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Colbert, ministre de l’Economie modèle ou premier corrompu de France ?

vendredi 9 octobre 2020, par Robert Paris

Colbert, le modèle historique du grand trésorier d’Etat et ministre des finances de l’Etat et de la grande bourgeoisie, qui siphonne l’argent public en volant les plus pauvres

M. Geffroy dans la préface de l’Histoire de Golbert :

« Le roi, écrit-il, décida en le nommant (au conseil des finances) qu’il ordonnerait de beaucoup d’affaires à lui tout seul : c’était lui remettre toute l’administration financière, c’était lui conférer à l’avance une autorité que sanctionna, en décembre 1665, le titre de contrôleur-général, que devaient conserver les ministres des finances jusqu’en 1789. Cette autorité était fort étendue. Le contrôleur-général des finances était non seulement chargé de la perception des impôts ainsi que des paiements au nom du Trésor, mais aussi de tout ce qui pouvait influer sur le revenu de l’État, sur l’assiette et sur le taux des diverses impositions, sur les sources enfin de l’impôt, telles que l’agriculture, le commerce et l’industrie. Il est très difficile de se rendre compte des limites entre lesquelles furent contenus les pouvoirs dont Colbert reçut le dépôt, tant l’ancienne organisation administrative de la France comportait de nombreuses et étranges anomalies. Il eut dans son département, avec les finances, la marine et le commerce, les ports et les fortifications maritimes, toutes les places fortes de ce qu’on nommait alors l’ancien domaine du roi. Ce ne fut pourtant que le 9 mars 1669 qu’il fut chargé officiellement de la marine, des manufactures et du commerce. Bien qu’il eût dès le commencement ces sortes d’affaires dans ses attributions, c’était le secrétaire d’État de la marine, de Lionne, qui contresignait les dépêches ».

Dans tous les livres d’Histoire de France, ou quasiment, on ne tarit pas d’éloges du ministre Colbert. Il a quasiment créé à lui tout seul l’économie française et le fonctionnement de l’Etat !

Il est effectivement un modèle des liens entre intérêts bourgeois privés et Etat central, liens dans les deux sens où la corruption n’est pas accidentelle mais systématique !

Avec Mazarin, Colbert avait été à bonne école : Mazarin s’enrichissait de plus en plus au fur et à mesure que durait son pouvoir... A la fin de sa vie, Mazarin avait amassé une fortune…

Colbert a légué à la postérité, faute de finances saines (il n’y a plus que des trous dans les comptes !!!) l’image ambiguë de ce que ses successeurs nommeront avec ravissement et hypocrisie « un grand homme d’État ».

Loin d’être le défenseur probe des finances publiques tel qu’il est souvent présenté, il s’attaqua comme jamais aux fonds publics comme jamais, avec notamment la banqueroute de trois milliards à Saint-Denis.

Aux colonies, Colbert imposa le "Code Noir" dans lequel il définit une doctrine de l’esclavage. Selon le philosophe français Louis Sala-Molins (1987), le Code Noir est « le texte juridique le plus monstrueux qu’aient produits les Temps modernes ».

Contrôleur général des finances, succédant à Fouquet surintendant des finances du royaume, Colbert a vu passer entre ses mains des fortunes colossales, mais il n’en a pas distrait une part négligeable.

S’il s’est fait connaître comme pourfendeur des dépenses somptuaires de Fouquet (qu’il a dénoncé au roi et fait emprisonner pour prendre sa place en prétendant vouloir la donner au jeune roi), il a dépensé plus encore que son prédécesseur et notamment pour racheter une bonne partie de la région de Sceaux, Fontenay et Chatenay. Cette région se glorifie aujourd’hui de l’avoir hébergé et d’en avoir tiré une notoriété importante, mais c’est oublier sa mainmise sur toutes les richesses de la région, terres, eaux, maisons, châteaux…

Colbert est mort riche et puissant. Il a acheté une grande quantité de titres de noblesse et de charges pour sa famille. Son frère Charles est devenu marquis de Croissy et secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Un autre frère Edouard-François a été élevé au rang de marquis de Maulévrier et de lieutenant général des armées du roi. Son fils Jean-Baptiste est devenu marquis de Seignelay et secrétaire d’Etat à la Marine. Les autres frères et fils ont eu d’autres carrières et titres. Ses filles sont toutes devenues duchesses.

Colbert a accumulé, sur le dos des finances publiques, un patrimoine net de plus de dix millions de livres.

Pour s’enrichir, Colbert a utilisé de moyens divers : confiscations de charges et pensions, richesses de la couronne, exactions contre la population pour lui faire payer toujours plus d’impôts, dragonnades contre les villes, villages et régions qui payaient mal l’impôt. Les dragons avaient feu vert pour piller, violer, brûler, assassiner…

Mais il ne s’est pas contenté de moyens d’enrichissement personnel légaux. Il a mis sur pied, avec son neveu, une opération à grande échelle de falsification de monnaie. Il a organisé la mise en coupe réglée des forêts royales à son propre profit : bois de Bourgogne, forêt de Normandie, etc.

Colbert n’a pas seulement été un ministre corrompu mais surtout corrupteur : il a développé comme jamais auparavant l’alliance entre intérêts privés bourgeois et pouvoirs publics, alliance qui est à la base de la société capitaliste. C’est pour cela qu’il est tellement encensé par toutes les « Histoires de France » comme celui qui a construit l’ « économie française » !

Sous Colbert, les petites gens, qui souffraient autrefois de la faim, en mouraient en masse…

Colbert exerça une telle pression fiscale sur le peuple que ce dernier lui dédiera une chanson satirique : « La bête insatiable ou le serpent crevé ».

« Ci-gît notre invincible roi… », épitaphes satiriques sur la mort de Louis XIV clame :

« Mais ne parlons plus de Colbert,
Et parcourons un peu l’enfer. »

L’enfer sur terre, oui : la France de Colbert crevait de faim !

Le journal bourgeois « Le Echos » écrit en septembre 2013 : « Enrichir la France pour qu’elle soit « le premier royaume d’Europe et son roi le premier roi » : tel fut l’objectif, le programme de Jean-Baptiste Colbert, le grand argentier de Louis XIV, de 1665 à sa mort, en 1683. »

Dans un Mémoire au roi, Colbert explique sans détour : « Il est certain et démonstratif que l’on ne peut augmenter la quantité d’argent qui roule en France que si on ôte la même quantité aux Etats voisins. » Conception agressive assumée par Colbert : « Le commerce est une guerre d’argent. »

Bossuet peut bien écrire : « Ils meurent de faim ! » et Fénelon : « Au lieu de tirer de l’argent de ce pauvre peuple, il faudrait lui faire l’aumône et le nourrir ? »

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