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Nous ne sommes rien, soyons tout !

lundi 10 décembre 2018, par Robert Paris

Texte de l’affiche apposée avant l’élection de la Commune de Paris de 1871 :

« Citoyens,

"Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres."

Prolétaires, nous ne sommes rien, soyons tout ! Toute autre « solution » n’est qu’un piège !!!

Macron s’imagine-t-il qu’il va en finir avec une telle vague de révolte par des mesurettes du type de 100 euros par mois sur le SMIC (brut ou net, il n’en sait rien et ceux qui gagnent moins que le SMIC, il leur dit quoi ?!!!) ou d’une incitation vague aux patrons de donner une prime ? Macron fait le modeste, le gentil, le concerné, comme s’il croyait qu’on allait oublier les coups de matraque, les gazages et les charges policières, et, comme toutes les forces institutionnelles et les classes possédantes, il ne parle que de « sortir de la crise » des gilets jaunes, mais il n’en a ni les moyens, ni la possibilité, ni économique, ni sociale, ni politique. Ce serait nuire aux classes possédantes, ce qui n’entre pas dans son mandat.

Le programme social et politique d’un Macron a toujours consisté à casser le moral de la classe ouvrière et tout véritable recul aurait un effet complètement inverse.

Macron se prétend « en marche » arrière sur tel ou tel petit point de ses attaques antisociales et pas les principales évidemment, afin d’affirmer qu’il comprend la révolte tout en restant dans la continuité de ses politiques antisociales, une contradiction trop évidente pour tromper beaucoup de monde sans satisfaire réellement personne.

Il est clair que Macron est incapable de répondre aux aspirations du monde du travail en colère du fait que le niveau de vie baisse sans cesse, que la précarité augmente, que les conditions de travail se dégradent, que les services publics sont cassés, toutes choses qu’il va certainement vouloir encore aggraver si le mouvement devait s’affaiblir ou s’arrêter. Il est clair aussi qu’il ne recule très partiellement que pour mieux continuer dans le même sens. Il est encore clair que ce président de la grande bourgeoisie ne pourrait reculer dans ces circonstances, à part pour tromper le mouvement, l’affaiblir, le diviser et mieux l’écraser ensuite afin de revenir aussi sur les reculs qui lui auraient été imposés. Il est clair enfin que Macron compte surtout épuiser le mouvement et le réprimer violemment.

En fait, ce n’est pas seulement Macron, c’est n’importe quel
chef d’Etat capitaliste qui refuserait de reculer véritablement devant une telle insurrection des exploités et cela signifie que le bras de fer va devoir être porté à son terme et l’ensemble de la classe ouvrière devra se décider à entrer dans l’arène, même si les syndicats de salariés et toutes les forces réformistes, politiques et associatives s’y refusent…

En effet, les classes possédantes sont dans une phase offensive contre les exploités dans laquelle tout recul est particulièrement contre-productif puisque leur but n’est pas d’abord économique et financier mais social et politique : il s’agit de démoraliser le monde du travail. Bien entendu, tout recul véritable aurait l’effet directement inverse et cela dans une période de crise historique du fonctionnement économique du monde capitaliste ! Ils en sont donc incapables de chercher la conciliation et ne peuvent que vouloir à tout prix à prouver qu’ils ne reculeront pas sur le fond…

En période de crise historique de la domination capitaliste, crise dans laquelle le système est englué depuis l’effondrement de 2007, les bases économiques et politiques des compromis entre les classes ne sont plus possibles, il n’y a pas d’accord possible : les classes possédantes ne peuvent qu’écraser tous les mouvements sociaux d’ampleur, faute de quoi les risques que leur pouvoir soit menacé sont considérables…

Macron ne dispose donc d’aucune marge de manœuvre et ses mesurettes ne peuvent passer pour un véritable recul et qu’il ne peut même pas souhaiter faire croire à un véritable recul…

Quand la domination de la classe capitaliste est en crise et que l’affrontement a débuté, il ne peut qu’être porté à son terme et il faut que l’un ou l’autre camp l’emporte : soit le Travail soit le Capital. Il ne peut y avoir de solution, d’issue en dehors de la victoire d’un des deux camps sur l’autre.

Il est clair que l’immense majorité des combattants de la lutte des gilets jaunes, combat de tous ceux qui vivent de plus en plus difficilement de leur travail, n’attend plus rien du pouvoir bourgeois actuel et des institutions de la classe possédante et beaucoup se demandent quelle peut alors être la perspective politique des gilets jaunes…

Certains politiciens affirment qu’une nouvelle élection serait cette perspective, soit en faisant réélire l’assemblée nationale, soit en faisant démissionner le président. Mais est-ce vraiment en changeant quelques politiciens qu’on répondra à une telle révolte sociale ?

Miracle de la démocratie bourgeoise : les sondages reconnaissent que 80% de l’opinion publique soutient les gilets jaunes et que, pourtant, une candidature gilets jaunes aux élections bourgeoises ne donnerait que 12% des voix au plus !!!

