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Les mille et un moyens d’affaiblir les Gilets jaunes en prétendant les renforcer

jeudi 24 octobre 2019, par Karob, Robert Paris

Les mille et un moyens d’affaiblir les Gilets jaunes en prétendant les renforcer !

Les Gilets Jaunes : un soulèvement populaire spontanée et révolutionnaire

Si le mouvement a pris, à ses débuts, un cours inattendu, massif et explosif, de type révolutionnaire, qui a fait peur aux classes possédantes et obligé le gouvernement à de premiers reculs, ce n’est nullement grâce à de quelconques stratégies de leaders autoproclamés mais parce que la révolte prenait largement dans la population la plus démunie de ce pays et que ces derniers n’avaient pas du tout pu, ces dernières années, exprimer cette révolte qui débordait ainsi. Le caractère révolutionnaire de cette lutte tient également au fait que les Gilets Jaunes ont refusé le cadre faussement démocratique de la république des milliardaires en ne déclarant pas leurs manifestations, actions et en n’ayant pas peur de la police des grandes fortunes, un des derniers remparts aujourd’hui de la dictature ouverte des capitalistes et des trusts et multinationales. Cette lutte a mis en avant à la fois des revendications économiques devant mettre fin aux inégalités sociales, à la misère et des revendications politiques sur la démocratie et le pouvoir du peuple qui pourraient être résumées à ces deux mots d’ordre : « Nous, n’avons rien, Nous voulons tout ! », « Nous ne décidons de rien, nous voulons décider de tout ! Tout le pouvoir au peuple travailleur ! ». Dans ces fondements, on le voit, ce mouvement d’une des parties les plus précaires du peuple travailleur ne cherchait nullement à débattre avec l’État des grandes fortunes, ou à attendre quelque chose de lui, contrairement aux organisations syndicales qui pratiquent la collaboration avec l’ennemi, et il représentait, dès lors, un réel danger pour les grandes fortunes s’il avait entrainé les salariés des grandes entreprises et le reste des milieux populaires dans son sillage. Mais tel n’a pas été le cas.

Affaiblis mais toujours là !

Des mois après ses débuts, le mouvement des Gilets jaunes s’est affaibli dans ses manifestations extérieures. Pour autant, de nombreux Gilets jaunes ne sont toujours pas convaincus d’enterrer la hache de guerre et rien n’est réglé.

Les calomnies à l’égard du mouvement n’ont pas diminué. Les attaques répressives non plus. Les médias français sont très favorables au mouvement de révolte, de contestation, et même aux violences des révoltés, quand… il s’agit de Hong Kong, de la Russie, ou, éventuellement, du Soudan ou de l’Algérie, mais surtout pas en France !!! Ces médias dénoncent la violence de la répression sauf… en France !!! Ils soutiennent la violence des manifestants russes et hongkongais ! Cela montre toute leur hypocrisie !

Les gouvernants eux-mêmes le reconnaissent, les Gilets jaunes, ce n’est pas fini. La répression est toujours aussi violente et les attaques antisociales continuent. Dans ces conditions, Il n’y a donc aucune raison d’être convaincu d’arrêter la lutte. Beaucoup sont seulement convaincus que, dans la rue, ils risquent gros et que, dans l’immédiat, ils n’ont pas de perspectives et de moyens rapides de gagner. Il n’empêche que l’existence même des Gilets jaunes, le fait notamment qu’ils continuent à se réunir pour discuter nombreux, fait que le gouvernement hésite dans ses principales attaques à venir, comme on vient de le voir pour la prétendue « réforme » des retraites.

Les Gilets Jaunes face à la tentative de recettes politiques erronées
Ce recul momentané du mouvement, sans qu’on voie dans l’immédiat ce qui peut lui redonner son dynamisme, amène ses faux leaders et les gilets jaunes à chercher des fausses recettes.

