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Où en sont les politiques syndicales après le premier mai 2013 ?

dimanche 5 mai 2013, par Robert Paris

Où en sont les politiques syndicales après le premier mai 2013 ?

Il n’est pas si facile de répondre à cette question même si la signature de l’accord dit « sur la sécurité de l’emploi » pourrait paraître avoir divisé le paysage syndical en deux, les pro-ANI et les anti-ANI, d’un côté CGC, CFTC, CFDT, UNSA et de l’autre CGT, FO et SUD. Il n’est pas aussi simple de suivre les centrales syndicales dans leurs méandres actuels. Même la division des cortèges syndicaux n’a pas cette seule base. La CGT, par la voix de son nouveau secrétaire général Lepaon, a ainsi affirmé que le « désaccord » sur l’ANI ne justifiait pas une scission syndicale durable et profonde. Il n’y avait pas, selon lui, d’un côté des traîtres et de l’autre des vrais syndicaliste et il s’est ainsi démarqué des déclarations de certains leaders syndicalistes CGT lors du dernier congrès.

L’attitude de la CGT à l’égard de l’accord de « flexi-sécurité » qui casse le contrat de travail CDI (plus de salaire fixe, plus de site fixe, plus de charge de travail fixe, etc…), qui ne contraint plus le patron à un plan social pour licencier, peut sembler de franche et nette opposition puisqu’elle a manifesté plusieurs fois contre. Et pourtant…

Pourtant, la CGT n’a pas mobilisé partout l’ensemble de ses troupes. Pourtant, la CGT a cautionné jusqu’au bout la procédure de négociation pipeautée depuis le début (c’est le négociateur CGT lui-même qui a reconnu qu’il en était ainsi). Pourtant, la CGT n’a pas contesté la validité de l’accord. Lepaon a même affirmé, lorsque l’accord s’est changé en loi, qu’il n’en demandait pas l’abrogation ! Qu’est-ce que cela peut bien signifier pour les équipes syndicales qui se sont mobilisées en affirmant que cet accord était l’enfer, la trahison pure et simple du syndicalisme que d’entendre leur secrétaire général annoncer qu’il n’en demande pas l’abrogation et qu’il estime que c’est un simple épisode avec une divergence passagère avec la direction de la CFDT, divergence qui ne doit pas, dans l’intérêt des travailleurs revu et corrigé par Lepaon, laisser de trace durable…

Donc la direction de la CGT s’est donnée la posture de s’opposer à l’accord, à l’attitude des signataires syndicaux, à la politique du gouvernement mais elle annonce clairement qu’elle n’en fait pas un sujet de blocage. Elle est toujours disponible pour participer à toutes sortes de négociations qui sont censées mener au même type d’arnaque !!!
Elle a immédiatement déclaré qu’elle comptait sur les députés pour amender le projet de loi plutôt que de vouloir se mettre véritablement en travers de la loi, pour ne pas gêner le gouvernement Hollande dont elle refuse de déclarer que c’est un ennemi des travailleurs…

D’un côté, la CGT semble avoir une posture de critique claire de la politique de la gauche gouvernementale, de l’autre elle a un message clair selon lequel elle se situe dans le camp du président de gauche qu’elle a fait élire… Double langage sur ce terrain aussi !

Avant d’analyse cela de plus près, examinons brièvement les divisions lors du premier mai.

Donc la CFDT s’est estimée offensée par l’attitude des militants CGT et a considéré qu’elle ne pouvait manifester qu’avec les centrales signataires de l’ANI, le camp de la réforme comme elle l’appelle…

La CGT l’a regretté au nom de la « nécessaire unité du camp des travailleurs ». La CFDT lui a répondu qu’effectivement, les deux centrales n’étaient pas nécessairement divergentes en tous points. Les regards ont convergé sur la question des retraites pour lequel chacun se souvient que la lutte avait été menée dans le mur par l’intersyndicale où CGT, FO ou CFDT étaient unis pour parvenir à un échec total et sans bavure…

FO, qui avait participé avec la CGT, aux manifestations contre l’ANI, n’a pourtant pas voulu se joindre non plus aux cortèges CGT. Pourquoi ? Parce qu’elle a affirmé ne pas être partisane de l’unité obligatoire et permanente.

