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Les écrits de Louise Michel

mercredi 2 février 2022, par Robert Paris

Les écrits de Louise Michel

Avertissement : il y a parfois plusieurs éditions indiquées pour un même texte.

Louise Michel :

« Quand Paris ferme ses paupières, chaque nuit, dans l’enclos obscur, des râles s’échappent des pierres du mur. »

Louise Michel, dans "L’ère nouvelle" :

"Cette pâleur, cette décomposition, la vieille société les a déjà dans les affres de son agonie."

Louise Michel défia le conseil de guerre : « si vous me laissez vivre, disait-elle, je ne cesserai de crier vengeance, et je dénoncerai à la vengeance de mes frères les assassins de la commission des grâces », et elle ajoutait : « si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi. »

« Il faut bien qu’il meure ce vieux monde, puisque nul n’y est plus en sûreté, puisque l’instinct de conservation de la race s’éveille, et que chacun, pris d’inquiétude et ne respirant plus dans la ruine pestilentielle, jette un regard désespéré vers l’ horizon.On a brûlé les étapes ; hier encore, beaucoup croyaient tout cela solide ; aujourd’hui, personne d’autre que des dupes ou des fripons ne nie l’évidence des faits. — La Révolution s’impose. L’intérêt de tous exige la fin du parasitisme. »

Louise Michel, La Commune Histoire et Souvenirs, 1898

Les oeillets rouges

Louise Michel a écrit ce poème en l’honneur et à la mémoire du communard Théophile Ferré, délégué blanquiste à la police, qui refusa de reconnaître à un tribunal militaire le droit de le juger après la défaite de la Commune, et fut condamné à mort et exécuté.

Si un jour j’allais au froid cimetière, mes frères, jetez sur votre sœur, comme un dernier espoir, des oeillets rouges en fleurs.
Dans les derniers jours de l’empire, alors que le peuple se réveillait, œillet rouge, c’est ton sourire qui nous a dit que tous renaissaient.
Et maintenant, va t’épanouir à l’ombre des prisons sombres et mornes, va t’épanouir près du captif sombre, et dis-lui que nous l’aimons.
Dites-lui qu’en ces temps changeants, tout appartient à l’avenir ; que le vainqueur au front blafard
peut mourir aussi facilement que le vaincu.

16 décembre 1871, Louise Michel devant ses juges militaires "Si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi"

6ème Conseil de guerre. Présidence de M. DELAPORTE, colonel du 12eme chasseurs a cheval.

Audience du 16 décembre 1871

".... notre avis est qu’il y a lieu de mettre Louise Michel en jugement pour :

1- Attentat ayant pour but de changer le gouvernement ;
2- Attentat ayant pour but d’exciter à la guerre civile en portant les citoyens à s’armer les uns contres les autres ;
3- Pour avoir, dans un mouvement insurrectionnel, porté des armes apparentes et un uniforme militaire, et fait usage de ces armes ;
4- Faux en écriture privée par supposition de personne ;
5- Usage d’une pièce fausse ;
6- Complicité par provocation et machination d’assassinat des personnes retenues soit-disant comme otages par la commune ;
7- Complicité d’arrestations illégales, suivies de tortures corporelles et de morts, en assistant avec connaissance les auteurs de l’action dans les faits qui l’ont consommée ;
Crimes prévus par les articles 87,91,150,151,159,59,60,302,341,344 du code pénal et 5 de la loi du 24 mai 1834.

M. le président : Vous avez entendu les faits dont on vous accuse ; qu’avez-vous à dire pour votre défense ?

L’accusée : Je ne veux pas me défendre, je ne veux pas être défendue ; j’appartiens toute entière à la révolution sociale, et je déclare accepter la responsabilité de mes actes. Je l’accepte tout entière et sans restriction. Vous me reprochez d’avoir participé à l’assassinat des généraux ? A cela je répondrais oui si je m’étais trouvée à Montmartre quand ils ont voulu faire tirer sur le peuple ; je n’aurai pas hésité à faire tirer moi-même sur ceux qui donnaient des ordres semblables ; mais, lorsqu’ils ont été fait prisonniers je ne comprends pas qu’on les ait fusillés, et je regarde cet acte comme une insigne lâcheté !

Quand à l’incendie de Paris, oui j’y ai participé. Je voulais opposer une barrière de flammes aux envahisseurs de Versailles. Je n’ai pas eu de complices pour ce fait, j’ai agi d’après mon propre mouvement.

