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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Cochin

mercredi 10 juillet 2013, par Robert Paris

Grève clandestine

Un préavis de grève a été déposé par une organisation syndicale pour la semaine du 24 au 30 juin. A ces dates, pas une manifestation, pas un rassemblement, pas un tract syndical. Du coup, il s’agissait seulement de répondre aux demandes de la direction de se déclarer gréviste ou non mais il s’agissait de le faire sans heurt, sans bruit et… sans grève car il ne faudrait pas que l’on se rende compte que le personnel est mécontent. Il ne faudrait pas gêner la direction. Encore un exemple de la stratégie syndicale, des complaintes silencieuses face au bulldozer de la direction et de la dégradation de nos conditions de travail

Haut les mains

La lutte contre les infections nosocomiales est une priorité à l’AP, affirme la direction. En effet, dans les services, on trouve des classeurs remplis de procédures et de protocoles. Mais la réalité du terrain, c’est qu’on est de plus en plus en sous-effectif, qu’il faut faire la désinfection de chambre de plus en plus vite, pour prendre toujours plus de patients. Des fois, c’est chronomètre à la main, le patient étant dans le couloir, en attente que sa chambre se libère. A noter que dans son rapport, la CME (commission médicale d’établissement) indique que « dans nos hôpitaux, la fréquence des maladies porteurs d’entérobactéries résistantes aux BLSE (béta-lactamase à spectre étendu) continue d’y augmenter régulièrement, ce qui représente un authentique péril fécal avec des conséquences organisationnelles et financières de plus en plus lourdes »

Péril ? Vous avez dit péril ! 20% de la population française est actuellement porteur permanent de ces maladies et ce chiffre est en constante augmentation et les maladies nosocomiales étaient, au dernier recensement, cause de 20.000 morts par an en France ! Ne vous inquiétez pas : ce n’est pas pour cela que la direction de l’APHP va cesser de diminuer les effectifs et le nombre de lits. Or, comment voulez-vous isoler les malades et préserver la consigne de ne pas mettre ensemble des malades ayant des maladies nosocomiales différentes ni leur affecter les mêmes personnels.

Elle casse les effectifs et accuse le personnel

On entend souvent dire que les arrêts de travail sont en hausse dans les hôpitaux. Comment ainsi jeter l’opprobre sur le personnel en prétendant que ces arrêts ne sont pas justifiés. Mais la dégradation des conditions de travail, le sous-effectif entretenu par la politique de la direction, le matériel vétuste, l’encadrement de plus en plus musclé (qui vire parfois au harcèlement) explique la hausse des arrêts. Discréditer le personnel, voilà la technique de la direction pour faire face à ce problème : il s’agit de nous diviser en nous accusant nous-mêmes du sous-effectif voulu par la direction ! Ne soyons pas dupes !

Etre sous pression mène dans le mur…

Dans les hôpitaux, de plus en plus d’agents sont sous pression. Ce n’est pas un effet du hasard mais une politique des directions consistant à relayer la politique d’économies du gouvernement et de la direction de l’APHP en augmentant sans cesse la charge de travail pour diminuer les effectifs. Les cadres se chargent de faire passer cette sale besogne dans les faits en accroissant la pression sur le personnel. On leur demande de chambouler encore et toujours les plannings, bouleversant ainsi la vie privée des agents, quand ce n’est pas de la détruire. On n’en fait jamais assez. Pour les cadres, c’est nous qui ne sommes jamais assez bien organisés puisqu’on n’y arrive pas. Ils répètent : « c’est comme cela et ce sera comme cela ». Comme quoi le management hospitalier tant voulu par le gouvernement est bien à pied d’œuvre. Et, comme dans les entreprises Renault, France Telecom,…, cela mène parfois à la mort… Nous ne devons pas perdre notre vie à la gagner. On peut changer les choses si on change notre vision des choses : nous sommes des millions et nous pouvons faire changer la peur de camp !

L’hôpital se mobilise

A Caen, tout le personnel de l’hôpital psychiatrique s’est mobilisé contre les restructurations, et ils ont obtenus gain de cause. A l’hôpital Esquirol - Saint Maurice c’est aussi plus de 300 personnes qui s’est mobilisé fin juin contre les restructurations. Des exemples à suivre. Et surtout, ce qui est nécessaire, c’est de construire la liaison inter-hôpitaux par des collectifs et des coordinations dans lesquelles personne ne dictera au personnel ce qu’il doit faire ou penser, pas même les responsables syndicaux….

Mattéi porte sa croix… rouge

Mattéi, l’ancien ministre de la Santé (celui qui a laissé mourir les vieux à l’époque de la canicule) a encore fait des siennes. Il était devenu responsable de la Croix Rouge et, à ce titre, y a imposé des sacrifices et des remises en cause. Il venait à peine d’imposer 4 millions d’euros d’économies au moment de quitter ce poste pour se voir proposer, toujours par la Croix Rouge, la direction d’une fondation de « la recherche humanitaire » qui recevra de la Croix Rouge la modeste somme de… 2,8 millions d’euros, sans compter les frais de représentation de Mr Mattéi, vases communicants que les personnels de la Croix Rouge auront apprécié.


