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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Tenon
jeudi 17 janvier 2013, par
A la sauce du privé
La privatisation de la cuisine a commencé. Certaines tâches sont parties au privé : transport, plonge, salle de garde, etc. Qui dit privé dit emplois non statutaires payés juste au SMIC où les futures collègues seront corvéables et flexibles à merci. Saucissonner les services et les privatiser par petits bouts est le début d’une privatisation de plus grande ampleur.
Et privé ou public, on continue de manger avec des couverts et des assiettes en plastique ! Ce n’est pas en détériorant les conditions de travail à moindre coût qu’on améliorera la qualité.
La direction ne connaît pas les saisons
Avec l’hiver, les arrêts maladie pleuvent et la direction ne peut pas s’en étonner : c’est de saison ! Mais où sont passés les équipes de remplacement qui auparavant pouvaient remplacer les collègues absents au pied levé ?
A la direction, un logiciel à la place du cerveau ?
L’hôpital Tenon va devoir se servir d’un nouveau logiciel appelé ORBIS qui remplacera AGENDA et GILDA mais, pendant une période avant que tout soit efficace, il faudra jongler entre les trois logiciels, donc nous rajouter du travail. Il est où le personnel supplémentaire pour faire face à cette surcharge de travail ? Il s’est perdu dans les circuits informatiques des cerveaux directoriaux ?
Regrouper, c’est réduire
Encore un regroupement qui a eu un effet négatif : c’est celui des formations de tout le Groupe Hospitalier sur un seul site. Le résultat est clair : la réduction des personnels en formation. C’était sans doute le résultat recherché car cela permet à la direction d’économiser des moyens et du personnel…
Rentabilité à l’hôpital égale…
toujours plus de sacrifices
D’année en année, les plans de réduction des déficits des hôpitaux de l’APHP se succèdent avec toujours plus de sacrifices demandés au personnel soignant et à tous les personnels de l’hôpital. Cette année, c’est 150 millions d’euros que doivent économiser les hôpitaux avec des efforts inégalement répartis entre les différents groupes hospitaliers. Ainsi, ce sont les hôpitaux les plus en difficulté qui devront faire les plus gros efforts. Les hôpitaux du nord et de l’est parisien (Trousseau, Tenon, Saint-Antoine et Rothschild) devront fournir le plus gros effort avec 29 millions d’euros d’économies et/ou de recettes à regagner. L’attaque directe a déjà commencé contre la prime des agents, une façon déguisée de baisser les salaires pour renflouer les caisses. Les patients vont devoir se grouiller de quitter leur lit, les personnels administratifs auront du surtravail, la pharmacie aura des stocks réduits et les personnels soignants devront courir pour avoir le moindre matériel, ruinant ainsi tout effort contre les maladies nosocomiales. Et ce n’est même pas rentable puisque les malades seront soignés plus mal et tomberont plus vite malades mais ces spécialistes de la rentabilité ne voient que celle à court terme….
Date butoir et direction butée
La dernière note de la direction concernant nos repos dus, c’est qu’il faudrait les poser à tout prix avant le 31 janvier (2013 ! et pas 2014…) sous peine de les perdre définitivement. Et pourquoi pas avant-hier ? Décidément, la direction de l’APHP veut nous rendre responsable de la perte de nos repos, c’est-à-dire du problème qu’elle a elle-même créé. De qui se moque-t-elle en prétendant qu’on pourra prendre nos congés avant le 31 janvier ? C’est la direction qui a exigé du personnel qu’il ouvre un CET tout en disant que ce n’était pas obligatoire. Si obligation n’est pas le terme adéquat, quel est le terme juste ? Chantage ? Pression ? Ou arnaque ?
Nouvelle année, nouvelles méthodes de lutte ?
Des infirmières et des aides soignantes ont commencé, en ce début d’année, à dénoncer leurs conditions de travail et à s’organiser en collectif. Elles ont manifesté le 7 janvier indépendamment des centrales. On se souvient des anciennes coordinations qui avaient marqué les mouvements à l’hôpital public et les centrales syndicales craignent toujours d’être à nouveau débordées. Les manifestants dénonçaient le burnout des soignants, la charge de travail explosive, des effectifs en dessous du minimum et des heures sup non payées et non récupérées. Ils réclamaient une revalorisation salariale, une reconnaissance de la pénibilité.
Ils négocient notre esclavage
Les négociations nationales patronat/syndicats/ gouvernement ont rendu leurs fruits : vive la flexibilité des emplois, des salaires, des conditions de travail et des sites. Si on refuse de travailler au SMIC, comme, où et quand cela plait au patron, c’est la porte ! Tout cela soi disant pour éviter les licenciements. Et les patrons auront leur crédit d’impôt et des taxes sociales en moins, toujours sous le même prétexte alors que nous, on paie toujours nos impôts. Les syndicats CGT et FO ont voté contre, mais cela n’empêche pas que la réforme est votée. Ces deux syndicats disent que, dès le départ, la négociation était truquée mais pourquoi l’ont-ils cautionnée en y participant ?
