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1er octobre 2012, 17:00, par Robert Paris

« J’ai la sale manie de poser des questions qui dérangent. » dis-tu.

Ce n’est pas à Matière et révolution qu’on t’en voudra pour cela. Bien au contraire. Ne te gènes pas ! Tu es le bienvenu. Tes questions et même tes critiques sont l’oxygène sans lequel on ne respire pas.

Ceci dit, passons au sujet...

« Parler d’ “ éther ” ou de “ vide quantique ” n’est pas une question de physique, mais plutôt de vocabulaire. » affirmes-tu, rajoutant que « Ce que nous entendons par “ vide ”, en règle générale, est plutôt un espace dans lequel il n’y a rien, un contenant sans contenu. »

« Un vocabulaire correct éviterait bien des méprises » dis-tu.

Mais tu remarques toi-même que le terme d’éther a été employé dans bien des sens.

D’abord le terme de vide quantique me semble avoir un avantage : le terme quantique !

Cela signifie que le vie est peuplé de... quanta, de particules discrètes du vide donc qui ne semblent pas identiques à celles du milieu dit matériel.

Bien sûr, une expression ne dit pas tout car il y a eu aussi plusieurs interprétations du vide quantique. Mais nous ne nous contentons pas du terme. Nous avons écrit de multiples articles pour expliquer la notion de "virtuel" et de quanta "virtuels".

« En ce qui concerne le principe anthropique vous ne pouvez vraiment pas vous contenter de dire qu’il n’est pas scientifique. » dis-tu et tu as parfaitement raison : nous ne devons pas nous en contenter et ne nous en contentons pas puisque de multiples articles en parlent.

Peut-on résumer ici nos arguments contre le principe anthropique ? Ce principe prétend que l’univers a été fait pour que l’homme, animal intelligent et conscient puisse émerger et donne ainsi raison aux religions créationnistes.

« Le « principe anthropique », énoncé en 1974 par B. Carter de l’Observatoire de Meudon, affirme que les constantes fondamentales ont la valeur qu’elles ont pour permettre l’apparition de l’homme. C’est dire que l’Univers aurait été produit POUR l’Homme. Et pourquoi le monde y compris l’homme, ne serait-il pas un jardin prévu pour le cafard ou pour la bactérie ? Cela signifie que les constantes qui déterminent les fondements de la physique ont été déterminées il y a des milliards d’années avec une précision extraordinaire uniquement pour permettre la vie consciente bien plus tard. Et où cette volonté préexistante de construire la pensée consciente aurait-elle été inscrite ?

Nous sommes déterministes et nous pensons que les phénomènes obéissent à des lois et donc il est évident que l’univers actuel est le produit des conditions précédentes mais pas seulement car il est aussi le produit de l’histoire, des hasards, des combats, des situations inattendues...

Tout d’abord parler de principe anthropique, c’est sortir l’homme de l’ensemble, ce qui n’est pas le résultat d’une observation du monde mais d’un choix philosophique.

C’est également u choix philosophique de penser que tout ce qui existe était indispensable pour en arriver à la situation actuelle.

Qui dit « créé POUR » dit un créateur, même si une partie des partisans du principe anthropique se défendent de rouler pour les religions. Et, surtout, concevoir les lois de la nature comme des règles POUR arriver à un but, c’est renoncer à la démarche scientifique qui consiste à étudier COMMENT fonctionne la nature et non à lui prêter une volonté.

Le biologiste François Jacob rappelle dans « La logique du vivant » : « Ce qu’a démontré la biologie, c’est qu’il n’existe pas d’entité métaphysique qui se cache derrière le mot de vie. Le pouvoir de s’assembler, de se reproduire même appartient aux éléments qui composent la matière. » Et le physicien Cohen-Tannoudji rajoute dans son ouvrage « Matière-espace-temps » que « Notre dialogue avec la nature est bien mené à l’intérieur de la nature et ici la nature ne répond positivement qu’à ceux qui explicitement reconnaissent qu’ils lui appartiennent. » Les notions d’émergence et de transition n’apportent nullement de l’eau au moulin du créationnisme.

La métaphysique créationniste est battue en brèche par la découverte de l’ « auto-organisation de la matière », de l’« émergence des structures dissipatives », de la source génétique de l’ « horloge biologique de l’hominisation » et du lien entre cerveau physique et conscience. L’une des conséquences cruciales de ces nouvelles connaissances est qu’il n’y a plus d’opposition entre la conscience (mécanisme donnant du sens aux événements réels), la vie (mécanisme extrayant une commande de production des interactions moléculaires en désordre) et la matière (définie comme le mécanisme donnant de l’ordre transitoire au désordre du vide).

Le paléontologue Stephen Jay Gould écrit ainsi dans « Le renard et le hérisson » : « Les propriétés qui apparaissent dans un système complexe sous l’effet des interactions non linéaires de ses composants sont dites émergentes – puisqu’elles n’apparaissent pas à un autre niveau et ne sont révélées qu’à ce niveau de complexité. (...) L’émergence n’est donc pas un principe mystique ou anti-scientifique, ni une notion susceptible d’avoir des échos dans le champ religieux (...) C’est une affirmation scientifique sur la nature des systèmes complexes. »

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