Accueil > 16- EDITORIAUX DE "LA VOIX DES TRAVAILLEURS" - > A quoi servent les modérés et les institutionnels (notamment pro-appareils (…)

A quoi servent les modérés et les institutionnels (notamment pro-appareils syndicaux) ou pourquoi les gilets jaunes ne peuvent que vaincre ou être vaincus mais pas être entendus du pouvoir

mardi 22 janvier 2019, par Robert Paris

Les gilets jaunes veulent converger avec les salariés, pas être récupérés par les syndicats !!!! Des participants syndicalistes mais pas de banderoles ni d’encadrement syndical...

édito

Pourquoi les gilets jaunes ne peuvent que vaincre ou être vaincus, mais pas être entendus du pouvoir, ni se concilier avec les classes possédantes

La lutte des gilets jaunes ne se déroule pas seulement dans les blocages, les manifestations, elle est tout aussi animée au sein même du mouvement qui se structure et débat de ses orientations. Dans bien des comités, des assemblées, des collectifs, des villes et des régions, la lutte est engagée au sein des gilets jaunes. On trouve d’un côté les « radicaux » opposés à toute négociation avec les institutions, à toute composition avec les appareils syndicaux et qui tiennent à maintenir l’auto-organisation du mouvement et son caractère d’opposition radicale au pouvoir des milliardaires. On trouve de l’autre côté les « modérés », qui veulent se contenter de quelques revendications limitées, qui prônent le débat avec le pouvoir. Aux côtés de ceux-là, on trouve aussi les nouveaux venus dans le mouvement des gilets jaunes et qui s’en étaient détournées au début. Ils sont issus des syndicats ou de l’extrême gauche de ceux-ci. Ainsi, des militants de Lutte ouvrière, bien que n’étant pas eux-mêmes gilets jaunes, tentent d’influer sur leur cours dans le sens des appareils syndicaux, des militants du NPA et d’autres groupes de gauche de la gauche, insoumis et parti de gauche, PCF ou d’autres extrêmes gauches en font de même. Les partisans de l’auto-organisation se retrouvent ainsi souvent face à la coalition des modérés dans laquelle on est étonnés de trouver... de prétendus révolutionnaires...

Pourtant, la lutte menée jusqu’à présent a bien montré que ce n’est pas en négociant ni en pactisant avec les appareils syndicaux que l’on a fait reculer le pouvoir. Et ce dernier a, pour sa part, démontré qu’il ne fait que tromper ceux qui croient discuter et négocier avec lui, soi-disant porte-paroles du mouvement ou dirigeants syndicaux… Ces deux sortes de faux dirigeants ont également démontré qu’ils n’étaient en rien une émanation démocratique du mouvement mais des dirigeants antidémocratiques et autoproclamés.

Les modérés et les syndicats aimeraient bien ramener l’insurrection à une petite lutte économique revendicative et limiter le caractère révolutionnaire de l’auto-organisation des exploités !

N’en déplaise aux comédies organisées par les gouvernants, ce n’est pas l’Etat bourgeois qu’il soit dirigé par Macron ou par qui que ce soit, défendant un système capitaliste actuellement au bord du gouffre et sous perfusion, qui supprimera l’injustice sociale et fondera une véritable démocratie !!!

Macron prétend être en train de fonder une nouvelle phase de la république bourgeoise : la démocratie consultative qui serait à l’écoute des citoyens. Pas besoin d’être grand spécialiste pour savoir qu’il n’est à l’écoute que des intérêts privés des possesseurs de capitaux. Même au cours du mouvement des gilets jaunes, le gouvernement a dépassé des centaines de fois plus d’argent pour aider les capitalistes que pour faire semblant qu’il voudrait calmer le mouvement et que c’est ce dernier qui est radical et ne veut pas entendre raison.

