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Trois révoltes en Corée du sud (1945-1960-1980)

lundi 26 juillet 2010, par Robert Paris

1945 : l’armée américaine écrase et occupe la Corée du sud et y impose une dictature sanglante sous prétexte de sauver le pays des mains de l’impérialisme japonais

... celle de Syngman Rhee

Russes et Américains mettent en place leur dictature "coréeenne" au nord et au sud :

Écrasement de la révolution de 1945-1946 en Corée du sud avec la complicité américaine et russe (fosses communes des victimes de la répression)

Photos du soulèvement du Kwangju (1980) qui finit par renverser Syngman Rhee

La chute de Syngman Rhee :

Le mouvement ouvrier en Corée, une force considérable

Trois révoltes en Corée du sud

INTRODUCTION

Rappelons d’abord que ce sont les impérialismes anglais et américain qui ont exigé de Staline qu’il occupe militairement le nord de l’Asie et notamment le nord de la Corée pendant qu’eux occupaient le sud. Rappelons également que cela n’avait pas un but militaire car la guerre se gagnait alors au Japon écrasé sous les bombes et qui ne demandait qu’à capituler. Ce qui motivait ces impérialismes, c’est la crainte d’une révolution sociale. En Corée, frappée par la misère et le féodalisme, la révolution sociale était une évidence frappante et la population s’y préparait de manière non camouflait. Le peuple travailleur comptait bien en finir avec les souffrances sociales et politiques en même temps qu’avec la domination japonaise.

L’opposition entre gouvernement du nord et du sud, entre stalinisme et impérialisme a été complètement instrumentalisé afin de servir de justification pour écraser la révolution sociale et il l’est encore aujourd’hui.

En 1945, en Corée comme au Vietnam et dans toute l’Indochine, des soulèvements ont suivi le départ des troupes japonaises. Des comités du peuple se sont formés partout, organisés sous forme soviétique et se préparant en vue du pouvoir. L’armée américaine a dû les écraser dans le sang avant de mettre à la tête d’une dictature militaire au sud son homme de paille Sungman Rhee (qui s’est tout de suite distingué en écrasant lui aussi dans le sang les puissantes grèves générales de 1946 et 48) alors que le nord était occupé par les troupes russes qui ont placé à la tête du pays Kim Il Sung, un leader de guérilla militaire contre le Japon. Au sud, les militaires ont remis sur pied à la fois l’Etat et l’économie et ils ont instauré des relations privilégiées avec les trusts, les chaebols, relations qui institutionnalisent la corruption : un véritable système d’aide mutuelle qui a permis aux chaebols comme aux généraux de prospérer. Samsung doit tout au premier président le féroce dictateur Sungman Rhee et Daewoo ne serait rien sans le président Park. En contrepartie, certains ont fait fortune comme Roh qui a constitué la modeste cagnotte de 650 millions de dollars ! Ce pays qui a été gouverné dictatorialement par des équipes de chefs militaires s’est vu contraint de les retirer de la scène politique : les généraux Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo qui ont gouverné respectivement de 80 à 87 et de 88 à 92 ont été contraints de démissionner de l’armée. Le général Roh a été condamné à 22 ans et demi de prison pour corruption. Le général Chun a été condamné à la peine capitale (commuée en prison à vie) pour avoir conduit le putsch militaire de 79 et réprimé dans le sang une manifestation étudiante. Tous les deux ont été également déclarés responsables du massacre de la commune de Kwanju en mai 1980. C’est dire à quel point actuellement l’armée est sur le plan politique complètement mise à l’écart de la direction des affaires.

C’est dans les années 80 que la bourgeoisie coréenne a commencé à trouver le prix de la dictature militaire trop coûteux. Le pays devenant riche et développé, elle préférait une autre forme de direction politique, sans coups d’Etat, sans répression et révoltes permanentes. Et c’est aussi de là que vient l’explosion de 87. En effet, les militaires se sont accrochés au pouvoir et on a vu pendant des années non seulement les classes pauvres et les travailleurs mais toute une partie des fils de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie se battre pour en finir avec la dictature militaire, participant à des manifestations, arrêtés, torturés, assassinés, choisissant une vie militante dans des organisations clandestines plutôt que l’intégration sociale, pour lutter contre ce pouvoir détesté. De là est né le mouvement des ouvriers et des jeunes.

TROIS REVOLTES

1- 1945-1948

2- Avril 1960

3 - Mai 1980

Corée 1945-1948

En Corée les alliés avaient décidé d’un système d’occupation apparemment absurde et qui allait donner lieu au pire affrontement de la guerre froide en 1950 mais qui, en cette fin de guerre mondiale, correspondait aux différentes zones dans cette région. En effet la péninsule coréenne était divisée en deux, une partie sous occupation russe et une autre sous occupation américaine, les deux étant séparées par le 38ème parallèle. En fait en disant cela on oublie lune grande part du problème, on attribuait à la Chine la partie de la Corée continentale, le Kan Do, prise lors des conquêtes militaires et cela allait s’avérer très important par la suite.

Au départ cette division discutée lors des conférences de Téhéran en 1943 et Yalta en 1945 devait être provisoire. Les premiers arrivés sur place sont les russes au nord le 24 août 1945. Puis les USA arrivent un mois plus tard au sud en septembre 45. Des deux côtés tout est programmé et aucun des deux camps n’a l’intention de demander à la population de décider. Les russes ont dans leurs bagages Kim Il Sung qu’ils comptent imposer comme dirigeant sous l’étiquette parti communiste. Pourtant il existe en Corée un parti communiste clandestin dont Kim n’est pas le dirigeant mais c’est l’homme des russes et dans l’ambiance d’effervescence sociale les russes s’en méfient comme ils se méfient de tous les militants démocrates ou syndicalistes qui vont très vite peupler leurs prisons. Pour se débarrasser du réel parti communiste coréen, les russes vont avoir de grandes difficultés car il faut s’en débarrasser à la fois au nord et au sud. Au nord cela se fera sous l’occupation militaire russe, les anciens dirigeants iront en prison ainsi qu’au fur et à mesure tous les opposants à Kim Il Sung. Au sud, ce sera beaucoup plus difficile d’autant que traditionnellement la direction du parti communiste résidait au sud à Séoul et que le parti va rester un seul parti malgré la division du pays.

Des deux côtés, il y a la même situation catastrophique pour la population qui se traduit tout de suite par une explosion sociale La misère des travailleurs est catastrophique. Le nombre des morts est considérable. Et, en plus la population sort de nombreuses années d’occupation japonaise où ils ont souffert atrocement. Ce n’est pas pour accepter facilement une autre occupation militaire. Enfin, très vite le problème du partage du pays en deux qui semble être du provisoire qui dure va devenir un problème politique de premier ordre, empêchant les deux pouvoirs de se stabiliser et de gagner du crédit.

En effet, sur ordre de Staline, Kim Il Sung au nord va défendre la division du pays de la même manière qu’au sud le fantoche des américains Syngman Rhee, un dictateur d’extrême-droite corrompu et ultra-violent. Des deux côtés, la classe ouvrière va s’opposer à cette division et en particulier les syndicats d’origine plutôt anarcho-syndicalistes avec des militants d’extrême gauche et qui ne sont pas encore contrôlés par le parti communiste. La pression est telle au sud que le parti communiste sud coréen prend son indépendance politique de la direction du nord en août 46. Mais en même temps il le fait sur des bases tout ce qu’il y a de moins révolutionnaire, du moins dans un sens prolétarien. La thèse d’août qui souligne cette indépendance politique à la fois n’accepte plus la division du pays mais affirme qu’il faut mener une révolution bourgeoise en vue de la réunification, révolution qui aura pour base les campagnes et non les villes. Et cela signifie aussi que le PC du sud appelle les ouvriers et les paysans à rejoindre les montagnes pour y organiser la guérilla. Le syndicat des ouvriers du sud va s’opposer violemment à ces propositions. En effet, les travailleurs sont très loin de se sentir impuissants dans leurs luttes dans les usines au point d’aller se retrancher dans les montagnes. La thèse du caractère bourgeois de la révolution n’est pas mieux acceptée.

En fait, dans les usines c’est à une offensive ouvrière que l’on assiste en Corée du sud. L’insurrection ouvrière part de deux villes : Taekou, grande ville du sud est et Busan le grand port du sud. C’est un soulèvement spontané qui débute par une grève des cheminots et qui se termine par de véritables affrontements armés, les travailleurs s’étant organisés en milice ouvrière. Partout des comités de grève sont mis en place et la grève s’étend à de nombreuses autres villes. La réaction des troupes américaines est très violente. La répression s’étend à tout le pays contre les syndicats et les militants radicaux. Le PC du sud qui n’était pour rien dans le mouvement est interdit. La dictature de Syngman Rhee devient féroce. Des opposants politiques et des dirigeants syndicalistes sont assassinés comme le leader anarcho-syndicaliste.

Kim Ku et le dirigeant social-démocrate Yo Un Hyong. Le Parti communiste a été contraint de passer dans la clandestinité totale. La direction politique du PC du nord en profite pour réussir pour la première fois à établir sa domination sur l’ensemble du parti communiste.

En 1946-47, loin de se stabiliser, le régime de Corée du sud est attaqué sur tous les fronts : mutineries militaires, insurrections paysannes, mouvements politiques dans les villes contre le régime de Syngman Rhee et mouvements sociaux. Le pouvoir central de Séoul est tellement affaibli qu’il est contraint de laisser les paysans occuper toute une région dite libérée. Le PC du sud décide de s’investir dans cette révolution paysanne et il appelle à nouveau les ouvriers à le suivre. La plupart des ouvriers et des militants intellectuels qui vont suivre cet appel sont massacrés avant même qu’ils aient pu rejoindre la région ni s’armer. Le PC du sud va quand même prendre la direction politique de ces paysans insurgés. Il leur conseille de quitter les terres agricoles pour rejoindre les montagnes et effectivement cette guérilla va tenir là jusqu’à la guerre de Corée en 1950, où elle fera sa jonction avec l’armée nord coréenne. Paradoxalement c’est cela qui lui sera fatal car le régime de Corée du nord n’avait nullement envie de soutenir les paysans du sud et va les abandonner en cessant de les armer dès l’offensive américaine.

Au lendemain de la Libération, le placement de la Corée sous la tutelle des Soviétiques et des Étasuniens, de part et d’autre du 38e parallèle, fut l’occasion d’implanter les embryons des régimes antagonistes que nous connaissons aujourd’hui. Au sud, les idées économiques préconçues de l’administration d’occupation américaine (l’USAMGIK) se traduisirent par une libéralisation du marché des céréales qui provoqua une effrayante spéculation sur le marché du riz. En effet, la Corée du Sud, largement agricole, était le grenier à blé du Japon pendant la colonisation. Or la pénurie se faisant sentir dans l’archipel, certains producteurs renouèrent les anciennes relations avec le Japon, qui manquait alors de riz, en raison de la mobilisation massive des paysans pour l’armée et de la perte de son empire colonial. Le prix du riz flamba en Corée, et les villes ne furent plus approvisionnées, car les spéculateurs préféraient vendre au Japon, au prix le plus fort. Les autorités américaines firent immédiatement machine arrière et imposèrent des restrictions non seulement sur la vente du riz, mais aussi sur celle des autres céréales, selon des normes si dures que certains producteurs regrettèrent le temps des Japonais. À Taegu, dans le sud du pays, une furieuse révolte mit aux prises les paysans et des sympathisants « de gauche » aux autorités. Plusieurs centaines de policiers et de manifestants furent tués avant que des troupes américaines ne rétablissent l’ordre.

Le régime stalinien de Corée du Nord

L’effondrement soudain de l’administration coloniale japonaise entraîna une explosion populaire. Sorti de la clandestinité, le Parti communiste constitua une coalition avec tous les mouvements nationalistes. Des comités de préparation à l’indépendance de la Corée surgirent dans tout le pays. Le 6 septembre 1945, une conférence nationale de ces comités, réunie à Séoul, proclama la naissance de la République Populaire de Corée (RPC).

Suivant en cela la ligne définie par Moscou, le Parti communiste coréen, qui était de loin le courant le plus puissant dans ce mouvement, s’efforça de contenir l’explosion des revendications sociales parmi les masses exploitées. Prétendant que l’heure était à l’émancipation nationale et non à l’émancipation sociale, sous le prétexte fallacieux que toute autre politique diviserait la « nation coréenne », le Parti communiste mit les masses pauvres de Corée à la remorque politique de leurs propres exploiteurs comme le firent d’ailleurs les partis communistes dans le monde entier durant cette période et utilisa leur mobilisation pour garantir la continuité de l’ordre capitaliste.

Mais ce respect pour l’ordre capitaliste ne suffit pas au PC coréen à gagner les faveurs de Washington. Certes, ce que redoutaient les États-Unis, ce n’était ni le programme politique de la RPC, avec son appel à l’instauration du suffrage universel et à la création d’institutions démocratiques, ni sa défense des nationalisations et de la réforme agraire : après tout, la plupart des grandes entreprises et exploitations agricoles coréennes n’avaient plus de propriétaires depuis l’expulsion des colons japonais. Non, ce qui inquiétait le plus l’impérialisme américain, c’était que le régime de la RPC avait été mis en place sans son accord préalable, à la faveur d’une mobilisation populaire, et qu’il n’avait donc nul besoin de l’impérialisme pour se maintenir au pouvoir. Ce régime ne serait donc pas docile vis-à-vis des intérêts des États-Unis. Aussi, lorsque le comité exécutif de la RPC fit une offre de collaboration à l’état-major américain, celui-ci lui opposa une fin de non-recevoir.

Les dirigeants américains entreprirent alors de mettre en oeuvre leurs propres conceptions de la démocratie dans leur zone d’occupation. L’ancienne force de police coloniale fut rétablie dans ses fonctions, avec pratiquement les mêmes personnels (on ne changea même pas leurs uniformes !) que sous l’occupation japonaise. Les postes de responsabilité dans les nouvelles institutions furent confiés à des hommes politiques qui avaient collaboré avec l’occupant japonais ou qui avaient trouvé protection auprès du dictateur nationaliste chinois et allié des USA, Tchang Kaï-chek. Il s’agissait d’individus viscéralement anticommunistes qui avaient des liens étroits avec la classe des propriétaires fonciers coréens. A la tête du nouveau régime, Washington mit Syngman Rhee, un politicien nationaliste de droite bien connu, qui avait des amis tant aux États-Unis qu’au sein du régime de Tchang Kaï-chek. En février 1946, ils mirent en place un gouvernement provisoire de Corée du Sud présidé par Syngman Rhee, dont la moitié des membres furent nommés directement par les autorités américaines d’occupation et l’autre par les classes riches, selon le système électoral censitaire en vigueur sous l’occupation japonaise.

L’orientation politique du nouveau régime se révéla aussi réactionnaire et socialement conservatrice qu’on pouvait l’escompter vu la composition sociale du gouvernement. Les appels à une réforme agraire d’ensemble furent traités par le mépris tandis que les dignitaires du régime accumulaient des fortunes colossales en s’appropriant les terres des anciennes exploitations japonaises et que les paysans sans terre mouraient de faim. La corruption et le marché noir devinrent la règle. De sorte qu’au bout du compte, la population pauvre de la zone d’occupation américaine ne vit guère de différence entre la nouvelle République de Corée, qui y fut proclamée officiellement en août 1948, et l’ancienne administration coloniale japonaise, sinon dans la langue des troupes d’occupation.

Face à la répression qui le visait au Sud, où il fut très vite interdit, le comité exécutif de la RPC élu en septembre 1945 s’était réfugié dans la zone d’occupation soviétique. Là, les autorités d’occupation acceptèrent ce comité exécutif et les comités de préparation à l’indépendance comme partenaires dans l’administration quotidienne des affaires sur le terrain.

Contrairement aux États-Unis dans leur zone d’occupation, l’URSS appliqua à la lettre le protocole de 1945 dans la sienne en s’abstenant de mettre en place des institutions permanentes susceptibles de préjuger de la forme définitive de l’État. Tout au moins c’est ce qu’elle fit jusqu’à la création d’institutions propres au Sud sous l’égide des USA. Un comité populaire provisoire fut alors constitué à Pyongyang, cette fois sous la direction de Kim Il Sung, un jeune dirigeant du PC récemment de retour dans le pays, qui semble avoir été choisi moins pour ses liens avec Moscou que pour la raison opposée : contrairement à nombre de dirigeants communistes, Kim Il Sung avait passé les années précédentes non pas à Moscou, mais dans un maquis coréen contre les Japonais en Mandchourie, en liaison avec la résistance chinoise. Il pouvait être ainsi présenté comme un héros de la résistance nationale contre le Japon, sans qu’il puisse être associé, comme les anciens leaders du PC clandestins, à la mobilisation des masses de l’année 1945, à laquelle il n’avait pas participé. A tous égards, Kim Il Sung était le parfait porte-parole d’un gouvernement « national ».

Dès qu’il fut formé, le nouveau régime mit en oeuvre un programme de deux ans prévoyant la nationalisation des industries auparavant accaparées par les Japonais et une réforme agraire radicale entraînant la confiscation sans compensation des grandes exploitations et leur redistribution gratuite aux paysans sans terre. Des lois sur les conditions de travail et un embryon de système social complétèrent l’ensemble.

Ce n’est qu’après le tournant dans les relations américano-soviétiques et les débuts de la « guerre froide » que, en septembre 1948, trois semaines après la proclamation de la République de Corée dans le sud du pays, une République démocratique populaire de Corée fut proclamée dans le nord. Peu après, les troupes soviétiques se retirèrent de Corée, ne laissant que quelques centaines de conseillers militaires.

Avant d’en arriver là, le PC coréen avait fusionné en août 1946 avec différents groupes radicaux et nationalistes pour créer le Parti des Travailleurs de Corée du Nord. Les mouvements qui n’avaient pas rejoint le nouveau parti furent d’abord marginalisés, puis ceux qui tentèrent de maintenir une existence politique firent l’objet de persécutions.

Le régime qui s’installait au Nord était indubitablement répressif, réunissant les traits de beaucoup de dictatures militaires du tiers monde à l’époque. Comme dans les démocraties populaires mises en place sous la protection de l’Armée Rouge en Europe centrale et orientale, la première victime du nouveau régime fut la classe ouvrière tant politiquement que physiquement, en raison des efforts surhumains exigés des travailleurs au nom des nécessités de la reconstruction économique. Mais en même temps, le discours anti-impérialiste de Pyongyang, ses nationalisations et surtout la réforme agraire radicale qu’il avait mise en place rendaient le régime très populaire, non seulement au Nord mais également au Sud, où montait le ressentiment contre l’oligarchie parasitaire des propriétaires fonciers.

La grève générale de 1946 en Corée du sud

La grève des cheminots a commencé à Busan le 23 septembre 1946 et a conduit au soulèvement de Daegu le 1er octobre 1946.