Mandela reçoit un hommage unanime mais pas la lutte des travailleurs sud-africains

L’ancien chef d’Etat de l’Afrique du sud qui était passé de sa prison à vie à la position de plus haut responsable choisi par tous les puissants de ce monde pour gérer l’Afrique du sud est en train de mourir et reçoit l’hommage du monde entier, classes dirigeantes comme travailleurs et milieux populaires. Les anciens chefs racistes d’Afrique du sud font partie du chœur des félicitations. Un miracle réalisé par la méthode pacifiste (gandhiste diront certains), de réunir ainsi riches et pauvres, noirs et blancs, racistes et antiracistes ?

Mais ce conte de fées n’a rien de commun avec la réalité. C’est la grève générale ouvrière menaçant de se transformer en révolution sociale qui a fait reculer et pas l’ANC, dont la stratégie était la guérilla armée, ne participait pas à cette lutte ouvrière.

L’Afrique du sud n’est sortie que formellement de l’Apartheid, il suffit de voir la police sud-africaine assassiner les mineurs grévistes de Marikana ou les habitants des townships toujours parqués dans leurs ghettos et tués par la police. L’écrivain sud-africain André Brink, porte parole de la lutte contre l’Apartheid, a déclaré que l’ANC, le parti de Mandela, n’est qu’une réincarnation du parti raciste, le Parti National de De Klerk, en pire. Un ami de Nelson Mandela, Cyril Ramaphosa, ancien dirigeant noir du syndicat des mineurs, la NUM, devenu le principal syndicat antigrève du pays au point que les grévistes de Marikana ont dû s’affronter à lui, est devenu milliardaire possesseur de nombreuses grandes entreprises ! Et l’apartheid entre noirs et blancs s’est transformé en apartheid entre riches et pauvres qui sont toujours noirs et blancs ! L’argent de l’exploitation des travailleurs entre toujours dans la poche des mêmes trusts !

Les travailleurs qui, par leur lutte, ont contraint le capitalisme sud-africain à changer la forme de sa domination, n’ont pas gagné. La petite bourgeoise nationaliste qui ne participait absolument pas à la lutte des travailleurs a gagné des places, de l’argent et du pouvoir. Ce n’est pas en restant courageusement en prison que Mandela a gagné mais parce que les classes dirigeantes du monde ont pris peur des conséquences qu’allait avoir l’explosion révolutionnaire des travailleurs sud-africains. Les classes dirigeantes blanches, avec à leur tête le chef du parti raciste, De Klerk, ont été chercher Mandela dans sa prison pour… qu’il les sauve de la menace révolutionnaire des travailleurs sud-africains. Cela s’est négocié directement entre les dirigeants américains et les dirigeants russes, entre les patrons des trusts sud-africains et les dirigeants de l’ANC. Mais personne n’a bien entendu consulté les travailleurs. Il a seulement fallu la caution de quelques dirigeants syndicalistes prêts à se vendre et quelques uns d’entre eux comme Ramaphosa payé à milliards !

En un petit nombre d’années, le Parti national au pouvoir, celui qui avait organisé un régime semi-fasciste pour imposer la suprématie blanche, a porté l’ANC à la présidence de l’Etat sud-africain. Les plus grands patrons sud-africains, ceux des mines, sont même à l’origine des premières rencontres en Suisse. Parti « communiste » comme ANC ont renoncé à leurs anciens slogans : remise en cause du capitalisme, de la propriété du grand capital en échange de la venue au pouvoir d’une partie de la direction nationaliste noire. La place des dirigeants syndicaux a été particulièrement négociée. A la mesure aussi de la trahison de cette lutte que représentait la manière dont la fin de l’apartheid a été négociée.

Par contre, les travailleurs sud-africains et le peuple ont été dupés. Mandela était certes à la tête d’un parti qui organisait une lutte armée de guérilla dans les pays voisins de l’Afrique du sud (et pas un combat pacifiste). Le parti stalinien sud-africain a donné une caution de gauche à l’accord. Ce dernier s’est réalisé en même temps que la bureaucratie du Kremlin, sous l’égide de Gorbatchev, négociait son retour dans le giron capitaliste mondial. L’ANC se détournait de la lutte de la classe ouvrière, n’y participait nullement et ne contrôlait alors aucune des centrales syndicales importantes du pays.

C’est bel et bien pour éviter la révolution, qui pouvait s’étendre au moins au continent noir comme une trainée de poudre à une époque où la contestation de toutes les dictatures d’Afrique montait (la période des révoltes contre Moussa Traoré, Bongo, et Houphouët Boigny), que les classes dirigeantes ont renoncé à l’apartheid.

Les gouvernants, de Hollande à Obama, qui se félicitent de la fin de l’Apartheid en Afrique du sud le cautionnent encore en Mauritanie ! Et, même en Afrique du sud, la réalité de l’Apartheid se maintient et s’aggrave même… Les mineurs sud-africains assassinés à balles réelles pour avoir fait grève comme les autres travailleurs ne reçoivent nullement le soutien ni d’Obama ni d’Hollande ni des actuels dirigeants comme Jacob Zuma. Rien d’étonnant : c’est par crainte des travailleurs et pas par soutien qu’il a été décidé de suspendre l’Apartheid !

Messages

  • Prévention des suicides prétend la direction de l’APHP ? Alors que tout est fait pour pousser les camarades à la dépression et à la mort des individus ?

    Quelle fumisterie ! Quel cynisme !

    Mais après tout la bourgeoisie fait son boulot, et nous, les travailleurs leur laissons bien trop l’initiative sans même réagir à leurs attaques, alors que la meilleure défense serait d’attaquer les premiers.

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