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Les syndicats à PSA : des méthodes qui n’ont rien à voir avec des méthodes de classe !

25 avril 2013, 06:37, par RP

La politique de LO/CGT à PSA Aulnay, au travers des déclarations du dirigeant CGT, second porte parole national de Lutte Ouvrière

« L’oubli des grands points théoriques fondamentaux pour les intérêts immédiats et passagers, la lutte et la course aux succès momentanés sans se soucier des conséquences ultérieures, le sacrifice de l’avenir du mouvement au présent du mouvement - tout cela a peut-être des mobiles « honnêtes » mais cela est et reste de l’opportunisme. Or l’opportunisme « honnête » est peut-être le plus dangereux de tous. »

Engels, Critique du projet de programme social-démocrate d’Erfurt de 1891

Pour le grand public, la lutte des travailleurs est menée radicalement à Aulnay par la CGT qui affirme "nous allons être le cauchemar du patron !" et le leader de la CGT d’Aulnay, Mercier passe systématiquement dans tous les média. Il répète sans cesse un discours qui ne dit pas nous allons unir toutes les luttes mais seulement : "La famille Peugeot va fermer Aulnay" ! Mais les licenciements en France, ce n’est pas seulement Aulnay, pas seulement Peugeot et pas non plus dû à une seule mauvaise famille de la bourgeoisie mais à toute cette classe sociale !

Premières remarques

1°) L’annonce des licenciements à PSA n’est que le début d’une offensive générale des patrons en France. La lutte a lieu à cette échelle : ou les salariés de PSA enclenchent une réaction générale ou ils perdent. Cette dimension fait totalement défaut dans la politique de Lutte Ouvrière à PSA… Au départ, patronat et gouvernement n’étaient nullement sûrs de leur coup, ce qui explique la posture du gouvernement qui se prétendait hostile aux licenciements et à la fermeture. Ils craignaient qu’Aulnay mette non seulement le feu aux poudres dans tout PSA mais aussi s’unisse aux nombreuses entreprises qui licencient pour construire une vague ouvrière. La stratégie syndicale les a rassurés...

2°) Les licenciements concernent à la fois la plupart des sites de PSA et la lutte devrait être menée ensemble. Il y a tout au plus des délégations des différents sites aux rassemblements les uns des autres. La seule fois où, à Rennes, il y a convergence réelle, ce n’est pas à l’initiative des militants de LO qui dirigent la CGT de PSA Aulnay.

3°) La CGT de PSA se garde de rompre l’unité avec les autres syndicats, y compris le syndicat maison du patron, le SIA, qui est issu du syndicat fasciste de Peugeot, la CFT ! Au contraire, Lutte Ouvrière se félicite de militer avec ce syndicat ! Pour ça, la CGT, deuxième syndicat de l’usine, n’a pas hésité à se rapprocher du Syndicat indépendant de l’automobile (SIA), le syndicat maison, majoritaire. L’impensable pour certains. " C’est Mercier qui a fait alliance avec le SIA, le syndicat du patron qui se bat pour des primes, raconte un syndicaliste qui préfère rester anonyme. Ça n’aurait jamais eu lieu avant. " " Avec le SIA, on a réussi extrêmement vite à combler le fossé qui s’était créé pendant des années, reconnaît M. Mercier. Ils ont compris qu’ils avaient été trahis par la direction. On s’est mis sur la figure pendant des années, mais maintenant il faut faire l’union. "

4°) Les objectifs donnés à la lutte sont absurdes : un nouveau plan industriel qui ne nuirait pas aux intérêts de Peugeot par exemple, la demande à Sarkozy d’intervenir, puis retarder les licenciements à novembre, ou, actuellement, modifier l’ordre du jour des négociations alors que la CGT a accepté qu’elles aient lieu site par site !

5°) A PSA, Lutte Ouvrière a milité contre le lancement d’une grève avec occupation, prétendant qu’il suffisait d’attendre : pas de grève, pas d’occupation d’usine, pas de visite en envahissant des usines, en s’invitant aux AG des entreprises qui licencient, pas d’appel à généraliser la lutte, pas d’appel à l’unifier même sur PSA, rien de ce qui faisait autrefois la politique de Lutte Ouvrière dans les grèves... Lutte ouvrière prône la lenteur : attendre la rentrée des vacances, puis attendre l’expertise, puis attendre les négociations. En interne, LO dit que c’est très dur et prépare déjà les militants en disant qu’on va certainement perdre... Ce sont des hauts stratèges de la défaite !

6°) En plus de l’idée fausse selon laquelle on peut se battre dans une seule usine que Mercier traduit transformer Aulnay en forteresse ouvrière, il y a celle que l’Etat est là pour défendre les travailleurs menacés de licenciement et qu’il faut le lui demander... Que des travailleurs le pensent, certes, mais pour des révolutionnaires ! Pour Mercier "les propos du chef de l’Etat sont "insuffisants.","Pour nous, l’Etat a les moyens d’interdire la fermeture de l’usine et les licenciements." Et on doit courir discuter après les représentants de l’Etat bourgeois afin qu’ils interviennent contre la bourgeoisie c’est-à-dire pour que ... la poule donne du lait !

