane, de la sécurité, de la protection civile, des transporteurs de carburants, de la CPG, de Topnet, de Tunisiana et plus récemment la grève des agents du Duty Free Shop.
Par ailleurs, bien que la grève soit un droit reconnu pour tous les salariés, les Tunisiens en font un usage abusif sans un réel intérêt pour la population et le pays en général. Rappelons tout particulièrement la grève soudaine et sans préavis des conducteurs du métro qui a paralysé le trafic et perturbé la circulation dans le Grand-Tunis. Toutefois, on ne note qu’une tiède réponse du gouvernement qui semble avoir les mains liées et guère en mesure de prendre les décisions que commande la situation, comme ce fut, d’ailleurs, le cas pour les deux derniers cabinets.
Il ya lieu de noter, cependant, que le nouveau Chef de gouvernement tunisien a décidé de s’adresser au peuple tunisien, au début de la semaine prochaine. Dans son allocution télévisée, Mehdi devra exposer sa démarche et le programme de son gouvernement. Il devrait certainement y faire le point sur la mise en œuvre de la feuille de route du Quartet.
Mehdi Jomaâ pourrait, également, répondre à des questions d’actualité, notamment celles de la révision des nominations ou la spirale ascendante des grèves.
Indépendamment des réponses du Chef du gouvernement, la mission de Mehdi Jomaâ devient de plus en plus difficile face à l’augmentation du nombre de grèves. Que doit faire le Chef du gouvernement devant cette flambée des mouvements sociaux ? Quelles règles doit-il appliquer ? Comment va-t-il procéder ?
On se rappelle tous la manière dont les syndicalistes ont réagi lorsque le chef du gouvernement avait pris une décision officielle d’annuler la grève des agents de l’Office national de télédiffusion et de réquisitionner 114 employés pour travailler les jours de grève de l’ONTT.
C’est suite à cette décision déjà que l’UGTT a menacé de porter plainte contre la présidence du gouvernement auprès de l’Organisation Internationale du Travail ( OIT) pour violation des principes des libertés syndicales et du droit de négociation collective, selon le texte d’une correspondance adressée par le secrétaire général de l’organisation ouvrière , Houcine Abassi, au chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ , au sujet de la circulaire 2, en date du 13 février 2014 relative à l’audit des procédures de conclusion de conventions entre les ministères, d’une part, et les entreprises publiques et les organisations syndicales, d’autre part.
L’UGTT a appelé au respect des législations locales et internationales en matière de droit syndical, de droit de négociation et de liberté de négociation collective, exigeant le retrait de ladite circulaire pour préserver un climat social sain, en cette délicate conjoncture.

Messages

  • Des milliers de Tunisiens ont manifesté jeudi dans la ville du Kef (nord-ouest), où une grève générale a également été observée pour protester contre la marginalisation et réclamer un développement plus équitable entre les régions, a constaté un correspondant de l’AFP.

    A l’appel de la société civile, les manifestants se sont rassemblés devant le siège du bureau régional du syndicat UGTT, avant de défiler sur les principales artères de cette ville de quelque 50.000 habitants située à 180 km à l’ouest de la capitale Tunis.

    "Travail, liberté, dignité", "le développement du Kef est un droit" ou encore "Oh Kéfi (habitant du Kef, ndlr) opprimé, ta pauvreté a augmenté", ont scandé les participants, qui ont notamment fustigé les "promesses non tenues" du gouvernement.

    Institutions publiques et privées, boutiques et cafés ont pour leur part répondu à l’appel à la grève générale, laissant leurs rideaux baissés, selon le correspondant de l’AFP. Seuls les hôpitaux, pharmacies et boulangeries sont restés ouverts.

    Pour Rached Salhi, un professeur, "cette manifestation et cette grève sont importantes pour faire passer un cri de colère face à une situation qui ne peut plus durer".

    "La région du Kef est marginalisée par le pouvoir central depuis l’indépendance. Elle a été ignorée par tous les gouvernements qui se sont succédé après la révolution, et Youssef Chahed (l’actuel Premier ministre, ndlr) a fait la même chose", a renchéri auprès de l’AFP Kamel Saihi, secrétaire général adjoint du bureau régional de l’UGTT.

    Il a ainsi qualifié de "message négatif" le déplacement effectué le même jour par M. Chahed à Sfax, ville côtière et deuxième agglomération du pays. "La grève générale est au Kef et Youssef Chahed est à Sfax !", s’est emporté M. Saihi.

    La Tunisie connaît de nouveau depuis plusieurs semaines, d’importants mouvements sociaux dans des régions périphériques, comme à Tataouine (sud) et Kairouan (centre).

    Au Kef, les protestations sont parties au début du mois de rumeurs de délocalisation d’une importante usine de la ville pour Hammamet, une région côtière plus développée.

    Six ans après sa révolution, l’unique pays rescapé du Printemps arabe n’est toujours pas parvenu à résoudre les maux (pauvreté, chômage, corruption...) à l’origine de la révolte contre la dictature de Zine el Abidine Ben Ali.

    L’an dernier, la plus importante contestation depuis la révolution de 2011 était partie de Kasserine, elle aussi située dans une région défavorisée, à la suite de la mort d’un jeune durant une manifestation pour l’emploi.

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