La grève était contrôlée par un Conseil national des travailleurs coréens. La première grève du conseil a commencé le 23 septembre par plus de 7 000 cheminots à Busan . Environ 40 000 cheminots ont rapidement participé à la grève des cheminots, qui s’est rapidement propagée à travers le pays. Entre 250 000 et 300 000 travailleurs en grève dans tous les secteurs industriels, y compris les métaux et les produits chimiques. La grève générale a commencé avec des revendications telles que le rationnement du riz, les augmentations de salaire, l’opposition au licenciement, la liberté du mouvement ouvrier et la libération des figures démocratiques. Quinze mille étudiants des écoles et lycées professionnels de Séoul sont également descendues dans la rue le 27 septembre, exigeant l’abolition de l’enseignement colonial. Certaines forces de défense sud-coréennes (maintenant l’ armée de la République de Corée ) et les forces de sécurité maritime (maintenant la marine de la République de Corée ) se sont jointes à la grève, et à Séoul, des dizaines de membres du Parti communiste américain de l’armée américaine en Corée ont appelé au retrait des troupes américaines de Joseon. La sixième réunion du Comité central du Comité populaire provisoire de Corée du Nord a adopté une déclaration affirmant la légitimité de la grève et soutenant les grévistes dans le sud, mais le comité n’a pas toléré la lutte violente.

L’USAMGIK a envoyé plus de 2 000 officiers armés à Seoul Railroad, le centre de la grève générale, le 30 septembre. Environ 1 000 manifestants, dont la Confédération coréenne des syndicats (l’actuelle Fédération des syndicats coréens ), le Bureau du peuple coréen et la presse de l’Assemblée nationale, ont également rejoint la bataille de rue de huit heures menée par Kim Du-han. Trois personnes ont été tuées et des centaines ont été blessées.

Une manifestation organisée le 1er octobre par des grévistes à Daegu a été la cible de tirs de la police et un cheminot a été tué. Des milliers de manifestants (y compris des étudiants) ont transporté son corps dans les rues de la ville le lendemain, malgré les tentatives de la police pour les arrêter. La grève a ensuite évolué vers le soulèvement d’automne plus large , au cours duquel des dizaines de personnes ont été tuées, des milliers ont été arrêtées et la loi martiale a été imposée.

Soulèvement d’automne de 1946

Le soulèvement de Daegu 10.1 de 1946 en Corée était un soulèvement paysan dans les provinces du sud de la Corée contre les politiques du gouvernement militaire de l’armée américaine en Corée dirigé par le général John R. Hodge et en faveur du rétablissement du pouvoir aux comités populaires qui composaient la République populaire de Corée . Le soulèvement est également appelé « révolte de Daegu » ou de « Mouvement de Résistance de Daegu ». La Commission vérité et réconciliation de Corée du Sud choisit le nom neutre de « Incident d’octobre de Daegu », en fait un véritable soulèvement.

Le soulèvement a été précédé par la grève générale coréenne en septembre, à la fin de laquelle plus de 250 000 travailleurs avaient participé. La grève a été déclarée illégale par le gouvernement militaire américain et les grévistes ont été attaqués par la police. Le 1er octobre, une manifestation de grévistes à Daegu a été la cible de tirs de la police et un cheminot a été tué. Le lendemain, des milliers de manifestants, dont des élèves d’écoles et d’universités, ont transporté son corps dans les rues de la ville, malgré les tentatives de la police pour les arrêter. La grève a ensuite évolué vers le soulèvement d’automne plus général (ou soulèvement de Daegu 10.1).

Le soulèvement lui-même a commencé à Busan et s’est finalement étendu à Séoul, Daegu, Gyeongsangbuk-do, Gyeongsangnam-do, Chungcheongnam-do et Jeollanam-do et s’est terminé à la mi-novembre. D’autres revendications exprimées pendant le soulèvement concernaient de meilleures conditions de travail, des salaires plus élevés, le droit de s’organiser et la libération des prisonniers politiques.

Selon les conditions, le gouvernement militaire des États-Unis a répondu de différentes manières, notamment en mobilisant des briseurs de grève , la police, des groupes de jeunes de droite, en envoyant des troupes et des chars américains, et en déclarant la loi martiale , et a réussi à réprimer le soulèvement. Le soulèvement a entraîné la mort de 92 policiers, 163 travailleurs civils, 116 civils et 240 émeutiers. 2 609 personnes ont été arrêtées par la police et l’armée. Certains analystes disent que le soulèvement, qui était en partie une réaction aux élections d’octobre pour l’Assemblée législative intérimaire sud-coréenne, organisée par le gouvernement militaire des États-Unis, est un meilleur indicateur de l’opinion publique que l’élection elle-même.

La défaite du soulèvement est considérée comme un tournant dans l’établissement d’un contrôle politique sur la Corée, car les comités populaires et le Conseil national des syndicats coréens ont été affaiblis par la répression. Pour les Américains, la rébellion de la récolte d’automne a ajouté une nouvelle urgence à l’effort de trouver une formule pour unifier les deux zones d’occupation de la Corée sous un gouvernement élu.

En 2010, la Commission vérité et réconciliation a présenté ses conclusions, il y avait 60 victimes aux familles desquelles il a suggéré que le gouvernement devrait fournir une indemnisation, et il y avait environ 7 500 autres personnes qui ont souffert de l’incident. Certaines victimes ont été arrêtées et torturées, puis la police et des groupes d’ extrême droite ont endommagé ou confisqué leurs maisons et leurs biens. Les familles des victimes ont dû endurer la honte d’être considérées comme des criminels.

Le soulèvement d’octobre, l’incident du 1er octobre, les émeutes de Yeongnam et les émeutes d’octobre, selon le point de vue historique. D’un point de vue partisan, cela s’appelle le soulèvement d’octobre, une critique l’appelle émeutes de Yeongnam et émeutes d’octobre, et d’un point de vue neutre, il s’appelle l’incident du 1er octobre. Du point de vue de l’affirmation de l’agitation et de l’initiative du Parti communiste de Corée, on l’appelle parfois l’émeute d’Octobre. Dans le passé, les termes de l’émeute d’octobre, de l’émeute de Yeongnam et de l’émeute d’octobre étaient utilisés de manière interchangeable, et officiellement, le terme était désigné comme l’incident plus neutre du 1er octobre.

Après la libération , la vie des Coréens sous l’ USAMGIK du commandement militaire américain en Corée du Sud était affamée. Parce que la politique de rationnement de riz de l’ USAMGIK a échoué. La faim à Daegu , où des épidémies de choléra au cours de cette période, était particulièrement sévère. Après la survenue de 2 000 patients atteints de choléra à Daegu et Gyeongsangbuk-do, le gouvernement a bloqué Daegu sans prendre les mesures appropriées pour le traitement en disant qu’il prévenait la transmission. En conséquence, les véhicules et les personnes ne pouvaient pas traverser les limites de la ville et l’approvisionnement en récoltes et en produits de première nécessité a été coupé. Surtout, le riz était rare.

De plus, la police de l’ancien pro-japonais qui a été embauché comme police nationale a volé des agriculteurs de riz de la même manière que pendant la Corée sous la domination japonaise . La colère des citoyens contre les policiers pro-japonais a beaucoup augmenté, et la police a riposté contre eux ici et là. Au milieu de cela, le sentiment public de Daegu et de Gyeongsnabuk-do était très chaotique.

Pendant ce temps, en mai 1946, dans le cas des faux billets de Jung Pan-sa, l’ USAMGIK a annoncé « l’illégalisation des activités communistes » et a émis un mandat d’arrêt massif contre les responsables du parti communiste.

L’agitation des ouvriers n’a pas décru avec la répression et ils ont organisé une grève massive menée par les cheminots et les travailleurs des transports en septembre 1946, qui est la grève générale de septembre.

La grève générale de septembre s’est étendue à tout le pays, en commençant par la grève des cheminots dans la région de Busan. De cette façon, le Parti communiste et Jeon-pyeong ont mené une grève générale en septembre et ont frappé de plein fouet l’ USAMGIK pour de bon. La grève générale de septembre s’est rapidement étendue à tout le pays et les travailleurs se sont mis en grève. L’ USAMGIK a mis la police nationale et les groupes de jeunes anticommunistes pour écraser la grève, mais il y avait une situation inattendue ici. Lorsque la police a tiré sur les grèves des travailleurs à Daegu, la réaction ouvrière et populaire s’est développée en réponse.

En avril 1960, le soulèvement d’avril 1960 mettait fin au régime Syngman Rhee

La Révolution d’Avril 1960 en Corée du Sud a marqué une étape décisive dans la lutte contre l’autoritarisme. Si la victoire de la démocratie n’a alors été qu’éphémère, suite au coup d’Etat militaire du 16 mai 1961, le soulèvement du 19 avril 1960 a abattu le régime Syngman Rhee et, plus fondamentalement encore, marqué l’irruption des masses dans l’histoire de la Corée du Sud. La Révolution d’Avril 1960 a aussi consacré l’alliance des jeunes et des travailleurs.

1959 : l’autocrate Syngman Rhee, au pouvoir depuis 1948 et alors âgé de 84 ans, prépare sa troisième réélection à la présidence de la République, tandis que sa formation politique, le Parti libéral, désigne Yi Gi-bung comme candidat à la vice-présidence.

En décembre 1959, Syngman Rhee annonce son intention d’avancer au 15 mars 1960 la date de l’élection présidentielle, normalement prévue en mai 1960, au motif d’éviter la période chargée des récoltes... bien que le mois de mai ne corresponde à aucune date de récolte. Ce choix était en fait lié à l’état de santé du candidat du Parti démocrate (opposition) à l’élection présidentielle : le 15 février, huit jours après le dépôt des candidatures, Jo Byeong-ok mourait, et les demandes de son parti de présenter un nouveau candidat à la présidence étaient rejetées. Syngman Rhee devenait ainsi l’unique candidat au poste de président de la République. Le 13 février, le chef de l’Etat avait déclaré, sans fondement constitutionnel, que le vice-président devait appartenir au même parti que le président. Dès lors, l’élection était verrouillée, même si le candidat du Parti démocrate à la vice-présidence (et vice-président sortant, élu lors du précédent scrutin de 1956), Jang Myeon, devait obtenir à nouveau plus de voix que Yi Gi-bung, choisi par Rhee.

L’étincelle du mouvement révolutionnaire fut allumée par les étudiants de l’université de Daegu qui décidèrent de manifester contre la décision de fixer au 28 février, jour d’un meeting dans leur ville de Jang Myeon, la date des examens de fin de semestre. Après les étudiants de Daegu, c’est au tour de ceux de Séoul puis de Daejon de manifester, respectivement le 5 mars et le 8 mars, avant la généralisation des manifestations étudiantes, entre le 10 et le 14 mars. Deux revendications sont à l’ordre du jour : aux demandes récurrentes de respecter la liberté des campus s’ajoute le refus de la supercherie électorale.

Le 15 mars, les bourrages d’urnes, les votes publics par groupes de trois personnes ou encore les expulsions des superviseurs du Parti démocrate donnèrent les résultats officiels attendus du pouvoir : Syngman Rhee remportait plus de 9,6 millions de voix (88,7 % des suffrages exprimés) et Yi Gi-bung obtenait un succès écrasant au poste de vice-président (8,3 millions de voix, soit 79 % des suffrages exprimés, contre 1,8 million de voix et 21 % des suffrages exprimés pour Jang Myeon).

Face à l’ampleur des fraudes, des manifestations violemment réprimées eurent lieu le jour même du scrutin, en particulier à Masan, près de Pusan, où le bilan parmi les manifestants entraîna 8 morts et 70 blessés. Comme tout au long du soulèvement, le gouvernement Syngman Rhee accusa les communistes d’être derrière les événements. A Masan, le soulèvement avait conduit au sac de postes de police, d’un journal pro-gouvernemental et du siège du comité de campagne du Parti libéral.

Le 11 avril était retrouvé dans la baie de Masan le corps d’un étudiant de 17 ans porté disparu, Kim Ju-yeol (photo ci-dessus, source : Korea Times). Le même jour, à 18 heures, une manifestation réunit 30 000 participants à Masan. Durant la nuit, deux personnes furent abattues par la police. Les étudiants allaient désormais prendre une part essentielle aux manifestations qui devaient causer la chute de Syngman Rhee.

Le 18 avril, les étudiants de l’Université de Goryo, à Séoul, organisèrent un sit-in devant l’Assemblée nationale. Une attaque orchestrée par des voyous soutenus par le Parti libéral causa une dizaine de blessés. Le lendemain, l’incident faisait la une des journaux. Les médias se désolidarisaient du pouvoir, rendant désormais compte en détail des manifestations étudiantes.

La nouvelle manifestation étudiante, le mardi 19 avril, eut une ampleur inégalée, rassemblant les étudiants en lettres, en sciences en droit et en art de l’Université nationale de Séoul, ceux en sciences de l’éducation et en gestion de l’Université de Konkuk, les lycéens de Dongsung, les étudiants des Universités de Goryo, Dongguk, Yonsei et Chungang. A 11h50, une partie des étudiants marcha sur le Capitole, siège du gouvernement, et le palais présidentiel, en conspuant le chef de l’Etat. Les forces de police du palais présidentiel ouvrirent le feu vers 13h40, entraînant 21 morts. Vers 14h30, les manifestants étaient 200.000 à Séoul, s’opposant aux forces de police. Vingt-six bâtiments furent détruits, dont le siège du Seoul Sinmun et la Maison de l’anticommunisme. Le bilan des combats à Séoul s’établissait, au 21 avril, à 104 morts (dont 3 policiers).

Le même jour, la loi martiale était proclamée à Séoul à 14h40 (avec effet rétroactif à 13h), puis étendue aux principales villes de province, où des manifestations de masse avaient entraîné des morts à Gwangju et Pusan. Le bilan total de la répression atteignit 186 morts, dont 77 étudiants, collégiens et lycéens et 66 paysans.

Sous la direction de Song Yo-chan, les troupes de la loi martiale engagèrent des pourparlers avec les manifestants, conduisant à la libération des étudiants emprisonnés. La tournure des évènements surprit Syngman Rhee et ses ministres, d’autant plus - fait unique dans l’histoire de la Corée du Sud - qu’ils avaient perdu le soutien du gouvernement américain. Initialement, les Etats-Unis n’avaient pas critiqué les fraudes de l’élection du 15 mars, confirmant même une visite officielle du président Dwight D. Eisenhower. Mais au lendemain du soulèvement du 19 avril, le ministère américain des Affaires étrangères fit une déclaration, le 20 avril, demandant une démocratisation de la Corée du Sud. Le 21 avril, le gouvernement et les dirigeants du Parti libéral remirent collectivement leur démission. Mais Syngman Rhee restait en place, déclarant se tenir à l’écart des partis, en évitant d’aborder les questions de la fraude électorale et de la répression.

Le 25 avril, 300 professeurs se réunirent à l’Université nationale de Séoul et déclarèrent que les manifestations traduisaient l’esprit de la nation. Ils demandèrent la démission du président, des députés et des juges de la Cour suprême. Prenant la tête d’une manifestation appelant à venger les étudiants morts, ils furent rejoints par plus de 40.000 manifestants, alors que les troupes de la loi martiale attendaient des instructions. Syngman Rhee procédait à la nomination du Premier ministre par intérim Heo Jeong comme ministre des Affaires étrangères, appelé à exercer les fonctions de chef de l’Etat s’il démissionnait.

Les manifestations du 26 avril commencèrent dès 5 heures du matin, à la fin du couvre-feu. Les manifestants montèrent sur les chars des troupes de la loi martiale, tandis que la statue de bronze de Syngman Rhee au milieu du parc de la Pagode était renversée. Syngman Rhee n’avait plus d’autre choix que de remettre sa démission, annoncée à 10h20 par le Quartier général de la loi martiale. Le 28 avril, Yi Gi-bung, sa femme, son fils aîné - également fils adoptif de Syngmann Rhee - et son fils cadet se suicidèrent dans le palais présidentiel. Le 29 mai, Syngman Rhee partait en exil à Hawaï, où il mourrait en 1965.

La révolution d’avril 1960 avait eu raison de douze ans de régime autoritaire. Il restait aux vainqueurs du jour à s’organiser, divisés entre l’ancienne opposition de droite et la gauche décapitée après l’exécution de Cho Bong-am, moins d’un an plus tôt. Si dans ce contexte de dissensions le coup d’Etat militaire de mai 1961 devait bientôt mettre fin à la première période de démocratie en Corée du Sud, celle-ci n’en allait pas moins façonner l’histoire de la Corée contemporaine.

Sources :

 Seo Joong-seok, La Corée du Sud : 60 ans d’histoire contemporaine. Origines et étapes du mouvement démocratique, Fondation coréenne pour la démocratie, Séoul, 2007, pp. 85-108.

 Kang Man-gil, A History of contemporary Korea, Global oriental, 2005 pour la version anglaise, pp. 238-240.

Le mouvement populaire contre la misère, la dictature et la division du pays

De la dictature de Park Chung Hee à celle de Chun Doo Hwan

Tout au long de la dictature de Park, malgré la répression, de grands mouvements de protestation éclatent chroniquement dans lesquels les étudiants jouent un rôle de premier plan. C’est notamment le cas des grandes manifestations en 1965 contre la signature du traité entre le Japon et la Corée et en 1972 contre la proclamation de la loi martiale et la nouvelle Constitution qui octroie au dictateur de rester en poste jusqu’à sa mort. Des manifestations étudiantes durement réprimées dans la ville de Pusan, en octobre 1979, déclenchent une crise de régime qui se solde par l’assassinat de Park Chung Hee, le 26 octobre. Park tombe sous les balles de son collaborateur le plus proche, Kim Jae Kyu, alors directeur de la KCIA (Agence centrale de renseignement sud-coréenne). Une grande manifestation étudiante dans la cité industrielle de Pusan, le 16 octobre, a dégénéré en affrontement avec la police le lendemain. Le gouvernement Park a aussitôt proclamé l’état d’urgence dans cette ville, envoyant une division d’infanterie. Malgré cette mesure, les manifestations s’étendent à d’autres villes comme Masan, une autre ville industrielle, où se trouvent de nombreuses entreprises exportatrices. De nombreux ouvriers se sont engagés dans des actions de rue. Park déclare aussi l’état de siège à Masan. Pendant les quatre jours d’affrontement, ce sont 4 207 personnes qui sont arrêtées. Les manifestations étudiantes s’étendent à la capitale, Séoul |25|. Le chef de la KCIA juge qu’en se débarrassant de Park, il est possible de sauver la situation. Au lendemain de la mort du général Park, l’armée est divisée : un secteur laisse miroiter la perspective d’une certaine « libéralisation » du régime. Les mobilisations se poursuivent. Début décembre 1979, la plupart des détenus politiques (dont certains purgeaient de très longues peines de prison) sont libérés. Le 12 décembre, coup de théâtre, le major-général Chun Doo Hwan réussit un putsch au sein de l’armée, il fait arrêter son principal rival le général Ching et prend le contrôle total de l’armée. Les mobilisations se poursuivent. Le 14 avril 1980, Chun Doo Hwan qui conserve ses fonctions de chef de l’armée est nommé directeur de la KCIA par le chef de l’Etat. Les mobilisations se poursuivent. Le retour à la dictature militaire ouverte a lieu le 18 mai 1980. Une répression brutale est déclenchée : tous les dirigeants de l’opposition sont arrêtés. Cela provoque de grandes explosions sociales dont l’insurrection urbaine de Kwangju est le point culminant.

