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Ce que nous voulons et ce dont nous ne voulons plus

25 août 2011, 11:00, par F. Kletz

Suite de ma réponse pour ce message de Paul Auster.

Voici la phrase que je commente dans ce message : « la langue française est belle, c’est l’une des rares langues où il y a un peu près un mot pour tout, aussi savant et élitiste soit-il. Elle est très riche en ce sens qu’un mot n’est jamais employé pour rien quoiqu’on en dise. »

« La langue française est belle. », écris-tu.

Je ne connais pas une langue qui ne soit belle.

Chacune a ses particularités, chacune englobe l’histoire d’un peuple, celui qui l’a utilisée, élaborée, transformée. Car aucune loi grammaticale ne permet d’étudier vraiment l’histoire d’une langue. La grammaire fige l’usage des mots, de la syntaxe, interdit presque la liberté d’inventer un nouvel usage de mot, de style, de syntaxe. L’académisme permet de définir une langue qui se veut universelle, alors que chaque jour chaque individu peut tout à fait réinventer l’usage d’un mot, transformer une expression pour lui faire dire autre chose que ce que l’académisme a défini.

C’est d’ailleurs la profession de tous les communicateurs et politiciens, experts en marketing et communication politique que d’étudier le sens des mots et les créer confusions pour faire passer une politique, rendre populaires les dirigeants de la société. A chacun de voir s’il veut les suivre sur ce terrain-là.

En français, dis-tu en substance : « Il existe un mot pour à peu près tout. » Mais des nouveaux mots surgissent chaque jour. Et quand tu cherches traduire un texte allemand, par exemple, tu te rends compte que parfois, pour un même mot français il existe 2 mots allemands.

Aussi, la langue française a trouvé une astuce : parfois, souvent, un même mot a plusieurs sens. Cela permet à la langue française d’être au XVIIe et au XVIIIe siècle une langue utilisée pour la diplomatie : la richesse de la langue et l’ambivalence des mots permet d’adoucir le langage qui aurait pu être plus brutal en allemand, en anglais, en hongrois. Peut-être même est-ce parce que la langue française a été choisie comme langue de la diplomatie que son usage a permis d’approfondir cette capacité à dire chaque chose et son contraire dans la même phrase.

Donc, le mot de révolution, qui désignait effectivement, au XVIIe sicèle, dans la science galiléenne, le retour cyclique pour une planète, a été forgé en astronomie. Le problème est que le Larousse, ou tout dictionnaire fige les sens des mots. Il ne disent pas l’histoire des mots et ne cherchent pas à travailler le changement de sens des mots.

Pourtant, l’étude astronomique a permis de déterminer que la révolution des planètes, qui semble être un retour au même point, n’est jamais figée.
L’astronomie moderne a repéré que les mouvements des planètes varient d’année en année. Des fluctuations ont lieu autour de la courbe approximative que décrit chaque planète autour du soleil.

En fait, il est nécessaire d’approfondir la réflexion, précisément parce que le Larousse ne le fait pas pour nous.

Car sens figé de manière synchronique, à un instant T, ne permet pas d’étudier l’évolution et la diachronie, l’histoire de la langue. Or, cette histoire de la langue cette évolution est liée à l’évolution des idées.
Ainsi, tant en astronomie qu’en sociologie ou plutôt dans les sciences de l’évolution historique et sociale, le terme de révolution a pris un autre sens que celui retenu par le Larousse. Il s’agit de la rupture avec un ordre social établi, ce qui montre qu’aucun ordre n’est jamais éternel.

Ici ou là, au fil de tes lectures sur le site, l’approfondissement de ce point de vue permettra d’affiner les raisonnements concernant ces réflexions. Bonnes lectures et au plaisir de tes réactions et commentaires, qui m’ont été bien utiles pour appronfondir et expliquer mon point de vue.

A bientôt

F. Kletz

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