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Point de vue d’un cheminot sur la Privatisation du Rail
mercredi 3 juillet 2013, par ,
Point de vue d’un cheminot sur la Privatisation du Rail
Les différentes organisations syndicales de cheminots ont appelé à la grève le 13 juin 2013 face au projet de réforme du gouvernement Hollande-Ayrault. Projet de réforme qui n’est rien d’autre que la privatisation de la SNCF c’est-à-dire l’ouverture aux capitaux privés.
La privatisation du rail et son cortège d’attaque s’inscrivent dans une attaque généralisée contre les conditions de vie et de travail des salariés et de l’ensemble de la population laborieuse. Attaque menée de concert par le gouvernement de gauche Hollande-Ayrault et le patronat contre le code du travail, contre les allocations familiales, contre les retraites, contre les salaires, contre l’emploi. Si la privatisation est une nécessité économique pour les détenteurs de capitaux (les capitalistes) qui n’ont de cesse de trouver des champs de valorisation pour leurs capitaux elle est avant tout politique face à l’effondrement du système d’accumulation qu’est le capitalisme. L’effondrement du capitalisme pousse les classes dirigeantes à mener une attaque sans précédent à l’échelle mondiale contre les classes ouvrières.
Il est vital pour les travailleurs du rail de comprendre la situation dans laquelle se trouve le capitalisme. On ne se bat pas de la même manière et avec les même objectifs selon que le système se développe économiquement ou s’effondre. Si pendant tout une période les luttes ouvrières pouvaient se contenter d’arracher des réformes pour améliorer temporairement le sort de la classe ouvrière, ce qui a été le cas pendant les trente glorieuses, dans les pays impérialiste, cette période est aujourd’hui révolue. Ce qui a été arraché dans les pays centraux du capitalisme l’a été en partie par une exploitation de plus en plus accrue de la classe ouvrière et de la paysannerie à l’échelle mondiale. Sauf qu’aujourd’hui, le capitalisme est dans une impasse. Pour en sortir, il n’est pas dit qu’il balaiera tout avec lui, il n’a d’autres choix que de casser tout ce qui avait été obtenu.
Pour nous défendre, nous devons débattre non seulement des raisons de cette privatisation et des réponses que nous, salariés devons apporter, mais nous ne pouvons le faire sans discuter de la situation dans laquelle elle se produit. Défendre aujourd’hui les services publics, mais pas seulement, c’est lié la lutte des travailleurs contre la casse des conditions de vie et de travail à celle contre le capitalisme. Et pour cela il faut un mouvement de toute la classe ouvrière.
Pour autant si seul un mouvement de toute la classe ouvrière peut avoir une chance de faire reculer gouvernement et patronat, il ne faudra pas hésiter à prendre appui sur le recul des classes dirigeantes et des gouvernements à leur botte pour enfin passer à l’offensive et porter les coups définitifs au système d’exploitation. L’expropriation des grands groupes industriels et financiers détenteurs des capitaux, des moyens de production et du foncier doit être un de nos objectifs stratégiques. L’ensemble de l’économie et de sa production doit passer entre les mains de la classe ouvrière.
C’est à l’aune de cette orientation que nous devons débattre de la politique de l’intersyndicale ou de toute organisation se revendiquant de la défense des salariés.
I/ La réforme ferroviaire Hollande-Ayrault est une attaque économique et politique
Le prétexte d’améliorer le service public pour mieux privatiser
Le gouvernement de gauche met en avant la nécessité de « réformer » la SNCF en s’appuyant sur les rapports Bianco et Auxiette.
Pour ces rapports « le système ferroviaire connait une double impasse »
Opérationnelle liée la séparation de RFF et de la SNCF
Economique avec une dette de 10 milliards pour la SNCF et de 30 milliards pour RFF.