Reçus par Hollande les salariés d’Aulnay et pour quoi faire ? Parce que cela va renforcer le rapport de force ou la démoralisation ?

Et les "opérations coup de poing", Varin les reçoit-il comme un coup d’épingle ou comme un coup d"épée dans l’eau ?

Non, ce n’est pas avec les patrons et le gouvernement qu’il faut se réunir, c’est avec les Sanofi, les Bouygues, les employés de banque de CIF, les Doux, les ArcelorMittal, les Air France et en les appelant à constituer leur comité de lutte, en faisant des AG communes, des visites d’usine et en allant de plus en plus nombreux dans tous les sites qui licencient comme Renault Flins ou qui menacent de licencier !

Les autoroutes, c’est de la fausse action, du grand classique pour promener les salariés en colère...

Le plan de restructuration (plan de sauvegarde de l’emploi à Aulnay et Rennes, plan de départs volontaires pour les effectifs hors production), est momentanément suspendu par l’expertise votée en comité central d’entreprise et dont les conclusions seront, selon PSA, connues le 15 octobre.

Mais cette stratégie de l’expertise, c’est celle des syndicats : reculer pour mieux sauter ou pour mieux se faire avoir ! Cela ne change rien sur le fond et ce n’est même pas mis à profit pour véritablement mettre en place une lutte d’ensemble des sites !

Il n’y a rien de bon à attendre du début septembre du côté du rapport commandé par Bercy ni des décision d’une réunion intersyndicale ni de l’expertise demandée par ceux-ci. Les travailleurs doivent se parler et décider eux-mêmes des suites à donner, de la manière de lutter, de la manière de s’organiser.

Les syndicats ne mèneront pas une telle lutte car cela fait trop d’années et de décennies qu’elles ne savent même plus ce que c’est. Des militants syndicalistes honnêtes y participeront bien sûr mais à condition de cesser de suivre leurs directions et à condition d’accepter l’auto-organisation des travailleurs en comités d’action, comités de lutte, comités de grève...

CGT/LO peuvent prétendre qu’ils constituent un comité à Aulnay mas c’est un faux puisqu’ils acceptent de négocier sans que ce comité soit LE négociateur !

Les centrales syndicales peuvent gronder, manifester, protester, mais elles ont depuis longtemps un fil à la patte qui les relie à l’Etat et aux patrons, et encore plus fondamentalement au système social car c’est dans son cadre qu’elles n’ont cessé de négocier au nom de soi-disant intérêts communs aux patrons et aux salariés.

7°) Que pourraient faire les travailleurs d’Aulnay, les travailleurs de PSA pour devenir véritablement le cauchemar des patrons et de l’Etat qui est au service des patrons ?

Tout d’abord, ils pourraient se proposer de prendre la tête de la lutte contre la vague de licenciements en France.

Ils pourraient décider que chacune de leurs actions « coup de poing » ira vers une entreprise menacée par les licenciements, par les fermetures. Ils pourraient y aller à plusieurs centaines, à un millier et plus. Ils pourraient y tenir une assemblée générale avec ces salariés menacés eux aussi dans leurs emplois. Puis ils pourraient proposer au vote à main levée de venir avec lors de leur prochaine action pour aller dans une autre entreprise où les emplois sont attaqués ou menacés.

Chaque action serait ainsi la construction d’une véritable armée ouvrière de lutte. Cela supposerait, d’abord, que les militants qui dirigent un tel combat n’aient pas de fil à la patte qui les attache aux directions des centrales syndicales et qu’ils militent ouvertement et publiquement pour l’organisation de comités de travailleurs indépendants des appareils (même s’il n’est nullement question d’en exclure les militants syndicalistes).

Bien sûr, certains pourraient faire remarquer que Mercier, dirigeant CGT a déclaré vouloir que les salariés décident eux-mêmes quels types d’action coups de poing ils devaient choisir. Mais ce n’est pas une AG des salariés qui a décidé qu’il n’y aurait pas grève à Aulnay avant les vacances, quand la révolte était au sommet. Non, c’est l’appareil CGT et cela signifie que c’est sa direction de Lutte ouvrière sans permettre aux salariés de le décider. Qu’est-ce que la démocratie ouvrière là-dedans ?

Que signifie dire que nous sommes prêts à tout, que nous n’avons pas encore fait brûler de pneus mais que nous ne nous interdisons rien ? Nous ne nous interdisons rien égale faire brûler de pneus ? Quelle belle radicalité que voilà !

Et pourquoi ne pas avoir enclenché la lutte quand toute la classe ouvrière était choquée par l’annonce de Varin ?