Cependant, on pourrait croire que la centrale FO est clairement et nettement positionnée contre l’accord ANI et ne signerait jamais ce type d’accord syndical avec les patrons et le gouvernement. Mais, au même moment, FO a signé à Renault exactement le même type d’accord avec le soutien de la centrale nationale en expliquant justement que FO n’avait pas dit qu’il ne signerait jamais ce type d’accord. Pourtant l’accord Renault, en guise de garantie de sauvegarde des emplois, prévoit explicitement 8250 suppressions d’emplois en prétendant que ce sont des départs volontaires et ne faisant pas bénéficier les partants d’un plan social…

Mais la CGT et SUD ont également signé le même type d’accord de chantage patronal à l’usine Bosch de Rodez un accord « flexibilité » prévoyant une baisse des jours RTT …

Plusieurs syndicats ont d’ailleurs réaffirmé que le « pluralisme syndical » n’est pas une faiblesse mais une force…

Donc d’un côté des partisans de l’unité, mais une unité sans contenu, sans base, sans perspective, et de l’autre des amoureux de la liberté… des dirigeants des centrales. Bien ! Voilà un tableau qui n’éclaircit pas grand-chose sur les buts de ces gens-là.

Quant aux dirigeants de SUD, ils n’ont pas approuvé l’ANI mais n’ont pas mobilisé nationalement contre ni manifesté massivement avec la CGT et FO, sympathie vis-à-vis du gouvernement de gauche oblige.

Aucune centrale d’aucune couleur, malgré la liberté syndicale, ne reconnait qu’on assiste à une attaque anti-sociale pire que celles de l’époque Sarkozy et pourtant c’est la stricte vérité.

Il y a bien d’autres domaines où ces syndicats ont la même attitude floue et fluctuante : réforme ferroviaire, réforme de la recherche, réforme de l’enseignement, réforme de la santé, etc….

La CGT annonce à grands cris qu’elle est centre la privatisation de la SNCF et pourtant c’est le rapport de Lepaon au Conseil Economique, Social et Environnemental qui a lancé la privatisation… Et la CGT participe de tous les projets qui préparent cette privatisation en faisant croire aux cheminots que leurs avantages ne seront pas touchés… Cela viendra après.

La lutte des classes s’exacerbe, lancée par les licenciements à PSA et les syndicats, y compris CGT et SUD, n’ont jamais participé à autant de négociations, défendu à tout crin la nécessité de négocier alors qu’ils ne discutent que de reculs, qu’ils le votent ou pas.

Les différents syndicats se partagent les rôles mais aucun n’organise une véritable riposte. Ils sont plus que jamais liés à l’Etat depuis l’accession au pouvoir de la gauche. La CFDT, bien sûr, puisque deux de ses principaux dirigeants ont été embauchés au gouvernement. Les autres aussi parce qu’ils sont liés avec l’équipe gouvernementale.

Alors que Hollande a pris consciemment et en mesurant les risques la tête de la pire attaque anti-sociale depuis des décennies, remet en cause tous les acquis sociaux, le code du travail et va en faire autant des retraites, du chômage, de la sécu, de la santé, de la recherche, de l’enseignement, des emplois des fonctionnaires, des allocations familiale, des allocations chômage et on en passe, les centrales syndicales continuent à jouer la comédie du « le changement, c’est maintenant » comme si Hollande pouvait changer de cap et que tout n’était pas dit. Même si la classe ouvrière entrait en lutte, ce ne serait pour ramener Hollande de son côté. Bien au contraire, la radicalisation des travailleurs elle-même ne pousserait Hollande que plus à droite et pas plus à gauche comme voudrait le faire croire la gauche syndicale et la gauche de la gauche.

Les travailleurs, victimes des illusions semées par les dirigeants des centrales syndicales, selon lesquelles les défaites passées provenaient du seul Sarkozy, sont désorientés et accablés. La faute en revient non pas aux patrons seuls mais aussi aux organisations qui se revendiquent des travailleurs, et en premier des centrales syndicales qui sont les premières responsables de l’échec du mouvement des retraites.