Vive la révolte contre les viols et harcèlements à l’égard des femmes !
L’Inde a explosé. Le pouvoir a été débordé. Toutes les grandes villes y ont connu des manifestations monstres, des fleuves humains d’hommes et de femmes et même d’enfants, conspuant les autorités. Les forces de l’ordre ont tout fait pour empêcher ces rassemblements, tentant sans succès de les interdire, de les bloquer, allant jusqu’à tirer sur ces manifestants, à quadriller militairement et policièrement les grandes villes, jusqu’à violenter les gens. Depuis quelques mois, la situation était explosive, les grèves se multipliaient et les manifestations grandissaient sur le terrain social, le discrédit du pouvoir et la révolte contre la corruption étaient de plus en plus immenses. Mais c’est un viol collectif qui a soulevé le peuple indien tout entier.
L’affaire de Jyoti Singh Pandey, la jeune étudiante en kinésithérapie violée à New Delhi dans un bus, a fait exploser toute l’Inde et fait ensuite le tour du monde, révoltant la planète entière. Mais en Inde, c’est plus qu’un sentiment de révolte, c’est une explosion qui a eu lieu. Le père de la victime a expliqué qu’elle avait subi d’atroces violences parce qu’elle avait refusé de se laisser faire et qu’il en était fier, soutenant la vague de manifestations alors que le pouvoir avait cherché à étouffer l’affaire, imposant un enterrement clandestin, interdisant les manifestations, et tâchant de prendre des mesures pour faire croire que la justice et la police seraient désormais attentifs aux attentats contre les femmes. Un nouveau meurtre de femme en Inde qui vient d’avoir lieu, suite à un viol collectif, que les autorités ont encore essayé de cacher, a rappelé, s’il en était besoin, que les pouvoirs et les forces « de l’ordre » sont des ennemis des femmes et non leur défenseur, un grand nombre de ces crimes ayant d’ailleurs été commis par leurs membres. Les forces de l’ordre en tirant à balles sur les manifestants et en les frappant violemment ont bien montré dans quel camp elles se situaient.
Contrairement à ce qui est souvent prétendu, le viol en Inde n’est pas un résidu d’une vieille société paysanne de caste mais un développement croissant dû à la société capitaliste. Il a doublé en dix ans dans ce pays comme dans nombre d’autres pays dans le monde comme le Mexique, l’Afrique du sud. Même dans le monde occidental, loin de diminuer les violences contre les femmes explosent avec l’aggravation de la crise du système capitaliste. Le petit vernis de civilisation qui recouvre les crimes de la société bourgeoise a vite fait de craquer.
La révolte en Inde s’est dirigée contre les autorités car celles-ci n’ont cessé de couvrir les violeurs, de protéger ceux qui oppriment les femmes comme ceux qui exploitent les plus démunis. Cela n’est pas particulier à l’Inde !
Loin de chercher à défendre les femmes, les classes dirigeantes et les gouvernants du monde essaient de monter les hommes contre les femmes, pour trouver une manière de diviser les classes exploitées qui risquent de s’unir pour combattre la pauvreté, le chômage et la misère qui montent.
Il se commet 903 viols par jour, soit 329 708 viols chaque année dans le monde (viols déclarés), dont 95136 aux Etats-Unis, 52 425 en Afrique du sud, 24 350 au Canada, 15 630 en Australie, 15 468 en Inde, 14 373 au Mexique, 13 395 en Angleterre, 8 615 en Allemagne et 8 458 en France. Bien sûr, en France, nous connaissons une hypocrisie sociale qui impose de faire comme si la direction de la société ne cherchait qu’à développer l’égalité entre hommes et femmes, à défendre les citoyens, dont les femmes, de toutes agressions, qu’à combattre le chômage ou la misère. Le mensonge est le roi du discours officiel dans la question de l’oppression des femmes comme dans les autres domaines.
On peut constater qu’avec l’effondrement du capitalisme de 2007-2008 et notamment les révolutions qui ont suivi dans le monde arabe où les femmes ont joué un rôle important, les classes dirigeantes en ont tiré la leçon : aggraver partout la pression sociale sur les femmes.
Ce sont les bourgeoisies locales et impérialistes qui ont été favorables à la mise en place de régimes anti-femmes en Tunisie ou en Egypte comme en Libye, au nom de l’islamisme. Et dans le reste du monde, il en va de même : la place de la femme se dégrade, la société recommence à tolérer ou à favoriser l’oppression des femmes, les violences à leur égard, le mépris aussi, la transformation des femmes en objets de dégradation et de prostitution. Le discours hypocrite des gouvernants dit bien sûr tout le contraire mais la réalité crève les yeux : le sort des femmes s’aggrave à nouveau massivement.
La seule manière d’en finir avec l’oppression des femmes et avec l’exploitation des salariés, c’est d’unir les deux combats en les tournant contre les classes dirigeantes et contre les Etats à leur service comme viennent de le faire les opprimés d’Inde !