Mercier, toujours lui, a démocratiquement décidé que « c’est une course de fond » et que rien ne sert de partir en avance. Résultat : on pousse les salariés à attendre après les vacances pour déclencher la grève et on ne la déclenche pas après. Car on attend toujours quelque chose. On attend le rapport du gouvernement puis le rapport d’expertise. On attend ce que seront les propositions à chaque salarié du trust PSA. On attend ceux qui seront dans des charrettes de licenciement secs. On attend que les couperets tombent. Et qui nous a conseillé d’attendre ainsi : nos braves dirigeants syndicaux !

Soi-disant, Mercier pense qu’il faut que les licenciements attendent jusqu’en novembre. Et pour quoi faire ? Reculer pour mieux sauter ?

Nous unir avec tous les salariés menacés de licenciements, voilà la perspective :

Sharp 8000, Siemens 10.000, Motorola 4000, HP 27.000, PSA 8000 (internes) +4000 (externes), Alcatel 5000, Aviva des milliers, Sony Mobile 1000, Vestas 1400, Société Générale 700, Air France 5000, Sanofi 2000, Doux 2000, ArcelorMittal 1000, APHP 2000, Education nationale 13.000, Ministère 13.000, PME 20.000, tourisme 10.000, raffinage 1000, télécoms 10.000, General Motors 30.000 dont 5000 en Europe, Travaux publics 6000, Groupama, Puma, Castorama, Novandie, Renault Flins, Rapid Flore, Virgin, FRAM, Visteon, TUI – Nouvelles Frontières, Bâtiment 35.000....

« C’est quand les salariés se mobilisent qu’ils peuvent changer les choses » déclare Jean-Pierre Mercier, le délégué syndical CGT de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois. « Si les salariés veulent faire la grève générale, on la fera. S’ils veulent travailler à leur vitesse et engager des actions ponctuelles, on le fera aussi » ajoute-t-il, et de fait, c’est ce qui ce passe aujourd’hui à Aulnay. « La direction appelle ça le "stop-and-go" mais y a beaucoup de stop et pas beaucoup de go » continue Jean-Pierre Mercier, qui ajoute : « Nous, on n’a pas fait cramer un pneu. Mais on ne s’interdit rien. Les salariés menacés de licenciement ont tous les droits ».

Stop and go ou pas, on ne voit en rien que Mercier unisse les sites, unisse les salariés Peugeot et les prestataires et précaires, ceux de Peugeot et les autres boites qui licencient.

Bien sûr, c’est aux salariés de décider mais la moindre des choses serait qu’un syndicat développe ses perspectives.

Avant les vacances, à Aulnay, ce n’est pas les salariés qui ont décidé qu’il fallait reporter la lutte à après les vacances : c’est la CGT notamment. Quelle bonne idée ! Au moment où les salariés étaient choqués dans toute la France, à chaud, cela n’aurait pas été une bonne idée de lancer la lutte pour entraîner les autres sites ?!!! Et le retour avec le moral dans les chaussettes ce serait bien mieux ! Ben voyons !!!

De Sartorius au gouvernement, ils sont tous d’accord maintenant : il faut licencier et fermer à PSA. Chacun aura remarqué que le « l’Etat ne laissera pas faire » de Hollande-Ayrault-Montebourg contre les licenciements de PSA et la fermeture d’Aulnay s’est transformé en « l’inévitabilité des suppressions d’emplois » avec seulement un espoir que ceux-ci soient « le plus limités possibles ». Entre les deux, il n’y a pas seulement eu les vacances. Il y a eu l’inaction des centrales du 15 juillet à la fin septembre et le refus des syndicats d’Aulnay d’organiser une lutte avant les vacances. Quant à la CGT Aulnay qui se prétendait le cauchemar du patron, elle se contente pour le moment d’actions ponctuelles et de négociations ! Et, surtout, il y a eu le refus de tous les syndicats d’unir les salariés licenciés ou menacés par des fermetures dans un même combat : de Doux à Sanofi, de Bouygues à Air France, d’Alcatel à ArcelorMittal, de PSA à Renault, de Hewlett Packard aux banques… C’est seulement la vague de révolte sociale des travailleurs qui peut répondre à la vague patronale des licenciements. Les menteurs, les faux défenseurs de nos emplois, fermez la ! C’est à nous de parler… Ce n’est ni le gouvernement ni les centrales syndicales qui vont sonner l’heure de la riposte, mais c’est à nous, travailleurs, de la décider. Notre avenir est à ce prix. Car, si les suppressions d’emplois de cette vague passent sans trop de réactions, alors ce sera au tour de tous les travailleurs passer sous le couperet…

Avertissement : nous ne critiquons pas Mercier en tant qu’individu car sa politique est dirigée jour après jour par la direction de Lutte Ouvrière et suivie par la direction de la CGT....

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