D’après le rapport Bianco, « la réforme ferroviaire doit améliorer la qualité du service offert aux usagers et clients » et sera mis en œuvre par l’Etat qui en tant que « puissance publique doit assurer son rôle de stratège pour le compte de la nation »
Pourtant la situation actuelle de la SNCF est le résultat de la politique conjointe de la direction de la SNCF et des différents gouvernements de gauche et de droite de ces dernières années. Croire ou faire que les responsables de la casse de la SNCF depuis des années pourraient mener une autre politique c’est mener les cheminots droit dans un mur.
La privatisation du rail, une attaque parmi tant d’autre
La privatisation de la SNCF est un des aspects de la politique de la gauche au gouvernement :
Privatisation des services publics (SNCF, EDF-GDF)
Fermeture d’usine (plus de 175000 suppressions de postes dans le privé lié aux fermetures de sites après les 100000 de l’année dernière).
« réforme des retraites » à venir
Casse de l’assurance maladie…..
A tous les niveaux le gouvernement Hollande-Ayrault mène une offensive en faveur du patronat. Ne pas relier l’attaque que connaissent les cheminots aux attaques qui ont lieu aujourd’hui ou à venir, c’est qu’on le veuille ou non ne pas préparer les cheminots et les autres salariés à la nécessité de se battre tous ensemble.
Les raisons économiques de la privatisation sont devenues politique face à l’effondrement du système capitaliste.
La privatisation des services publics a été une politique menée à l’échelle mondiale par les classes dirigeantes des différents pays. La remise en cause des services publics ont été une réponse parmi d’autres (dérégulation économique, ré-intégration des pays de l’est dans l’économie de marché, spéculation…) pour répondre à la crise des années 70.
Sauf que les solutions n’ont fait que repousser dans le temps les problèmes auxquelles le capitalisme était confronté. L’absence de champs de valorisation avec un taux de rendement suffisant par rapport à une masse toujours plus grande de capitaux. La faiblesse des rendements des capitaux dans la production a eu pour conséquence de développer la spéculation source de rendements supérieurs.
II/ Non à la réforme, Non à la privatisation, Pour un service Public à 100% !
Le Pôle Public Unifié c’est la privatisation de la SNCF
Le gouvernement veut mettre en place un Pôle Public Unifié. Sous couvert de réunification de RFF et de la SNCF au sein d’un Pôle Public Unifiée (PPU), le gouvernement et la direction SNCF prépare la privatisation de la SNCF en créant trois EPIC.
Un EPIC de tête (direction de l’ensemble du PPU et fonction RH), Un EPIC SNCF (Matériel, Traction, Proximités, SUGES, Voyages, Fret) et un EPIC GIU (RFF, DCF, SNCF Infra). Ce PPU aura pour conséquence le transfert de 50000 cheminots de l’actuel EPIC au sein du GIU.
Si l’autorité organisatrice sera publique mais en son sein il y aura trois EPIC dont le GIU nouvel EPIC où seront désormais les salariés de l’INFRA (50.000 cheminots). La SNCF devenant un transporteur comme un autre.
Si le PPU est public, les salariés travaillant en son sein peuvent relever du droit privé. Autrement dit c’est la casse des conditions de travail telles qu’on les connait aujourd’hui.
Un seul EPIC, Monopole Public d’Etat : c’est le « service public » au service du capital
L’ensemble des syndicats dénoncent le PPU et les trois EPIC et mettent en avant un seul EPIC ou un monopole public d’Etat.
Un Epic n’est en rien une garantie contre la privatisation. L’Epic compte pas loin de 1000 filiales, utilise la sous-traitance en cascade, a privatisé certaines activités. Quelle importance que ce soit un ou trois Epic ou un monopole public d’Etat si c’est la même politique qui est menée au final, c’est-à-dire rendre rentable un service public autrement dit la privatisation. Être rentable c’est fonctionner selon des normes capitaliste. C’est une diversion de la part du gouvernement pour nos mener dans des débats foireux.
Ni un Epic, ni trois EPIC, ni monopôle d’Etat, ni SA !
Service Public à 100% ! Capital financier 0%
Non à la rentabilité ! 0% de normes capitaliste !
Contrôle ouvrier sur la SNCF
Dette du ferroviaire, comment rendre rentable un Service Public pas encore rentable ! Annulation de la dette !