Immédiatement après la proclamation d’une nouvelle loi martiale, le 18 mai 1980, plusieurs milliers d’étudiants de l’université de Chonam à Kwangju descendent dans la rue. Des régiments de parachutistes sont envoyés et assassinent des manifestants, dont des jeunes filles, à la baïonnette (voir encadré en bas d’article). Le lendemain, plus de 50 000 personnes commencent à affronter les soldats. Au cours des combats, plus de 260 d’entre elles sont tuées. Après quatre jours de lutte acharnée, le nombre des insurgés atteint 200 000 dans une ville dont la population est d’environ 750 000. Ils prennent finalement le contrôle de la ville toute entière. Les stations de radio sont incendiées par les manifestants rendus furieux par le fait qu’aucune information n’a été donnée sur leur lutte en raison de la censure imposée par la loi martiale. Les insurgés se saisissent des armes abandonnées par les troupes repliées à l’extérieur et s’organisent en comités de contrôle et d’administration de la ville. Le 23 mai, c’est la province de Cholla au sud de la Corée qui est toute entière aux mains des étudiants et de la population insurgée. Les étudiants de Kwangju s’emparent de bus et de camions et, les armes à la main, se rendent d’une ville à l’autre permettant ainsi l’extension du mouvement. Alors que de nouvelles troupes gouvernementales approchent de Kwangju, les insurgés constituent un comité de crise afin de négocier avec les autorités chargées d’imposer la loi martiale. Ils exigent de ces autorités qu’elles présentent des excuses au peuple de Kwangju pour les atrocités commises, qu’elles versent des indemnités pour les blessés et les morts, qu’elles n’exercent pas de représailles après les événements, que les chefs militaires ne déplacent pas les troupes avant qu’un règlement n’intervienne. Malgré ces négociations, les troupes, environ 17 000 hommes, prennent d’assaut la ville à l’aube du 27 mai et l’occupent. Le nombre des morts du côté des étudiants et des habitants de la ville dépasse plusieurs centaines |26|. La répression s’est faite avec la bénédiction de l’armée américaine et de Washington |27|. Dans les mois qui suivent, la répression touche tout le pays. Selon un rapport officiel daté du 9 février 1981, plus de 57 000 personnes ont été arrêtées à l’occasion de la ‘Campagne de purification sociale’ engagée depuis l’été 1980. Près de 39 000 d’entre elles ont été envoyées dans des camps militaires pour une ‘rééducation physique et psychologique’ |28|. En février 1981, le dictateur Chun Doo Hwan est reçu à la Maison Blanche par le nouveau président des Ėtats-Unis, Ronald Reagan |29|.

Treizième constat : Un puissant mouvement social anti-dictatorial avec à sa tête les étudiants affronte la dictature. Après l’assassinat de Park (octobre 1979) et un court intermède démocratique, une nouvelle dictature féroce s’installe en déclenchant une répression sanglante en mai 1980 soutenue par Washington et par Tokyo.

La politique économique du dictateur Chun Doo Hwan (1980-1987)

Après l’assassinat du dictateur Park Chung Hee en 1979 et la mise en place de la dictature du général Chun Doo Hwan, l’orientation économique ne change pas fondamentalement. La Corée qui s’est endettée fortement au cours des années 1970 auprès des banques étrangères, principalement japonaises, subit plus durement que les autres PED le choc de la hausse brutale des taux d’intérêt car elle a largement emprunté à taux variables. En 1983, la Corée du Sud est quatrième sur la liste des pays les plus endettés en chiffres absolus (43 milliards de dollars), elle n’est précédée que par le Brésil (98 milliards), le Mexique (93 milliards) et l’Argentine (45 milliards). Mais, encore une fois, sa position géostratégique lui donne droit à un traitement différent de celui des autres pays en développement. Le Japon vient à la rescousse en versant à la Corée 3 milliards de dollars (au titre des réparations de guerre) que celle-ci utilise pour maintenir le remboursement de la dette à l’égard des banquiers japonais. Cela lui évite de devoir faire appel au FMI et de se plier à ses conditions draconiennes |30|. De son côté, le gouvernement japonais évite ainsi la faillite de certaines de ses banques et obtient de la Corée du Sud de plus grandes facilités d’investissement. Quatorzième constat : Contrairement à la version de la Banque mondiale, le recours massif à l’endettement externe auprès des banques privées a failli coûter très cher à la Corée du Sud. Si celle-ci n’avait pas occupé une place géostratégique de toute première importance aux yeux des Etats-Unis et du Japon, elle aurait pu connaître le sort de pays comme l’Argentine, le Brésil et le Mexique qui ont dû se soumettre aux conditions du FMI. Comme on le verra dans la suite, elle a pu continuer à suivre une voie partiellement indépendante de développement jusqu’aux années 1990.

La Corée est aussi affectée par le second choc pétrolier de 1979 (hausse du prix du pétrole provoquée par la révolution iranienne et le renversement du Shah) mais encaisse le coup. Le contrôle autoritaire sur l’économie est maintenu : le gouvernement impose aux industries de fabriquer tel produit plutôt que tel autre. Il décide de restructurer l’industrie de production de véhicules de transport et charge deux chaebols de produire des automobiles. La Banque mondiale s’oppose à cette orientation et recommande au contraire à la Corée d’abandonner la production de véhicules finis en se concentrant sur la production de pièces détachées destinées à l’exportation. La Banque explique que les voitures coréennes ne se vendront pas. Les autorités coréennes tiennent tête. Résultat : au milieu des années 1980, la firme coréenne Hyundai (contrôlée à 100% par du capital privé coréen soutenu par les pouvoirs publics) réussit à exporter ses voitures aux États-Unis et à y conquérir de substantielles parts de marché !

A l’époque, la Banque a définitivement tourné la page des concessions à l’égard du modèle d’industrialisation par substitution d’importation. En 1981, sous l’administration Reagan, les derniers économistes favorables à une intervention de l’État sont remplacés par des néolibéraux purs et durs avec Anne Krueger comme économiste en chef. Celle-ci a écrit quelques années auparavant un livre sur la Corée pour démontrer la supériorité de la substitution d’exportation sur la substitution d’importation |31|. La volonté de Séoul de produire des automobiles pour l’exportation s’inscrit dans une démarche agressive de substitutions d’exportation et, en principe, elle devrait être fermement soutenue par la Banque. Ce n’est pas le cas car la décision de Séoul menace l’industrie automobile des Ėtats-Unis. La limite de la grande flexibilité des économistes de la Banque est vite atteinte lorsque les intérêts des Ėtats-Unis sont en jeu. Quinzième constat : Le régime de Chun Doo Hwan refuse une nouvelle fois de suivre les recommandations de la Banque mondiale et gagne son pari contre elle. La Banque maintient cependant son soutien à la dictature car elle veut à tout prix tenter de l’influencer. De leur côté, les Ėtats-Unis commencent à se méfier de l’appétit des entreprises sud-coréennes.

Vers la fin de la dictature de Chun Doo Hwan (1980-1987)

En 1979-1980, dans de nombreuses entreprises, des ouvriers cherchent à se doter de syndicats. L’enjeu est la formation de nouveaux syndicats « indépendants », défiant ouvertement la politique de collaboration de la direction de la FKTU, tout en étant obligés de s’y affilier conformément à la loi. Suite à la répression déclenchée par Chun Doo Hwan, une centaine de sections locales de la FKTU sont dissoutes, 191 permanents sont licenciés et certains sont envoyés dans des camps. Dans ce mouvement de création des syndicats indépendants, le rôle moteur a été joué par des jeunes, ouvriers ou étudiants contestataires, qui ont choisi de s’établir en usine pour poursuivre la lutte politique entamée à l’université. Le mouvement étudiant a commencé à relever la tête en 1983-1984 et connaît un processus non seulement de radicalisation mais aussi de politisation en profondeur. De début 1986 à mai 1986, 166 000 étudiants ont participé à des manifestations |32|. L’importance du mouvement dans les universités |33| est reflétée par le fait que ce sont les étudiants qui constituent la grande majorité des prisonniers politiques (800 étudiants sur 1 300 détenus politiques). Dans les usines, les ouvriers reprennent le combat à partir de 1985. Pour la première fois, une grève importante éclate dans un chaebol, l’entreprise Daewoo Motors. Elle est couronnée de succès et un nouveau syndicat indépendant est créé. Le 12 février 1986, une campagne de pétition est lancée à Séoul par le Nouveau Parti démocratique de Corée (NKDP) pour changer la Constitution (l’objectif est de permettre l’élection par suffrage direct du président et non par un collège électoral). Dans les mois suivants, une série de rassemblements mobilisent des dizaines de milliers de personnes dans les grandes villes du pays. Les étudiants participent de manière autonome au mouvement démocratique en mettant en avant des mots d’ordre radicaux tels que ‘A bas la dictature militaire’, ‘Contre la présence dans le pays des 40.000 soldats US’ et pour une ‘Constitution populaire’. Le 29 novembre 1986, le régime fait investir la ville de Séoul par 50 000 policiers afin d’empêcher la tenue d’un rassemblement du NKDP. Le régime applique la force de l’État contre l’opposition mais cette politique échoue car une lame de fond traverse toutes les couches de la société pour les revendications démocratiques. Les négociations entre dictature et opposition sur les procédures électorales n’aboutissent pas. Le gouvernement est affaibli par les suites politiques de l’assassinat d’un étudiant dans un commissariat. Dans cette situation, toutes les forces d’opposition, dont la nouvelle coalition issue d’une scission du NKDP, appellent à une manifestation le 10 juin 1987. La veille, la police a interpellé 3 000 personnes, mis en résidence surveillée 140 dirigeants de l’opposition, déployé des dizaines de milliers de policiers. Rien n’y fait : le 10 juin et les jours suivants, la protestation s’étend à tout le pays, des affrontements massifs atteignent un tel niveau que le régime commence à reculer : les élections présidentielles directes sont acquises |34|. Cette fois-ci, Washington a fini par mettre la pression sur la dictature pour qu’elle lâche du lest.

Du côté des usines, le mouvement ne se limite pas à la perspective des urnes. Les travailleurs sud-coréens s’engouffrent dans la brèche ouverte par la victoire du mouvement de masse de juin 1987 dont le fer de lance fut constitué par les étudiants. L’été 1987 voit la Corée du Sud secouée par une vague de grèves sans précédent. Entre le 17 juillet et le 25 août, on dénombre 1 064 conflits du travail |35| alors que la moyenne annuelle des dix années précédentes s’établit à 200 conflits |36|. Tous les secteurs de l’économie sont touchés, y compris les chaebols (24 000 ouvriers des chantiers navals de Hyundai, 15 000 mineurs de charbon, etc.). Les luttes sont marquées par une forte combativité : occupation des entreprises et même des locaux de direction, blocage des voies ferrées et occupation des gares, refus de la tactique du lock-out patronal... Les conflits aboutissent à des augmentations de salaire significatives et la reconnaissance de syndicats indépendants et démocratiques. En 1988, on compte déjà 2 799 syndicats démocratiques. En 1989, on dépasse les 7 000. En janvier 1990 est fondé le Congrès des syndicats coréens, qui devient quelques années plus tard la Confédération des syndicats coréens (KCTU). Pourtant, jusque dans les années 2000, la création d’une confédération syndicale est un acte illégal.

Soulèvement de Gwangju et réfugiés en Corée du sud

Le 18 mai 1980, un jour après l’application de l’état de siège dans la province de Gwangju, des étudiants manifestent dans le centre-ville de Gwangju (sud-ouest du pays) pour la défense de la démocratie après l’arrivée au pouvoir du dictateur Chun Doo-hwan lors d’un coup d’état en 1979... Ce soulèvement de Gwangju sera sévèrement réprimé par l’armée qui reprendra le contrôle de la ville le 27 mai 1980. Le bilan officiel de ce massacre est incertain, entre 170 et 2000 morts suivant les sources...

La ville de Gwangju a été depuis surnommée "le mémorial de la démocratie coréenne" et un cimetière national y a été inauguré en 2002 pour rendre hommage aux victimes de cette tuerie. La poste coréenne a émis, le 18 mai 2010, une carte illustrée pré-affranchie (220 won) pour commémorer le 30ème anniversaire de ce soulèvement étudiant.

Le 4 décembre 2000, l’assemblée générale des Nations Unies adoptait une résolution instituant une Journée mondiale des réfugiés, célébrée depuis chaque année le 20 juin.

Cette journée internationale a pour but de sensibiliser le plus grand nombre à la cause des populations réfugiées à travers le monde (estimée à 34 millions de personnes) qui ont fui leur pays après des conflits ou des persécutions religieuses, ethniques, sociales, politiques... Les femmes et les enfants faisant partie de ces populations déplacées sont les plus vulnérables (privations, faim, viols, crimes...). Pour commémorer le 10ème anniversaire de l’institution de cette Journée mondiale des réfugiés, la poste coréenne a émis, le 18 juin 2010, le timbre sur le FDC ci-dessus (merci beaucoup Kim !), disponible en feuille de 12 timbres avec des marges illustrées. Sur ce timbre, des enfants et des femmes forment un toit avec leurs bras, rappelant l’emblème du HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés).

la classe ouvrière sud-coréenne a détruit, grâce à des grèves de masse remarquables au cours des années 1987-1990, les bases d’une dictature militaire qui sévissait depuis des décennies. Pendant une brève période (1990-1994), les grèves ont abouti à la création de syndicats démocratiques radicaux et donc à des augmentations de salaires élevées et générales. Mais, comme dans les autres cas cités ci-dessus, la classe ouvrière a été reléguée au rôle de bélier facilitant un changement politique « démocratique » qui a rapidement chanté l’hymne de la mondialisation et du néolibéralisme en faveur de l’économie de marché. En fait, avant la vague de grèves mais surtout après, le capital sud-coréen investissait déjà à l’étranger et cherchait à imposer une politique d’austérité néolibérale à l’intérieur du pays. En 1997-98, la crise financière asiatique força la Corée du Sud à passer sous la tutelle du FMI, ce qui accéléra considérablement la précarisation de la classe ouvrière coréenne, précarisation qui avait été la principale riposte capitaliste aux avancées de la fin des années 80. Aujourd’hui, au moins 60% de la main-d’œuvre vivent dans la précarité la plus brutale. Soumis aux licenciements instantanés, les travailleurs précaires touchent des salaires et des avantages sociaux qui sont au moins inférieurs de moitié au statut des 10% constitués par les travailleurs fixes. Les vestiges bureaucratiques des syndicats démocratiques radicaux du début des années 90 ne sont plus aujourd’hui que des organisations corporatistes représentant cette élite de la classe ouvrière, et autant de luttes ont éclaté entre les travailleurs fixes et les travailleurs précarisés qu’entre l’ensemble des ouvriers et le capital lui-même.

Chronologie de la révolte débutée à Gwangju

18 mai au 21 mai 1980

Le matin du 18 mai, les étudiants ont protesté la porte de Université de national de Chonnam contre sa fermeture, pierres de lancement à parachutistes qui bloquaient la porte. Les parachutistes, qualifiés dans la guerre peu usuelle et la commande non civile d’émeute, ont répondu en battant les protestataires avec des baïonnettes et des bâtons. Après l’incident, des étudiants entrés dans le centre-ville et continués abolition pour protester, de la demande de loi martiale et le dégagement de Kim Dae-jung. Parachutistes bientôt suivis et de nouveau opposés avec des démonstrateurs.

La suppression a été marquée par violence. Les témoins disent que les soldats ont matraqué des démonstrateurs et des spectateurs. La première fatalité connue était un homme sourd de 29 ans appelé Kim Gyeong-cheol, qui n’a jamais participé à la protestation mais était a matraqué à la mort le 18 mai tout en passant par la scène. Quelques témoignages et photographies suggèrent même l’utilisation des baïonnettes. Pendant que des citoyens étaient fâchés par la violence, le nombre de protestataires a rapidement augmenté et a excédé 100.000 pour le 20 mai.

Il était inévitable que les accidents se produiraient dans les militaires et la police pendant le conflit avec les démonstrateurs civils. Pendant que le conflit escaladait, l’armée a soudainement commencé à employer le tir, tuant des nombres inconnus de citoyens immédiatement près de la station de Gwangju le 20 mai. Que le même jour, les protestataires irrités ont brûlé en bas des gens du pays MBC postez qui a dénoncé des civils de Gwangju comme rioters aussi bien que des faits fabriqués sur la situation dans Gwangju à ce moment. Quatre policiers ont été tués à une barricade de police près du bâtiment provincial de gouvernement après qu’une voiture enfoncée dans eux[1].

La nuit du 20 mai, les centaines de taxis ont mené un grand défilé des autobus, des grands camions et des voitures vers l’Office provincial pour rencontrer la protestation. Pendant que les conducteurs conduisaient dans la démonstration, les troupes ont employé le gaz lacrymogène, tiré leur hors des voitures et les ont battues. Ces « conducteurs de démocratie » ont montré jusqu’à l’appui les citoyens et la démonstration en raison de la brutalité de troupe étée témoin de bonne heure, comme hors de la colère après que beaucoup de conducteurs de taxi aient été assaillis quand essayant d’aider blessé et tout en portant des personnes à l’hôpital. Certains ont été même tirés après les conducteurs essayés pour utiliser les véhicules pour bloquer des soldats ou comme armes. [2]

La violence a culminé le 21 mai. À environ 1 P.M., l’armée mise le feu à une foule de protestation a recueilli devant l’Office provincial de Jeonnam, causant beaucoup d’accidents. Les citoyens ont commencé à s’armer avec fusil M1 et carabines pris des arsenaux et des commissariats de police dans les villes voisines pour leur propre défense. Plus tard cet après-midi, combats d’armes à feu sanglants entre les milices civiles et l’armée a éclaté dans la place provinciale d’Office. Par 5:30 P.M., les milices avaient acquis deux mitrailleuses légères et les avaient employées contre l’armée, qui a commencé à retraiter du centre-ville.

22 mai au 25 mai

En ce moment, toutes les troupes ont retraité aux secteurs suburbains, attendant des renforts. Pendant cette période l’armée a bloqué tous les itinéraires et communications menant dans et hors de la ville. Quoiqu’il ait y eu une accalmie dans le combat entre les milices et l’armée, plus d’accidents ont été encourus quand des soldats mis le feu à un autobus de dépassement dans le Jiwon-coup, tuant 17 des 18 passagers le 23 mai. Les soldats suivants de jour mis le feu aux garçons nageant dans le réservoir de Wonje et tué d’entre eux. Plus tard ce jour l’armée a souffert ses accidents plus lourds, quand des troupes de manière erronée mises le feu à l’un l’autre dans le Songam-coup.

En attendant, dans la ville « libérée » de Gwangju, le Comité du règlement des citoyens et le Comité du règlement des étudiants ont été formés. L’ancien s’est composé d’environ 20 prédicateurs, avocats et professeurs. Ils étaient en pourparlers avec l’armée exigeant le dégagement des citoyens arrêtés, la compensation pour des victimes et la prohibition de la revanche en échange du désarmement des milices. Le dernier a été constitué par des étudiants d’université, et a pris la charge des enterrements, des campagnes publiques, de la commande de trafic, du retrait des armes, et de l’aide médicale. L’ordre de la ville a été bien maintenu, mais les négociations sont venues à une impasse pendant que l’armée invitait les milices à se désarmer immédiatement. Cette question a causé la division chez les comités de règlement ; les colombes ont voulu la reddition immédiate, alors que les faucons réclamaient la résistance continue jusqu’à ce que leurs demandes aient été met. Après discussions houleuses, par la suite les faucons ont pris la commande.

Comme les nouvelles de la diffusion de massacre de Gwangju, d’autres protestations contre le gouvernement ont éclaté dans des régions voisines comprenant Hwasun, Naju, Haenam, Mokpo, Yeongam, Gangjin, et Muan. Tandis que les protestations finissaient paisiblement dans la plupart des régions, dans Haenam il y avait des combats d’armes à feu entre les protestataires et les troupes armés. Pour le 24 mai, la plupart de ces protestations étaient mortes vers le bas, excepté Mokpo où les protestations ont continué jusqu’au 28 mai.