Les prétendues mesures de justice sociale de Macron sont de la poudre aux yeux. L’argent de nos impôts continue à couler dans les coffre-forts de milliardaires. Le fossé entre riches et pauvres s’est accru en France de manière particulièrement remarquable. Dire que le gouvernement est entièrement aux mains de l’infime minorité des classes possédantes n’est même pas une critique : c’est un fait indiscutable, même au sein du grand débat national de Macron !

Le gouvernement n’a rien à refuser aux capitalistes en termes d’aides financières (notamment les crédits permanents d’impôts), d’aides économiques (cadeaux directs sans contrepartie), liaisons entre les gouvernants et les trusts, mise du service public en coupe réglée par les intérêts privés de manière tout à fait visible et même pas cachée, suppressions progressive de toute législation contraignante pour les capitalistes et on en passe…

Chacun sait que c’est cela que le gouvernement appelle « les réformes » et il prétend actuellement que sa réaction au mouvement des gilets jaunes consistera à accélérer les réformes !!!

Balivernes ! Le gouvernement a quand même été contraint de retarder de multiples réformes qui étaient programmées à commencer par la réforme des retraites et celle de la santé publique ! Mais il est certain que Macron essaie de freiner sans démontrer qu’il a peur du mouvement.

Dans les entreprises, les salariés constatent que le mouvement des gilets jaunes a fait reculer le pouvoir des capitalistes, alors que les actions réformistes des syndicats ne l’avaient pas fait depuis des années… Les syndicats sont eux aussi secoués par ce mouvement et ils essaient difficilement de s’adapter. Les directions syndicales continuent de freiner des quatre fers. Les syndicats locaux commencent à participer lentement et prudemment. Les militants syndicalistes sont très nombreux dans le mouvement et y sont tout à fait acceptés sans le moindre ostracisme. Ce sont les méthodes réformistes des appareils syndicaux qui sont refusés et combattus.

Cependant, les nouveaux arrivants des appareils syndicaux, y compris ceux de la gauche de la gauche et de l’extrême gauche essaient d’agir sur le mouvement dans le sens de transformer l’insurrection en simple supplication sociale, de passer de l’explosion à une action revendicative classique. Ils peuvent pour cela s’appuyer sur la fraction « institutionnelle » ou « modérée » du mouvement, celle qui voulait déjà négocier avec Macron ou avec une « personnalité indépendante », celle qui croit à la démocratie française, aux élections et patati patata. Calmer, encadrer, négocier sont les mots-clefs de ces gens-là.

Des manœuvres ont lieu un peu partout en France pour changer le sens du mouvement des gilets jaunes, pour le modérer, pour l’encadrer, pour le banaliser, pour le canaliser. Toutes les accusations sont lancées contre ceux des gilets jaunes qui veulent maintenir au mouvement son caractère insurrectionnel et auto-organisé : division, conspirationnisme, complotisme, sectarisme et on en passe. Radicalisme est même un crime aux yeux de certains gilets jaunes, dont les pires sont les ralliés de la dernière heure qui se sont raccrochés jusqu’au bout aux appareils syndicaux ! Incroyable d’y trouver aussi et même en tête des militants qui se disent révolutionnaires !!!

Mais, pas plus que la petite minorité d’extrême droite ou la petite minorité qui ne veut que casser et pas construire le mouvement, les fans des syndicats ou les fans de la démocratie bourgeoise ne sont pas à la tête des gilets jaunes. la lutte d’influence commence et nul ne peut dire de quel côté le mouvement basculera.

La partie auto-organisée des gilets jaunes se structure : l’assemblée des assemblées, appelée par l’assemblée de Commercy, qui va recevoir des dizaines d’assemblées de gilets jaunes venues de partout en est un bon exemple.

Bien entendu, les modérés et pro-appareils syndicaux mènent des actions de division et accusent les autres comités de diviser le mouvement…

Ce qui est certain, c’est que toute la population qui a participé à des manifestations a appris ce que sont les « forces de l’ordre » et surtout appris qu’elles ne défendent que l’ordre des milliardaires !!! Une leçon essentielle qu’ils ne sont pas prêts d’oublier !!!