Les uns affirment qu’il faudrait être moins radicaux, que le mouvement se cantonne à des revendications plus limitées. Pourtant ce qui a fait sa force c’est justement qu’il ne le faisait pas et remettait en cause tout l’ordre social. Alors que certains proposent aussi de négocier davantage ou de discuter avec des élus, des maires, des préfets et autres institutionnels quand ce n’est pas avec les gouvernants, le mouvement, lui, s’y est toujours refusé et a marqué ainsi une identité nouvelle de la lutte des classes en France : le refus de négocier, de reconnaître ainsi les institutions qui prétendaient calmer la lutte par des fausses discussions. Pour d’autres, il faudrait être plus lisibles quand les suivants affirment au contraire qu’il faudrait moins écrire et plus de ronds-points, et les derniers d’affirmer qu’il faudrait suivre plus les leaders, comme si le mouvement avait suivi des leaders alors que ce sont les médias qui les mettent en avant. Sans oublier la tentation de participer aux élections municipales de 2020 avec des équipes dites citoyennes comme si le municipalisme libertaire pouvait une être une solution sans toucher au pouvoir de l’État des grandes fortunes et à leur propriété privée au nom de laquelle elles peuvent ruiner des villes des régions ou des pays entiers.

Les Gilets Jaunes et l’expérience de la démocratie directe

Certains estiment aussi qu’on devrait museler les participants qui ont des idées différentes des autres, mais le mouvement des Gilets jaunes a, au plus haut sommet de sa lutte, représenté un creuset dans lequel tous ceux qui se situaient du côté des plus démunis défendaient librement leur point de vue. Et le fait qu’ils viennent d’horizons très divers, socialement, idéologiquement, individuellement, était aussi une marque caractéristique du mouvement et pas une faiblesse. Ce qui était particulièrement remarquable, c’est le fait que les plus exploités, les plus pauvres, les plus écrasés prennent la parole, discutent entre eux pour la première fois depuis des décennies, qu’ils ne tiennent pas à parler avec le pouvoir, avec les autorités, avec les institutions mais à discuter entre eux, à s’interroger sur les causes profondes de la crise sociale, sur les moyens de changer la société. C’est cela que certains proposent aujourd’hui de mettre au placard, prétendant que c’est trop radical et que cela écarterait du mouvement le plus grand nombre. Il faut maintenir cette démocratie, la liberté d’opinion, de critique au sein des assemblées de Gilets Jaunes qui continuent à se tenir et à se coordonner à tous les niveaux sur le territoire.

Les Gilets Jaunes, un mouvement de lutte autonome et indépendant institutions de la société des milliardaires

Une autre des tentatives de détourner le mouvement des Gilets jaunes a consisté à tenter de le mettre à la remorque des aspirations putschistes ou dictatoriales de certains généraux, anciens généraux, chefs de la police et dirigeants de l’extrême droite fasciste. Ils se sont manifestés en faisant la publicité d’anciens responsables militaires de l’implication de la France dans le génocide rwandais. Ils ont également montré leur soutien aux forces de police et d’armée alors que ces dernières intervenaient violemment contre les Gilets jaunes ! Ils ont prétendu entraîner les gilets jaunes à venir débattre avec « des personnalités », en réalité ouvertement fascistes. Ces gens-là ont aussi mené campagne pour discréditer quiconque relevait publiquement la teneur d’extrême droite de leurs propositions. En fait, le mouvement a toujours massivement et clairement refusé de se mettre à la remorque de l’extrême droite comme à la remorque des organisations de gauche qu’elles soient politiques ou syndicales.

En effet, l’une des tentatives de changer le caractère profond des Gilets jaunes, sous prétexte de lui donner de nouveaux succès, d’amener plus de monde dans les rues notamment, a consisté dans l’intervention d’une partie de l’extrême gauche syndicale que sont les organisations politiques telles que Lutte Ouvrière, NPA, Alternative Libertaire pour ne citer qu’elles, ou de la gauche de la gauche comme la France Insoumise, et qui militent au sein de la CGT et de Solidaires. C’est justement lorsqu’ils ont laissé croire à la « convergence syndicats-gilets jaunes » que le crédit des Gilets jaunes est tombé et les craintes des classes possédantes aussi ! En effet, personne ne craint les syndicats. Du moment qu’ils peuvent encadrer les luttes sociales, celles-ci en restent à une fausse contestation sans risque, à des journées d’action, à des fausses propositions, à une caution des gouvernants. Et nous le constatons aujourd’hui. Alors que le gouvernement se met en ordre de marche pour imposer une série d’attaque sans précédent, les directions syndicales continuent de se réunir, de se concerter avec les fossoyeurs de nos droits et éparpillent les luttes, les grèves, les journées d’action évitant tout lien réel entre les salariés et le reste de la population dans des assemblées de lutte dans les entreprises, dans les quartiers, les villes, les villages au travers desquelles le peuple pourrait contrôler et diriger lui-même ses luttes.

L’unité du peuple travailleur n’est pas l’unité des organisations de la gauche politique ou syndicale.

