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Le bouddhisme et les femmes

20 avril 2014, 10:07, par RP

Le bouddhisme au Thibet en 1850

« Les femmes ont une robe semblable à celle des hommes, mais elles y ajoutent une tunique courte et bigarrée de diverses couleurs ; leurs cheveux sont toujours divisés en deux tresses qu’elles laissent pendre ; un petit bonnet jaune, taillé comme le bonnet de la liberté, sert de coiffure aux femmes du peuple ; les grandes dames ont une couronne de perles pour tout ornement de tête. Ce costume est gracieux ; néanmoins toutes les Thibétaines sont hideuses à voir, même pour ceux qui aiment les yeux petits et bridés, les pommettes saillantes, le nez court et les bouches largement fendues : c’est que jamais elles ne sortent de leurs maisons sans avoir le visage barbouillé d’une espèce de vernis noir et gluant, assez semblable à du raisiné. La mode n’a point à se reprocher cet usage, qui vient de la dévotion ; le nomekhan ou lama roi qui gouvernait le Thibet il y a deux siècles, trouvant que les mœurs de son peuple étaient très dissolues, imagina qu’il remédierait au désordre en prescrivant aux femmes de ne jamais montrer au public qu’un visage affreusement noirci : l’obéissance fut complète, et aujourd’hui la chose est considérée comme point de dogme ; les femmes perdues de réputation osent seules avoir une figure propre. Il est douteux, du reste, que l’édit du nomekhan ait fait grand bien à la moralité publique. La partie du Thibet directement soumise au pouvoir temporel du Talé-lama n’est pas, en effet, plus morale que les contrées où on ne reconnaît que sa suprématie religieuse, et cependant, dès que la frontière du Thibet intérieur est franchie, on ne voit plus de visages vernissés. Sauf l’obligation de porter cet affreux masque, les femmes jouissent au Thibet d’une assez grande liberté ; elles mènent une vie laborieuse et active, tiennent les boutiques, participent largement aux travaux agricoles ; en un mot, elles sont mêlées aux relations d’affaires et même de société. Il ne faudrait pas croire, cependant, que le bouddhisme donne à la femme tartare la position que le christianisme garantit partout à la femme chrétienne. Non ; le bouddhisme permet le divorce et la polygamie, seulement la première épouse est toujours la maîtresse du ménage. Les paga-éme ou femmes secondaires lui doivent obéissance et respect : c’est là le droit ; mais on comprend que la paga-éme, en sa qualité de dernière venue, puisse souvent mettre le fait au-dessus du droit. Quant au divorce, il s’effectue avec une facilité admirable : le mari déclare aux parens de sa femme qu’il ne veut plus d’elle, et tout est dit. On est si bien habitué à ce procédé, que personne ne s’avise de le trouver choquant. »

Le Thibet et les missions françaises dans la Haute-Asie

Eugène Veuillot

A l’époque aucune femme n’était prêtre bouddhiste ni ne vivait dans une lamaserie !

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