26 mai

Pour le 26 mai, l’armée était prête à réintroduire la ville. Les membres du Comité du règlement des citoyens ont sans succès essayé de bloquer l’avance de l’armée par le mensonge vers le bas sur la rue. Comme les nouvelles de la diffusion imminente d’attaque, les milices civiles ont recueilli dans l’Office provincial, se préparant au dernier stand.

27 mai

Chez 4:00 heure du matin, troupes de cinq divisions entrées dans le centre-ville et défaites les milices civiles en seulement 90 minutes.

Il n’y a aucun péage exact de la mort du soulèvement 1980 de Gwangju. Les figures « officielles » ont libéré par la commande martiale de loi ont mis le péage de la mort à 144 civils, à 22 troupes et à 4 polices tués, avec 127 civils, 109 troupes et 144 polices enroulées. Les individus qui ont essayé de contester ces figures étaient responsables de l’arrestation pour « des rumeurs fausses de propagation ».[3]

Selon le 18 mai l’association privée de famille, au moins 165 personnes est morte entre les 18 et 27 mai. Encore 65 manquent toujours et présumé complètement. 23 soldats et 4 policiers ont été tués pendant le soulèvement, y compris 13 soldats tués dans l’incident du l’amical-feu entre les troupes dans le Songam-coup. Les figures pour des accidents de police sont susceptibles d’être plus hautes, en raison des rapports de plusieurs policiers eux-mêmes tué par des soldats pour libérer des rioters capturés.[4]

Selon le film de 2007 Coréens 18 mai (Hyuga de Hwaryeohan), dirigé par le Ji-hun de Kim, « l’incident a eu comme conséquence les 207 décès, 2.392 enroulé, et 987 personnes absentes, mais le nombre exact d’accidents a été sujet au conflit considérable. Des membres du gouvernement militaire ont été accusés avec la rébellion mais le coupable de commander le feu ouvert contre les citoyens a pour être identifié encore ".

Le gouvernement a dénoncé le soulèvement comme rébellion incitée par Kim Dae-jung et ses disciples. Dans des épreuves suivantes, Kim a été condamné et condamné à la mort, bien que sa punition plus tard ait été réduite en réponse aux outcries internationaux. Des 1394 personnes globales ont été arrêtées pour une certaine participation dans l’incident de Gwangju et 427 ont été accusés. Parmi eux, 7 phrases de mort et 12 reçus ont reçu des phrases de la vie.

Le mouvement de Gwangju a eu un impact profond sur la politique coréenne du sud et l’histoire. Chun Doo-hwan a souffert des problèmes de popularité parce qu’il a pris la puissance par un coup militaire, mais après l’autorisation de l’expédition des forces spéciales sur des citoyens, sa légitimité a été sensiblement endommagée. Les Etats-Unis ont été précédemment vus en tant qu’un libérateur et protecteur, mais le mouvement de démocratisation de Gwangju a changé l’image des États-Unis parce qu’on l’a supposé les Etats-Unis ont su en avant du temps au sujet de l’expédition des troupes spéciales et reposée à vide pendant que des civils étaient tués. L’image américaine a été encore endommagée quand les États-Unis suite pour soutenir Chun Doo-hwan par les années 80. Cependant, le mouvement a également préparé le terrain pour les mouvements postérieurs dans les années 80 qui ont par la suite apporté la démocratie en Corée du Sud. Le mouvement de démocratisation de Gwangju est devenu un symbole de la lutte du sud des Coréens contre des régimes autoritaires et de leur combat pour la démocratie.

Au cimetière de Mangwol-coup dans Gwangju où les corps des victimes ont été enterrés, les survivants du massacre et les familles privées ont tenu un service commémoratif annuel le 18 mai chaque année depuis 1983. Beaucoup de démonstrations pro-démocratiques dans les années 80 ont exigé l’identification officielle de la vérité du massacre et de la punition de Gwangju pour ceux responsables. La réévaluation officielle a commencé après le rétablissement des élections présidentielles directes en 1987. En 1988, Assemblée nationale a tenu une audition publique sur le massacre de Gwangju, et a officiellement retiré l’incident comme mouvement de démocratisation de Gwangju.

En 1995, pendant que la pression publique montait, l’Assemblée nationale a passé le mouvement spécial de démocratisation de loi le 18 mai, qui a permis la poursuite de ceux responsables du coup d’état du 12 décembre et du massacre de Gwangju malgré le fait que le statut des limitations s’était épuisé. Plus tard 8 politiciens ont été accusés pour la trahison élevée et le massacre en 1996. Leurs punitions ont été arrangées en 1997, y compris une phrase de la vie pour l’ancien Président Chun Doo-hwan. Mais tout condamne a été pardonné au nom de la réconciliation nationale le 22 décembre par le président Jeune-SAM de Kim.

En 1997, 18 mai a été déclaré un jour commémoratif officiel. En 2002, une loi favorisant les familles privées est entrée en vigueur, et le cimetière de Mangwol-coup a été élevé au statut d’un cimetière national.

La vague de grèves ouvrières

À partir de juin 1987 et de manière significative jusqu’en 1990, la vague de grèves que l’on appelle en coréen « Nodongja Taettujaeng », la Grande Lutte des Travailleurs, représente un des principaux épisodes de la lutte de classe durant les années 80, de même que Solidarnosc en Pologne (1980-81), les conseils ouvriers (shura) iraniens (1979-1981) et la vague brésilienne de grèves de 1978-1983. La vague de grèves a ébranlé les bases d’une dictature qui avait régné façon presque interrompue après la fin de la guerre de Corée.

Ces grèves ont permis que des secteurs importants de la classe ouvrière coréenne bénéficient d’augmentations de salaire significatives, et qu’apparaissent, durant une brève période (1990-1994), des syndicats démocratiques radicaux qui formèrent le Congrès national des syndicats (ChoNoHyop), regroupement qui défendait une politique anticapitaliste, au moins verbalement.

Dès que cette vague de grèves eut triomphé, ses gains commencèrent à être sérieusement attaqués.

Le ChoNoHyop fut détruit par la répression gouvernementale qui frappa ses meilleurs militants. D’autre part, le gouvernement incita les militants plus conservateurs à former la Confédération coréenne des syndicats (Minju Nochong ou KCTU) qui fut crée en 1995 ; en décembre 1996, le gouvernement essaya d’imposer par la force une loi de précarisation du travail à laquelle la KCTU s’opposa à contrecœur durant la grève de janvier 1997. En automne 1997, la crise financière asiatique obligea la Corée du Sud à passer sous la tutelle du FMI en échange d’un renflouement de 57 milliards de dollars, et le FMI exigea explicitement la précarisation de la force de travail et des licenciements de masse pour appliquer son programme de restructurations. En décembre 1997, Kim Dae Jong, dirigeant de l’opposition démocratique depuis des décennies, fut élu président de la République ; en février 1998, il amena la KCTU à signer un « accord historique » et à accepter des centaines de milliers de licenciements et des plans sociaux avec réductions d’effectifs en accord avec les demandes du FMI, le tout en échange de la légalisation définitive du syndicat.

Première partie : Contexte historique

Débutant en juin 1987 et se poursuivant de manière significative jusqu’en 1990, la vague de grèves connue en Corée sous le nom de Grande Lutte Ouvrière (Nodongja Taettujaeng) se range aux côtés de Solidarnosc polonais (1980-81), des conseils ouvriers iraniens de (1979-1981) et du Vague de grève brésilienne de 1978-1983 comme l’un des principaux épisodes de la lutte de la classe ouvrière des années 1980. La vague de grèves a brisé les fondements d’une dictature presque ininterrompue après la fin de la guerre de Corée, a obtenu d’importantes augmentations de salaire pour de larges secteurs de la classe ouvrière coréenne et a brièvement établi (de 1990 à 1994) des syndicats démocratiques radicaux au sein du Congrès national des syndicats. (ChoNoHyop), engagé au moins verbalement dans l’anticapitalisme.

A peine cette vague de grèves a-t-elle triomphé que ses acquis commencent à être sérieusement compromis. Le ChoNoHyop a été détruit par la répression gouvernementale de ses meilleurs militants. Le gouvernement était en revanche prêt à tolérer les militants plus conservateurs de la Confédération coréenne des syndicats (Minju Nochong ou KCTU), à partir de 1995 ; en décembre 1996, le gouvernement a tenté de faire adopter une loi sur la précarisation du travail à laquelle la KCTU s’est opposée du bout des lèvres lors de la grève générale de janvier 1997. À l’automne 1997, la crise financière asiatique a placé la Corée du Sud sous la tutelle du FMI en échange d’un plan de sauvetage de 57 milliards de dollars, le FMI exigeant explicitement la précarisation de la main-d’œuvre et des licenciements massifs dans le cadre de son programme de restructuration. En décembre 1997, l’opposant démocratique de longue date Kim Dae Jong a été élu président de la Corée,et en février 1998, il a fait entrer la KCTU dans « l’accord historique » pour accepter des centaines de milliers de licenciements et de réductions d’effectifs conformément aux exigences du FMI, en échange d’une légalisation complète.

En guise de façade, le gouvernement de Kim Dae Jong a également créé en 1998 la Commission tripartite de l’État, du capital et du travail selon des principes corporatistes, un organe dénué de sens qui n’a agi, bien sûr, qu’au nom de l’État et du capital.

Malgré ce tableau sombre et une série de revers presque interminables, la classe ouvrière coréenne a dû être battue petit à petit, avec de longues et amères grèves, et les événements récents montrent que cette combativité est loin d’être éliminée.

Aujourd’hui, vingt ans après la Grande Lutte Ouvrière de 1987, la situation du travail en Corée est devenue l’une des précarisations capitalistes les plus réussies au monde, certainement dans n’importe quel pays industriel avancé. Environ 10 % de la main-d’œuvre coréenne est organisée dans des syndicats KCTU avec des emplois et des salaires réguliers, tandis que 60 % sont précarisés, externalisés et réduits. Chez Hyundai Motor Company, par exemple, l’un des bastions du militantisme industriel de 1987-90, les travailleurs réguliers et les travailleurs occasionnels travaillent côte à côte, faisant exactement les mêmes travaux, les occasionnels gagnant 50% du salaire des travailleurs réguliers. (ce dernier gagnant entre 50 000 $ et 60 000 $ par an, plus les primes et les heures supplémentaires). La KCTU est largement détestée dans la classe ouvrière précarisée en tant que porte-parole corporatiste des travailleurs réguliers très bien payés,et les travailleurs réguliers de leur côté ont même agressé physiquement des travailleurs occasionnels lorsque ces derniers se sont mis à l’état sauvage (comme cela s’est produit par exemple chez Kia Motor Company en août 2007). Lors des récentes élections (décembre 2007), un grand nombre de travailleurs ont voté pour Lee Myoung Back, candidat d’extrême droite du parti One Nation Party (Hanaratang), ancien PDG de Hyundai et maire de Séoul, dans le vain espoir d’un retour à l’économie expansive. des années 1970 et 1980.dans le vain espoir d’un retour à l’économie expansive des années 1970 et 1980.dans le vain espoir d’un retour à l’économie expansive des années 1970 et 1980.

Comment la classe ouvrière coréenne est passée de la lutte et de la victoire offensives à la précarité et à la retraite en à peine deux décennies, c’est donc le sujet de cet article.

Deuxième partie : la démocratie vend l’austérité ; Lutte des classes dans un régime de développement autoritaire

Nous ferions bien de situer l’expérience de la classe ouvrière coréenne dans le cycle plus large des transitions de la dictature à la démocratie (bourgeoise), commençant en Espagne et au Portugal (1974-1976) et se poursuivant dans des pays comme la Pologne et le Brésil. On peut également noter qu’après les « transitions » ibériques, les explosions qui ont suivi ont eu lieu pendant une période de recul et de recul des classes ouvrières nord-américaines et européennes.

En effet, elles ont eu lieu dans le contexte général de crise économique mondiale après la fin du boom de l’après-guerre. En Ibérie, en Pologne et au Brésil, comme en Corée du Sud, une intervention majeure de la classe ouvrière dans la politique et la société a été précédée d’une longue période de « croissance économique » intensive (de qualité très variable) et de répression intensive de l’activité, de l’organisation et les salaires. Dans chaque cas, les luttes ouvrières étaient au cœur de la bataille de l’« opposition démocratique » plus large contre la dictature, et dans chaque cas, l’« opposition démocratique » plus large a pris le pouvoir et mis en œuvre (toujours en étroite collaboration avec

capital international) des programmes d’austérité sévères qui ont fragmenté le mouvement ouvrier. On pourrait conclure que « la démocratie vend l’austérité » et c’est effectivement ma conclusion.

Le cas coréen, bien sûr, a de nombreux détails qui ne devraient pas être submergés par une comparaison générale.

La Corée était, en 1960, considérée comme un « cas du panier » économique, aussi pauvre par habitant que l’Inde ou la Tanzanie. En 1996, en grande pompe, elle a été accueillie au sein de l’OCDE en tant qu’« économie avancée » et seulement un an plus tard (comme indiqué) est tombée sous le contrôle du FMI.

Néanmoins, la Corée, l’un des « tigres » asiatiques aux côtés de Taïwan, Hong Kong et Singapour, s’est imposée dans la période 1960-1997 comme l’une des rares réussites, face à la centaine d’échecs et de régressions des pays du Tiers-Monde bénéficiaires. de l’« aide » occidentale et de la tutelle du FMI et de la Banque mondiale.

Qu’est-ce qui rend la Corée différente ? On peut tout de suite citer son statut particulier (comme les autres tigres) d’avant-poste « vitrine » de l’impérialisme américain, dont le succès économique fut un important contrepoids de propagande aux régimes (dits) socialistes du voisinage immédiat, à savoir la Corée du Nord, la Chine. et l’Union soviétique. Les États-Unis, avec des dizaines de milliers de soldats en Corée du Sud après la fin de la guerre de Corée, ont toléré là-bas des politiques de développement étatiques auxquelles ils s’opposaient ou renversaient régulièrement dans le reste du monde sous-développé.

Deuxièmement, la Corée du Sud, comme Taiwan, se distingue de presque tous les autres pays du Tiers-Monde par la réforme agraire qui a définitivement éliminé l’aristocratie précapitaliste « yangban » entre 1945 et 1950. (Cette réforme a eu lieu sous la pression intense de la réforme agraire. au nord, l’un s’est étendu au sud lorsque les armées de Kim il-sung ont brièvement capturé presque toute la péninsule dans les premiers mois de la guerre.)

Troisièmement, la Corée du Sud, pauvre en ressources naturelles et écrasée par les hostilités de 1950-1953, est le pays par excellence du « capital humain », avec une forte emphase, pour ne pas dire la folie de l’éducation. Même en 1960, le taux d’alphabétisation des adultes était de 90 %, ce qui est à peine le cas dans les pays comparables du tiers monde à l’époque.

Le pays a été divisé au 38e parallèle en 1945 par les armées d’occupation des États-Unis et de l’Union soviétique. La défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale a mis fin à 35 ans de domination coloniale japonaise, cette dernière ayant été un moment important pour jeter les bases d’une économie capitaliste moderne (l’héritage exact de cette période est controversé à ce jour).

Lorsque les occupants japonais ont fui en août 1945, un à deux millions de travailleurs de la zone américaine ont construit des conseils ouvriers (Changpyong, ou Conseil national des travailleurs de Choson) dans les usines abandonnées, moins de tout engagement spécifique envers l’autogestion des travailleurs ( la gauche coréenne était majoritairement stalinienne) que par simple nécessité de produire les bases de la vie quotidienne. Ce système de conseils ouvriers a été dûment fermé par les autorités d’occupation américaines en décembre 1945.

Comme dans les pays européens occupés par l’Allemagne nazie et dont les bourgeoisies avaient également été des collaborateurs, le yangban coréen et la petite classe capitaliste étaient politiquement et socialement discrédités. À partir de ces forces hétéroclites, l’occupation américaine a dû concocter un gouvernement viable capable de vaincre les ouvriers et les paysans éveillés, dont beaucoup étaient fortement favorables à Kim il-Sung et à ses forces de guérilla, et généralement en faveur d’un changement radical. Les États-Unis se sont emparés de la figure de Rhee Syngman et ont supervisé et participé à l’écrasement sans merci de la gauche dans la zone sud au cours de cinq années de guerre partisane et de massacres avant le déclenchement de la guerre avec la Corée du Nord en juin 1950.Ce qui restait d’une gauche sérieuse en 1950 a été physiquement éliminé pendant les années de guerre ou s’est enfui vers le Nord (où beaucoup d’entre eux ont également été éliminés). La continuité avec la gauche coréenne d’avant 1945 dans le sud a été totalement rompue, un facteur qui a joué un rôle non négligeable dans le réveil qui a commencé dans les années 1970.

Rhee Syngman a dirigé une Corée du Sud généralement inepte et économiquement stagnante jusqu’en 1960, entièrement soutenue par le soutien et l’aide militaires américains. Il est finalement renversé lors d’émeutes menées par des étudiants en 1960, et la Corée du Sud profite d’une brève ouverture démocratique. Cette ouverture a été refermée par le coup d’État de Park Chung-hee en 1961, et une nouvelle ère a commencé.

Park Chung-hee n’était pas, ou du moins pas seulement, le dictateur fantoche typique soutenu par les Américains de l’après-Seconde Guerre mondiale. Il est largement admis (bien qu’à ma connaissance aucune preuve définitive n’ait été révélée) pour avoir été communiste dès 1943, et en 1948, il a été arrêté dans le cadre d’un groupe d’étude communiste de jeunes officiers. Lorsqu’il a pris le pouvoir en 1961, les États-Unis ont d’abord hésité à le reconnaître, et à plusieurs reprises au cours de son régime dictatorial (1961-1979), les États-Unis se sont méfiés de ses impulsions nationalistes (comme dans son programme nucléaire indépendant) et de ses flirts diplomatiques occasionnels avec la Corée du Nord. .

De plus, Park avait fait ses études dans une académie militaire japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale et était très amoureux du modèle de développement économique japonais, qu’il tenta rapidement d’imiter en Corée du Sud, avec un certain succès. Le modèle japonais ayant été à son tour copié sur le modèle prussien à la fin du XIXe siècle, la Corée du Sud a acquis un certain placage « allemand » qui est généralement occulté par l’héritage japonais très contesté (et souvent occulté). La constitution de Park, par exemple, a été écrite par un juriste coréen qui a étudié le droit en Allemagne dans les années 50 et qui s’est épris des théories de Carl Schmitt ; par conséquent, « l’état d’urgence » était la pierre angulaire de l’idéologie de Park. Ahn Ho Sang, qui avait été ouvertement pro-nazi dans les années 30 et avait étudié en Allemagne à l’époque hitlérienne,a écrit les manuels d’histoire du lycée d’après-guerre avec le genre de mythe hyper-nationaliste hérité du populisme romantique allemand.

Plus fondamentalement, Park a réprimé les capitalistes parasites de la période Rhee et les a soit éliminés, soit entraînés dans l’investissement productif. Il a mis en œuvre la politique du « nouveau village » (Se Maul) à la campagne, conçue pour capitaliser pleinement l’agriculture et forcer de grandes populations rurales vers les villes et vers l’emploi industriel. Par le biais de la Fédération anticommuniste des syndicats coréens de la guerre froide (FKTU), le régime a exercé un contrôle draconien sur le travail, avec des semaines de travail posté de sept jours et 12 heures qui ne sont pas inhabituelles, et appliquées si nécessaire avec la terreur et la torture policières. A l’époque du Parc, les fameux chaebol (conglomérats) s’élevaient à la prééminence, sous contrôle étatique du crédit et sélection d’industries « championnes nationales »,cette pratique a ensuite été dénoncée comme un « capitalisme de copinage » lorsque l’économie coréenne a connu des difficultés dans les années 1990.