Pourtant, à l’époque, elles l’avaient l’unité syndicale et complète : elles étaient toutes d’accord pour faire semblant de s’opposer à la réforme et ne rien faire de sérieux pour faire reculer le pouvoir et la bourgeoisie.

Aujourd’hui tous les travailleurs paient cette trahison de l’intersyndicale qui regroupait toutes ces centrales. Le problème des travailleurs est l’unité disent aussi bien les dirigeants CGT que ceux de la CFDT.

Oui, mais c’est l’unité de classe, l’unité des dirigeants des centrales…

C’est l’unité des travailleurs du privé et du public.

C’est l’unité des sans papiers et avec papiers.

C’est l’unité des travailleurs français et immigrés.

C’est l’unité des travailleurs précaires et en CDI.

C’est l’unité au-delà des professions, des corporations, des différences de sites, du sexe, l’unité entre jeunes et vieux, entre hommes et femmes, etc…

Cette unité-là n’existera qu’avec les comités de travailleurs et jamais par les centrales syndicales.

Elles ne l’ont pas réalisée en période de prospérité du capitalisme et elles vont encore moins la réaliser quand le capitalisme s’effondre. D’autant qu’elles se refusent à apprendre aux travailleurs que le capitalisme n’a plus d’avenir. Car cela signifie que la collaboration de classe dont elles sont les chefs n’en a plus non plus !

Quelques déclarations syndicales

La CFDT à Reims pour un « front uni des réformistes ». Devant près de 300 militants, selon un comptage de l’AFP, rassemblés dans le froid et un léger crachin sur la pelouse d’un terrain de sport de la banlieue rémoise, Laurent Berger et ses homologues de la CFTC et de l’Unsa Philippe Louis et Luc Bérille, se sont succédés à la tribune pour défendre l’accord sur la sécurisation de l’emploi et vanter leur union syndicale. « C’est le début d’un travail renforcé entre les organisations syndicales et seule l’union peut faire reculer les extrêmes », a déclaré Laurent Berger.

Laurent Berger : « sur l’emploi, nous sommes en désaccord, c’est vrai. » Sur BFMTV/RMC, le numéro un de la CFDT justifie la division syndicale ce 1er mai, notamment entre son syndicat et la CGT. « Nous sommes en ordre dispersé, parce que le sujet prioritaire du moment est l’emploi. Des syndicats, comme la CFDT, ont fait le choix de signer l’accord du 11 janvier. D’autres organisations dont la CGT ont voté contre cet accord. On n’allait pas manifester ensemble. »

« 15% de nos syndicalistes pense que la CFDT n’est pas un syndicat digne de ce nom », explique Lepaon, allusion au résultat du vote du dernier congrès de la centrale. « Il y a des camarades qui pensent qu’ils ont été trahis par la CFDT lors de la signature du 11 janvier (accord sur la sécurisation de l’emploi, ndlr). » Mais il affirme que la direction de la CGT n’a pas la même opinion.

A la CGT, Thierry Lepaon assure que son appel à la CFDT pour des cortèges unitaires "malgré les désaccords" n’a "pas été entendu". "C’est un vrai drame pour les salariés", regrette-t-il, car "l’unité syndicale est déterminante". "Ma crainte c’est que le Front national mobilise plus que les syndicats de salariés ce 1er mai," s’est-il inquiété, alors que le parti de Marine Le Pen organise son défilé "en l’honneur de Jeanne d’Arc et des travailleurs français". Mais de son côté, Laurent Berger, leader de la CFDT, s’est montré ferme, estimant que son syndicat avait été insulté par des militants CGT lors de leur Congrès à Toulouse : "Quand on se fait traiter de ’traître’, de ’collabo’, de ’renégat’, je considère que ce sont des insultes", a-t-il expliqué. "On ne peut "pas faire semblant de dire des choses ensemble sur l’emploi, alors qu’on est profondément divisés", ajoute Véronique Descacq, numéro deux de la CFDT.