En somme, si les exploités veulent organiser un vote, inutile de le faire dans la démocratie bourgeoise : il faut constituer des comités de lutte, y élire des délégués et fédérer ces comités. Voilà où le mouvement trouvera une perspective d’organisation et de représentation du mouvement, l’insurrection a besoin d’organisation insurrectionnelle !

Une telle organisation doit être mise en place en masse, à la base, sous contrôle permanent de ses mandants, sous la forme de comités de piquets de la lutte et aussi dans les entreprises et les quartiers. Ces comités doivent se fédérer en réunissant des délégués élus et révocables et s’unir à tous les niveaux, locaux, régionaux, nationaux et même plus puisque le mouvement a une vocation à s’étendre au-delà de toutes les barrières comme de toutes les frontières.

C’est le monde du travail qui seul peut donner une véritable issue politique à la situation de crise de la domination capitaliste. Pour cela, il est nécessaire que le mouvement gagne en étendue, se développe dans les entreprises, s’y organise massivement sous la forme de comités, en s’assurant que ces derniers ne tombent pas sous la coupe des directions syndicales, tout en acceptant bien entendu en leur sein tous les militants syndicalistes désireux de développer la lutte et pas de l’encadrer d’un point de vue réformiste.

L’une des institutions qui d’ordinaire stabilise la société bourgeoise qui s’est grandement discréditée dans le mouvement des gilets jaunes, c’est justement les bureaucraties syndicales ! Elles ont, avant même que le mouvement débute véritablement, avant les grands blocages et manifestations, fait preuve d’une hostilité virulente à l’égard du mouvement. Et depuis, elles n’ont guère varié. La démonstration qu’il s’agissait bel et bien d’une révolte du monde du travail, avec des revendications sociales, touchant directement tous les salariés, d’un mouvement à la fois contre l’imposition des pauvres, pour la défense des services publics, des aides sociales, des salaires, des retraites, des chômeurs, de tous ceux qui sont dans la misère, n’a pas suffi à faire changer les centrales syndicales qui se sont retrouvées ainsi dans le camp du gouvernement tout en critiquant la méthode à la marge…

Il est donc absolument nécessaire que la leçon soit tirée : toute lutte dirigée par les bureaucraties syndicales est une lutte trahie. Quantité de mouvements de salariés ont ainsi été envoyés dans le mur, jusqu’au dernier en date : celui des cheminots. On vient de voir les directions syndicales faire pression pour annuler le mouvement des routiers, pour faire reprendre le travail aux raffineries, aux agents EDF et autres secteurs ouvriers en lutte, après avoir affirmé que ces actions syndicales ne faisaient pas partie de la lutte des gilets jaunes.

Il est indispensable que le monde du travail s’organise de manière indépendante des appareils syndicaux, eux-mêmes liés aux appareils politiques et associatifs réformistes, à la classe possédante et à son Etat.

Oui, la lutte des gilets jaunes est un combat de classe, entre ceux qui ne vivent que de leur travail et ceux qui s’enrichissent de leur possession des capitaux, deux mondes qui sont de plus en plus séparés d’un fossé infranchissable et opposés par une haine mutuelle violente et profonde.

Tous les plans d’urgence de tous les menteurs politiciens du monde ne pourront pas combler le fossé, ni réconcilier les classes qui ont commencé à s’affronter, à moins de tromper gravement les travailleurs de France et tous ceux qui ne vivent que de leur travail au sein de la petite bourgeoisie.

Alors, la seule issue pour le monde du travail, c’est d’appeler partout dans la classe ouvrière à construire des comités de gilets jaunes, à en faire des centres de discussion et de décision indépendants de toutes les institutions bourgeoises, à en faire des assemblées politiques et insurrectionnelles des travailleurs, de futurs centres de pouvoir ouvrier opposés au pouvoir bourgeois !!!

Il faut être clair. La seule perspective pour la lutte, ce n’est pas seulement de donner satisfaction sur tel ou tel point de détail. Ce n’est pas telle ou telle prétendue réforme du système politique bourgeois. Ce n’est aucune élection dans le cadre bourgeois.

La seule perspective de l’insurrection, c’est : aucun pouvoir aux banquiers, financiers, trusts et leurs serviteurs politiques et tout le pouvoir au monde du travail !

Messages

  • Macron n’y croit pas à ses mesures, c’est juste pour dire que les acharnés qu’on n’aura pas calmé avec des mesurettes, on va les calmer avec de la répression : il va nous donner cent balles mais ce sera des balles réelles !!!

  • Je gagne 1 600 euros par mois en travaillant la nuit pour pouvoir garder sa fille le jour, et je ne compte pas quitter le mouvement. Je me bats pour nos enfants. Et parce que je veux enfin pouvoir vivre, et pas seulement survivre.

  • L’"état d’urgence économique et social" est moins crédible que l’état d’urgence sécuritaire et matraqueur !!!