En fait, la « démocratie des ronds-points » a appris bien des choses. Depuis que les plus démunis se réunissent en permanence, discutent de tout en permanence, décident eux-mêmes des suites de leurs actions, ont le pouvoir sur eux-mêmes ce qui n’a jamais été le cas dans les actions syndicales ou politiques des partis politiciens, les prolétaires développent à grande vitesse leur conscience sociale et politique et nul ne peut dire s’ils s’arrêteront gentiment à la porte du pouvoir et des coffres-forts, ou s’ils franchiront allégrement la porte fût-elle blindée !!! La révolution sociale, quand elle commence, nul ne peut dire quand elle terminera ni où.

Bien malin qui pourrait dire où ira le mouvement. Contrairement aux actions politiciennes et aux actions réformistes syndicales, l’insurrection des exploités et des opprimés n’est pas prédictible, car elle n’est pas préprogrammée par des directions liées par mille liens à la société bourgeoise et à son Etat.

Bien des luttes traversent le mouvement des gilets jaunes. De sombres projets ou calculs et des manœuvres innombrables le parcourent. Mais, contrairement aux mouvements sociaux du passé, la réponse sur ce que deviendra le mouvement est entre les mains de ceux qui luttent et pas dans celles d’appareils qui érigent leurs propres buts et leurs propres intérêts en objectifs réels.

Ce sont les gilets jaunes eux-mêmes qui construisent tous les jours leur mouvement.

Ce qui est certain, c’est que les intérêts que défendent les gilets jaunes ne sont pas compatibles ni conciliables avec ceux que défend l’Etat des milliardaires !

Ce qui est certain, c’est que les classes possédantes n’ont pas l’intention de céder sur le fond et ne le peuvent absolument pas, et surtout pas dans une phase où le capitalisme n’a aucune perspective, même lointaine, de retrouver son dynamisme et de se relancer.

Ce qui est certain aussi, c’est que l’ensemble des classes possédantes de la planète a les yeux fixés sur les « solutions » que vont trouver les classes possédantes en France car c’est la première insurrection sociale générale et permanente dans un pays riche du monde occidental et que l’écho qu’il a trouvé parmi les opprimés du monde est incontestable.

Le pouvoir capitaliste a manié à la fois la carotte et le bâton mais ni l’un ni l’autre ne sont encore suffisants soit pour calmer soit pour écraser. Ni dans un sens ni dans l’autre, le pouvoir ne peut aller trop loin sans risquer de mettre le feu aux poudres. La marge est très étroite pour les gouvernants au service des possédants. D’où la nécessité de ce jeu de clowns du pouvoir. Il faut singer la démocratie tout en imitant les pires dictatures sanglantes mais sans encore tirer directement dans le tas…

L’autre perspective a été clairement indiquée par certains hommes politiques des classes possédantes : tirer sur les manifestants et tirer non pour blesser gravement mais pour tuer, et mettre en place une dictature policière et militaire afin de préserver… la démocratie !!!

Effectivement, il est bien difficile d’imaginer que la situation instable actuelle puisse durer éternellement sans que le pouvoir des nantis ne tente d’y mettre fin par la violence de la répression. N’en déplaise aux « modérés » ou « institutionnels » parmi les gilets jaunes, l’institution est, et a toujours été, au service de l’infime minorité des capitalistes qui s’est toujours moquée de ce qu’en pensaient l’immense majorité de la population, celle qui ne vit que de son travail quand elle arrive à en vivre et pas à en crever !!!

Si aujourd’hui, les plus démunis ne supportent plus la dictature capitaliste, c’est que l’effondrement du capitalisme de 2007-2008 a aggravé le fossé entre riches et pauvres, a mené à la casse de tous les filets sociaux servant à amoindrir les souffrances des opprimés pour éviter toute explosion sociale, rendant impossible le consensus social des époques précédentes.