Mais pour la CFDT, il n’y a pas de rupture avec la CGT. "On peut se retrouver sur d’autres sujets", estime Véronique Descacq. Les deux syndicats devront de toute manière se retrouver autour d’une même table les 20 et 21 juin, lors d’une nouvelle conférence sociale sur les nouveaux chantiers pour 2013 et 2014.

Une interview de Lepaon :

Entre la CGT et CFDT, la guerre est-elle déclarée ?
Non. J’ai même appelé la CFDT à défiler avec nous le 1er mai. Mais, elle n’a pas pris la main que je lui ai tendue. Elle a préféré marquer le coup et faire son défilé. Compte tenu de la situation économique en France et en Europe, je considère que ce sont des gamineries et qu’il faut que cela s’arrête.
Quel est le risque d’organiser des défilés distincts ?
Notre division ne sert que les patrons et le Front national. Il y a un risque réel que leur cortège soit plus important demain que les nôtres. Cela renverrait une image terrible. Il ne faut surtout pas que nous continuions dans cette voie.
Faut-il oublier les divergences sur l’accord sur l’emploi ?
Oui, il le faut. De grands rendez-vous arrivent. La réforme des retraites, celle des allocations chômage ou la conférence sociale en juin. Chacun a ses positions, mais faisons un vrai débat sur l’accord sur l’emploi, discutons. Il faut se réunir. La défense des salariés ne se fera qu’avec l’unité syndicale.

Une interview de Berger :

LAURENT BERGER. Les salariés ne comprendraient pas que nous défilions bras dessus, bras dessous avec la CGT. Elle tire à boulets rouges sur l’accord du 11 janvier sur la « sécurisation » de l’emploi. Elle en a fait son mot d’ordre pour le 1er Mai. Pour nous, c’est un texte majeur. On apporte des nouveaux droits pour les salariés les plus fragiles et plus de dialogue social dans les entreprises afin de tout faire pour préserver les emplois.

La CFDT en a assez de jouer les pompiers et de se contenter de compter le nombre des plans sociaux. Notre rôle, c’est de les empêcher. Voilà ce qu’attendent de nous les salariés. Cette loi va autoriser les employeurs à imposer des baisses des salaires ou à moduler le temps de travail. Pas facile à défendre devant les salariés…

Le texte est très encadré afin d’éviter les chantages qui peuvent exister ici ou là. Et je fais confiance à nos équipes syndicales pour regarder ce qui est bon pour les salariés.

Quel syndicat a signé il y a quelques jours à l’usine Bosch de Rodez un accord « flexibilité » prévoyant une baisse des jours RTT ? La CGT, et même SUD !

N’est-ce pas contradictoire ? Je ne fais pas partie de ces responsables syndicaux qui défilent dans les rues pour dénoncer un accord « scélérat » et semblent ignorer ce que font leurs équipes dans les entreprises.

Le gouvernement va-t-il trop loin dans l’austérité ?

L’Europe va trop loin. Et le gouvernement français ne tape pas assez du poing sur la table à Bruxelles. Oui, il faut réduire les déficits publics. Mais pas à un rythme effréné qui ralentit la croissance et l’investissement. C’est un risque pour la France. Et cela crée une défiance des gens vis-à-vis de l’Europe.

Face au chômage, en fait-il assez ?

La question ne devrait pas être de savoir si on va inverser la courbe du chômage à la fin de l’année, mais comment on aide les chômeurs à retrouver un emploi. Pour cela, il faut amplifier fortement leur accès à la formation. Il faut aussi donner davantage de moyens à Pôle emploi pour les accompagner, notamment en termes d’effectifs.

Il y a eu 4000 embauches en juin 2012.. A partir du moment où le chômage continue d’augmenter, il faut en recruter 1 000, voire 2000 de plus.

La caisse d’assurance chômage est dans le rouge. Faut-il revoir l’indemnisation ?