La Corée, comme les autres tigres et contrairement à la plupart des pays du tiers monde à cette époque, s’est développée en progressant, avec une stratégie orientée vers l’exportation, vers le haut de la « chaîne de produits » internationale, en commençant par les textiles et autres industries de consommation légère, puis en procédant à la fabrication (automobile, construction navale) et enfin à la haute technologie, capturant d’importants marchés mondiaux pour les composants informatiques dans les années 1990.

Le succès économique des décennies Park chung-hee, évidemment, ne peut être séparé ni de ses méthodes dictatoriales ni de la conjoncture internationale de l’époque (deux réalités largement ignorées aujourd’hui dans les débats sur les problèmes économiques croissants de la Corée du Sud ; la victoire en décembre 2007 du l’extrême droite aux élections présidentielles s’inspire d’une vision nostalgique et rosée de l’époque du Parc). En plus de bénéficier de sa grande visibilité dans la stratégie géopolitique américaine de la guerre froide, l’économie sud-coréenne a également profité de la vague croissante d’investissements industriels qui, à partir de ca. 1965, a commencé à chercher des lieux en dehors de l’Amérique du Nord et de l’Europe. La rémunération des Coréens à l’étranger a également joué un rôle important,alors que les troupes sud-coréennes rapatriaient des millions de dollars de leur service pendant la guerre du Vietnam et que des dizaines de milliers de travailleurs sud-coréens se rendaient au Moyen-Orient pour travailler sur des projets de construction pendant le boom pétrolier d’après 1973.

Compte tenu de la centralité de la fabrication légère dans la période de « décollage » des années 1960, la renaissance du mouvement ouvrier coréen n’a donc pas commencé par hasard dans les industries textiles, et pas non plus par hasard (puisque la main-d’œuvre était principalement composée de jeunes femmes) dirigée par des travailleuses.

Le mouvement ouvrier coréen contemporain marque ses débuts symboliques le 13 novembre 1970, lorsque Jeon Tae-il, un jeune ouvrier du textile, s’est immolé lors d’une petite manifestation dans l’un des quartiers des ateliers clandestins de Séoul. Jeon avait auparavant poursuivi toutes les formes légales de réparation pour la main-d’œuvre des ateliers clandestins, en vain.

Le mouvement des années 1970 s’est caractérisé par un nombre croissant de grèves menées dans les conditions les plus extrêmes par des ouvrières du textile. Les revendications étaient simples et directes, visaient les horaires de travail inhumains, les bas salaires, les contremaîtres autoritaires et la vie de dortoir forcée des femmes, qui étaient généralement recrutées directement à la campagne et dans les bidonvilles qui surgissaient autour de Séoul et d’autres villes. Les frappes se sont heurtées presque sans exception à une répression brutale de la part du personnel de sécurité de l’usine, de la police, des soldats et des voyous de la pègre coréen. La lutte pour une union démocratique à la Dongil Textile Company à Inchon de 1972 à 1976 a été exemplaire à cet égard.

Les années 1970 ont également vu les débuts de l’implication dans le mouvement ouvrier de groupes religieux (principalement chrétiens) et d’étudiants radicaux (ces derniers appelés « hakchul », ou « venant de l’université »). Les groupes religieux s’inspiraient de la théologie catholique de la libération et de doctrines sociales protestantes similaires. Les groupes religieux et les étudiants ont formé des écoles du soir pour les travailleurs du textile, enseignant l’alphabétisation et les compétences de secrétariat, mais aussi les droits fondamentaux des travailleurs.

Les années 1970, enfin, virent l’essor du mouvement minjung (culture populaire), étroitement lié au mouvement religieux et hakchul. Le mouvement minjung en grande partie de la classe moyenne a atteint la culture populaire coréenne, s’effritant rapidement sous l’impact de la modernisation de la marche forcée, et a tenté de l’utiliser dans la création d’une « contre-culture de la lutte » utilisant la musique et la danse du chamanisme coréen et rural. des traditions paysannes, des créations qui ont réussi à solidifier la détermination du groupe à lutter contre les vicissitudes et la répression. À ce jour, le chant, qui rappelle les IWW américains, reste une partie importante du mouvement ouvrier coréen, avec des manifestations et des grèves chantant des dizaines de chansons que tout le monde connaît par cœur.

Le mouvement coréen des années 1970, qu’il soit ouvrier ou hakchul ou minjung ou religieux, restait très dans le cadre de l’idéologie démocratique libérale et avait tendance à considérer avec sympathie les États-Unis comme une force qui orienterait la dictature coréenne vers la démocratie. Tout cela a changé avec le soulèvement de Kwangju et le massacre qui a suivi en mai 1980.

La Corée a été historiquement un pays de loyautés régionales intenses, loyautés qui ont persisté à l’ère du capitalisme moderne. La province de Cholla, au sud-ouest, est traditionnellement une région d’agriculture et de retard. Park chung-hee, quant à lui, était originaire de la province du sud-est du Gyeongsang, et ses politiques industrielles y étaient principalement dirigées, donnant naissance aux grands centres d’Ulsan, Pohang et Pusan. Les habitants de la province de Cholla en voulaient à cette négligence.

En 1979, des manifestations de masse balayaient le pays, réclamant la démocratie. Les travailleurs étaient à l’avant-garde de bon nombre de ces manifestations. En octobre de la même année, Park chung-hee a été assassiné par le chef de la Central Intelligence Agency coréenne, prétendument après une dispute sur la manière de contenir et de réprimer les manifestations.

Troisième partie : Le soulèvement de Kwangju et le tournant vers le « marxisme-léninisme »

Une brève ouverture démocratique, similaire à 1960, a eu lieu, mais Park a été remplacé par un autre dictateur militaire, Chun Doo Hwan. En mai 1980, l’armée a tiré sur une manifestation à Kwangju, la plus grande ville de la province de Cholla. Le résultat a été un soulèvement au cours duquel la population de Kwangju a pris le contrôle de la ville, s’est armée d’armes provenant d’un arsenal militaire et a combattu les forces de répression, y compris une unité d’élite retirée de la DMZ avec la Corée du Nord, pendant des jours. Les estimations du nombre total de morts des deux côtés (la plupart d’entre eux de toute évidence de la répression de la révolte) à Kwangju vont jusqu’à 2000.

Kwangju a été bouclé et une censure extrême a empêché toute fuite d’informations sérieuses. (La loi draconienne sur la sécurité nationale de la Corée, datant de 1948 et toujours en vigueur aujourd’hui, a fait un crime grave, jusque dans les années 1990, de discuter du soulèvement de Kwangju en public.) . Cependant, il était largement admis que le gouvernement américain, du récent renversement du Shah d’Iran en 1979, au milieu de la crise des otages de Téhéran, et ne voulant plus de mouvements radicaux de masse contre les dictateurs pro-américains, avait été profondément impliqué dans la décision d’utiliser la force extrême (une croyance considérablement renforcée par la divulgation plus récente de documents sur la communication de gouvernement à gouvernement pendant la crise).

À partir de ce moment-là, le mouvement coréen s’est rapidement éloigné des idéologies libérales démocratiques et religieuses des années 1970 pour adopter une orientation révolutionnaire plus radicale, essentiellement « marxiste-léniniste ».

Ce tournant idéologique montre l’importance de toute la période antérieure : la discontinuité quasi totale avec la gauche qui a émergé après l’effondrement du Japon en 1945 et qui a été détruite par la répression gouvernementale et militaire américaine entre 1945 et 1953 ; les décennies de dictature après la guerre de Corée qui ont qualifié la critique sociale la plus modérée d’inspiration nordiste ; l’isolement de la Corée du Sud du bouillonnement mondial des années 1960 et au-delà. (Lorsque des étudiants coréens ont rejoint des groupes d’opposition clandestins dans les années 1970 et 1980, l’une des premières tâches était souvent d’apprendre le japonais, afin de lire tous les livres politiques (et particulièrement marxistes) qui ne pouvaient pas être publiés en Corée.) Ainsi les décennies -longue érosion du stalinisme tel qu’il a été vécu en Europe et aux États-Unis, l’impact de 1968 et de la Nouvelle Gauche occidentale, la critique radicale du léninisme,la renaissance de Hegel et l’impact de la popularisation du Marx des années 1840 étaient tous inconnus ou vus à travers une vitre sombre en Corée du Sud. (Au début des années 1980, un groupe d’étude clandestin se forma pour lire les écrits de Lukacs et Hegel sur l’esthétique - en allemand - et fut découvert ; ses membres furent condamnés à six mois de prison.) En conséquence, la radicalisation du mouvement coréen après Kwangju procédait presque invariablement selon les lignes staliniennes, « marxistes-léninistes », pro-soviétique, pro-Chine, pro-Corée du Nord, mais stalinienne à tous les niveaux. Trotsky était peu connu jusqu’à la fin des années 1980, sans parler des critiques de gauche de Trotsky.un groupe d’étude clandestin formé pour lire les écrits de Lukacs et Hegel sur l’esthétique – en allemand – fut découvert ; ses membres ont été condamnés à six mois de prison.) En conséquence, la radicalisation du mouvement coréen après Kwangju s’est déroulée presque invariablement selon les lignes staliniennes, « marxistes-léninistes », pro-soviétique, pro-Chine, pro-Corée du Nord, mais stalinien à tous les niveaux. Trotsky était peu connu jusqu’à la fin des années 1980, sans parler des critiques de gauche de Trotsky.un groupe d’étude clandestin formé pour lire les écrits de Lukacs et Hegel sur l’esthétique – en allemand – fut découvert ; ses membres ont été condamnés à six mois de prison.) En conséquence, la radicalisation du mouvement coréen après Kwangju s’est déroulée presque invariablement selon les lignes staliniennes, « marxistes-léninistes », pro-soviétique, pro-Chine, pro-Corée du Nord, mais stalinien à tous les niveaux. Trotsky était peu connu jusqu’à la fin des années 1980, sans parler des critiques de gauche de Trotsky.pour ne rien dire des critiques de gauche de Trotsky.pour ne rien dire des critiques de gauche de Trotsky.

Certaines des factions marxistes-léninistes qui ont émergé dans les années 1980 ont été le point de départ des deux tendances majeures du mouvement coréen organisé aujourd’hui (à la fois au sein de la KCTU mentionnée précédemment et du Parti travailliste démocrate coréen ou KDLP). Ces factions sont la « Libération nationale » pro-coréenne (NL, ou juche-istes, ainsi appelée en raison de la doctrine nord-coréenne du « juche » ou de l’autonomie) et de la grande minorité « Démocratie populaire » (PD, plus social-démocrate) . À l’approche de l’élection présidentielle de décembre 2007, les juchéistes ont pris le contrôle total de l’appareil du KDLP et ont purgé certains membres du PD. (Il est également important de noter que les factions NL et PD ont leur base principalement dans les syndicats de cols blancs, tels que les banques, les enseignants et autres fonctionnaires, alors que les cols bleus sont largement indifférents aux deux. Sous la direction de NL,le vote KDLP à l’échelle nationale a chuté, par rapport à 2002, aux élections de décembre 2007 de 5 à 3%, et à Ulsan, le bastion de la classe ouvrière coréenne, de 11 à 8%.)

Le nationalisme est endémique en Corée, y compris dans le mouvement ouvrier. Les raisons en sont à rechercher dans les siècles de domination étrangère (chinoise, puis japonaise, puis américaine), la division du pays après 1945, et la position géopolitique de la Corée au « carrefour » des Chinois, Japonais, Russes et Américains. sphères d’influence. La péninsule coréenne, ou son hégémonie, a été le prix des intrusions étrangères il y a des siècles, et plus récemment la guerre sino-japonaise de 1895, la guerre russo-japonaise de 1904-1905, et plus récemment la guerre de Corée. « Quand les baleines se battent, les vairons se mettent à l’abri » est un vieux proverbe coréen exprimant cette réalité. La tentative japonaise, sur 35 ans (1910-1945) de domination coloniale, d’éliminer pratiquement la culture coréenne a encore renforcé cette impulsion nationaliste. Enfin, les mythes d’homogénéité ethnique,renforcés par des manuels d’histoire populistes mythiques ou plus récemment des drames historiques à la télévision sur les époques de la grandeur coréenne, complètent le tableau. (Une version différente, encore plus virulente, de ce nationalisme est promue en Corée du Nord.) Dans ce contexte, même des événements sportifs, comme les Jeux olympiques de Séoul en 1988 ou les succès de l’équipe coréenne lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2002, deviennent des événements dans le forger une identité nationale.

Pour les mêmes raisons géopolitiques, toute émergence d’une lutte de classe sérieuse en Corée du Sud prend immédiatement une dimension internationale.

Le nationalisme était donc incontesté dans le renouveau de la gauche dans les années 1970 et 1980. Alors qu’un « marxisme » stalinisé repoussait les orientations démocratiques libérales d’avant Kwangju au cours des années 1980, les importations dominantes étaient des variantes de la théorie de l’impérialisme de Lénine, de la théorie du capital monopoliste et de la théorie de la dépendance, popularisées par les groupes marxistes-léninistes et par des journaux clandestins influents.

Les années 1980 ont également vu l’accélération du mouvement hakchul dans les usines, aussi répandu que n’importe quel « tournant vers la classe ouvrière » comparable dans les pays occidentaux par les radicaux de la classe moyenne après 1968. Au sommet du mouvement, des milliers d’anciens étudiants avaient pris des emplois d’usine, et à l’occasion même mené des grèves importantes.

Le mouvement coréen de la fin des années 1980 considérait à juste titre la Corée du Sud comme un pays « périphérique » du système impérial américain, dont seuls le « socialisme » (au sens stalinien) et la réunification nationale pouvaient l’extirper. Il y avait ainsi une tendance à sous-estimer la profondeur du développement industriel coréen et surtout l’élasticité du système qui permettrait des salaires nettement plus élevés dans un cadre capitaliste après la révolte ouvrière de 1987-1990. De telles théories ont été renforcées par le fait que la Corée du Sud n’a rattrapé et dépassé la Corée du Nord économiquement qu’environ. 1980.

La convergence de tous ces facteurs signifiait que l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, coïncidant avec le ralentissement des luttes ouvrières après 1990, a eu un impact psychologique bien plus lourd sur les militants en Corée que partout ailleurs en Occident, où le prestige de l’Union soviétique se dégonfle depuis au moins 1956 et certainement depuis 1968. L’ambiance était déjà devenue sombre au printemps 1991, lorsqu’un étudiant de Séoul a été battu à mort par la police et que les candidats de la gauche démocrate ont été écrasés lors des élections municipales de juin 1991. élections, comme pour souligner un sentiment de défaitisme et de futilité après des années de mobilisation et de lutte. On peut ajouter que l’économie coréenne, dans une phase de boom dans la période 1986-88 et la première phase de la Grande Lutte Ouvrière, était entrée dans de nouvelles difficultés en 1990,difficultés dont il ne s’est jamais complètement remis.

Tout comme des développements comparables en Occident après la fin des années 1970, des milliers d’activistes ont abandonné, se sont retirés dans la vie privée, ont tenté de poursuivre des carrières dans la classe moyenne ou, dans le monde universitaire, ont succombé à l’attrait du post-modernisme.

Quatrième partie : La politique nationale et la grande lutte des travailleurs, 1987-1990

Une discussion sur la toile de fond politique du cours de la lutte des classes est également indispensable. À partir des années 1980, les luttes des travailleurs pour des syndicats démocratiques sont passées (avec l’économie coréenne elle-même) de l’industrie légère à l’industrie lourde. La dictature militaire de Chun Doo Hwan qui a succédé à Park chung-hee a été forcée d’assouplir les contrôles au milieu des années 1980, sous la pression croissante de l’opposition démocratique plus large à l’approche des Jeux olympiques panasiatiques (1986) et des Jeux olympiques de Séoul ( 1988). En particulier, la « déclaration de démocratisation » de juin 1987, faite en réponse à la menace que la classe ouvrière se joigne aux manifestations pro-démocratie, a été le déclencheur immédiat de la Grande Lutte Ouvrière de cet été. Pour la première fois, le mouvement s’est déplacé de la région de Séoul-Inchon vers les nouvelles zones industrielles du sud d’Ulsan,Masan et Changwon. Au total, il y a eu plus de 3 000 grèves en 1987, gagnant la syndicalisation, 25 à 30 % d’augmentations de salaire et l’abolition de la discipline militaire détestée (longueur de cheveux imposée, exercices matinaux obligatoires) dans les usines. Ulsan, en particulier, la ville de l’entreprise Hyundai, a connu une mobilisation de rue massive et des combats de rue qui ont duré jusqu’en 1990.

La grève de 128 jours (décembre 1988-avril 1989) chez Hyundai Heavy Industries (HHI) a abouti à une attaque militaire coordonnée contre le chantier naval occupé de Hyundai par 9 000 soldats et policiers, venant de la mer, de l’air et de la terre. Cela a été suivi de dix jours de combats de rue (mobilisant non seulement les travailleurs mais leurs femmes et leurs enfants) dans les quartiers ouvriers d’Ulsan. Cette lutte a été à son tour suivie en 1990 par la grève de Goliat, toujours à HHI, et qui s’est soldée par une cuisante défaite. (Hyundai a construit de vastes immeubles de grande hauteur pour les travailleurs en réponse à ces luttes.)

Cinquième partie : Déclin et début du retour en arrière, 1990-1997

Le reflux des luttes offensives de masse de la période 1987-1990, et l’atmosphère générale de défaite qui s’en est suivie, ont ouvert une nouvelle phase dans les organisations ouvrières coréennes. Les augmentations salariales remportées à la fin des années 1980 ont brièvement renforcé l’illusion de la possibilité d’une cohabitation capital-travail, et donc les courants réformistes. En particulier, au sein du Congrès national des syndicats (ChoNoHyop), la faction de libération nationale de droite et ouvertement réformiste (pro-nord-coréen) a commencé à prendre le dessus sur la faction radicale affaiblie. (Le nom coréen de la faction NL, Kukminpa, signifie littéralement ’Travail avec la nation’). Cette faction a toujours été orientée vers les bureaucrates et les politiciens. Comme mentionné précédemment,une politique gouvernementale de répression visant les meilleurs militants de la NCTU et la tolérance des réformistes ouverts détruisirent la NCTU en 1995 et conduisirent au regroupement de la KCTU sous la direction de droite. (En effet, lors de la fondation même de la NCTU en janvier 1990, la plupart de ses dirigeants étaient en prison ou dans la clandestinité.) La longue expérience de la dictature et du copinage a également rendu certains travailleurs initialement sympathiques à la démocratie bourgeoise et au néolibéralisme. Ulsan est cependant resté en effervescence intense et en juin 1991, lorsque Park Chang Su, un dirigeant syndical, a été tué en prison, 20 000 travailleurs de HHI et 30 000 de HMC ont attaqué la mairie d’Ulsan, la lutte ayant finalement duré un mois.la plupart de ses dirigeants étaient en prison ou dans la clandestinité.) La longue expérience de la dictature et du copinage a également rendu certains ouvriers initialement sympathiques à la démocratie bourgeoise et au néolibéralisme. Ulsan est cependant resté en effervescence intense et en juin 1991, lorsque Park Chang Su, un dirigeant syndical, a été tué en prison, 20 000 travailleurs de HHI et 30 000 de HMC ont attaqué la mairie d’Ulsan, la lutte ayant finalement duré un mois.la plupart de ses dirigeants étaient en prison ou dans la clandestinité.) La longue expérience de la dictature et du copinage a également rendu certains ouvriers initialement sympathiques à la démocratie bourgeoise et au néolibéralisme. Ulsan est cependant resté en effervescence intense et en juin 1991, lorsque Park Chang Su, un dirigeant syndical, a été tué en prison, 20 000 travailleurs de HHI et 30 000 de HMC ont attaqué la mairie d’Ulsan, la lutte ayant finalement duré un mois.