Titrisation de la dette sur les Marchés financiers
Mais comment RFF et SNCF gèrent-ils la dette et la remboursent-ils aujourd’hui ? Nous apprenons dans la presse économique patronale, que « l’an passé, RFF a levé 3.8 milliards d’euros sur les marchés internationaux de capitaux » (source : transport public – avril 2013). Dans un autre article il est précisé comment ils font « RFF sollicite régulièrement des investisseurs « nous levons environs 5 milliards par an » précise Xavier Roche, le directeur financier de RFF, qui fait des « road-shows » à l’étranger pour « vendre » la dette de l’établissement. » Vendre de la dette ? Comme les Subprimes ? Comme la dette grecque ? On sait où mène la titrisation de la dette.
Dans autre article, il est question de la réduction de l’endettement de la dette de la SNCF grâce à une émission obligataire structurée : « Le montant de l’émission à échéance 2019 s’élève à 952,2 millions d’euros. Les obligations, cotées sur Euronext Paris, sont adossées à un peu plus d’un milliard d’euros de créances irrévocables payables mensuellement et que la SNCF détient vis-à-vis d’une « autorité organisatrice de transports » dont le nom n’est pas précisé. Ces créances « concernent des contributions d’investissements fixes sur du matériel roulant ». « Il s’agit de la première opération de monétisation de créances publiques de cette envergure », se félicitent les banquiers dans leur communication. Ils soulignent que l’émission a reçu « un bon accueil de la part des investisseurs français, y compris de banques, de gestionnaires d’actifs et de compagnies d’assurances ».
Le remboursement de la dette c’est la casse des conditions de travail
La stabilisation de la dette, la réduction de la dette est un prétexte pour attaquer les conditions de travail des salariés de la SNCF. Comme la réduction de la dette publique ou de l’Etat en est une pour attaquer les services publics et les privatiser ou encore réduire les allocations, les remboursements médicaux….
La dette du système ferroviaire (32 milliards pour RFF, 8 milliards pour la SNCF) qui s’accroît de 1,5 milliard d’euros chaque année, et peut-être 2 milliards très rapidement.
Pour réduire la dette, le rapport Bianco préconise « d’agir sur les charges et les produits ». « Réduire les charges suppose, de la part du GIU comme de l’Opérateur Ferroviaire, la réalisation de gains substantiels de productivité. » Cela supposera entre autre « d’adapter de manière négociée et déconcentrée l’organisation et les règles de travail. » Autrement dit remettre en cause les conditions de travail de l’ensemble des cheminots. Conditions de travail qui si l’on applique à la lettre le RH0077 sont loin d’être bonnes.
D’ailleurs Pepy a promis de mettre la SNCF au régime avec un nouvel effort de réduction des coûts « dans les quatre à cinq ans qui viennent au travers d’un « plan de performance industrielle » qui devrait permettre d’améliorer la rentabilité du groupe en réalisant de 1,5 à 2 milliards d’économies ». Pour Pepy, il faut « faire mieux pour moins cher ».
Le rachat de la dette par l’Etat ? Le cas de l’Allemagne ? Une fausse solution ! L’Etat ne sera pas notre sauveur !
On nous cite le cas de la DB et de l’Allemagne. Le rachat de la dette a-t-il empêché de devenir une SA ? Non ! Le rachat de la dette par l’Etat comme les 13 milliards donnée à la filiale bancaire de PSA réduiront d’autant le budget provoquant des coupes dans les services publics ou sociaux
Mais qui a été ou est à la tête de la SNCF ou de RFF ? Auprès de qui Pepy et Rapoport prennent-ils leurs ordres, leur feuille de route ? De l’Etat ? Qui est responsable du montant de cette dette ? L’Etat. Et nous de dire que la solution serait la reprise de la dette en dette publique, bref que l’Etat doit reprendre la dette à son compte. Autrement dit, si l’Etat reprenait la dette, ce serait réglé. Il n’y aurait plus de problèmes. Dans le 4 pages de Solidaires (page 4), il est écrit : « cela doit être fait pour que ce ne soit pas la productivité (déjà très élevée) des cheminots, les suppressions de poste qui paie la « dette » au mépris de la sécurité ferroviaire ». Et le tract de citer le cas allemand. La reprise de la dette en Allemagne n’a pas empêché la privatisation comme les 13 milliards donnés à PSA n’empêchent pas la fermeture d’Aulnay ou les suppressions de postes.