On dit aussi que je suis complice de la Commune ! Assurément oui, puisque la Commune voulait avant tout la révolution sociale, et que la révolution sociale est le plus cher de mes voeux ; bien plus, je me fais l’honneur d’être un des promoteurs de la Commune qui n’est d’ailleurs pour rien, pour rien qu’on le sache bien, dans les assassinats et les incendies : moi qui ai assisté à toutes les séances de l’Hotel de Ville, je déclare que jamais il n’y a été question d’assassinats ou d’incendie. Voulez-vous connaitre les vrais coupables ? Ce sont les gens de la police, et plus tard, peut-être, la lumière se fera sur tous ces événements dont on trouve aujourd’hui tout naturel de rendre responsables tous les partissans de la révolution sociale.

Un jour, je proposais à Ferré d’envahir l’Assemblée ; je voulais deux victimes, M. Thiers et moi, car j’avais fait le sacrifice de ma vie et j’étais décidée à le frapper.

M. le Président : Dans une proclamation, vous avez dit qu’on devait, toutes les 24 heures, fusiller un otage ?

L’accusée Non, j’ai seulement voulu menacer. Mais pourquoi me défendrais-je ? Je vous l’ai déjà déclaré, je me refuse à le faire. Vous êtes des hommes, qui allez me juger ; vous êtes devant moi à visage découvert ; vous êtes des hommes et moi je ne suis qu’une femme, et pourtant je vous regarde en face. Je sais bien que tout ce que je pourrai vous dire ne changera rien a votre sentence. Donc un seul et dernier mot avant de m’asseoir.

Nous n’avons jamais voulu que le triomphe de la Révolution ; je le jure par nos martyrs tombés sur le champ de Satory, par nos martyrs que j’acclame encore ici hautement, et qui un jour trouveront bien un vengeur.

Encore une fois, je vous appartiens ; faites de moi ce qu’il vous plaira. Prenez ma vie si vous la voulez ; je ne suis pas femme à vous la disputer un seul instant....

M. le président : Vous écriviez aussi dans les journaux ; dans "Le Cri du Peuple" par exemple ?
L’accusée Oui, je ne m’en cache pas.
D. Ces journaux demandaient chaque jour la confiscation des biens du clergé et autres mesures révolutionnaires semblables. Telles étaient donc vos opinions ?
L’accusée En effet ; mais remarquez que nous n’avons jamais voulu prendre ces biens pour nous ; nous ne songions qu’à les donner au peuple pour le bien-être.
M. le président : Vous avez demandé la suppression de la magistrature ?
L’accusée C’est que j’avais devant les yeux les exemples de ses erreurs. Je me rappelais l’affaire Lesurques et tant d’autres.
M. le président : Vous reconnaissez avoir voulu assassiner M.Thiers ?
L’accusée Parfaitement... Je l’ai dit et je le répète.
M. le président : Il paraît que vous portiez divers costumes sous la Commune ?
L’accusée J’étais vêtue comme d’habitude ; je n’ajoutais qu’une ceinture rouge sur mes vêtements.
M. le président : N’avez-vous pas porté plusieurs fois un costume d’homme ?
L’accusée Une seule fois, c’était le 18 mars : je m’habillais en garde national, pour ne pas attirer les regards...
M. le Président : Accusée, avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ?
Louise Michel : Ce que je réclame de vous, qui vous affirmez conseil de guerre, qui vous donnez comme mes juges, qui ne vous cachez pas comme la commission des grâces, de vous qui êtes des militaires et qui jugez à la face de tous, c’est le champ de Satory , où sont déjà tombés nos frères.
Il faut me retrancher de la société ; on vous dit de le faire : eh bien ! le commissaire de la république à raison. Puisqu’il semble que tout coeur qui bat pour la liberté n’a droit qu’à un peu de plomb, j’en réclame une part, moi ! Si vous me laissez vivre, je ne cesserai de crier vengeance, et je dénoncerai à la vengeance de mes frères les assassins de la commission des grâces......
M. le Président : Je ne puis vous laisser la parole si vous continuez sur ce ton.
Louise Michel : J’ai fini.... Si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi......
La Gazette des Tribunaux, Décembre 1871

Source

Louise Michel, Chanson des prisons (mai 1871)

Quand la foule aujourd’hui muette,

Comme l’Océan grondera,

Qu’à mourir elle sera prête,

La Commune se lèvera.

Nous reviendrons foule sans nombre,

Nous viendrons par tous les chemins,

Spectres vengeurs sortant de l’ombre,

Nous viendrons nous serrant les mains.

La mort portera la bannière ;

Le drapeau noir crêpe de sang ;

Et pourpre fleurira la terre,

Libre sous le ciel flamboyant.