La fameuse convergence des appareils syndicaux avec les Gilets Jaunes n’est une convergence de convenance. Ils ne reconnaissent toujours pas ce qui a fait la force du mouvement de lutte à savoir son auto-organisation, son refus des autorités, son refus de demander des autorisations de manifester ou de s’assembler. Jamais ils n’ont été influencés par ses aspirations politiques et sociales mêlées, par le fait de lier revendications sociales, démocratiques et politiques. De la convergence, il n’est donc resté que le fait que les syndicats prétendaient d’un côté continuer à calomnier la lutte et de l’autre faire semblant qu’ils y étaient associés, du moins lors de leurs sempiternelles « journées d’action syndicales » !!!

Les Gilets jaunes ont eux-mêmes mené des actions de convergence des luttes, mais directement, sans passer par l’autorisation des syndicats, en allant eux-mêmes parler aux salariés sur leurs lieux de travail ou d’habitation, y distribuant des tracts, soutenant les luttes des salariés sans conditionner de quelque manière que ce soit leur soutien. Si ce type d’action était une réelle manière de donner des perspectives nouvelles à la lutte, nombre de faux leaders ont curieusement préconisé de s’en détourner.

Et maintenant ? Revenir sur le terrain de la contestation institutionnelle ?

Dès le début du mouvement, une autre frange des Gilets Jaunes affirmait qu’il fallait quand même, d’une manière ou d’une autre, ne pas totalement rejeter les institutions de la fausse démocratie aux mains du un pourcent de milliardaires : participer aux débats dans les mairies lors du faux « grand débat » ou à l’appel des élus locaux, participer aux élections européennes ou aux élections municipales ou autres encore… On a bien vu que, loin de renforcer le mouvement, cela n’a fait que le diviser davantage et de le pousser à renoncer à une des caractéristiques essentielles de celui-ci : son rejet radical et complet de toutes les institutions étatiques des classes possédantes et de toutes les forces qui les cautionnent sans cesse : les prétendus réformistes, les gauches, les gauches de la gauche, les extrêmes gauche opportunistes accolées aux appareils syndicaux, et les appareils bureaucratiques des syndicats et des associations. Tous ces gens-là, au début du mouvement, quand il montait de manière explosive, n’ont cessé de le rejeter et de le calomnier et ils prétendent qu’on devrait les suivre pour lui donner un nouveau souffle !!!

Quelles perspectives pour les Gilets Jaunes et le peuple travailleur

En réalité, la seule perspective d’avenir de la lutte dépend des nouvelles attaques des classes possédantes et des gouvernants à leur service. Il est certain que les mois et les années à venir ne peuvent que mener à de nouvelles attaques antisociales, le projet de « réforme » des retraites le montre bien comme tous les autres projets d’attaque contre la Sécu, contre l’hôpital public, contre les autres services publics, contre les aides sociales, contre les fonctionnaires, etc.
Il est certain que ce ne sont pas les appareils syndicaux qui peuvent offrir à tous ceux qui vont être attaqués une perspective de lutte commune. Seuls les Gilets jaunes offrent cette possibilité d’un soulèvement général, politique et social, une véritable manière d’entraîner une réaction d’ensemble de tous les exploités et opprimés. Voilà où réside la vraie perspective pour le mouvement des Gilets jaunes.

Et, loin de renier ses origines, ses caractéristiques, sont caractère révolutionnaire et contestant tout l’ordre social et politique, cela nécessite qu’il les confirme totalement et radicalement !
Il est nécessaire, en attendant, que les Gilets jaunes continuent de s’assembler, de discuter, de s’exprimer, de s’adresser à tous les démunis, à tous ceux qui ne vivent que de leur travail, à contester l’ordre des milliardaires par tous les moyens !

Les Gilets jaunes ont été le premier mouvement de masse auto-organisé à clamer :

  Nous n’obéissons pas au pouvoir

  Nous n’obéissons pas aux institutions

  Nous n’obéissons pas aux partis et ne participons aux élections du système

  Nous ne négocions pas avec les représentants du système

  Nous n’obéissons pas aux syndicats

  Nous ne dépendons d’aucune force de la société en place

  Nous ne dépendons que de l’organisation du peuple travailleur par lui-même dans ses assemblées et ses comités

  Nous ne demandons rien au pouvoir

  Nous ne demandons rien aux institutions

  Nous réclamons seulement tout le pouvoir et toutes les richesses qui nous sont volées

Continuons de le clamer haut et fort !!!

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