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Charlie Chaplin, un rouge !
mercredi 29 février 2012, par
Charlie Chaplin, un rouge !
Les lumières de la ville, le kid, les temps modernes, l’immigrant et le dictateur, les films qui ont le plus fait connaitre Chaplin, sont tous marqués socialement politiquement... Tous attaquent directement le système social et pointent ouvertement la division de la société en classes. Tous prennent parti clairement et nettement. Mais il faut avoir vu Monsieur Verdoux pour savoir ce que Chaplin pensait de la société bourgeoise, de l’Etat, de la guerre, de la religion, des classes dirigeantes... Ces dernières sont présentées comme bien plus criminelles que l’assassin Landru !
"Quelles sont vos opinions politiques ? Pourquoi n’avez-vous pas adopté la nationalité américaine ? Tournerez-vous encore des films avec le Tramp ? Tournerez-vous d’autres films à message ?" Voilà quelques-unes des nombreuses questions posées à Charles Chaplin par des journalistes acerbes et hostiles, lors de la conférence de presse de Monsieur Verdoux. Chaplin s’y attendait, il avait d’ailleurs ouvert les hostilités en lançant un vibrant : "Que le massacre commence !"
Citons le dans le film : "Lorsqu’on tue à l’unité, on est un criminel ; quand on tue les gens par milliers, on est militaire et on reçoit des médailles..."
Mr Verdoux :
“Quant à l’assassinat collectif, le monde ne l’encourage-t-il pas ? Ne construit-il pas des armes de destruction dans le seul but d’assassiner en masse ?”
Et il dit à un journaliste venu l’interroger dans sa cellule : “Un meurtre fait un bandit, des millions, un héros. Le nombre sanctifie.”
Charles Chaplin :
« Je crois qu’une démocratie qui ne peut pas contenir tous ses ennemis, aussi virulents soient-ils, est finie en tant que démocratie. »
Charlie Chaplin :
"Je suis un internationaliste, pas un nationaliste, et je ne changerai pas de nationalité."
"J’ai voyagé à travers le monde, et mon patriotisme n’est pas resté qu’à un seul endroit, il est resté avec le monde entier, la compassion pour le monde entier et les gens du peuple, et cela inclus ceux qui m’attribuent cette sorte de patriotisme."
"J’ai l’intention de me rendre en Russie, parce que ce grand pays et ses tentatives de reconstruction sociale pour sortir du chaos m’intéressent énormément." (1921)
Charlie Chaplin, de son vrai nom Charles Spencer, est né le 16 avril 1889, à East Lane, l’un des quartiers les plus pauvres de Londres. Ce dernier, est issu d’une famille appartenant au monde du spectacle.
Son père travaillait dans un music-hall, et était célèbre pour sa voix de baryton, alors que sa mère elle, était une danseuse d’opérette ainsi qu’une actrice passionnée par la scène se produisant sous le nom de Lily Harley. Charlie Chaplin n’a pas connu les joies d’une enfance facile, ses parents s’étant séparés avant ses trois ans. De plus, son père est décédé très jeune suite à l’alcool, laissant peu de souvenirs paternels à Chaplin. Quant à sa mère, celle-ci souffrait de graves troubles nerveux, qui la menèrent à l’hôpital psychiatrique en 1894. Charlie et son frère, Sydney, sont alors placés dans un orphelinat à Hanwell. Cette enfance critique, laisse de tristes souvenirs à Chaplin, comme la pauvreté, la famine ou bien l’absence d’un cadre familial, dont il s’inspirera pour la réalisation et le choix des sujets de ses films.