La France n’est pas la seule à constater que le consensus social est terminé. La société explose de partout dans le monde entier et le succès des gilets jaunes au-delà des frontières hexagonales ne sont que l’une des manifestations de cette explosion sociale mondiale.

Cependant, le mouvement des gilets jaunes apporte quelque chose de plus que les explosions sociales dans le reste du monde et fait même avancer de manière historique la lutte des classes internationale : elle remet en avant l’auto-organisation en masse et en permanence des exploités et des opprimés, organisés par eux-mêmes et décidant par eux-mêmes des buts et des moyens, des perspectives et des actions, sans se laisser dominer par personne, et particulièrement par aucune institution ou organisation liée à la société capitaliste.

C’est là la principale avancée des gilets jaunes et, quelle que soit la suite du mouvement, c’est un acquis mondial pour tous les prolétaires !

L’avenir appartient à l’auto-organisation de tous ceux qui ne vivent que de leur travail, et ce sera non seulement l’organisation par eux-mêmes de leurs luttes mais aussi celle de toute la société à commencer par le pouvoir d’Etat. Il est clair qu’une fraction notable du mouvement des gilets jaunes remet en question non seulement les méthodes réformistes des syndicats et partis mais aussi l’Etat des classes possédantes et affirme représenter une alternative pour toutes ces institutions bourgeoises. Voilà comment l’Histoire des opprimés se construit par eux-mêmes ! Voilà l’avenir du mouvement des gilets jaunes comme celui de tous les prolétaires du monde !

Messages

  • Bien sûr que les exploiteurs et leurs représentauts politiques trouvent que les exploités et les opprimés de France, qui s’insurgent, sont « des pauvres qui déconnent » !!!

    Quand les exploiteurs et les oppresseurs trouvent que leurs victimes déconnent, c’est qu’on est sur la bonne voie !!!

  • l’auto organisation de toute la classe ouvrière contre toutes les fermetures d’entreprises : voilà l’esprit gilets jaunes . Les expériences de Melun et Aulnay , mais aussi en Espagne , chez tous les sous traitants , des intérimaires , sont autant de preuves que les travailleurs séparés ne peuvent que subir les fermetures et que tous les leaders syndicaux qui prônent la négociation avant même d’avoir lutter ensemble, sont des faiseurs de défaites. Tous ces "dirigeants " sont radicaux quand ils ont le mégaphone mais c’est pour mieux montrer du doigt nos faiblesses soit disant naturelles , c’est à dire le fait de ne pas vraiment vouloir lutter. Aujourd hui , si la peur règnent encore trop souvent dans les usines , c’est aussi car les prolétaires sont abreuvés par un discours fataliste et encadrés par des chantres des négociations secrètes dans le dos des travailleurs. Pour se débarrasser tout aussi naturellement de ces collaborateurs zélés des patrons , nous devons réaffirmer une perspective de classe et prendre le contre pied des combats perdus d’avance pour affirmer bien haut des perspectives de luttes dépassant rapidement les sites concernés , les secteurs isolés, les régions ou les pays.
    A ce titre , l’article sur Général Motors du WSWS est intéressant :
    https://www.wsws.org/fr/articles/2019/01/14/auto-j14.html