La reprise de la dette par l’Etat n’est pas une solution. Nous n’avons rien à attendre de l’Etat. Il est au service privé des capitalistes. D’un certain point de vue l’Etat est privatisé dans le sens où il sert des intérêts privé et non ceux de la population. Ce n’est pas la mainmise de l’Etat que nous défendons dans le service public à 100%, c’est le fonctionnement au service de la collectivité qui ne doit pas être au service du capital privé, même au travers de l’Etat.
Rembourser la dette c’est rembourser le capital financier. Dette ? Quelle Dette ? Annulation de la dette !
Rembourser la dette, c’est rembourser les intérêts de celle-ci au capital financier. Le seul mot d’ordre viable face au capital financier qui ruine les entreprises publiques, les peuples comme en en Grèce, c’est l’annulation pure et simple de la dette et à service public, investissement public à taux zéro.
Annulation de la dette et de ses intérêts
Non à l’investissement de capitaux privés
Service Public = Investissement Public à taux zéro
La régionalisation c’est aussi le rapport Lepaon (premier secrétaire de la CGT) !
Sous prétexte de transformer les régions en Autorités Organisatrices de plein droit, le matériel et les gare seront régionalisées. Pour Auxiette « les régions doivent se voir confier une compétence d’organisation en matière d’intermodalité » et doivent être partie prenante de « la gouvernance des gares ».
Cela prendra la forme suivante :
« transférer la propriété des matériels financées » par les régions
« laisser (…) les régions décider du statut des matériels roulant, de leur gestion, de leur maintenance et de leur conditions d’achat. »
Autrement dit ce qui est préconisé c’est l’éclatement du matériel et des personnels des gares.
Le rapport Auxiette ne fait que reprendre des préconisations d’un rapport plus ancien. Celui présenté par Lepaon (secrétaire confédérale actuel de la CGT) au CESE, et voté à l’époque par tous les syndicats hormis les membres de Solidaires et de la Confédération paysanne. Si Solidaires a voté contre à l’époque, en tout cas aujourd’hui au nom de l’unité syndicale, le syndicat Sud-Rail fait l’objet d’étrange troubles de mémoires. Plus un mot sur ce rapport et la politique de la CGT. Pas plus d’ailleurs sur la politique de la CFDT !
Pourquoi aucune critique de la part de la gauche syndicale quant au rapport Lepaon ?
Pourquoi ne pas dire ici que la régionalisation, la CGT et les autres ne se sont pas opposées mais l’ont accompagnée. Ils doivent en répondre devant les cheminots. Parce que Sud-Rail pas plus que les autres syndicats ne veut et souhaite un mouvement de grève contrôlée par des AG grévistes et coordonnée nationalement. Sud-Rail comme les autres pensent que c’est aux syndicats de diriger les luttes. Et pour faire partie de cette direction des luttes, il ne faut surtout pas se mettre à dos la CGT ou la CFDT. Il sera bien temps de s’opposer faussement pendant ou après le mouvement pour préparer les élections professionnelles de 2013. Aussi Sud-Rail préfère vendre une unité de façade aux cheminots comme étant une étape nécessaire à la mobilisation. Comme si mobilisée sur un mensonge pouvait aider à renforcer et développer un mouvement dans le bon sens ? Sud-Rail ne veut pas défendre ouvertement la nécessité d’un mouvement autonome de la classe ouvrière, indépendant des bureaucraties syndicales, s’appuyant sur l’auto-activité des masses. Sud-Rail défend un point de réformiste. Voilà pourquoi la gauche de la gauche syndicale ne dit pas ouvertement que la CGT a déjà fait le choix de privatiser la SNCF.
