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Personne ne peut lutter à notre place, personne ne peut décider à notre place et personne ne peut gagner à notre place !!!

mardi 19 octobre 2010, par Robert Paris

La grève n’est une arme que pour une classe qui s’organise, affirme ses formes de décision et d’action et pas pour des travailleurs désorganisés qui suivent des appareils liés par mille liens aux classes dirigeantes

L’alternative n’est pas seulement 60 ou 62 ans, ni 65 ou 67 ans mais aussi le socialisme ou la barbarie !

Contrairement à ce prétendent toutes les organisations, malgré les sentiments unanimes contre cette réforme, rien de sérieux n’a été fait qui aurait permis de faire reculer le gouvernement sur sa casse programmée des retraites. Bien sûr, les grévistes et les manifestants peuvent croire le contraire puisqu’ils pensent s’être exprimés nombreux contre "la réforme" et tout a été fait pour leur faire penser que Sarkozy "devait entendre la rue". Mais c’est faux. Il a tout intérêt à ne pas les écouter. Politiquement, il est mort s’il recule. Socialement, il perd la partie pour les classes dirigeantes qui veulent faire payer les travailleurs.

Alors nous ne pouvions pas gagner de toutes les manières ? Pas du tout ! C’est grâce aux méthodes des bureaucraties syndicales et politiques que nous ne pouvons que perdre. C’est là leur rôle... Elles font mine d’être une direction des salariés et elles nous dirigent dans le mur !

Dans toute l’Europe, les journées d’action n’ont pas permis de faire reculer les gouvernants. La journée très suivie et qui a bloqué l’économie en Espagne n’a rien donné, pas plus que les multiples journées d’action des travailleurs grecs ou que nos journées d’action en 2009 et 2010. Quant à la confiance que l’on peut faire aux dirigeants syndicaux, le lâchage récent de la grève générale d’Afrique du sud en dit long : elles ont fait reprendre le travail au moment même où les fonctionnaires, en grève très massive et dynamique, pouvait gagner, parce qu’elle était enfin suivie par le secteur privé, et surtout par son secteur le plus important : les mineurs...

Les centrales ont prétendu que, dans ce mouvement des retraites, elles suivaient démocratiquement les décisions des grévistes, mais cela est faux. C’est l’intersyndicale qui a tout décidé bureaucratiquement en ce qui concerne les rythmes et les moyens d’action. Elles ont programmé des journées sans grève qui diffusaient un message inverse de celui qu’il aurait fallu. Elles disaient aux travailleurs du privé : vous pouvez agir à l’économie sans faire grève. Notre action va vous permettre d’agir à votre place et vous pourrez vous y associer sans entrer en lutte. C’est le message inverse qu’il fallait livrer.

Chaque journée d’action a été présentée mensongèrement comme le moment crucial : "cette fois mardi , c’est déterminant... samedi c’est le tournant... dimanche le jour du seigneur, ....lundi c’est la semaine importante qui commence."

Pourtant ces bureaucraties organisent dans le même temps le sabotage des grèves, comme sur la ligne A du RER (merci l’UNSA et les autres).

Voyant que le mot d’ordre de journée d’action s’usait, elles avaient fait mine de reprendre l’idée de la grève reconductible. Elles l’ont démarré dans les terminaux pétroliers ou les ports, puis les transports et maintenant les routiers. Mais elles se sont contentées de le faire dans quelques secteurs sans appeler à la généralisation sous prétexte de se plier à des décisions démocratiques de travailleurs qui n’ont jamais été appelés à décider !

Comme si le blocage de l’essence, celui des routes, celui des transports pouvait remplacer l’action d’ensemble de la classe ouvrière. Et cette dernière a été limitée à des journées de manifestations, y compris sans grève. Les lycéens et les étudiants, même très déterminés, ne se substitueront pas à l’action de la classe ouvrière.

Bien sûr, la lutte n’est pas presse-bouton et une mobilisation nationale ne se décrète pas. Cela ne signifie pas qu’il faille propager des mensonges sur les enjeux et les perspectives de la lutte quand on est une organisation qui prétend défendre les intérêts des travailleurs...

Quels mensonges ? Sur les enjeux ? Sur les perspectives ? Sur les moyens d’action ?

Faire croire qu’en face de nous, il n’y aurait que Sarkozy est un premier mensonge et non le moindre !

Alors, à lui tout seul, avec ses petits bras et son cerveau étriqué, il serait en train de battre la classe travailleuse tout entière unie à la jeunesse, toutes organisation agissant ensemble ? C’est superman ?!!!