Baisser les allocations chômage aujourd’hui, c’est insupportable aux yeux de la CFDT. L’indemnisation est un amortisseur social, la crise est profonde. Attendons que l’emploi reparte. Le déficit est conjoncturel. Les comptes de l’assurance chômage se redressent toujours très vite quand la croissance repart.

Craignez-vous une confrontation sociale en mai ?

Je suis inquiet de la montée des extrémistes. Certains voudraient nous faire croire qu’on est en guerre civile. On n’y est pas. On est face à une crise de responsabilité. Quand un parti républicain appelle à manifester contre une loi qui a été votée, celle du mariage pour tous, il souffle sur les braises.

Le gouvernement a viré de cap sur l’amnistie sociale…

La CFDT n’avait pas demandé cette loi. Il faut que les responsables syndicaux soient vigilants pour ne pas faire de la violence un mode d’action syndicale. Mais il faut savoir distinguer la violence de certains salariés désespérés qu’on n’a pas écoutés.

Qu’attendez-vous de la prochaine conférence sociale ?

Un cap. Dans ce pays, on regarde dans le rétroviseur et pas dans le pare-brise. On ne retrouvera jamais la situation d’avant la crise. C’est une mutation profonde. Il faut préparer l’après. Le gouvernement doit dire aux Français ce que sont les emplois de demain et permettre à tous d’y accéder, notamment par la formation professionnelle.

"On peut envisager un 1er mai dynamique et unitaire", a affirmé M. Lepaon lors d’un point de presse avec M. Thibault, en marge du 50e Congrès de la CGT qui s’achève vendredi à Toulouse. Selon lui , il y a un "point de désaccord" entre la CGT et la CFDT concernant l’accord sur la sécurisation de l’emploi, mais il y a aussi "des sujets d’accord" notamment sur "les salaires, les retraites".

"On a besoin d’un 1er mai de solidarité" avec les salariés en butte aux licenciements dans de nombreuses entreprises, a souligné M. Lepaon ajoutant que son syndicat veut "qu’une volonté unitaire s’exprime". "Le 1er mai est l’occasion de réaffirmer la solidarité avec les salariés en lutte", a-t-il insisté en rappelant que dans les mobilisations "les sigles" de tous les syndicats se côtoient.

Lepaon a réitéré que la CGT ne demande "pas le retrait" du projet de loi

Les relations se sont tendues entre la CGT et la CFDT signataire de l’’accord emploi. De nombreux délégués au Congrès ont rejeté la stratégie d’unité syndicale prônée par la direction et sifflé le représentant de la CFDT. Mais l’orientation de la direction a finalement été approuvée par 83,5% des voix. M. Lepaon a souligné que d’ici l’adoption par le parlement du projet de loi sur la sécurisation de l’emploi, la CGT va poursuivre son "travail pédagogique" auprès des députés, rappelant que d’ores et déjà "7 ou 8 modifications relativement importantes" du texte sont intervenues.

"Comme quoi on n’avait pas tout faux" !", a lancé Bernard Thibault.M. Lepaon a réitéré que la CGT ne demande "pas le retrait" du projet de loi - car ce serait "revenir à l’ère Sarkozy"- mais ne veut pas d"’une mauvaise loi" pour les salariés.

"Pour l’instant dans ce projet de loi les salariés sont perdants", a-t-il dit. En ouvrant le Congrès, lundi, M. Lepaon avait annoncé une nouvelle journée d’action de la CGT début avril contre le projet de loi.Le ministre du Travail Michel Sapin a souhaité que le texte soit applicable début mai.

Thierry Lepaon, qui doit succéder demain vendredi à Bernard Thibault a bien précisé que la CGT ne demandait pas le retrait du texte de loi sur la réforme du marché du travail, pour ne pas revenir à l’ère Sarkozy.

Il souhaite seulement obtenir que les députés "qui ont été élus pour cela" emploient leur droit à l’amendement pour que l’accord signé le 11 janvier par la CFDT devienne "donnant/donnant".

Il a confirmé aussi qu’il y avait encore des combats à mener avec la CFDT, bien que celle-ci ait été huée pendant la première journée du congrès de la CGT à Toulouse. "On va forcément ensemble pour l’emploi, pour les salaires" a-t-il ajouté, sans négliger le 1er mai que Thierry Lepaon souhaite unitaire malgré tout.