  • Pour une fois, un mouvement a éclaté de façon auto-organisée hors des partis et des syndicats, pour une fois il s’est d’emblée fixé ses propres échéances tant au niveau local que national –des échéances souvent quotidiennes et non pas au rythme hebdomadaire ou mensuel de grandes journées orchestrées par des chefs de troupe et cadrées d’avance avec la police–, définissant même ses propres lieux et parcours d’affrontements et de blocages en refusant obstinément de quémander une autorisation préfectorale préalable. Bref, un peu d’air frais pour tous les militants qui n’attendent rien moins qu’un grand mouvement collectif pour ressortir de chez eux. Et pourtant ! Alors que les miettes réclamées par n’importe quel collectif citoyenniste, syndicaliste ou victimiste à l’aide d’un rapport de force dans la rue pour aider ses représentants à mieux négocier avec le pouvoir n’a jamais empêché grand monde de participer, voici que les braves militants anti-autoritaires se mettent à disséquer celles qui ont fait déborder le vase des gilets jaunes. Ah, mais c’est bien trop réactionnaire de se mettre en colère contre le prix de l’essence ou les taxes. Ah, mais c’est qu’ils voudraient dans leur consultation virtuelle à la fois que le SMIC ou que les retraites augmentent de 40% et une baisse des charges pour les patrons, moins d’élus et que le pouvoir les écoute par référendum, augmenter le nombre de flics et de juges ou remettre hôpitaux, trains et Poste dans les villages, interdire le glyphosate et remettre des usines partout, intégrer les immigrés dociles et virer les nombreux réfugiés déboutés de l’asile, rétablir l’ISF et que les banques cessent de racketer les commerçants. Bref, plus il y a de monde qui rejoint ce mouvement, et plus les cahiers de doléance s’allongent, en un fourre-tout hétéroclite de lieux communs et de réformettes de droite comme de gauche, qui sont la marque d’esclaves tentant de ripoliner leur cage. Rien d’étonnant à demander du changement pour que surtout rien ne change, après plusieurs décennies de dépossession, de restructuration productive et de domestication technologique depuis la dernière tentative d’assaut du ciel des années 70. Rien d’étonnant, mais un jeu plus ouvert qu’il ne l’a été au cours de cette dernière décennie, un jeu seulement donné d’avance pour les météorologistes effrayés qui préféreront toujours le statu quo démocrate et bien huilé aux possibilités de bouleversement en tous sens, à moins bien sûr que la fameuse rupture ne se produise d’un seul coup, magique et pure, bienveillante et sans processus ni dépassements.

  • Sous cette appellation « gilets jaunes », un titan se réveille à peine, encore groggy par le coma dans lequel il fut plongé durant plus de quarante ans. Ce colosse ne sait plus comment il s’appelle, ne se souvient plus de son histoire glorieuse, ne connaît pas le monde où il ouvre les yeux. Pourtant, il découvre, à mesure qu’elle se réactive, l’ampleur de sa propre puissance. Des mots lui sont soufflés par de faux amis, geôliers de ses songes. Il les répète : « français », « peuple », « citoyen » ! Mais en les prononçant, les images qui reviennent confusément du fond de sa mémoire jettent un trouble. Ces mots se sont usés dans les caniveaux de la misère, sur les barricades, les champs de bataille, lors des grèves, au sein des prisons. C’est qu’ils sont du langage d’un adversaire redoutable, l’ennemi de l’humanité qui, depuis deux siècles, manie magistralement la peur, la force et la propagande. Ce parasite mortel, ce vampire social, c’est le capitalisme !

    Nous ne sommes pas cette « communauté de destin », fière de son « identité », pleine de mythes nationaux, qui n’a pas su résister à l’histoire sociale. Nous ne sommes pas français.

    Nous ne sommes pas cette masse faite de « petites gens » prête à s’allier avec ses maîtres pourvu qu’elle soit « bien gouvernée ». Nous ne sommes pas le peuple.

    Nous ne sommes pas cet agrégat d’individus qui ne doivent leur existence que par la reconnaissance de l’État et pour sa perpétuation. Nous ne sommes pas des citoyens.

    Nous sommes ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail pour survivre, ceux dont la bourgeoisie tire ses profits en les dominant et en les exploitant. Nous sommes ceux que le capital, dans sa stratégie de survie, piétine, sacrifie, condamne. Nous sommes cette force collective qui va abolir toutes les classes sociales. Nous sommes le prolétariat.