Le cas du fret : comment rendre rentable un service public en le détruisant
Si le fret dans son ensemble a pâtit de l’ouverture à la concurrence avec une perte de 25 milliards de tonnes au km, il a fait la preuve que pour les capitaux privés, il pouvait être source de profits juteux. Il représente plus de 500 millions d’euro et 1//5ème du marché. Dans la situation actuelle de désinvestissement massif des capitaux de la production mondiale, la recherche de nouveaux marchés pour investir est vitale pour le capital financier. Voilà pourquoi il ne lâchera pas si facilement l’affaire sur la privatisation de la SNCF.
Le transport de biens utiles à la population doit être l’œuvre d’un fret 100% publics qu’il soit ferroviaire, routiers, maritime…. Avec le même statut pour tous !
Mettre en avant ce type de revendication c’est gagner à notre combat contre la privatisation les salariés travaillant dans transport de marchandise. On parle bien d’inter-modalité pour le voyageur pourquoi pas pour le fret.
Harmoniser le cadre social c’est attaquer nos conditions de travail !
Le rapport Bianco est limpide à ce sujet. Il faut « offrir aux partenaires de la branche ferroviaire l’occasion de conclure un nouveau pacte social ». « Un cadre social commun à toute la branche ferroviaire devra être construit par les partenaires sociaux(…) » autrement dit par le patronat et les organisations syndicales. « Un décret-socle précisera les principales règles communes à la branche ferroviaires (…). A celui-ci s’ajoutera une convention collective nationale qui aura vocation à s’appliquer à l’ensemble des entreprises (de fret, de transports de voyageurs, de gestion de l’infrastructure) de la branche ferroviaire en cours de construction (…) » « sous la présidence d’un haut fonctionnaire de l’Etat ».
Nous voilà prévenu. L’Etat sera à la manœuvre pour casser nos conditions de travail.
Il est juste dénoncer et montrer les conséquences qu’aurait la mise en place d’une convention collective de branche inférieure au RH0077 (règlementation en vigueur au sein de la SNCF sur les conditions de travail).
Dans la brochure « pour une vrai réforme ferroviaire » de Sud-Rail, il est mis en avant que « Pour Sud-rail, dans une convention collective applicable à l’ensemble du secteur ferroviaire, ce sont les règles sociales de l’opérateur historique qui doivent être généralisée ; à l’exemple de ce qui s’est fait dans l’énergie où le statut national des d’EDF-GDF est devenue la convention collective du secteur. »
Notre mot d’ordre doit rester celui d’un seul et même statut pour l’ensemble des travailleurs du rail. La fin de l’externalisation au travers de la filialisation, de la sous-traitance par la ré-internalisation des activités de nettoyage, des foyers….,
Nous ne devons pas donner d’illusion dans le RH0077. Notre revendication n’est pas le RH0077 mais un seul et même statut pour tous les travailleurs du Rail. Nous combattons le fait qu’ils veulent des conditions inférieures au RH tout en combattant pour améliorer celui-ci. Car l’application à la virgule de celui-ci serait un recul dans bien des chantiers au regard des nombreuses luttes menées par les anciens pour imposer des accords locaux.
Dans ce domaine-là il ne faut pas hésiter à mettre en avant nos revendications sur les conditions de travail ou les salaires.
III/ L’intersyndicale veut débattre avec les casseurs. Débattre avec les casseurs du service public c’est nous mener droit dans le mur.
Quels objectifs se donnaient l’intersyndicale dans la grève du 13 juin ? Se faire entendre de la direction SNCF et du gouvernement de gauche…
L’intersyndicale appelait les cheminots à se mettre en grève le 13 juin pour protester contre « un gouvernement et une direction d’entreprise qui n’entendent pas le mécontentement et les exigences des cheminots ! » (tract unitaire du 4 juin). Aussi l’objectif fixé à la grève était « (…) que Gouvernement et Direction SNCF entendent le mécontentement grandissant des cheminots. »
Pour débattre de la réforme qu’ils estiment nécessaire.