La guerre syndicale n’est donc pas déclarée malgré les déclarations de militants qui disaient le contraire. L’unité syndicale reste porteuse pour les salariés, estime Thierry Lepaon.

Bernard Thibault à qui on demandait ce jeudi s’il ne sentait pas "cocu" d’avoir appeler à voter François Hollande, répondait que son rapport d’activité avait été voté à plus de 87% à Toulouse. De plus, pas un des délégués, pourtant critiques sur sa gestion, n’avait remis en cause ce choix.

Sous forme de boutade, il ajoutait : "je ne suis pas sûr que certains d’entre eux n’avaient pas fait un autre choix". "François Hollande avait bien compris que pour être élu, il devait montrer plus de préoccupations sociales, c’est pour cela que nous sommes plus exigeants avec lui qu’avec son prédécesseur".

"Ma crainte, c’est que le Front national mobilise plus que les syndicats de salariés ce 1er mai", s’est inquiété dans le journal Le Monde Thierry Lepaon, en allusion au rassemblement des partisans de Marine Le Pen. "C’est triste quand des salariés ont le sentiment que c’est Marine Le Pen qui va pouvoir faire en sorte qu’ils vivront mieux demain", a-t-il affirmé sur RTL estimant qu’il s’agissait d’un "leurre" et appelant au "rassemblement" des syndicats pour faire face "aux idées faciles" de l’extrême-droite.

Confortée par de bons sondages, un gouvernement en difficulté et une crise qui s’aggrave, Marine Le Pen aborde en effet le traditionnel défilé frontiste du 1er mai en position favorable, avec les municipales et les européennes de 2014 en ligne de mire.

"Le peuple d’abord !", c’est sous ce slogan que le FN veut rallier mercredi ses milliers de partisans à Paris, où Marine Le Pen s’exprimera à la mi-journée. Signe de bonne santé militante, pour la deuxième année consécutive, le discours n’aura pas lieu sur la modeste place des Pyramides mais sur la place de l’Opéra. Un retour aux heures fastes pour le FN, qui avait rassemblé 5.000 à 10.000 sympathisants l’année dernière, en pleine présidentielle, plus que les années précédentes.

Thierry Lepaon, secrétaire de la CGT, est revenu sur les tensions avec la CFDT à l’occasion des manifestations du 1er mai.

Rien ne va plus entre la CFDT et la CGT. Pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, les deux syndicats avaient toujours défilé ensemble lors de la fête du travail. Cette année, ce sera chacun de leur côté.

Invité de RTL ce mercredi 1er mai, Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, s’explique : "Il y a des camarades dans la CGT qui pensent qu’ils ont été trahis par la CFDT lors de la signature de l’accord sur la sécurisation de l’emploi, en janvier dernier".

Thierry Lapaon réfute les insultes envers la CFDT

La CFDT avait voté l’accord, la CGT l’avait rejeté : de quoi susciter d’importantes tensions entre les deux syndicats. Le leader de la CFDT, Laurent Berger, avait ainsi estimé que son syndicat avait été insulté par des militants CGT lors de leur Congrès à Toulouse : "Quand on se fait traiter de ’traître’, de ’collabo’, de ’renégat’, je considère que ce sont des insultes", a-t-il expliqué.

Face à ces accusations, Thierry Lepaon s’est justifié au micro de Jean-Michel Aphatie :

Ce sont des propos de congressistes. Personne dans la direction confédérale n’a justifié les propos qui ont été prononcés.Thierry Lepaon
L’accord emploi est donc "un constat de division dans le monde syndical, parmi les salariés, les entreprises, les partis politiques et les parlementaires", avoue-t-il, ajoutant que "le texte est extrêmement minoritaire". L’accord doit être entériné par le Parlement le 14 mai prochain.

Les retraites, prochain point de tension ?