  • Conscients de nos intérêts historiques, nous avertissons que :

    • Le mouvement des gilets jaunes sera vaincu s’il s’obstine à croire que les intérêts des travailleurs sont conciliables avec ceux des patrons. Cette illusion produit d’ores et déjà des dégâts car Macron se sert d’elle afin de retourner la contestation contre les exploités. Les pauvres capitalistes – dépeints opportunément sous les traits des capitalistes pauvres : les petits entrepreneurs, artisans et autres autoentrepreneurs – victimes des « charges » sociales, partageraient le même sort que leurs employés. Il faudrait donc globalement les épargner et se borner à demander l’aumône aux plus gros d’entre eux. Cela permet au Pouvoir de nous injurier tout en feignant de répondre aux revendications. La prétendue hausse du SMIC ne sera payée que par les salariés. L’annulation de la hausse de la CSG masque le maintien de la réduction des pensions de retraites des plus pauvres.

    • À partir de cette approche biaisée, une fraction des gilets jaunes affirme qu’un État moins dispendieux permettrait d’alléger la charge fiscale qui écrase les entreprises ; l’activité serait ainsi relancée et chacun y trouverait son compte... Cela est un mauvais conte de fée. Car ce n’est pas l’État qui étouffe les petits capitalistes mais d’abord la loi de la concurrence qui les fait exister et grâce à laquelle ils peuvent prendre des parts de marché, c’est-à-dire se développer. Le problème social étant ainsi mal posé par le mouvement de sorte que « l’État mal gouverné » est ciblé en lieu et place du système capitaliste, le programme gouvernemental de démantèlement de « l’État social », au nom de « l’optimisation de l’action publique », s’en trouve consolidé. Les politiques de prédation sociale qui consistent à supprimer la redistribution des riches aux pauvres, jusque là effectuée par le biais de la sécurité sociale et des services publics, sont ironiquement confortées. De même, les mesures de réduction du salaire global, en comprimant le salaire différé (retraite, allocations chômage...) sont dès lors justifiées. On donne le bâton pour se faire battre.

    • Dans cette optique, qui fait la part belle à l’équilibre économique pourvu qu’il soit bien géré, ce qu’il y a de mauvais dans l’économie ne peut être apporté que de l’extérieur : l’État fiscal, l’Union européenne, la « Finance » « cosmopolite » (et derrière sont parfois désignés les « juifs » et les « illuminatis »), les immigrés. La mécompréhension ou le refus d’admettre cette criante vérité que c’est le capitalisme – comme système de production de la richesse à partir de l’exploitation du travail humain – qui est en crise, ouvre grand la porte aux formes réactionnaires de sauvegarde de l’ordre en place. Dix ans d’activisme d’extrême droite sur internet pèsent lourdement sur ce suicidaire état de confusion dans lequel nombre de gilets jaunes croient discerner une solution à leurs maux.

    • Parmi ces « solutions », le Référendum d’Initiative Citoyenne, promu depuis longtemps par la fachosphère et qui a fini par rallier les suivistes mélenchoniste, est une fumisterie permettant d’étouffer la question sociale sous une tambouille institutionnelle. Cet aménagement démocratique ne réglerait rien, quand bien même il serait adopté. Il étirerait juste l’élastique électoral tout en maintenant le rapport entre les classes sociales – ses conditions ainsi que ses enjeux – avec en sus la fortification du réformisme juridique, ce parent pauvre du déjà illusoire réformisme économique. Cela reviendrait à cautionner un peu plus directement l’asservissement ordinaire.

  • Conscients de nos tâches, nous constatons que :

    • Le mouvement des gilets jaunes s’arrête aux portes des entreprises, c’est-à-dire là où commence le règne totalitaire du patronat. Ce phénomène résulte de différents facteurs. Retenons-en trois : 1) L’atomisation de la production, qui voit un grand nombre de salariés travailler dans des (très) petites entreprises où la proximité avec l’employeur rend très difficile la possibilité de faire grève. 2) La précarité d’une grande partie des salariés, qui détériore gravement leur capacité à assumer une conflictualité dans les boîtes. 3) L’exclusion et le chômage, qui placent en dehors de la production bon nombre de prolétaires. Une grande partie des gilets jaunes est directement concernée par au moins l’une de ces trois déterminations.