Si les organisations syndicale se disent opposées « à l’ouverture à la concurrence qui favorise le dumping social », ils reconnaissent qu’une « réforme est nécessaire car l’organisation actuelle du système ferroviaire a prouvé son inefficacité. ». L’aile gauche de l’intersyndicale, SUD-Rail, défend dans ses tracts ce point de vue. « Pour une vraie réforme » titre un 4 pages diffusé nationalement. Sud-Rail partage certains « constats dressés par Jean-Louis Bianco » qui « sont réels » et « certaines propositions sont de bon sens ».
Pourtant les occasions de débattre de la réforme ferroviaire n’ont pas manquées
Comme s’il n’y a avait pas eu de dialogue entre les syndicats, la SNCF et les gouvernements de droite comme de gauche depuis 2010. Quid des assises du ferroviaire, du rapport Lepaon (secrétaire confédérale de la CGT) au CESE sur l’ouverture à la concurrence du transport régional… ? La CGT le reconnait dans un de ses nombreux tracts : « Malgré de nombreuses rencontres, d’auditions et de bilatérales (…) ». Bref, les occasions de débattre entre partenaire sociaux n’ont pas manquées. Et que réclament-ils ? Encore des discussions : « gouvernement et la direction SNCF doivent prendre le chemin d’un véritable dialogue social » pour discuter de la réforme.
Mais l’intersyndicale prétend que le gouvernement pourrait faire un autre choix de réforme !
« Il appartient donc au gouvernement et aux parlementaires de prendre en compte nos propositions et de construire un projet de loi répondant aux besoins de la nation et des usagers ». Comme si les parlementaires qui viennent de voter l’ANI à l’assemblée nationale ou le gouvernement de gauche, gauche qui chaque fois qu’elle a été au pouvoir a autant privatisé que le droite, mènerait une politique allant contre les intérêts des classes dirigeantes.
C’est la gauche (Paul Quilès) qui avait donné pour la France en juin 1991 le coup d’envoi pour la libéralisation des chemins de fers européens. L’ensemble des entreprises ferroviaires de l’UE devaient fonctionner comme des entreprises privées non subventionnées par l’Etat.
C’est la gauche (Lionel Jospin) qui, en 2000, au sommet de Lisbonne a demandé l’accélération de la libéralisation des secteurs publics tels que ceux du gaz, de l’électricité, des services postaux et des transports.
La gauche ne s’est jamais opposée aux privatisations :
Air France, 1999
Autoroute du sud de la France, mars 2002
Crédit Lyonnais, mars 1999
France Telecom, 1997-1998
Eramet 1999
GAN 1998
Thomson Multimedi 1998 et 2000
CIC 1998
CNP 1998
Aérospatiale (EADS), 2000
Pourtant réformer c’est détruire le service public ! Réformer c’est privatiser !
Qu’est-ce qu’une réforme aujourd’hui ? Les différentes réformes des retraites comme l’ANI dernièrement sont là pour nous le rappeler. La réforme c’est détruire. Et les futurs projets de réforme sur les allocations familiales, les retraites seront du même acabit. Et si cela ne suffit pas pour convaincre demandons aux postiers, aux salariés des hôpitaux ce qu’ils en pensent.
Pourquoi l’intersyndicale ne dit pas ouvertement que le gouvernement de gauche veut privatiser et ne s’y oppose pas fermement ?
L’intersyndicale ne peut s’opposer à ce gouvernement qu’elle a fait élire ou avec qui elle collabore ouvertement.
La CFDT a signée l’ANI devenue une loi enterinnant la casse du code du travail. Chérèque, ancien secrétaire confédérale, travaille aujourd’hui main dans la main avec la gauche au pouvoir. Cette même CFDT qui a été rejoint après 2007 par des militants de la FGACC qui nous ont trahis pendant le mouvement contre la réforme des régimes spéciaux de retraites.
Il n’y a rien n’à attendre non plus de la CGT. Thibault avait appelé a voté Hollande pour battre la droite. Peut-on croire un instant alors que la CGT a fait campagne pour Hollande, qu’elle va réellement s’opposer à ce dernier ? Certainement pas.