En 1992, la Corée du Sud a rejoint l’Organisation internationale du travail (OIT), à peu près au même moment où les capitalistes se regroupaient pour une répression des gains salariaux. Au cours de cette période, les travailleurs à bas salaires du secteur public ont commencé à s’organiser, les travailleurs de Korea Telcom (KT) étant les plus militants, même si leurs luttes avaient tendance à être principalement axées sur les salaires, bien que liées à une poussée pour la démocratie sur le lieu de travail.

En 1993-1994, le débat a fait rage dans le mouvement sur la voie à suivre, y compris un besoin ressenti de grèves politiques. Les courants les plus radicaux voulaient déplacer les syndicats des syndicats d’entreprise (la forme dominante des syndicats coréens à ce jour) aux syndicats de l’industrie, et créer une organisation faîtière. Alors que la NCTU continuait de décliner sous les coups de la répression et les machinations de la faction NL, la voie était ouverte à la création de la KCTU, officiellement créée (mais pas légalisée avant la crise du FMI) en novembre 1995. Certaines grèves réussies se sont poursuivies en 1995. -96, notamment une grève chez KT, qui a remporté d’importants gains salariaux. En raison de ces grèves, les salaires des cols bleus dépassaient les salaires de la fonction publique. Dans le même temps, les employeurs coréens passaient de plus en plus du modèle chaebol à une orientation vers les avantages de la mondialisation.Les deux parties se préparaient à la confrontation de 1996-1997 sur la loi sur la précarisation du travail. À l’automne 1996, la pression de la base et la préparation d’une grève générale se sont intensifiées. Sous cette pression, la KCTU a dû se retirer des discussions menant à la tristement célèbre Commission tripartite (État-travail-capital) qui, une fois de plus, sera créée au milieu de la crise du FMI au printemps 1998. -dossier de rejet du groupe NL. Une contre-mesure importante des militants radicaux a été la formation des « hyung-jang jujik », ou organisations d’atelier, qui ont tenté de lutter contre la dégénérescence des syndicats et de la KCTU avec une organisation alternative, non pas « en dehors » des syndicats mais en tant que pouvoir de l’ombre à la fois au sein des syndicats et avec des liens « horizontaux » avec les militants d’autres syndicats,lutter contre une tendance à l’esprit de clocher d’entreprise. L’arc du hyung-jang jujik s’est étendu de 1990 à 2005. Dans différentes circonstances, le hyungjang jujik a réussi à prendre le pouvoir dans les principaux syndicats et a alors souvent succombé à la bureaucratisation ; au cours de leurs dernières années, ils sont devenus la proie de divers groupes cherchant une voie détournée vers le pouvoir dans les syndicats, et se sont finalement effondrés. Mais au mieux, dans une situation généralement défensive, ils ont conservé une continuité avec l’élan radical de la période 1987-1990.et finalement effondré. Mais au mieux, dans une situation généralement défensive, ils ont conservé une continuité avec l’élan radical de la période 1987-1990.et finalement effondré. Mais au mieux, dans une situation généralement défensive, ils ont conservé une continuité avec l’élan radical de la période 1987-1990.

Sixième partie : La grève générale et la crise du FMI, 1997-1998

Juste après Noël 1996, le gouvernement coréen de Kim Young-sam, lors d’une session spéciale nocturne du parlement sans la présence de l’opposition, a fait adopter la première d’une série de lois sur la précarisation du travail visant à faire entrer pleinement l’économie sud-coréenne dans l’ère de « mondialisation » et faciliter les licenciements pour les employeurs, ainsi que l’introduction de contrats à plusieurs niveaux. Les employeurs, comme indiqué précédemment, avaient régulièrement réduit les gains des travailleurs de la fin des années 1980, et l’économie s’est encore affaiblie jusqu’en 1996 avec l’accélération des faillites, mais il s’agissait de la première confrontation directe avec le pouvoir ouvrier nouvellement conquis. .

La KCTU, fermement aux mains des droitiers qui avaient vaincu et supplanté la NCTU, a appelé à une grève générale immédiate sous une intense pression de la base, une grève générale qui a été largement suivie. Même la FKTU « jaune » conservatrice de l’époque de la guerre froide s’y est jointe. Les cols blancs y ont également adhéré, et à son apogée, trois millions de travailleurs étaient en grève. (La législation initiale a été retirée, mais une loi pratiquement identique a été adoptée en mars 1997, sans réponse significative de la KCTU.) Encore une fois, l’expérience historique de la classe ouvrière coréenne et la nouveauté de la précarisation ont rendu la grève plus « antifasciste » qu’anti-néo-libéral. La KCTU a fait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter une confrontation avec le gouvernement et s’est activement démobilisée là où elle le pouvait. La base, pour sa part, a fait preuve d’une grande spontanéité,comme chez Hyundai et Kia Motor Company. On disait que la KCTU avait rencontré secrètement les capitalistes pour leur assurer que la grève était sous contrôle et qu’elle diminuait. Ils ont proposé la tactique impuissante de la « grève du mercredi », une tactique répétée encore et encore au cours des années suivantes. La grève générale s’est arrêtée fin janvier, avec (comme indiqué) rien de résolu. À la suite de la grève générale, le Parti travailliste démocratique coréen (KDLP, ou Minju Nodong Tang) a été fondé au printemps 1997, avec les mêmes éléments de droite dominants dans la majorité KCTU. L’échec de la grève générale de janvier 1997 a cependant été à son tour éclipsé par la dévastation de l’économie coréenne lors de la crise financière asiatique de 1997-1998.et décroissant. Ils ont proposé la tactique impuissante de la « grève du mercredi », une tactique répétée encore et encore au cours des années suivantes. La grève générale s’est arrêtée fin janvier, avec (comme indiqué) rien de résolu. À la suite de la grève générale, le Parti travailliste démocratique coréen (KDLP, ou Minju Nodong Tang) a été fondé au printemps 1997, avec les mêmes éléments de droite dominants dans la majorité KCTU. L’échec de la grève générale de janvier 1997 a cependant été à son tour éclipsé par la dévastation de l’économie coréenne lors de la crise financière asiatique de 1997-1998.et décroissant. Ils ont proposé la tactique impuissante de la « grève du mercredi », une tactique répétée encore et encore au cours des années suivantes. La grève générale s’est arrêtée fin janvier, avec (comme indiqué) rien de résolu. À la suite de la grève générale, le Parti travailliste démocratique coréen (KDLP, ou Minju Nodong Tang) a été fondé au printemps 1997, avec les mêmes éléments de droite dominants dans la majorité KCTU. L’échec de la grève générale de janvier 1997 a cependant été à son tour éclipsé par la dévastation de l’économie coréenne lors de la crise financière asiatique de 1997-1998.ou Minju Nodong Tang) a été fondée au printemps 1997, avec les mêmes éléments de droite dominants dans la majorité KCTU. L’échec de la grève générale de janvier 1997 a cependant été à son tour éclipsé par la dévastation de l’économie coréenne lors de la crise financière asiatique de 1997-1998.ou Minju Nodong Tang) a été fondée au printemps 1997, avec les mêmes éléments de droite dominants dans la majorité KCTU. L’échec de la grève générale de janvier 1997 a cependant été à son tour éclipsé par la dévastation de l’économie coréenne lors de la crise financière asiatique de 1997-1998.

Commençant en Thaïlande en juillet 1997 avec l’effondrement de la monnaie thaïlandaise, la crise s’est propagée à travers l’Asie au cours des mois suivants, car chaque pays qui avait embrassé le « marché libre » et donc assoupli les contrôles des capitaux a vu une fuite massive de capitaux et la chute de sa monnaie. , la Thaïlande, l’Indonésie et la Corée du Sud étant les plus durement touchées. Le won coréen a chuté de 40 % en novembre 1997, lorsque le gouvernement de Kim Young Sam a obtenu un renflouement de 57 milliards de dollars du FMI. Les quatre candidats aux élections présidentielles de décembre 1997 ont dû signer une acceptation de l’accord du FMI comme condition de décaissement. Ainsi Kim Dae Jong, finalement élu président de la Corée après des décennies dans le désert de l’opposition démocratique, a dû consacrer son mandat à la mise en œuvre du paquet draconien de licenciements, de coupes dans les services gouvernementaux, dele rachat à effet de levier et déréglementé d’industries et de banques coréennes par des étrangers et la précarisation de la main-d’œuvre. La démocratie coréenne, comme le travail organisé coréen avant elle, a triomphé au moment même où l’accomplissement de sa promesse apparente antérieure est devenu impossible, et a triomphé en tant que feuille de vigne nécessaire pour une médecine aussi dure. Les faillites se multiplient et les suicides montent en flèche. Le FMI a d’abord exigé que les banques coréennes licencient 50% de leur personnel (le chiffre a ensuite été abaissé à 30%) et un nombre similaire de fonctionnaires. Le taux de chômage a triplé en 1999 et des millions de personnes ont été replongées dans la pauvreté.a triomphé au moment même où l’accomplissement de sa promesse apparente antérieure est devenu impossible, et a triomphé comme la feuille de vigne nécessaire pour une médecine si dure. Les faillites se multiplient et les suicides montent en flèche. Le FMI a d’abord exigé que les banques coréennes licencient 50% de leur personnel (le chiffre a ensuite été abaissé à 30%) et un nombre similaire de fonctionnaires. Le taux de chômage a triplé en 1999 et des millions de personnes ont été replongées dans la pauvreté.a triomphé au moment même où l’accomplissement de sa promesse apparente antérieure est devenu impossible, et a triomphé comme la feuille de vigne nécessaire pour une médecine si dure. Les faillites se multiplient et les suicides montent en flèche. Le FMI a d’abord exigé que les banques coréennes licencient 50% de leur personnel (le chiffre a ensuite été abaissé à 30%) et un nombre similaire de fonctionnaires. Le taux de chômage a triplé en 1999 et des millions de personnes ont été replongées dans la pauvreté.

Dans cette situation, Kim Dae Jong et la KCTU ont joué leur rôle. Comme mentionné précédemment, Kim a entraîné la direction de la KCTU dans les accords tripartites de février 1998, la KCTU approuvant des licenciements massifs d’urgence. La base de la KCTU s’est révoltée contre une reddition aussi abjecte et a renversé la direction qui avait signé l’accord. Il y a eu quelques grèves à grande échelle contre les licenciements en 1998, comme la grève de la Hyundai Motor Company (HMC), mais les nouveaux dirigeants de la KCTU ont été emprisonnés et les grèves ont généralement été défaites.

Pendant la crise de la FIOM, de nombreuses petites usines ont été anéanties, y compris celles avec une main-d’œuvre militante originaire de la vague de grèves de la fin des années 1980 et auparavant sympathique à la NCTU. Pour la première fois, conformément aux exigences de la FIOM, les travailleurs intérimaires sont devenus un phénomène majeur dans la main-d’œuvre coréenne. En réponse à la vente imposée des actions de Korea Telcom aux investisseurs de Wall Street, par exemple, une grève a éclaté. Cette grève montra de plus en plus le fossé qui se développait entre les travailleurs réguliers et occasionnels. En plus de toucher un salaire plus élevé pour moins de travail, les travailleurs réguliers plus âgés n’avaient pas les compétences informatiques des jeunes occasionnels et ressentaient une insécurité d’emploi croissante. Les dirigeants syndicaux ont parlé dur mais n’ont rien fait. En fin de compte, les travailleurs réguliers et occasionnels ont fait grève, mais pas en même temps. La grève de KT s’est terminée par le licenciement de 10,000 travailleurs occasionnels. L’accord de février 1998 entre Kim Dae Jong et la direction de droite de la KCTU pour des licenciements massifs a conduit à une révolte de la base au sein de la KCTU, et toute la direction a été évincée après que des militants ouvriers eurent occupé les bureaux de la KCTU armés de tuyaux en acier. . Une nouvelle direction de gauche a pris le contrôle, comme mentionné précédemment, et a tenté de relancer une grève générale contre la nouvelle loi du travail en mai, juin et juillet, mais en vain. L’ancienne direction est restée enracinée dans les syndicats de l’industrie lourde et s’est opposée à l’action militante. En juin-août 1998, une grève de 28 jours a eu lieu chez HMC, entraînant le licenciement de 10 000 travailleurs réguliers. En deux ans, 10 000 occasionnels avaient été embauchés pour faire leur travail. KT et diverses banques ont également licencié des travailleurs réguliers et les ont réembauchés comme occasionnels.L’accord de février 1998 entre Kim Dae Jong et la direction de droite de la KCTU pour des licenciements massifs a conduit à une révolte de la base au sein de la KCTU, et toute la direction a été évincée après que des militants ouvriers eurent occupé les bureaux de la KCTU armés de tuyaux en acier. . Une nouvelle direction de gauche a pris le contrôle, comme mentionné précédemment, et a tenté de relancer une grève générale contre la nouvelle loi du travail en mai, juin et juillet, mais en vain. L’ancienne direction est restée enracinée dans les syndicats de l’industrie lourde et s’est opposée à l’action militante. En juin-août 1998, une grève de 28 jours a eu lieu chez HMC, entraînant le licenciement de 10 000 travailleurs réguliers. En deux ans, 10 000 occasionnels avaient été embauchés pour faire leur travail. KT et diverses banques ont également licencié des travailleurs réguliers et les ont réembauchés comme occasionnels.L’accord de février 1998 entre Kim Dae Jong et la direction de droite de la KCTU pour des licenciements massifs a conduit à une révolte de la base au sein de la KCTU, et toute la direction a été évincée après que des militants ouvriers eurent occupé les bureaux de la KCTU armés de tuyaux en acier. . Une nouvelle direction de gauche a pris le contrôle, comme mentionné précédemment, et a tenté de relancer une grève générale contre la nouvelle loi du travail en mai, juin et juillet, mais en vain. L’ancienne direction est restée enracinée dans les syndicats de l’industrie lourde et s’est opposée à l’action militante. En juin-août 1998, une grève de 28 jours a eu lieu chez HMC, entraînant le licenciement de 10 000 travailleurs réguliers. En deux ans, 10 000 occasionnels avaient été embauchés pour faire leur travail. KT et diverses banques ont également licencié des travailleurs réguliers et les ont réembauchés comme occasionnels.

Septième partie : Post-1998 : les travailleurs réguliers contre les travailleurs occasionnels deviennent l’enjeu du mouvement ouvrier

Depuis la crise de la FIOM, la question des travailleurs occasionnels est devenue de plus en plus importante dans le mouvement coréen, ainsi que l’antagonisme entre les travailleurs réguliers et occasionnels, les travailleurs réguliers considérant les travailleurs occasionnels comme sapant leur emploi. (En 2000, un syndicat national des travailleurs occasionnels a été fondé et est maintenant une organisation faîtière avec plus de 50 000 membres.)

Dès 1999, une grève nationale de 32 jours de 4000 tuteurs des écoles Jaenung (hakwon, ou académies privées pour l’enseignement après les heures de cours) a obtenu le droit de négociation collective. Le gouvernement avait nié qu’il s’agissait de travailleurs, les qualifiant plutôt d’« entrepreneurs indépendants ». La grève a été importante pour montrer que l’organisation des travailleurs occasionnels était possible, contre la résistance de l’État et des employeurs.

En 2000-2002, une nouvelle grève de KT a duré 517 jours. Au lendemain de la défaite, le syndicat des travailleurs occasionnels KT a été dissous. Les travailleurs réguliers de KT étaient généralement hostiles aux travailleurs irréguliers. Après la grève, KT a embauché des personnes en tant que « travailleurs sous contrat indirect ». En 2002, 49 % des actions de KT ont été vendues à des investisseurs américains, avec une augmentation des indemnités de départ en contrepartie, ainsi que des actions remises aux travailleurs réguliers. En 2000-2001, une grève d’une usine de climatisation a duré plus d’un mois et a été trahie par les travailleurs réguliers, contre et contre le militantisme des travailleurs occasionnels. Un contre-exemple, cependant, a été la campagne d’organisation des travailleurs de Lotte Hotel en 2000, qui a montré qu’un syndicat de travailleurs réguliers pouvait, dans certaines circonstances, organiser des travailleurs irréguliers. Après une terrible répression des hôteliers et l’incarcération des grévistes,l’hôtel a accepté de régulariser les travailleurs sur une période de deux ans. Au cours de ces mêmes années, cependant, le KDLP se déplaçait vers la droite, et la domination de la ligne NL, orientée vers les bureaucrates de la KCTU et les politiciens du KDLP, empêchait d’organiser les travailleurs occasionnels. (En 2004, la KCTU a même aidé un PDG de Hyundai dans sa campagne électorale en tant qu’indépendant.) De l’avis de certains militants, la KCTU faisait partie intégrante du néolibéralisme, presque au point d’imposer l’externalisation. En 2003, par exemple, les chauffeurs de camion de Pusan ​​ont réussi à faire grève, mais le gouvernement, les employeurs, la KCTU et le KDLP l’ont sabotée. La même année, une grande grève a éclaté à la raffinerie LG Caltex (aujourd’hui GS Caltex), mais la KCTU n’a rien fait pour aider les grévistes. En 2005, 10,000 travailleurs occasionnels du pétrole et de la chimie à Ulsan ont fait grève pendant 83 jours à cause des conditions de travail. La structure d’embauche compliquée imposée par les lois du travail et la stratégie de l’entreprise a entravé la grève. Un « comité pour la région d’Ulsan » a été créé pour s’installer, comprenant des capitalistes, des PDG, des hommes d’affaires plus petits, des ONG et la branche d’Ulsan de la KCTU. Un accord se limitait à la reconnaissance du syndicat. Les ouvriers ont repris le travail pendant six mois de « discussions » en comité qui n’ont abouti à rien. Le retour au travail a été provoqué par des concessions de petites entreprises, mais après le retrait de la KCTU et du KDLP, aucune partie de l’accord n’a jamais été mise en œuvre. Au cours de l’été 2005, une bataille a de nouveau fait rage à Ulsan HMC au sujet de la précarisation. Un travailleur s’est immolé en signe de protestation et le syndicat a refusé de lier sa mort à la situation du travail.Les travailleurs occasionnels ont essayé d’arrêter la chaîne de montage, mais les travailleurs réguliers ont refusé de collaborer. Les chefs d’entreprise et les briseurs de grève ont redémarré la ligne pendant que les travailleurs réguliers se tenaient debout, ne faisant rien. Tous les travailleurs occasionnels impliqués dans la lutte ont été licenciés.

En juin 2006, le syndicat des métallurgistes a voté pour former un syndicat industriel pour tenter de surmonter la fragmentation des travailleurs dans la myriade de filiales dérivées avec des contrats différents, mais HMC négocie toujours avec le syndicat d’entreprise HMC. De nombreux travailleurs militants se sont opposés à l’initiative du syndicat industriel en raison de son programme corporatiste.

