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Le matriarcat, ses causes et sa fin sous les coups de la guerre sociale

15 mai 2012, 10:19, par Ariane

Il est généralement admis que la situation des femmes se dégrade au cours du temps dans le Proche-Orient ancien. En Mésopotamie, les Sumériens ne paraissent pas trop favoriser les hommes par rapport aux femmes. Cela se voit aussi dans leur mythologie, qui fait plus de place aux déesses que celle des périodes plus tardives. Par la suite, une société patriarcale se met véritablement en place, comme on le voit dans les codes de lois du IIe millénaire, le Code d’Hammurabi et surtout les Lois assyriennes. On met de plus en plus en avant les qualités viriles de l’homme, la maternité, et on cherche à les protéger. Dans les sociétés du Ier millénaire, telle celle des Hébreux décrite dans l’Ancien Testament, la place de la femme est encore plus réduite, jusqu’à sa propre sexualité qui n’est plus conçue qu’au profit de l’homme (pour les besoins de la reproduction).

Quelle explication donner à ce phénomène ? On a parfois voulu y voir une influence des peuples sémites, chez qui la place de la femme serait peu enviable. Il faut pourtant se méfier de ce type de raisonnement, influencé par la place de la femme dans les sociétés des peuples sémites du Proche-Orient actuel. On a aussi pu avancer l’existence d’un phénomène de militarisation de la société mésopotamienne à partir du début du IIe millénaire, qui aurait marginalisé les femmes. Le rapport entre les sexes varie d’ailleurs d’une région, d’un peuple à un autre.

En poussant plus loin le fait que la place de la femme se réduit au profit de celle de l’homme au cours du temps, on a pu chercher à repérer jusque dans les sociétés néolithiques (avec notamment la figure de la déesse-mère attestée entre autres à Çatal Höyük) la trace d’un ancien matriarcat, qui aurait finalement disparu au profit du patriarcat de l’époque historique. Les preuves d’un hypothétique matriarcat originel sont en fait très ténues.

La question de l’évolution de la différenciation sexuelle des activités est assez peu travaillée, et souvent difficile à étudier dans la mesure où la documentation archéologique disponible pour cela est rarement explicite. Il paraît évident que le processus de néolithisation a dû entraîner des évolutions dans la répartition des tâches en fonction des sexes, mais cela reste difficile à appréhender par l’archéologie. Même aux périodes précédant la pratique de l’agriculture, il n’est pas acquis que les hommes aient été les seuls à chasser et les femmes (et vieillards) les seules à pratiquer la cueillette comme on le pense souvent, par exemple. Quoi qu’il en soit, la résidence en tant qu’espace privé s’élabore progressivement au cours des millénaires, et aux périodes historiques elle est clairement l’espace de vie féminin par excellence. Il est impossible de voir qui travaillait sur les espaces de travail en plein air des premiers villages. Est-ce qu’il faut considérer que les espaces et activités étaient déjà répartis de façon très distincte entre hommes et femmes dès la fin du paléolithique, et que la néolithisation n’a fait qu’en changer les modalités, ou bien la néolithisation a-t-elle entraîné une différenciation croissante des tâches en fonction du sexe ? Cette dernière hypothèse a notamment été avancée dans une étude récente, portant sur les changements dans les activités depuis la période natoufienne (c. 12500-10000 av. J.-C.) jusqu’au VIe millénaire, en étudiant divers squelettes.

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