Accueil > ... > Forum 7508

La valse lutte/négociation, affrontement/trahison, grève/compromis, des syndicats togolais

10 mai 2013, 07:58

Ils ont dû se sentir bien seuls ce 1er mai 2013. Eux, ce sont les membres du gouvernement avec en tête le Chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé. Le traditionnel défilé des centrales syndicales suivi de la remise des cahiers de doléances aux autorités n’a pas eu lieu cette année. Les fonctionnaires togolais ont boudé les manifestations officielles. A les croire, ils en ont ras-le-bol de remettre chaque année leurs revendications à leurs ministres de tutelle, sans que leurs conditions de vie et de travail n’en sortent pour autant améliorées. Pis, celles-ci se dégradent un peu plus au fil des années. D’où leur refus de participer encore une fois à ce qu’ils considèrent comme ce qui n’est rien de plus qu’une représentation théâtrale. « Il ne sert à rien chaque année de faire un rituel, de se présenter devant les autorités et de leurs dresser un cahier de doléance et que par la suite on n’ait pas une issue favorable » a, à cet effet déclaré le Dr Atchi Walla coordinateur adjoint de la Synergie.
Avec le bras de fer que se livre la STT et le gouvernement ces derniers temps et surtout que les discussions entamées entre les deux parties le lundi dernier, on se doutait bien que la célébration de la fête du travail de cette année aurait une saveur particulière. En effet, pour voir les fonctionnaires, en tout cas la grande majorité d’entre eux qui a confié sa destinée à la STT, il fallait être dans les rues de Lomé. La pluie battante ne les a empêchés de se rassembler en nombre devant le centre communautaire de Tokoin, point de départ de leur « marche silencieuse ».

Avec à leur tête les responsables de la Coordination de la Synergie, Nadou Lawson, Atchi Walla, Gilbert Tsolenyanou, Aketa Abalo entre autres, une marée noire et rouge a sillonné les rues de Lomé en direction de la plage de Lomé. « Pour une justice sociale au Togo, montrons que nous sommes l’espoir du pays », c’est le message que l’on pouvait lire sur une banderole devant les manifestants. Pour ouvrir la marche, un jeune garçon tenant une fleur à la main. Ce dernier était sensé représenter les deux élèves tombés à Dapaong ; Anselme Sinandaré (12 ans) et Douti Sinalangue (21ans).

A leur arrivée à la plage, une motte de terre à été formée au dessus de laquelle les manifestants ont posé les fleurs qu’ils tenaient en mémoire d’Anselme Sinandaré et de Douti Sinalangue. Une gerbe de fleur a été également posée par les responsables de la synergie puis s’en est suivi le mot de circonstance de la coordinatrice de la STT. Mme Nadou Lawson a dénoncé « la barbarie d’un pouvoir tyrannique » qui a conduit à la mort de deux enfants. Elle a en outre réitéré la détermination de la STT à voir leur plate forme revendicative entièrement satisfaite au risque que le front social ne s’ébouillante à nouveau.
Une assemblée générale est prévue ce vendredi entre la STT et sa base pour déterminer la conduite à tenir suite à l’achoppement des discussions dès le premier jour. Un retard dans la mise à disposition des salaires des fonctionnaires ainsi que la volonté du gouvernement de prélever de ces salaires les jours de grève seraient à l’origine de la discorde entre les deux parties.

Le fait notable lors de cette célébration du 1er mai est la prise de position des centrales syndicales qui selon les travailleurs, jusque là ne jouaient pas franc jeu. Si elles n’ont pas pris part à la marche silencieuse de la STT, elles ont néanmoins demandé à leurs syndicats de base de ne pas prendre part au traditionnel défilé et de ne soumettre aucune doléance aux autorités. Le gouvernement risque de se retrouver très prochainement bien seul face à des travailleurs en colère et on se demande quelle attitude il adoptera.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.