Les Mémoires de Louise Michel

L’ère nouvelle

La Commune

Légendes et chansons de gestes canaques

Contes et légendes

La misère

La Commune

Contes et légendes pour les enfants

L’ère nouvelle

Prise de possession

Pensée dernière

Œuvres posthumes

Le bâtard impérial

Mémoires de Louise Michel

Légendes et chants de gestes canaques

Défense de Louise Michel

Mémoires tome 1

La Commune

Centrale d’Arras

Les paysans

La Commune

Ballade en l’honneur de Louise Michel

Madame et Pauline Roland, Charlotte.

Théroigne, Lucoile.

Presque Jeanne d’Arc, étoilant

Lo front de la foule imbécile,

Nom des cieux, coeur divin qu’exile :

Cette espèce de moins que rien

France bourgeoise au dos facile

Louise Michel est très bien.

Elle aime le Pauvre âpre et, franc

Ou timide, elle est ta faucille

Dans le blé mûr pour le pain blanc

Du Pauvre, et la sainte Cécile,

Et la Muse rauque et gracile

Du Pauvre et son ange gardien

A ce simple ; à cet imbécile.

Louise Michel est très bien.

Gouvernements et maltalent,

Mégathérium ou bacille,

Soldat brut, robin insolent,

Ou quelque compromis fragile.

Tout cela son courroux chrétien

L’écrase d’un mépris agile.

Louise Michel est très bien.

Envoi

Citoyenne ! Votre évangile

On meurt pour ! c’est l’Honneur ! et bien

Loin des Taxil et des Bazile.

Louise Michel est très bien.

Paul Verlaine

Louise Michel, fille de la colère Viro Major

Ayant vu le massacre immense, le combat

Le peuple sur sa croix, Paris sur son grabat,

La pitié formidable était dans tes paroles.

Tu faisais ce que font les grandes âmes folles

Et, lasse de lutter, de rêver de souffrir,

Tu disais : " j’ai tué ! " car tu voulais mourir.

Tu mentais contre toi, terrible et surhumaine.

Judith la sombre juive, Aria la romaine

Eussent battu des mains pendant que tu parlais.

Tu disais aux greniers : " J’ai brûlé les palais !"

Tu glorifiait ceux qu’on écrase et qu’on foule.

Tu criais : " J’ai tué ! Qu’on me tue ! - Et la foule

Ecoutait cette femme altière s’accuser.

Tu semblais envoyer au sépulcre un baiser ;

Ton oeil fixe pesait sur les juges livides ;

Et tu songeais pareille aux graves Euménides.

La pâle mort était debout derrière toi.

Toute la vaste salle était pleine d’effroi.

Car le peuple saignant hait la guerre civile.

Dehors on entendait la rumeur de la ville.

Cette femme écoutait la vie aux bruits confus

D’en haut, dans l’attitude austère du refus.

Elle n’avait pas l’air de comprendre autre chose

Qu’un pilori dressé pour une apothéose ;

Et, trouvant l’affront noble et le supplice beau

Sinistre, elle hatait le pas vers le tombeau

Les juges murmuraient : " Qu’elle meure ! C’est juste

Elle est infâme - A moins qu’elle ne soit Auguste "

Disait leur conscience. Et les jugent, pensifs

Devant oui, devant non, comme entre deux récifs

Hésitaient, regardant la sévère coupable.

Et ceux qui, comme moi, te savent incapable

De tout ce qui n’est pas héroisme et vertu,

Qui savent que si l’on te disait : " D’ou viens tu ? "

Tu répondrais : " Je viens de la nuit où l’on souffre ;

Oui, je sors du devoir dont vous faites un gouffre !

Ceux qui savent tes vers mystérieux et doux,

Tes jours, tes nuits, tes soins, tes pleurs donnés à tous,

Ton oubli de toi-même à secourir les autres,

Ta parole semblable aux flammes des apôtres ;

Ceux qui savent le toit sans feu, sans air, sans pain

Le lit de sangle avec la table de sapin

Ta bonté, ta fierté de femme populaire.

L’âpre attendrissement qui dors sous ta colère

Ton long regard de haine à tous les inhumains

Et les pieds des enfants réchauffés dans tes mains ;

Ceux-la, femme, devant ta majesté farouche

Méditaient, et malgré l’amer pli de ta bouche

Malgré le maudisseur qui, s’acharnant sur toi

Te jetai tout les cris indignés de la loi

Malgré ta voix fatale et haute qui t’accuse

Voyaient resplendir l’ange à travers la méduse.

Tu fus haute, et semblas étrange en ces débats ;

Car, chétifs comme tous les vivants d’ici-bas,

Rien ne les trouble plus que deux âmes mêlées

Que le divin chaos des choses étoilées

Aperçu tout au fond d’un grand coeur inclément

Et qu’un rayonnement vu dans un flamboiement.

Victor Hugo

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