Le mouvement syndical a mille et un liens qui le lie à la gauche gouvernemental au travers d’organisme de cogestion comme il en a avec le patronat au travers d’organisme comme le siècle ou le quadrilatère (officine ou est discutée secrètement entre patrons et dirigeants syndicaux de la politique à mener). Aussi ne peut-il pas s’opposer à la politique du gouvernement
Non au dialogue social ! La privatisation, la casse de nos conditions de travail ne se discutent pas !
Non ! Le gouvernement ne veut pas réformer la SNCF. Non ! Le gouvernement et le patronat ne se trompent pas. Derrière la réforme c’est la casse programmée de la SNCF qui est mis à l’ordre du jour.
Il n’y a rien à réformer. La réforme c’est la privatisation, c’est la casse de nos conditions de travail et de vie. Nous devons dire ouvertement que nous sommes contre toute réforme toute privatisation. Il n’y a rien à négocier.
Non à la réforme ! Non à la privatisation !
Pour un service public à 100% ! 0% de capital privé.
V/ Comment défendre nos conditions de travail, nos conditions de vie et se défendre contre la privatisation ? Par la lutte de classe_
L’intersyndicale contre le « tous ensemble »
La transformation des luttes catégorielles actuelles en une seule et même lutte, cad une lutte de classe, dirigée à la fois contre les classes dirigeantes et le gouvernement, est une nécessité si nous voulons avoir une chance de commencer à les faire reculer.
Pour nous défendre et aller de l’avant le « tous ensemble », nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes. Nous ne pourrons pas compter sur les confédérations syndicales engluées dans la collaboration de classe à l’image de la CFDT ou de la CGT. Dans la plupart des cas, nous ne pourrons pas compter non plus sur les syndicats régionaux voire même les sections syndicales privilégiant le dialogue social à l’intervention directe des salariés, et organisant l’éparpillement des mouvements plutôt que de tenter de les unifier.
Si les confédérations saucissonne les luttes, les organisations de bases des syndicats ne font pas autrement. Sur la Gare de l’Est, en moins d’un an c’est plus de 8 mouvements de grève qui ont eu lieu. Si lutter pour l’extension est difficile, rien n’a été tentée par la CGT, Sud-Rail pour s’adresser aux autres chantiers pour défendre l’idée qu’il est nécessaire de se battre ensemble.
Forger notre unité dans la lutte ne dépend que de nous ! Pour le contrôle de nos luttes !
Œuvrer à l’unité de tous les cheminots et plus largement de tous les travailleurs du rail ou à l’unité de tous les salariés en France ne pourra se faire qu’en mettant en avant la nécessité pour les cheminots comme pour tous les salariés de s’organiser indépendamment des syndicats en vue de la lutte. Nous n’aurons pas d’autres choix. Soit l’unité pour l’unité derrière une intersyndicale qui ne veut pas s’affronter au patronat ou l’unité sur une politique claire décidée par des AG de grévistes. C’est le seul moyen d’empêcher que notre lutte soit confisquée par les organisateurs de la défaite, c’est de convaincre autour de nous, que cela nous concerne, et que personne d’autre que les salariés peuvent se défendre à leur place. Mais pour cela il faut contrôler notre mouvement au travers d’assemblée générale, qui devront se coordonner nationalement pour diriger le mouvement.
Pour préparer une éventuelle lutte d’ensemble, nous devons nouer des liens avec les autres salariés. Et cela passe par une politique en ce sens dans l’entreprise où nous devons convaincre de ce point de vue le plus grand nombre mais aussi en nous adressant à l’extérieure.
Le meilleur moyen de diffuser la nécessité de se battre tous ensemble contre le gouvernement et le patronat serait de mener une campagne publique. Nous devons nous adresser aux autres salariés et à la population travailleuse, à la jeunesse qu’il faut nous unir dans une seule et même lutte, c’est-à-dire mener une lutte de classe aux luttes catégorielles, éparpillées… qui sont défaites les unes après les autres comme à PSA. Il faut rompre avec cette logique qui ne fait que démoraliser toujours plus de travailleurs.