Autre sujet de tension à venir : les retraites. Thierry Lepaon attend l’ouverture de la conférence sociale pour en savoir plus sur les intentions du gouvernement mais il semble déjà dubitatif : "Tous les ans on recommence la dernière réforme qui devrait nous permettre de sauver le régime de retraite", explique-t-il.

Pour lui, le 1er mai est aussi l’occasion de "dire au patronat et à ce gouvernement que nous entendons avoir un changement de cap, une autre politique".

Il n’est pas trop tard pour changer de cap. Tel est le sens de la démarche solennelle et inédite qu’entreprend Thierry Lepaon en adressant, vendredi 26 avril, une lettre ouverte (ici en PDF) à François Hollande. "Ce n’est pas une démarche hostile, pas du tout, a précisé au Monde le secrétaire général de la CGT qui, depuis son élection le 22 mars, a rendu une visite de courtoisie au chef de l’Etat. C’est une démarche de responsabilité."

"Il y a maintenant un an, écrit M. Lepaon, les Françaises et les Français vous élisaient président de la République. Ils affirmaient ainsi le besoin d’une rupture avec la politique économique et sociale menée précédemment. De ce besoin, vous en avez fait votre slogan : ’Le changement, c’est maintenant’. La CGT s’était clairement exprimée pour un changement de majorité dans l’intérêt des salariés. Or, nous sommes contraints de constater l’écart grandissant entre vos engagements et les actes. Le décalage est immense entre les attentes des salariés et les réponses politiques apportées. Pour les salariés, rien n’a changé positivement dans leur vie au travail et dans leurs conditions sociales."

M. Lepaon rappelle que lors de la conférence sociale de juillet 2012, M. Hollande avait présenté une feuille de route. "Une feuille de route, en particulier en matière sociale, ne peut pas être continuellement remise en cause ou déchirée pendant le parcours", souligne le dirigeant de la CGT. Il demande que la prochaine conférence sociale, les 20 et 21 juin, porte sur "l’augmentation des salaires et du pouvoir d’achat, l’emploi, la politique industrielle, les services publics, une protection sociale de haut niveau, les droits à la retraite".

"IL FAUT QUE LE PRÉSIDENT SE RESSAISISSE"

Dans son texte, M. Lepaon revient sur la transcription dans la loi de l’accord sur l’emploi qui "divise les Français, les salariés, les organisations syndicales et les parlementaires, y compris ceux de la majorité. Comment dans ces conditions le texte de l’accord du 11 janvier pourrait-il devenir loi de la République ?"

Critiquant le refus de l’amnistie syndicale, M. Lepaon s’insurge : "Derrière la loi d’amnistie se joue aussi la condamnation de la politique de votre prédécesseur dont la brutalité a contraint nombre de salariés à se mobiliser et à agir. Beaucoup ont voté pour vous et vous les rejetez. La poursuite de cette attitude serait incompréhensible."

A la fin de cette lettre qui relève plus de l’avertissement que de la déclaration de guerre, M. Lepaon martèle : "La rupture avec les politiques d’austérité et de rigueur budgétaire doit être à l’ordre du jour en France et en Europe." "On pense que la situation est grave et qu’il faut que le président se ressaisisse, explique au Monde M. Lepaon. Je pense que s’il a bien conscience de cette situation, il doit prendre les décisions qui visent à faire en sorte que le cap soit changé. Il n’est pas trop tard pour bien faire. Le président est au pied du mur : ou c’est un changement de cap ou il renonce à la feuille de route, celle du changement."

Avec la loi sur l’emploi, dit-il, "une partie de la France va s’opposer à une autre partie de la France. Le rôle du président de la République, c’est de rassembler. C’est sa mission première. On ne sort pas d’une crise avec un pays divisé".