Charles Spencer Chaplin passe son enfance dans une troupe de théâtre. En 1912, il s’installe aux Etats-Unis et travaille pour la compagnie de film Keystone. En 1914, à partir de la création du personnage de Charlot, il a un succès considérable. En 1920, Chaplin est l’une des plus grandes fortunes du jeune Hollywood imposant ses sujets et ses productions qui devaient devenir des classiques. Le personnage de Charlot est certainement la réponse des misérables aux puissants du moment. Il défie l’ordre, combat les flics, crève "la dalle" et dort avec des chiens ou avec un ...gamin. The kid a un énorme succès et le film touche énormément le grand public. En fait, Chaplin était révolté par les injustices de son époque. Ainsi, il vit les ouvriers des usines de Détroit dans les années 30 devenus des loques au travail à la chaine. Ce sera "Les temps modernes" l’un des plus grands films à message de cet éternel vagabond. Ses films prirent peu à peu une dimension politique ! Encore absente des Lumières de la ville, elle fut manifeste dans les Temps modernes où il fait une description virulente du travail à la chaîne. Dans ces deux premiers parlants, Charlot reste cependant silencieux. Abandonnant par la suite le personnage du vagabond, il endossa des rôles différents. Marquant cette transition, le Dictateur, véritable pamphlet anti-hitlérien, utilise toutes les ressources du parlant. Chaplin traita ses sujets en mélangeant satire et pathétique, et en révélant un amour de l’humanité et de la liberté individuelle.
Il ne lui faudra pas plus de cinq années pour s’imposer. Il aura réalisé et joué dans plus de soixante-dix courts et moyens métrages, où il célèbre le personnage de Charlot, clochard frondeur et généreux. En 1921, il réalise son premier long métrage ’The Kid’, une oeuvre bouleversante. Ses films dénonceront les injustices de la société américaine, tout en refusant initialement le passage au cinéma parlant (’ L’ Opinion publique’ en 1923, ’Les Temps modernes’ en 1936). Les Temps modernes sont une satire sans concession du travail à l’usine, de ses nouveaux systèmes comme le taylorisme et la robotisation, mais surtout l’exploitation exacerbée.
Avec le parlant, Chaplin enterre Charlot et s’attaque aux plus sombres pulsions de l’époque : ’Le Dictateur’ (1940) reste la critique cinématographique la plus intelligente produite contre le fascisme. En 1952, il réalise son dernier chef-d’oeuvre, le tragique ’Limelight’. Entre-temps, ses sympathies communistes inquiètent le CIA, qui le force à un exil européen. Il réalisera deux dernier films, dont un colorisé.
Dès qu’il ouvre ses propres studios, Chaplin ne cache pas ses amitiés pour certains sympathisants socialistes ou communistes. Son oeuvre cinématographique est dès lors, marquée par une critique de la société et une volonté tout au moins de défendre les plus pauvres : dans le Kid (1921) par exemple. Dans la Ruée vers l’Or (1925), il égratigne également le rêve américain en montrant que tous les chercheurs d’or ne font pas fortune, bien au contraire.
Avec les Temps Modernes (1936), Chaplin bien sûr, nous offre une belle critique du taylorisme, de l’aliénation de l’homme par la machine....ah, cette prodigieuse machine à nourrir les ouvriers est diaboliquement drôle. Sa critique n’en demeure pas moins prudente quant aux mouvements de foule. Dans le film, Charlot ramasse un drapeau rouge tombé d’un camion, le brandit pour le rendre à son propriétaire. Une horde de manifestants en colère le suit. alors...Il devient bien malgré lui, le porte drapeau d’une manifestation.
En 1947, Chaplin fut accusé de sympathies communistes par la Commission des activités anti-américaines. L’hostilité à son égard ne désarma pas et, en 1952, il quitta les États-Unis pour l’Europe. En 1953, Chaplin, venu faire la promotion d’un de ses films à Londres, se voit interdire tout retour en Amérique, en proie à la fièvre anti-soviétique du MacCarthysme, malgré ses dénégations sur ses sympathies communistes. Un roi à New York, tourné en Grande-Bretagne en 1957, contient une violente condamnation de l’obscurantisme du maccarthysme. Installé en Suisse, il ne retournera qu’une seule fois aux États-Unis pour y recevoir un oscar récompensant sa contribution à l’industrie cinématographique.
Qu’en dit Chaplin ? Etait-il communiste ?