    • L’autre composante du salariat, celle qui bosse dans les grandes sociétés et qui dispose d’une meilleure sécurité de l’emploi (CDI et statut) paraît être sous cloche, sur laquelle la puissante force du mouvement se rompt comme la vague sur le rocher. Un traitement particulier, composé d’efficience managériale et de honteuse collaboration syndicale, est réservée à cette frange de la population travailleuse. La bourgeoisie a bien compris que cette catégorie des travailleurs a le pouvoir de frapper la production capitaliste en son cœur, par la grève générale illimitée. C’est pour cela qu’elle consolide la pacification en donnant des sussucres en formes de « primes de fin d’année exceptionnelles ».

    Conscients de notre but, nous affirmons :

    • Nous reconnaître dans les appels des gilets jaunes de Alès, de Commercy et de Saint Nazaire, dont le souci de refuser toute organisation hiérarchique, toute représentation, et de cibler les capitalistes, est pour nous le signe de la voie à emprunter.

    • Vouloir briser les verrous idéologiques, managériaux et syndicaux, qui maintiennent le mouvement des gilets jaunes en dehors de la production. Nous devons employer l’extraordinaire force doublée de détermination que ce mouvement développe pour réaliser ce que des millions d’exploités souhaitent depuis tant d’années, sans jamais y être parvenus : paralyser la production de l’intérieur, décider des grèves et de leur coordination en assemblées générales, unir toutes les catégories de salariés, dans une même optique de renversement du système capitaliste et de réappropriation de l’appareil de production. Mettons fin à l’oppression hiérarchique, capitaliste et étatique.

  • Conscients de nos tâches, nous constatons que :

    • Le mouvement des gilets jaunes s’arrête aux portes des entreprises, c’est-à-dire là où commence le règne totalitaire du patronat. Ce phénomène résulte de différents facteurs. Retenons-en trois : 1) L’atomisation de la production, qui voit un grand nombre de salariés travailler dans des (très) petites entreprises où la proximité avec l’employeur rend très difficile la possibilité de faire grève. 2) La précarité d’une grande partie des salariés, qui détériore gravement leur capacité à assumer une conflictualité dans les boîtes. 3) L’exclusion et le chômage, qui placent en dehors de la production bon nombre de prolétaires. Une grande partie des gilets jaunes est directement concernée par au moins l’une de ces trois déterminations.

    • L’autre composante du salariat, celle qui bosse dans les grandes sociétés et qui dispose d’une meilleure sécurité de l’emploi (CDI et statut) paraît être sous cloche, sur laquelle la puissante force du mouvement se rompt comme la vague sur le rocher. Un traitement particulier, composé d’efficience managériale et de honteuse collaboration syndicale, est réservée à cette frange de la population travailleuse. La bourgeoisie a bien compris que cette catégorie des travailleurs a le pouvoir de frapper la production capitaliste en son cœur, par la grève générale illimitée. C’est pour cela qu’elle consolide la pacification en donnant des sussucres en formes de « primes de fin d’année exceptionnelles ».

    Conscients de notre but, nous affirmons :

    • Nous reconnaître dans les appels des gilets jaunes de Alès, de Commercy et de Saint Nazaire, dont le souci de refuser toute organisation hiérarchique, toute représentation, et de cibler les capitalistes, est pour nous le signe de la voie à emprunter.

    • Vouloir briser les verrous idéologiques, managériaux et syndicaux, qui maintiennent le mouvement des gilets jaunes en dehors de la production. Nous devons employer l’extraordinaire force doublée de détermination que ce mouvement développe pour réaliser ce que des millions d’exploités souhaitent depuis tant d’années, sans jamais y être parvenus : paralyser la production de l’intérieur, décider des grèves et de leur coordination en assemblées générales, unir toutes les catégories de salariés, dans une même optique de renversement du système capitaliste et de réappropriation de l’appareil de production. Mettons fin à l’oppression hiérarchique, capitaliste et étatique.