Non, derrière Sarkozy il y a toute la classe dirigeante : des trusts, des banques, des assurances, des compagnies privées, publiques ou semi-publiques, de la finance, de la bourse, du commerce, de l’agro-business... Ce n’est pas un bras de fer avec la droite sarkozyste mais avec la classe dirigeante. C’est effectivement une lutte de classe et ça change tout. cela change les enjeux et les moyens à mettre en oeuvre...

On comprend bien l’intérêt de ce discours selon lequel tout viendrait de Sarkozy puisqu’il y a derrière l’appareil du parti socialiste qui lorgne la place... Mais, même avec le PS au pouvoir, il faudrait travailler plus longtemps et nous ne pourrions sauver nos retraites car le PS veut d’abord sauver les capitalistes...

Un mensonge par omission est aussi commis par tous ceux qui prétendent nous mobiliser en nous disant : il suffit d’être nombreux dans la grève et dans la rue. C’est la crise économique mondiale du capitalisme. Celle-ci, loin d’être terminée, n’en est qu’à son premier épisode et sans doute encore le moindre. L’économie américaine à nouveau en perfusion à coups de centaines de milliards de dollars le montre bien. Là aussi, cela change tout. Faire reculer un gouvernement sur un décret, c’est une chose. Faire reculer une classe dirigeante qui joue son pouvoir et son avenir, c’est tout autre chose. C’est la bourgeoisie mondiale qui a les yeux fixés sur la France et qui ne voudrait surtout pas que Sarkozy recule d’un pouce !

Car, s’il recule, c’est toutes les mesures de rigueur que les classes dirigeantes comptent nous faire avaler qui sont remises en question et pas seulement la gestion des caisses de retraites.

Si la bourgeoisie devait reculer en France, les travailleurs de toute l’Europe et même du monde entier en seraient informés et que pensez-vous qu’ils en tireraient comme leçon ?

Cela signifie qu’on ne peut pas gagner sans y mettre toute la classe ouvrière ensemble. Mais même cela ne suffit pas. Il ne suffit pas de parler de grève générale ni même de la réaliser.

Vous êtes des radicaux et vous voulez mettre le feu, pensent certains en lisant cela. Pas du tout ! Ce n’est justement pas la radicalité des actions qui est déterminante. Faire peur aux classes dirigeantes pour les obliger à reculer, ce n’est pas manifester, bloquer, mettre le feu.

La crise change complètement la donne. Si la classe ouvrière sait s’organiser, elle peut devenir le fer de lance de toutes les couches sociales sacrifiées par le grand capital. Inversement, si elle se laisse mener par les bureaucraties, elle apparaitra comme une faiblesse et non comme une force. pensez donc ! Une classe qui a été battue par le seul Sarko !!!

Et, en période de crise du système, quand la classe ouvrière n’est pas l’aimant qui attire les classes moyennes paupérisées, c’est le fascisme qui joue ce rôle... Oui, dans toute l’Europe, la bête immonde monte. En Grèce, par exemple, il n’y pas que des journées d’action, il y a aussi des groupes nazis qui tiennent des places de la capitale et cognent jusqu’au sang les immigrés avec la complicité policière. En Grèce, il y a aussi des forces armées qui, lors d’un défilé officiel, on crié des slogans fascistes et xénophobes... Il y a aussi une petite bourgeoisie qui, comme dans toute l’Europe, peut basculer si les travailleurs ne se manifestent que par des promenades syndicales sans perspective...

Oui, il faut nous unir, nous les travailleurs du privé et du public, jeunes et vieux, avec ou sans papiers, mais c’est aussi pour nous unir aux paysans, aux artisans, aux épargnants, aux marins pêcheurs, aux étudiants que la crise commence à frapper.

Faire peur aux classes dirigeantes, c’est commencer à organiser de manière autonome la classe ouvrière.

C’est constituer partout des comités, des collectifs, des coordinations, des interprofessionnelles, des assemblées qui unissent tous les secteurs des salariés, c’est débattre dans ces réunions de tout, ces problèmes de toute la société et pas seulement des retraites, de notre avenir qui est gravement compromis par la faillite du système capitaliste. Rien ne ferait plus peur aux patrons que de voir dans leur entreprise que les directions syndicales dites "responsables" ne soient plus les seules à lui faire face, que les salariés prennent les décisions eux-mêmes, décident des tracts, des banderoles, des slogans, des objectifs, élisent leurs délégués dans le feu de la lutte.

Travailleurs, personne ne peut lutter à notre place, personne ne peut décider à notre place et personne ne peut gagner à notre place !!!

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