« Voyez-vous, ma pensée politique a été forgée par quatre de mes amis auxquels je vouais une admiration considérable. Que ce soit Frank Harris, Max Eastman, Rob Wagner ou Upton Sinclair, tous quatre avaient épousé les idées socialistes et pensaient que la Révolution russe de 1917 marquerait le début d’une ère nouvelle de liberté et de bonheur pour les masses. Mais bon, est-ce que le fait d’avoir côtoyé ces personnes fait de moi un communiste ? Est-ce que le fait, dans certains de mes films, de voir le Vagabond en butte au pouvoir politique et économique fait de moi un communiste ? Voyez-vous, la presse a ce pouvoir de magnifier le moindre de nos gestes en un événement sous lequel on est vite, trop vite, catalogué. Ma renommée était telle, que chacune de mes déclarations faisait les gros titres. Lorsque j’ai visité l’Union Soviétique en 1921, les médias ne se sont pas privés de relater l’événement. Les exemples de ma sympathie pour le communisme pourraient être nombreux. Oui, effectivement, je me suis intéressé à ce grand pays qu’est la Russie et ses efforts de reconstruction sociale après le chaos. Et alors ? Où est le problème ? Si je m’étais intéressé à la religion musulmane, m’aurait-on taxé de fervent pratiquant des croyances d’Allah ? Non, Monsieur, je n’ai jamais partagé les idées des Rouges. Mon enfance misérable m’a appris que les pauvres sont des êtres nobles, mais qu’il n’y a rien de noble à le rester. Pour aller plus loin, sachez que le capitalisme, basé sur une présomption d’inégalité financière, doit cependant s’écrouler un jour ou l’autre sous le poids de sa culpabilité auto destructrice. »
Quatre courts métrages de Chaplin
« Toute la poésie que j’ai acquise - et la souffrance m’a révélé la vanité des choses terrestres – je tente de la définir dans mes comédies. Je m’efforce de fixer sur la pellicule mon doute philosophique de la vie. »
Messages
1. Charlie Chaplin, un rouge !, 5 avril 2012, 10:28, par Jolie Môme
Ciné-concert : BERLIN, SYMPHONIE D’UNE GRANDE VILLE
Jeudi 5 avril à 20h à la Belle Etoile
Extra-ordinaire documentaire de Walter Ruttmann (1927), mis en musique par The Somnambulist.
Une présentation vidéo est disponible ici
Réservations au 01 49 98 39 20 - Tarif : 8 euros / réduit : 6 euros
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INFLAMMABLE par la compagnie Jolie Môme
Représentation unique à la Belle Étoile
Mercredi 25 Avril à 20h30
Réservations au 01 49 98 39 20
http://www.cie-joliemome.org/spip.php?article666
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MICHTO par la compagnie Tamérantong
Dimanche 29 avril à 15h et 19h
http://www.cie-joliemome.org/spip.php?article675
2. Charlie Chaplin, un rouge !, 30 septembre 2012, 20:46
En 1954, il donne deux millions de Francs à l’Abbé Pierre et à Emmaüs, soit environ 40 500 euros (en valeur 2010), à la suite de l’appel de 1954. Il déclare à cette occasion : « je ne les donne pas, je les rends. Ils appartiennent au vagabond que j’ai été et que j’ai incarné. »
3. Charlie Chaplin, un rouge !, 30 septembre 2012, 20:48, par Robert Paris
Les renseignements britanniques avaient été chargés en 1952 par l’ambassade américaine d’enquêter sur le cinéaste, accusé d’avoir fait un don caché au parti communiste américain en 1923 et de continuer à entretenir des liens avec le PC. En plein McCarthysme, l’ère de la chasse aux sorcières anti-communistes, les Etats-Unis cherchaient à bannir le réalisateur du pays.
Le FBI, qui avait amassé plus de 2.000 pages sur Chaplin, demanda au MI5 si il voyait "des personnes haut placées" à Londres et d’établir tout lien qu’il aurait avec le parti communiste. Le renseignement américain souhaitait aussi savoir où Charlie Chaplin était né et suggérait que son vrai nom était Israel Thornstein, patronyme d’un juif russe.
Mais ils ont fait chou blanc, comme l’attestent les dossiers du MI5 rendus publics par les Archives nationales britanniques.
4. Charlie Chaplin, un rouge !, 2 octobre 2014, 00:29, par Serge LEFORT
ll ne faudrait pas abuser le la tequila (sourire).
Chaplin fut un ardent propagandiste de la première guerre mondiale. Qu’on se le dise !
1. Charlie Chaplin, un rouge !, 2 octobre 2014, 12:02, par Robert Paris
Tu as parfaitement raison, Chaplin a défendu bien des choses diverses, à différents moments de sa vie. Il était aussi un bourgeois tout simplement. Cependant, son film "Charlot soldat" est très loin du type de description de la vie des tranchées qu’on nous assène tous les jours dans les média... Il traite avec humour le personnage d’un homme transformé de force en soldat et traité en héros.