  • Martinez (CGT) se montre furieux : forcément, il est entre l’arbre et l’écorce et ça pousse dans les deux sens !!!

  • Le pantin des milliardaires nous a balancé ses cent balles et il dit récompenser le travail qui "mérite" (le chômage n’est pas méritant, la retraite non plus ?!!!) et lui il mérite toujours des baffes !!! Tout comme les classes de voleurs qu’il représente !!!

  • Macron fait semblant de découvrir et de regretter que la France soit divisée !!!

    Eh oui en exploiteurs et exploités, en oppresseurs et opprimés !!!

    C’est seulement parce qu’on ne le supporte plus qu’il le découvre !!!

  • Dans son article intitulé "Grève générale pour dégager Macron et instaurer une Assemblée unique !", Révolution Permanente défend que le " seul moyen pour dégager réellement Macron ce serait un réel blocage de l’économie du pays, qui ne peut pas se faire seulement de l’extérieur mais nécessite l’entrée en mouvement par la grève de millions de travailleurs, une véritable grève générale comme celle qui a eu lieu en 1968. Les syndicats combatifs et les Gilets Jaunes devraient en ce sens exiger, voire imposer, cette perspective aux directions syndicales nationales, en commençant par l’appel d’une vraie journée de grève générale en lien avec le mouvement des Gilets jaunes le 14"

    franchement après la trahison du mouvement par les syndicats et notamment par la CGT, RP veut encore s’adressez à la CGT plutôt que de mettre en avant, que dans toutes les entreprises, les travailleurs doivent s’organiser comme les gilets jaunes de manière autonome et indépendantes des syndicats qui sont du coté de la bourgeoisie. Et ils viennent de le montrer encore très clairement. La grève générale insurrectionnelle dont on a besoin ne peut venir que de l’organisation des travailleurs sur leurs lieux de travail. Arrêtons d’aller réclamer aux organisateurs des défaites quoi que ce soit. Organisons la nous même ! Arrêtez de faire la voiture balaie pour les organisations syndicales.... si les syndiqués et les militants syndicaux sont plus que les bienvenues dans lutte de leur classe sociale, en revanche les directions syndicales qui ont été dégagées ne doivent pas revenir par la petite porte que RP propose dans son article

  • Macron cherche à évacuer la dimension politique et sociologique profonde du conflit social, à supprimer son caractère insurrectionnel, remettant en question non seulement la misère mais la richesse des capitalistes, non seulement le caractère antidémocratique de la société « démocratique » mais le silence des opprimés, afin de la ramener à une liste de revendications pécuniaires, comme s’il s’agissait d’un mouvement corporatif, ce qui est faux. C’est bel et bien une insurrection du monde du travail dans laquelle les faux amis des travailleurs, en particulier les syndicats, freinent l’entrée en scène des gros bataillons de la classe ouvrière. Mais jusqu’à quand ?!!!

  • Poutine a peur d’une éruption de gilets jaunes en Russie !!! Il a fait des déclarations pour essayer de détruire les gilets jaunes français dans l’opinion russe mais y parviendra-t-il ?

  • « Macron démission » entend-on souvent chez les gilets jaunes, mais cela ne signifie pas que le mouvement s’en tienne uniquement à sa personne. Cela signifie seulement qu’on n’attend rien de lui, qu’on ne lui demande rien, contrairement aux pleurnicheries habituelles des bureaucraties syndicales, comme elles viennent encore de le montrer en pleurant après une intervention de l’Etat capitaliste pour… sauver les ouvriers de Ford du licenciement !!! Nous, gilets jaunes, savons bien qu’il faudra non seulement renverser Macron mais aussi l’Etat des milliardaires !!!

  • Toujours aussi méprisant, le roitelet !!!

    Au Noël de l’Elysée, il déclare : "Le président fait des cadeaux de temps en temps"...

    Ses cadeaux, c’est les oups de matraque, les gaz, les charges policières ou les blindés ?!!!

  • "Alors, la seule issue pour le monde du travail, c’est d’appeler partout dans la classe ouvrière à construire des comités de gilets jaunes, à en faire des centres de discussion et de décision indépendants de toutes les institutions bourgeoises, à en faire des assemblées politiques et insurrectionnelles des travailleurs, de futurs centres de pouvoir ouvrier opposés au pouvoir bourgeois !!!
    Il faut être clair. La seule perspective pour la lutte, ce n’est pas seulement de donner satisfaction sur tel ou tel point de détail. Ce n’est pas telle ou telle prétendue réforme du système politique bourgeois. Ce n’est aucune élection dans le cadre bourgeois.
    La seule perspective de l’insurrection, c’est : aucun pouvoir aux banquiers, financiers, trusts et leurs serviteurs politiques et tout le pouvoir au monde du travail !"

  • Macron parlait « des gens qui ont réussi et des gens qui ne sont rien » !

    C’est malgré lui que ceux qui ne sont rien veulent être tout !

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