Fustigeant "l’absence de stratégie industrielle" et réclamant un débat national pour savoir si "le travail est un coût ou une richesse", M. Lepaon souligne que "le problème n’est pas de dire au président ’vous êtes comme le précédent’. Mais il est trop sensible aux arguments du Medef".
"MA CRAINTE, C’EST QUE LE FN MOBILISE PLUS QUE LES SYNDICATS LE 1ER-MAI"
Sur le refus de l’amnistie, il évoque "une faute politique" – "on ne crache pas sur ceux qui vous ont fait élire" – et affirme : "On est plus doux avec les opposants au mariage pour tous qu’avec les syndicalistes ouvriers, la seule catégorie qui est toujours ciblée."
M. Lepaon espère retisser des liens avec la CFDT. "Notre syndicalisme n’a pas d’avenir si on n’avance pas de manière unitaire." L’image du syndicalisme français, qui va défiler de façon divisée le 1er-Mai, "est triste à mourir". "Ma crainte, ajoute-t-il, c’est que le Front national mobilise plus que les syndicats de salariés le 1er-Mai et ça, c’est terrible."
La CGT et la CFDT manifesteront, dans la semaine du 7 au 14 juin, avec les syndicats européens sur le slogan "Changer de cap contre les politiques d’austérité", et M. Lepaon se montre optimiste sur la présentation à la conférence sociale d’un "tronc commun de propositions" avec la CFDT.
M. Lepaon confirme son refus de manifester avec le Front de gauche le 5 mai : "C’est un homme politique respectable qui a appelé à une manifestation politique. Dans ses repères revendicatifs, la CGT ne propose pas une VIe République. Et ce n’est pas une confédération qu’on siffle et qui vient." M. Hollande n’est pas le seul visé par le sermon du dirigeant cégétiste.
Dans l’Humanité du 25 mars 2913, Thierry Lepaon. La stratégie c’est d’avancer. D’abord, nous voulons empêcher la transposition de l’accord dans la loi. Mais nous ne pouvons pas nous en contenter, car cela ne résoudra pas le problème des salariés confrontés aux stratégies financières des entreprises. Nous voulons changer de cap et nous sommes en capacité d’influencer le vote des députés pour que ce texte, rédigé par le Medef et ratifié par d’autres syndicats, ne soit pas transcrit en l’état. Notre démarche doit viser à changer le travail par une loi favorable aux salariés et qui leur permette, à travers les organisations syndicales, d’influer sur les choix stratégiques des entreprises. La CGT n’entrera pas en guerre contre le gouvernement en le qualifiant de libéral. Ce serait une vision simpliste. Nous allons rester sur le fond du dossier. Quitte à paraître ultrapragmatiques. Notre boussole, c’est la défense du travail et des droits des salariés, et nous nous savons capables de faire bouger la loi.
Êtes-vous prêt à un nouveau bras de fer sur une nouvelle réforme des retraites ?
Thierry Lepaon. Le gouvernement se prépare à continuer dans la même voie que le précédent. En 2010, la réforme a été rejetée par des millions de salariés et de retraités. Sur ce dossier, la problématique est double : d’une part, le patronat veut faire payer les salariés et les retraités, et leur faire assurer le financement du système sans s’engager dans une dynamique en faveur de l’emploi et des salaires ; d’autre part, il défend l’idée d’aides aux entreprises, y compris si elles n’en ont pas besoin. Sur ce point, on est passés d’une politique d’aides à une politique de droits pour le patronat. Les fameux 200 milliards d’euros qu’on donne en cadeau chaque année aux entreprises équivalant à l’ensemble des richesses créées par l’industrie. Par ailleurs, il est évidemment question de solidarité entre les générations, qui est indispensable à la confiance des salariés dans le système. Sans cette garantie, le système va s’effondrer, alimenter les assurances privées et transformer un droit collectif en droit individuel. Nous avons bien l’intention de mettre toutes nos propositions sur la table.

La difficulté, c’est de parvenir à ne pas isoler les salariés en lutte des autres, et qu’une partie des travailleurs de notre pays deviennent spectateurs de la lutte menée par quelques-uns.

Pour conclure, donnons la parole au dirigeant CGT Lepaon qui déclare : « La patience est une vertu révolutionnaire. »

Soyez patients, la CGT vous prépare à faire semblant d’avoir combattu sans jamais lutter vraiment contre un sacré avenir mis en place par la bourgeoisie et le gouvernement, et fait de misère et de chômage…

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