  • Les classes possédantes ne sont absolument pas modérées comme le prouve la prétendue loi anti-casseurs en fait anti-gilets jaunes et aussi la suppression des communications sur la révolte par google, facebook (ils sont les gafa, soit parmi les milliardaires attaqués et ont arrêté de faire passer les messages !!).

  • Sentant le piège orchestré par le « grand débat national » de Macron débutant cette semaine, les « gilets jaunes » se sont mobilisés en nombre pour l’acte X de samedi. Le ministère de l’Intérieur a établit comme samedi dernier à 84 000 le nombre de participants à la journée de mobilisation, minimisant de manière considérable l’ampleur de la mobilisation.

    Celle-ci n’a pas faibli. Bien au contraire, on enregistre 4.000 manifestants sur Bordeaux, 2.500 sur Marseille comme à Grenoble ou encore 3.000 à Caen. A Toulouse il y a eu 10.000 personnes, un record pour le mouvement en province, avec comme banderole en tête de cortège « Tes hauts et débats, on n’en veut pas, Macron dégage ».

    Les provocations de la police ont entraîné des heurts dans plusieurs villes. Sur Marseille, plus d’un millier de « gilets jaunes » manifestaient lorsqu’ils ont été bloqués par un barrage des forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogènes. Il y a eu 10 interpellations.

    Sur les quais de Lyon, le cortège, qui défilait dans le calme, était canalisé par la police, qui repoussait à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes des groupes de « gilets jaunes » qui tentaient de rejoindre les rues commerçantes. Il y a eu 7 interpellations. Sur Paris la police a procédé à 30 interpellations.

    A Paris, les « gilets jaunes » se sont donnés rendez-vous aux Invalides vers 11h00 avec comme slogan « Le million à Paris ! ». Malgré des cortèges plus longs que la semaine dernière, la préfecture de Paris annonce un léger recul, avec 7.000 manifestants, contre 8.000 samedi dernier.

    Alors que les syndicats qui ont rejeté le mouvement des « gilets jaunes » essaient à présent de le récupérer, la CGT s’est fait recaler par les « gilets jaunes. » Selon Le Monde, « à l’angle du boulevard Raspail, un grand gaillard bloque l’accès au cortège à un petit groupe de manifestants estampillés CGT. ‘Rangez vos drapeaux si vous voulez venir avec nous’, leur intime-t-il. ‘La CGT vous avez rien fait depuis quarante ans et en plus vous avez appelé à voter Macron’, lance un autre. »

  • « Etant donné qu’il ne nous appartient pas de forger un plan qui vaille pour tous les temps à venir, il est d’autant plus certain que ce que nous devons faire pour le présent, c’est une évaluation critique impitoyable de tout ce qui est, impitoyable au sens où notre critique ne doit craindre ni ses propres résultats ni le conflit avec les pouvoirs établis. » (Karl Marx, dans « Lettre à Arnold Ruge » - 1843)

  • Macron avait promis qu’il n’y aurait plus de SDF en France fin 2017 ou du moins il avait laissé croire que c’était ce qu’il voulait dire. maintenant, il joue les indignés... en prétendant que ce n’est pas ce que ses propos voulaient dire.

    Nous, gilets jaunes, quand on dit qu’il n’y aura plus de milliardaires qui s’enrichissent quand les pauvres s’appauvrissent, on ne joue pas sur les mots !!!

  • En fait, il avait déclaré : « La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus d’ici la fin de l’année avoir des femmes et des hommes dans les rues. Dans les bois ou perdus. C’est une question de dignité, c’est une question d’humanité et d’efficacité là aussi. »

    Blabla politicien bien entendu !

    Il ne veut surtout pas que les milliardaires paient pour en finir avec la pauvreté !!!

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.