Plus tard cet été-là, les ouvriers occasionnels du bâtiment de l’aciérie géante POSCO à Pohang se sont échappés et ont été vaincus. En août 2007, les travailleurs occasionnels de la Kia Motor Company ont pillé et occupé une partie de l’usine, où ils ont été physiquement agressés par les travailleurs réguliers de Kia et contraints de reprendre le travail.

Fait positif, en novembre 2007, les travailleurs réguliers et irréguliers de Hyundai Motor Company à Ulsan ont organisé pour la première fois un mouvement de base ensemble.

Huitième partie : La grève E-Land illumine l’horizon social

La grève E-Land toujours en cours (au moment d’écrire ces lignes, mars 2008) est la dernière et à certains égards la lutte la plus importante de toutes pour placer la question des travailleurs occasionnels au premier plan dans la société sud-coréenne.

En novembre 2006, le gouvernement coréen a adopté une autre série de lois sur le travail occasionnel, appelée à la manière orwellienne Loi sur la protection des travailleurs occasionnels. La loi a été conçue pour créer l’illusion de « faire quelque chose » au sujet d’une condition affectant maintenant plus de 60 % de la population active de la Corée du Sud. La loi prévoyait qu’après deux ans de travail, tous les travailleurs deviendraient automatiquement des travailleurs réguliers. La loi est entrée en vigueur sept mois plus tard, le 1er juillet 2007, et a laissé d’énormes lacunes pour les employeurs qui voulaient licencier les occasionnels avant la date limite. Certaines entreprises se sont conformées à la loi, mais beaucoup d’autres ne l’ont pas fait et ont licencié leurs travailleurs occasionnels en juin. L’ensemble du processus a été mis au point dans une chaîne de grands magasins connue sous le nom d’E-Land, avec une lutte connexe dans une chaîne similaire connue sous le nom de New Core. E-Land avait commencé comme une petite entreprise familiale,sous un propriétaire chrétien fondamentaliste, et était devenue une entreprise annuelle de 58 milliards de dollars avec 61 points de vente à travers le pays. Elle avait repris les magasins de la chaîne française Carrefour. L’entreprise était connue pour ses conditions d’emploi particulièrement difficiles, avec principalement des travailleuses occasionnelles gagnant 800 $ par mois pendant 36 heures par semaine, souvent obligées de travailler des quarts de 12 heures sans même aller aux toilettes. De plus, l’entreprise exigeait que tous les employés, chrétiens ou non, fréquentent la chapelle sur place. Le PDG d’E-Land a versé 10 millions de dollars à son église en 2006. Juste avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, E-Land et New Core ont licencié 1 000 travailleurs qui seraient considérés comme des travailleurs réguliers en vertu de ses dispositions. La réponse immédiate a été une grève maintenant (mars 2008) dans son 9ème mois, et maintenant face à une défaite presque certaine. Mais dans les premiers jours de la grève,Partout en Corée du Sud, des milliers de travailleurs occasionnels d’autres secteurs sont venus aider à fermer les magasins E-Land. La KCTU est passée à l’action, faisant tout pour étouffer la grève sous une rhétorique abondante tout en détournant les énergies de la base et de ses partisans « de l’extérieur » dans des actions symboliques dénuées de sens. Le 20 juillet, cependant, 200 employés d’E-Land ont occupé un point de vente à Séoul et l’ont fermé. La réponse du gouvernement a été d’envoyer 7 000 soldats, policiers et hommes de main embauchés pour expulser et arrêter violemment 200 personnes. Le gouvernement en déclin de Noh Moon Yon (très impopulaire et qui devait quitter ses fonctions en février 2008) a beaucoup profité du succès de la nouvelle loi. Mais il n’était guère le seul à percevoir l’importance de la grève. De nombreux grands chaebols sont venus en aide à E-Land avec des millions de dollars de prêts. La KCTU, pour sa part,a promis de prêter de l’argent aux syndicats E-Land et New Core lorsque leurs fonds de grève seraient épuisés à la fin de l’été, puis a renié son offre. La KCTU a constamment fait pression sur les syndicats de l’entreprise pour qu’ils viennent à la table de négociation tandis que la direction d’E-Land n’a offert aucune concession. A Pohang, en novembre, E-Land a même tenté d’ouvrir un nouveau point de vente avec uniquement des travailleurs occasionnels. 500 employés d’E-Land et autres occasionnels ont non seulement bloqué l’entrée du magasin, mais ont également attaqué et désarmé la police et les voyous qui le protégeaient. Des actions similaires, y compris des blocages et des occupations de magasins, se sont produites par intermittence tout au long de l’automne. Peut-être le plus remarquable dans la grève E-Land, contrairement à de nombreuses grèves antérieures avec le travail occasionnel comme principal problème, était la large sympathie et le soutien de la grève parmi les travailleurs dans la même situation précaire.Un boycott à l’échelle nationale avait réduit les ventes de 30 % à l’échelle nationale en décembre 2007, et même les médias avaient accordé une couverture généralement favorable à la grève, au moins dans les premières semaines. Que la grève d’E-Land récupère ou non les emplois des grévistes (à ce stade, il semble que ce ne sera pas le cas), ce sera une victoire pour le mouvement ouvrier dans son ensemble en faisant enfin de la précarisation du travail en Corée du Sud une question qui ne peut plus être ignoré. En décembre 2007, le candidat d’extrême droite Hanaratang (One Nation Party) Lee Myoung Back a remporté les élections présidentielles avec un soutien important de la classe ouvrière, une évolution politique qui a probablement scellé le sort de la grève d’E-Land, puisque le nouveau gouvernement (aujourd’hui en place) soutiendrait la gestion d’E-Land encore plus ouvertement que le gouvernement de centre-gauche sortant, largement méprisé, qui avait déçu tant de gens.La direction d’E-Land continue de bénéficier du soutien financier d’autres grands chaebols coréens, alors que les grévistes d’E-Land ont été abandonnés par la quasi-totalité de leurs alliés, KCTU en tête. Le nouveau gouvernement promet une offensive totale de privatisations et de « réformes de marché libre » et doit nécessairement décevoir ses partisans de la classe ouvrière, qui exprimaient plus de dégoût pour l’ancien gouvernement que de soutien au nouveau, ainsi que des rêves vains que l’ex-PDG de Hyundai Lee Myoung Back ramènerait les jours de gloire du capitalisme coréen, qui a pris fin il y a 20 ans. On sait que les grèves perdues en Corée durent depuis des années avec un noyau dur en diminution tandis que la plupart des grévistes trouvent d’autres emplois ou retournent aux anciens. Mais, encore une fois, à cause de la grève d’E-Land,la crise croissante représentée par le travail précaire en Corée du Sud ne peut plus être reléguée au silence. Séoul, Corée du Sud Mars 2008

Bibliographie :

(J’ai appris beaucoup plus dans les conversations et la collaboration avec des militants coréens et des intellectuels pro-ouvriers pour l’article ci-dessus que dans n’importe quel livre, à l’exception de Korean Workers (2001), le seul point de vue complet disponible dans une langue occidentale de Histoire de la classe ouvrière coréenne. Je suis bien sûr grandement gêné par le manque de maîtrise du coréen. Ce qui suit est une bibliographie sommaire des ouvrages que j’ai trouvés utiles.)

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Portfolio

Messages

  • Bien des gens croient encore que la répression violente en Corée du sud provient d’abord et avant tout à son conflit avec la Corée du Nord. Merci d’avoir rectifié. L’existence même de la division provient du conflit des classes dirigeantes mondiales avec le prolétariat coréen révolutionnaire !!! Ses luttes extraordinaires méritaient au moins ce rectificatif !!!

  • Les événements de Kwangju se sont déroulés après que le dictateur de la Corée du Sud, Park Chung-Hee, ait été assassiné par son propre chef du renseignement. Dans l’euphorie qui a suivi la disparition de Park, les étudiants ont dirigé un vaste mouvement en faveur de la démocratie, mais le général Chun Doo-Hwan s’est emparé du pouvoir et a menacé de recourir à la violence si les manifestations se poursuivaient. Partout en Corée, à la seule exception de Kwangju, les gens sont restés chez eux. Avec l’approbation des États-Unis, le nouveau gouvernement militaire a alors transféré les parachutistes les plus aguerris des lignes de front de la zone démilitarisée pour donner une leçon à Kwangju. Une fois que ces troupes ont atteint Kwangju, elles ont terrorisé la population de façons inimaginables. Lors des premières confrontations du 18 mai au matin, ils ont utilisé des matraques spécialement conçues pour briser la tête d’étudiants sans défense. Alors que les manifestants cherchaient la sécurité et se regroupaient, les parachutistes attaquèrent violemment : « Un groupe de militaires a attaqué un élève isolé. Ils lui ont défoncé la tête, l’ont piétiné le dos et lui ont donné des coups de pied au visage. Quand les soldats en ont eu fini, il ressemblait à un tas de vêtements trempés dans de la soupe à la viande. » [Lee Jae-Eui, Journal de Kwangju : Au-delà de la mort, au-delà des ténèbres du siècle, p.46] Les corps étaient entassés dans des camions, où les soldats continuaient à les battre et à leur donner des coups de pied. À la nuit tombée, les parachutistes s’étaient installés dans plusieurs universités.

    Comme les étudiants ont riposté, les soldats ont utilisé des baïonnettes et ont arrêté des dizaines de personnes, dont beaucoup ont été déshabillées, violées et encore plus brutalisées. Un soldat a brandi sa baïonnette contre des étudiants capturés et leur a crié : « C’est avec cette baïonnette que j’ai coupé les seins de quarante femmes du Viet Cong [au Vietnam] ! » Toute la population était sous le choc de la réaction excessive des parachutistes. Ils étaient tellement hors de contrôle qu’ils ont même poignardé à mort le directeur de l’information du commissariat de police qui avait tenté de les convaincre d’arrêter le massacre. [Kwangju Diary, p. 79]

    Malgré des passages à tabac et des centaines d’arrestations, les étudiants ont continué à se regrouper et ont riposté avec ténacité. Alors que la ville se mobilisait le lendemain, parmi les manifestants, il y avait plus de gens de tous horizons que d’étudiants. [The May 18 Kwangju Democratic Uprising, p. 127] Cette génération spontanée d’un mouvement populaire a transcendé les divisions traditionnelles entre les travailleurs et les étudiants, un des premiers signes de la généralisation de la révolte. Une fois de plus, les parachutistes ont eu recours à une brutalité cruelle, tuant et mutilant tous ceux qui se trouvaient sur leur passage. Même les chauffeurs de taxi et de bus cherchant à aider les blessés et les personnes qui saignaient ont été poignardés, frappés et parfois tués. Certains policiers ont secrètement tenté de libérer des prisonniers, et ils ont également pris des coups de baïonnettes. [Kwangju Diary, p.113] De nombreux policiers sont tout simplement rentrés chez eux et le chef de la police a refusé d’ordonner à ses hommes de tirer sur les manifestants, en dépit de l’insistance de l’armée.

    Les gens ont riposté avec des pierres, des battes, des couteaux, des tubes, des barres de fer et des marteaux contre 18 000 policiers anti-émeute et plus de 3 000 parachutistes. Bien que de nombreuses personnes aient été tuées, la ville a refusé de se calmer. Le 20 mai, un journal appelé « Militants’ Bulletin » a été publié pour la première fois. Il fournissait des informations précises, contrairement aux médias officiels. À 17h50, une foule de 5 000 personnes a franchit une barrière de police. Lorsque les parachutistes les ont repoussé, ils se sont rassemblés et se sont assis sur la route. Ils ont ensuite choisi des représentants pour tenter de séparer davantage la police de l’armée. Dans la soirée, la manifestation a atteint 200 000 personnes dans cette ville de 700 000 habitants. La foule massive a unifié les travailleurs, les agriculteurs, les étudiants et des personnes de tous les horizons. Neuf autobus et plus de deux cents taxis ont conduit le cortège sur l’avenue Kumnam, la zone commerçante du centre-ville. Une fois de plus, les parachutistes ont violemment attaqué et cette fois toute la ville a riposté. Pendant la nuit, des voitures, des jeeps, des taxis et d’autres véhicules ont été incendiés et poussés vers les forces armées. Bien que les militaires aient attaqué à plusieurs reprises, la soirée s’est terminée dans une impasse à Democracy Square. À la gare, de nombreux manifestants ont été tués et au Province Hall, à proximité de Democracy Square, les parachutistes ont ouvert le feu sur la foule avec des M-16, faisant de nombreux morts.
    Les médias censurés n’ont pas rapporté ces meurtres. Au lieu de cela, de fausses informations concernant des actes de vandalisme et des actes mineurs de la police ont été inventés. La brutalité de l’armée n’a pas été mentionnée. Après que les nouvelles de la nuit aient à nouveau échoué à rendre compte de la situation, des milliers de personnes ont encerclé le bâtiment des médias de la MBC. Rapidement, la direction de la station et les soldats qui la gardaient se sont retiré et la foule est entrée en masse. Incapables de faire fonctionner les installations de diffusion, des manifestants ont incendié le bâtiment. Mais la foule a intelligemment ciblé les bâtiments incendiés :
    « À 1 heure du matin, des citoyens se sont rassemblés au bureau des impôts, ont cassé les meubles et y ont mis le feu. La raison en était que les impôts destinés à la vie et à l’aide sociale étaient utilisés pour l’armée et la production d’armes pour tuer et frapper le peuple. Ce qui était très inhabituel c’était de mettre le feu aux stations de radiodiffusion et au bureau des impôts tout en protégeant le poste de police et d’autres bâtiments. » [The May 18 Kwangju Democratic Uprising, p. 138]

    Outre le bureau des impôts et deux bâtiments des médias, le bureau de contrôle du travail, le dépôt de voitures de Province Hall et 16 véhicules de police furent incendiés. La bataille finale à la gare vers 4 heures du matin a été intense. Les soldats ont de nouveau utilisé des M-16 contre la foule, tuant beaucoup de manifestants des premiers rangs. Mais d’autres ont escaladé les corps pour continuer le combat contre les militaires. Avec un courage incroyable, le peuple a triomphé et l’armée a battu en retraite précipitamment.

    Le lendemain matin (21 mai), à 9 heures, plus de 100 000 personnes se sont à nouveau rassemblées sur l’avenue Kumam, face aux parachutistes. Un petit groupe a crié que certaines personnes devraient aller chez Asia Motors (un entrepreneur militaire) et saisir des véhicules. Quelques dizaines de personnes sont parties et n’en ont ramené que sept (nombre exact de manifestants sachant conduire). Alors qu’ils faisaient la navette avec d’autres conducteurs, 350 véhicules, dont des véhicules blindés de transport de troupes, ont été pris par le peuple. Conduisant ces véhicules expropriés dans la ville, les manifestants ont rassemblé la population et se sont également rendus dans les villes et les villages voisins pour propager la révolte. Certains camions ont rapporté du pain et des boissons de l’usine Coca-Cola. Des négociateurs ont été sélectionnés par la foule et envoyés à l’armée. Soudain, des coups de feu ont percé cette atmosphère déjà tendue, mettant fin à l’espoir d’un règlement pacifique. Pendant dix minutes, l’armée a tiré à l’aveuglette et ça a été un carnage : des dizaines de personnes ont été tuées et plus de 500 blessées.

    Les gens ont vite répondu. Moins de deux heures après la fusillade, le premier poste de police a été perquisitionné pour obtenir des armes. De plus en plus de personnes ont formé des équipes d’action et ont attaqué les armureries de la police et de la garde nationale et se sont rassemblées à deux endroits centraux. Avec l’aide des mineurs de charbon de Hwasun, les manifestants ont obtenu de grandes quantités de dynamite et de détonateurs. [The May 18 Kwangju Democratic Uprising, p.143] Sept autobus de travailleuses du textile se sont rendus à Naju, où elles ont capturé des centaines de fusils et de munitions et les ont ramenés à Kwangju. Des saisies d’armes similaires ont eu lieu dans les comtés de Changsong, Yoggwang et Tamyang. Le mouvement s’est rapidement étendu à Hwasun, Naju, Hampyung, Youngkwang, Kangjin, Mooan, Haenam, Mokpo – au moins seize autres régions du sud-ouest de la Corée. [The May 18 Kwangju Democratic Uprising, p. 164] La prolifération rapide de la révolte est un autre indice de la capacité du peuple à s’autogouverner et à prendre des initiatives autonomes. Dans l’espoir d’amener le soulèvement à Chunju et à Séoul, des manifestants sont partis mais ont été repoussés par des troupes bloquant l’autoroute, les routes et les chemins de fer. Des hélicoptères de combat ont éliminé des unités de manifestants armés des comtés de Hwasun et de Yonggwang qui tentaient d’atteindre Kwangju. Si l’armée n’avait pas contrôlé si étroitement les médias et restreint les déplacements, la révolte aurait pu se transformer en un soulèvement national.

    Dans le feu de l’action, une structure plus démocratique que les administrations précédentes de la ville a été mise en place. Réunis à Kwangju Park et à Yu-tong Junction, des cellules de combat et un comité de direction se sont formés. Des mitrailleuses ont été apportées à Province Hall (où l’armée avait son poste de commandement). À 17h30, l’armée se replie ; à 20 heures, les gens contrôlaient la ville. Les acclamations ont fait écho partout. Bien que leurs armes de la Seconde Guerre mondiale soient bien inférieures à celles de l’armée, le courage et les sacrifices des gens se sont révélés plus puissants que la supériorité technique de l’armée. La Commune Libre a duré six jours. Les assemblées quotidiennes de citoyens ont exprimé la frustration séculaire et les aspirations profondes des gens ordinaires. Les groupes de citoyens locaux ont maintenu l’ordre et créé un nouveau type d’administration sociale – l’un, par et pour le peuple. Par coïncidence, le 27 mai, le jour même où la Commune de Paris avait été écrasée cent ans plus tôt, la Commune de Kwangju a été submergée par les forces militaires malgré une résistance héroïque. Bien que brutalement réprimé en 1980, le mouvement continua de se battre pendant sept ans. En 1987, un soulèvement national fut organisé pour finalement remporter une réforme électorale démocratique en Corée du Sud.

    Comme le cuirassé Potemkine, les habitants de Kwangju ont à plusieurs reprises signalé l’avènement de la révolution en Corée du Sud – de la rébellion de 1894 à Tonghak et de la révolte des étudiants de 1929 au soulèvement de 1980. À l’instar de la Commune de Paris et du cuirassé Potemkine, la signification historique de Kwangju est internationale, pas simplement coréenne (ni française, ni russe). Sa signification et ses enseignements s’appliquent aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest, au Nord et au Sud. Le soulèvement populaire de 1980, à l’instar de ces symboles de la révolution, a déjà eu des répercussions dans le monde entier. Après des décennies de répression des droits démocratiques fondamentaux dans toute l’Asie de l’Est, une vague de révoltes et de soulèvements a transformé la région. Les révolutions de 1989 en Europe sont bien connues, mais l’eurocentrisme empêche souvent la compréhension de leurs homologues asiatiques. Six ans après le soulèvement de Kwangju, la dictature de Marcos fut renversée aux Philippines. Aquino et Kim Dae-Jung s’étaient connus aux États-Unis et l’expérience de Kwangju a contribué à inspirer l’action à Manille.