Lier la lutte contre la privatisation à la défense des conditions de vie et de travail de tous les salariés et à la perspective de révolution sociale !
Et au travers de cette campagne nous ne devrions pas hésiter à tenter de convaincre, diffuser l’idée que si un mouvement de grève générale partait, ce serait l’occasion de passer des luttes défensives à des luttes offensives.
Et dans un tel contexte défendre que la seule garantie de ne pas se faire trahir, c’est que ce soient des comités de salariés coordonnés nationalement qui dirigent le mouvement.
C’est une nécessité de le défendre. L’état et les classes dirigeantes ne veulent pas réformer les SP, les retraites, la santé l’éducation, la recherche, mais les détruire ? C’est très différent comme attaque. Et par conséquent la riposte face à cela doit être à la hauteur.
Aussi plutôt que de diffuser l’idée qu’il faille résister c’est-à-dire qu’on n’offre pas d’horizon autre que celui du capitalisme et de renverser le rapport entre le travail et le capital pour une meilleure répartition des richesses, il serait temps de mettre en avant comme perspective générale d’enlever tout pouvoir au capital en transférant la propriété privé des moyens de production entre les mains des salariés ou si l’on préfère la socialisation des moyens de productions afin d’orienter la production sociale en fonction des intérêts de la population et non des actionnaires privés.
Il est temps de lier la défense de nos conditions de vie et de travail, la lutte contre la privatisation…. A la perspective de révolution sociale. Il n’y a plus aucun avenir pour les travailleurs dans le capitalisme.
Un cheminot
Messages
1. Point de vue d’un cheminot sur la Privatisation du Rail, 30 juin 2014, 09:39, par THIREAU Bernard
Je vais etre cours dans ma réponse.
Je me présente, ma famille du coté de mon père ont été pendant 3 générations chemino "VB : un oncle inspecteur divisionnaire" ;EXPLOITATION mon père chef de gare 3°, OU ROULANT"un oncle mécanicien", moi j’ai aujourdhui 63 ans j’ai choisi le métier de mes grand-parents maternel ’l’agriculture qui court aussi à sa perte par le fait du prodctivisme.
Tous cela pour vous dire que mes oncles mon père qui ne sont plus de ce monde étaient déjà il y a de cela outrait de voir la direction que prenait le rail par rapport à la route par les suppressions de ligne soit disant pas rentable. Que les politiques de tout poil soutenaient.
Le cout réelle de l’entretien des infrastuctures routières par l’impacte des poids lourds par le tonnage transporté sur celle-si n’ont jamais été calculé mais je suis sur que le fer est plus rentable "au moment ou on parle d’écologie va-t-on y réfléchir".
J’affirme que le rail est rentable en fret et que la réouverture de ligne est à envisageait et que l’on doit de réflèchir à la réutilisation des embranchements ferrovieres par rapport à nos industries.
Messieurs les politiques et banquiers vos encetres dirigeantes ont fait des erreurs pour appats du gains et bien réparer en ayant une autre stratégie pour l’avenir de notre planète.
LE RAIL EST L’AVENIR NON LA ROUTE.
1. Point de vue d’un cheminot sur la Privatisation du Rail, 30 juin 2014, 14:07, par Robert Paris
Je te remercie beaucoup de ta contribution qui nous touche énormément.
Tu as raison de dire que ce qui caractérise les politiques de casse du Rail, service public au service du public, c’est l’appât du gain !
Et la seule manière de le combattre n’est pas de prouver que le Rail est rentable mais qu’il devienne réellement au service du public.
De même l’hôpital public n’a pas à prouver qu’il serait plus "rentable" que l’hôpital privé !
Et pour cela, il faut non seulement défendre le Rail face à la Route, mais le public face aux intérêts de l’infime minorité des capitalistes et banquiers qui ont ruiné les paysans comme ils sont "en train" de ruiner les services publics, du rail comme de la santé, de l’enseignement ou de la recherche, de la poste ou des crèches, etc...