2. Charlie Chaplin, un rouge !, 2 octobre 2014, 13:03, par Robert Paris
Citons le dans un film : "Lorsqu’on tue à l’unité, on est un criminel ; quand on tue les gens par milliers, on est militaire et on reçoit des médailles..."
C’est la révolution russe de 1917 qui a changé son point de vue.
Comme Frank Harris, Max Eastman, Rob Wagner ou Upton Sinclair, tous quatre ses amis, Chaplin pensait que la Révolution russe de 1917 marquerait le début d’une ère nouvelle de liberté et de bonheur pour les masses.
3. Charlie Chaplin, un rouge !, 3 octobre 2014, 20:21, par Serge LEFORT
Il a récidivé en participant ardemment à la guerre de propagande d’Hollywood entre 1939 et 1945.
Je me moque de "Charlot soldat" ou du "Dictateur" qui n’excusent pas son engagement nationaliste. Il a participé avec ardeur aux tournées organisées dans tous les États-Unis pour justifier la guerre en 14 comme en 39.
4. Charlie Chaplin, un rouge !, 3 octobre 2014, 20:40, par Robert Paris
Tu as parfaitement raison : ce n’est pas un homme politique notre Charlot mais il est bien sympathique par moments quand même. Il me fait un peu penser à Einstein. Il a cautionné la bombe atomique mais était attiré par la révolution russe lui aussi.
5. Charlie Chaplin, un rouge !, 30 novembre 2017, 16:06, par mingus
Chaplin ? défenseur de la 1e guerre mondiale ?? en êtes vous certain ?...il n avait pas 15 ans pour la première guerre mondiale !
Quant à la 2e guerre mondiale, il était bien sur contre le fascisme qu il fallait combattre. Ça n enléve rien qu’il était contre la guerre. Ses messages sont assez clairs sur ce sujet, tout comme le film " le dictateur"
6. Charlie Chaplin, un rouge !, 1er décembre 2017, 08:38, par Robert Paris
Oui, Chaplin est plutôt du bon côté mais pas l’impérialisme américain qui ne fait pas la guerre contre le fascisme !
5. Charlie Chaplin, un rouge !, 26 avril 2017, 08:33
Chaplin dans « Le dictateur » :
« Je dis à tous ceux qui m’entendent : Ne désespérez pas ! Le malheur qui est sur nous n’est que le produit éphémère de l’habilité, de l’amertume de ceux qui ont peur des progrès qu’accomplit l’Humanité. Mais la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront et le pouvoir qu’ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples. Et tant que des hommes mourront pour elle, la liberté ne pourra pas périr. Soldats, ne vous donnez pas à ces brutes, à une minorité qui vous méprise et qui fait de vous des esclaves, enrégimente toute votre vie et qui vous dit tout ce qu’il faut faire et ce qu’il faut penser, qui vous dirige, vous manœuvre, se sert de vous comme chair à canons et qui vous traite comme du bétail.
Ne donnez pas votre vie à ces êtres inhumains, ces hommes machines avec une machine à la place de la tête et une machine dans le cœur.
Vous n’êtes pas des machines.
Vous n’êtes pas des esclaves.
Vous êtes des hommes, des hommes avec tout l’amour du monde dans le cœur.
Vous n’avez pas de haine, sinon pour ce qui est inhumain, ce qui n’est pas fait d’amour.
Soldats ne vous battez pas pour l’esclavage mais pour la liberté.
[...]
Ces brutes vous ont promis toutes ces choses pour que vous leur donniez le pouvoir : ils mentaient. Ils n’ont pas tenu leurs merveilleuses promesses : jamais ils ne le feront. Les dictateurs s’affranchissent en prenant le pouvoir mais ils font un esclave du peuple.
Alors, il faut nous battre pour accomplir toutes leurs promesses. Il faut nous battre pour libérer le monde, pour renverser les frontières et les barrières raciales, pour en finir avec l’avidité, avec la haine et l’intolérance. Il faut nous battre pour construire un monde de raison, un monde où la science et le progrès mèneront tous les hommes vers le bonheur. »