    Partout en Asie, des mouvements populaires pour la démocratie et les droits de l’homme ont fait leur apparition : la loi martiale a pris fin à Taiwan en 1987 ; en Birmanie, un mouvement populaire a explosé en mars 1988 lorsque des étudiants et des minorités ethniques sont descendus dans les rues de Rangoon. En dépit d’une répression horrible, le mouvement a contraint le président Ne Win à se retirer après 26 ans de règne. L’année suivante, des activistes étudiants en Chine ont déclenché un vaste appel à la démocratie. Ils ont ensuite été abattus sur la place Tiananmen et poursuivis pendant des années. Puis ce fut le tour du Népal. Les manifestations qui durèrent sept semaines à partir d’avril 1990 obligèrent le roi à démocratiser le gouvernement. Puis la Thaïlande a subi cette explosion. En mai 1992, une grève de la faim menée par un dirigeant de l’opposition a entraîné des centaines de milliers de personnes dans les rues. Des dizaines de personnes ont été tuées lorsque l’armée a réprimé les manifestations dans les rues. Suchinda Krapayoon a été contrainte de démissionner. En 1998, en Indonésie, des étudiants ont appelé à une « révolution du pouvoir populaire » et ont réussi à renverser Suharto. Des entretiens menés par un correspondant américain dans des universités indonésiennes ont permis de déterminer que le slogan du « pouvoir populaire » avait été adopté aux Philippines, de même que l’innovation tactique de l’occupation de l’espace public.

    Écrit par George Katsiaficas

    Tiré de la Fédération des Anarcho-Communistes du Nord-Est

  • Soulèvement de Jeju en 1948

    Le 3 avril 1948 à Jeju, la police tire sur des manifestants commémorant la lutte des Coréens contre l’occupant japonais. Outrés, les habitants attaquent 12 postes de police. Durant les combats, une centaine de policiers et de civils sont tués. Les rebelles brûlent également les centres électoraux pour les scrutins à venir et attaquent des politiciens ainsi que leur famille5,12. Ils émettent également un appel demandant à la population de se soulever contre le gouvernement militaire américain.

    Cet appel du parti des travailleurs est accueilli favorablement par la population locale grâce au ressentiment envers le gouvernement et les forces de police soupçonnés d’avoir collaboré trop volontiers avec les Japonais. La lourde imposition des produits agricoles joua aussi un rôle.

    Le gouvernement essaie de trouver un règlement rapide à cette insurrection et envoie 3000 soldats du 11e régiment de gendarmerie soutenir les forces de police. Cependant, le 29 avril, plusieurs centaines de soldats se rebellent et fournissent un nombre important d’armes légères aux rebelles. Le gouvernement de Séoul envoie aussi une force paramilitaire issue de l’association de la jeunesse du nord-ouest qui est constituée de réfugiés anti-communistes venus du nord de la Corée5. Des membres de ce groupement ont tué des habitants avant d’organiser un mariage forcé avec un membre de la famille afin qu’il puisse hériter des terres11.

    Peu après les élections, le 15 mai, les rebelles tuent 35 policiers et extrémistes de droite. Le 16 mai, la police arrête dans deux villages 169 habitants soupçonnés de soutenir l’insurrection6. Au mois de juin, un rapport du colonel Rothwell H. Brown indique que 4 000 personnes ont été interrogées par l’armée. On y apprend qu’une armée démocratique du peuple a été créée en avril, qu’elle est composée de 4000 personnes mal armées puisque seule 400 d’entre elles ont une arme à feu. Le parti des travailleurs compte alors 60 à 70 000 membres à Jeju répartis dans chaque village dans des comités populaires.

    Brown enjoint d’intensifier les actions visant à couper la guérilla des villageois et à empêcher le ravitaillement des guérilleros et de continuer à interroger les prisonniers. 3000 personnes sont arrêtées entre le 28 mai et la fin juillet.

    Le lieutenant-général Kim Ik Ruhl, commandant des troupes sud-coréennes sur l’île mena les négociations avec les rebelles. Il rencontra plusieurs fois Kim Dalsam, un membre du parti des travailleurs mais ils n’aboutirent pas à un accord. Le gouvernement voulait une reddition complète tandis que les rebelles demandaient le désarmement de la police locale, la démission de tous les fonctionnaires de l’île, l’interdiction des groupes paramilitaires et la réunification de la péninsule. Le général Kim Ik Ruhl fut rappelé subitement à Séoul à cause de son approche conciliante et fut surpris de voir que son remplaçant organise une offensive soutenue contre les rebelles à la fin de l’été. Le 15 août 1948, le gouvernement militaire provisoire de l’armée américaine est dissout, Syngman Rhee devient le premier président de la république de Corée.

    La guérilla avait créé des camps dans la montagne tandis que les forces gouvernementales tenaient les villes de la côte. Les communautés agricoles entre la côte et les collines formaient donc le champ de bataille principal. En octobre 1948, l’armée rebelle se composait d’environ 4 000 combattants et bien que beaucoup fussent mal armés, ils ont gagné quelques petits combats face à l’armée. À la fin de l’automne, les rebelles ont commencé à prendre ouvertement parti pour la Corée du Nord et à en porter le drapeau.

    Au printemps 1949, cependant, quatre bataillons de l’armée sud-coréenne arrivent porter renfort aux forces déjà en présence. Ensemble, elles viennent rapidement à bout des rebelles. Le 17 août 1949, le mouvement s’effondre à la suite de l’assassinat de l’un de ses principaux chefs, Yi Tuk-ku. Le gouverneur de Jeju estime alors que 60 000 habitants ont été tués et que 40 000 sont partis au Japon.

  • La révolte prolétarienne à Daegu (région de Youngnam)

    De Jeonpyeong à Daegu, la grève générale a commencé à partir du 23 septembre 1946 et les grèves et les manifestations se sont poursuivies jusqu’au 1er octobre. Le soir du 1er octobre, lors d’une manifestation devant l’hôtel de ville métropolitaine de Daegu pour préparer des contre-mesures contre la faim, des civils nommés Hwang Mal-Yong et Kim Jong-Tae ont été abattus par les forces de répression lorsque la police a tiré sur la foule qui se dispersait. Lorsque la foule a entendu les coups de feu, elle s’est mise en colère et a commencé à se rassembler devant le siège du « Comité des combattants » de la ville de Daegu, et des milliers de personnes se sont rassemblées. La police a tiré à nouveau pour disperser la foule, et en réponse, la foule a attaqué la police, faisant des victimes policières celle fois.

    Le lendemain matin, le 2 octobre, lorsqu’ils ont appris que deux civils avaient été abattus par les tirs de la police, les travailleurs ont commencé à se rassembler dans la ville et des citoyens ordinaires et des étudiants se sont joints aux manifestations. Entouré d’une foule d’environ 10 000 personnes, le chef du département de police de Daegu s’est déclaré désarmé et a remis les clés du centre de détention pour libérer les prisonniers politiques. Les travailleurs ont essayé de prendre le pouvoir de la police de manière ordonnée. À ce moment-là, cependant, des foules révoltées d’un côté de la rue ont commencé à jeter des pierres sur la police, et des policiers dans le coin ont tiré sur la foule, tuant 17 manifestants.

    A l’occasion de ces faits insurrectionels que les autorités ont appelé « l’incident » du 2 octobre, la grève a pris une forme violente car elle s’est combinée avec la lutte de masse. Le comité de lutte de la ville de Daegu a tenté de déployer la lutte de grève dans un cadre légal et d’empêcher la lutte de se dérouler violemment. Cependant, alors que la haine du public pour la police montait en flèche, attaquant et détruisant spontanément les maisons des policiers et des militaires.

    La foule a pillé les riches et les maisons des anciens pro-japonais, a apporté des produits de première nécessité et de la nourriture, les a entassés dans la rue et les a distribués aux personnes dans le besoin. Des endroits tels que les magasins généraux et les banques ont rarement subi des dommages. La raison pour laquelle les policiers ont été agressés ou tués était que la plupart d’entre eux étaient des policiers pro-japonais, qui harcelaient les Coréens depuis la période coloniale japonaise.

    Même le ministère de la Santé de Daegu , une réunion de médecins à Daegu , a lancé un avertissement à la police, disant « Premièrement, les policiers devraient cesser de tirer sur les citoyens. Deuxièmement, ils devaient refuser de soigner les policiers blessés qui ont tiré sur des compatriotes. »

    L’ USAMGIK (le gouvernement militaire de l’armée des États-Unis en Corée) a déclaré la loi martiale à Daegu à 19 heures le 2 octobre et le lendemain il a mobilisé l’armée américaine. Il semblait donc que l’ordre avait été rétabli extérieurement à Daegu. Cependant, alors que les manifestations s’étendaient au comté de Gyeongsan, au comté de Seongju et au comté de Yeongcheon près de Daegu, le conflit entre les civils et l’ USAMGIK à Gyeongsangbuk-do ne s’est pas arrêté mais a continué à se produire. Par la suite, dans le processus de répression des manifestations civiles dans la région de Gyeongbuk, le conflit s’est étendu à l’ensemble du pays et s’est poursuivi jusqu’à la fin de 1946.

  • Révolte dans la province du Gyeongsang du Nord

    Les troubles semblaient se calmer vers le 2 octobre. Cependant, l’incident s’est propagé dans tout Gyeongbuk alors que les gens autour de l’incident se sont déplacés vers d’autres zones pour protester et s’émeuter. À Yeongcheon, 10 000 manifestants ont fait une descente et incendié le poste de police. En outre, ils ont tué des militaires, des policiers et des fonctionnaires. (3 octobre) Lorsque les pom-pom girls de la police sont arrivées, l’ordre a été rétabli dans la région, mais des policiers et des jeunes de droite ont pillé les maisons des personnes impliquées dans l’incident et les ont harcelés. Rien qu’à Yeongcheon, plus de 1 200 maisons ont été incendiées et détruites, faisant 40 morts, 43 blessés graves et 1 milliard de won de dégâts. À Seonsan-gun (maintenant Gumi), les instigateurs ne sont pas descendus, mais une foule de 2 000 personnes dirigée par Park Sang-hee a attaqué le poste de police de Gumi, paralysant le fonctionnement du poste de police, et accroché une enseigne du poste de sécurité du Comité populaire de Sunsan pour gérer la zone. Ils ont emprisonné la police et le personnel de droite et détruit la richesse des riches.

    À Yecheon-gun, la police a été dépêchée à l’avance pour empêcher les manifestations, mais elle a échoué en raison d’un conflit avec des civils, et une foule d’environ 1 000 personnes a fait une descente au poste de police et s’est même engagée dans une bataille. L’ordre local n’a pu être rétabli qu’à l’arrivée de l’armée américaine. Cependant, même après cela, les attaques contre le poste de police ont continué, causant des blessures à la police et la prise de l’arsenal, et il n’y avait pas de police même dans la périphérie. En revanche, à Yeongil-gun, un missionnaire a été tué par une attaque civile.

    Un événement terrible s’est produit à Chilgok ainsi que laid. Une foule de 500 personnes a attaqué le poste de police de Yakmok et tué trois policiers en les attachant à un poteau. À Waegwan, 2 000 habitants ont attaqué le poste de police de Waegwan en même temps que des manifestations, et quatre autres policiers ont été tués. Avant l’incident, la région de Waegwan avait une très forte résistance à l’ordre de ramasser du riz, mais la colère des habitants de Waegwan était si grande que Jang Seok-Han, le chef de la police à l’époque, a été tué en se séparant sa tête de bas en bas avec son visage mutilé.

    En outre, des incidents se sont produits à Dalseong, Goryeong, Seongju, Gunwi, Uiseong, Gimcheon, Gyeongsan, Cheongdo, Gyeongju, Yeongdeok, Andong, Sangju, Mungyeong, Yeongju et Bonghwa, et environ 773 200 personnes ont participé à l’incident. Les incidents dans la région de Gyeongbuk se sont déroulés à l’aide de diverses forces (classées comme inexistantes/faible force/force moyenne/forte/force maximale) et de tactiques (première frappe, raid sur un poste de police, utilisation du jour du marché, utilisation de l’équilibre des pouvoirs entre forces politiques et idéologiques, utilisation de rizières à forte ondulation), suivies de représailles brutales de la police.

  • Dans la région de Gyeongnam, le premier incident s’est produit à Tongyeong. Une foule de 4000 à 5000 personnes a pris le contrôle de la ville et a battu la police et volé des armes. Plusieurs succursales ont également été attaquées à Changnyeong et des foules ont tenté d’occuper les postes de police et les bureaux de comté. A Masan, les 6 et 7, de violents affrontements entre la foule et les militaires et policiers ont fait 13 morts. Dans la région d’Ulsan, le bureau a été détruit et le poste de police a été assiégé, mais avec l’aide de la police d’Eung-Won (police venue de la terre ferme sur l’île de Jeju) et de l’armée américaine, ils ont rapidement été repris, et certains des la foule s’est échappée par bateau. A Busan, où il y a eu un conflit sanglant qui a éclaté le 9, tuant 24 personnes.

    La révolte de Gyeongsang-do s’est déplacée à Chungcheong-do et s’est propagé. À Chungcheong-do, la révolte s’est principalement produite dans la région du nord-ouest. Des troubles civils ont eu lieu les 4 et 7 octobre à Chungbuk et du 17 au 19 octobre à Chungnam. Le 17 octobre, un poste de police a été attaqué à Dangjin, occupant des installations publiques, coupant les lignes de communication et faisant sauter des ponts. À partir de cet incident, la partie nord-ouest de Chungcheongnam-do a été prise dans la révolte. À Hongseong, la police a tiré sans discernement sur des foules qui protestaient pour le riz et la terre, tuant quatre personnes. La manifestation a également eu lieu à Yesan, Seonsan et Cheonan, menaçant la police et les forces fascistes.

    Il n’y a eu relativement aucun incident à Chungbuk . Un policier est mort à Cheongju et une foule de 300 à 400 personnes à Yeongdong-gun a tenté d’attaquer le poste de police, mais cela a échoué. La raison pour laquelle l’ampleur de l’incident était relativement petite dans la région de Chungbuk était que l’ aile gauche modérée de Cheongju, le centre de Chungbuk, était assez dominante. (Certains modérés ont diffusé des tracts disant « Les communistes extrêmes sont inacceptables » et ont chassé les extrémistes.)

    Alors que l’incident se calmait à Chungcheong-do, des manifestations ont éclaté dans les provinces de Gyeonggi-do et Hwanghae-do. À Gwangju, Gyeonggi-do, ils se sont battus pour tuer la police et incendier le poste de police. À Gaepung, le chef de la police a été assassiné et la plupart des succursales ont été attaquées en deux jours. A Paju, une émeute a été planifiée et découverte à l’avance, et tous les dirigeants ont été arrêtés.

    Enfin, des manifestations ont également eu lieu à Séoul. Le 3, une foule de 1 200 personnes a rejoint les étudiants et a chanté une chanson devant l’hôtel de ville, et le 21 à midi, 2 000 personnes se sont rassemblées à l’intersection Jongno et ont avancé jusqu’à Dongdaemun. Cependant, devant le Christian Youth Hall, la foule a été dispersée par le feu de masse de la police armée, et un boxeur de passage a été assassiné. Ce jour-là, des manifestations ont éclaté à Jongno 5-ga et une bombe a explosé à la gare de Séoul.

    En outre, des manifestations et des raids ont été suivis dans les régions d’Incheon, Yeonbaek et Jangdan, et des incidents se sont produits du 20 au 22 octobre (hors Incheon). Entre le 29 octobre et la première semaine de novembre, des manifestations ont éclaté sur la côte est du Gangwon-do. À Gangwon, des milliers de foules ont attaqué le poste de police de Hoengseong, et à Mukho, des habitants ont attaqué le poste de police à la suite des décès alors qu’ils enquêtaient sur les manifestations. A Gangneung, la police a été battue et les communications coupées, et à Pyeongchang, les forces de gauche avec des armes et la police ont fait irruption. A Samcheok, il y a eu des troubles entre la gauche et la droite à cause de la mine. Le cas de Gangwon-do se caractérise par le fait qu’il s’est principalement déroulé près de la côte est.

  • Entre le 29 octobre et le 4 novembre, un soulèvement à grande échelle a eu lieu dans la région centre-nord du Jeollanam-do , centré sur Naju et Hwasun . À partir du 30 octobre, les mineurs de Hwasun ont tenté de marcher vers Gwangju . Le lendemain, le 31, même les femmes et les enfants ont défilé ensemble. Le 4 novembre, les mineurs se sont battus férocement contre l’armée et la police américaines.

    Alors que la révolte d’octobre s’est étendu à une manifestation à l’échelle nationale, la police à elle seule n’a pas pu le réprimer. Pour cette raison, l’aide du personnel de droite anti-communiste, comme l’armée américaine et la Garde de la défense sud - coréen, ainsi que le Parti démocratique de Corée , l’ Association nationale de la jeunesse coréenne , la Ligue du Nord - Ouest de la jeunesse , et Baekuisa étaient nécessaires dans chaque région. En conséquence, plusieurs personnes impliquées dans diverses organisations de droite anticommunistes , dont l’ Association nationale de la jeunesse coréenne , Baekuisa et la Ligue de la jeunesse du Nord-Ouest , ont infligé à plusieurs reprises des actes de terrorisme ou des dommages matériels au motif de l’arrestation de gauchistes qui ont participé aux manifestations. (Pour éviter cela, certains gauchistes et civils ont même fui dans les montagnes.)

    Le nombre de victimes du côté de la police, y compris les forces de sécurité (assistants de police et vigiles villageois), a fait 80 morts, disparus, 145 personnes ont été enlevées et 96 personnes ont été blessées. Les dommages causés à la droite et aux civils ont été comptés comme 24 morts, 41 blessés et 21 enlèvements. Mais ce ne sont que des chiffres officiels. Les vrais chiffres restent inconnus.

    Pak Hon-young a qualifié cet incident de « soulèvement populaire d’octobre » et l’a évalué comme les trois grands soulèvements populaires de Joseon avec la révolution paysanne de Donghak et le mouvement du 1er mars . Le Parti communiste de Corée n’a jamais officiellement été l’instigateur de manifestations, des membres locaux du Parti communiste ont été tués ou emmenés en prison alors qu’ils se battaient au premier rang des manifestants autonomes dans chaque ville.

    Ce sont les comités populaires révolutionnaires qui ont réellement dirigé la lutte.

    Alors que le soulèvement se répandait dans toute la Corée du Sud, l’ USAMGIK a activement réagi à la détention préliminaire des dirigeants des comités populaires et des associations d’agriculteurs dans les régions où le soulèvement était attendu, ou a organisé des organisations de répression dans chaque région. Comme la zone de combat a été généralisée et l’armée américaine et la police ont été dispersés, les jeunes et d’ autres l’ aile droite ont été activement mobilisés pour la répression. Lorsqu’un soulèvement a éclaté dans la région, l’armée et la police américaines ont été immédiatement dépêchées pour le réprimer. Le soulèvement se développa violemment et la méthode de répression fut impitoyable, causant de nombreuses victimes. En particulier, la police et les personnalités de droite ont été intensément attaquées au cours du soulèvement, et il y a eu de nombreuses représailles de la part de la police et de la droite . En outre, de nombreux morts et blessés ont été causés par le terrorisme de la droite , et les dégâts matériels ont été importants

    À la suite du soulèvement, les dirigeants des mouvements populaires, y compris les associations d’agriculteurs et les comités populaires révolutionnaires, ont été arrêtés ou évacués, affaiblissant fortement les capacités de la gauche , notamment de ces organisations. D’autre part, la droite s’est organisée à la suite du soulèvement et a renforcé ses capacités.

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