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Trotsky en 1917

dimanche 2 octobre 2016, par Robert Paris

Trotsky de 1917, qui se tient aux côtés de Lénine, a été effacé par Staline

Lénine 1917

et

Trotsky 1917

On ne peut parler de Lénine en 1917, dans leur intervention au cours de la révolution russe, sans parler de Trotsky dans la même période et inversement bien entendu, tellement on a assisté à une révolution qui a eu deux têtes, l’une étant inséparable de l’autre, deux penseurs, deux organisateurs, des militants inlassables des mêmes idées et des mêmes perspectives. Ils ont réellement écrit, parlé, agi, milité, dirigé comme un seul homme et c’est seulement ensuite que ces actes ont semblé être ceux d’un parti, le parti bolchevique dans lequel ils militaient. Mais s’il y a une erreur à ne pas commettre, c’est de penser que cette politique, ces idées, ces conceptions, cette action, cette stratégie était purement et simplement l’émanation directe de ce parti. C’est un contre-sens pur et simple ou, plus eaxctement, c’est le point de vue qui sera diffusé plus tard par la réaction contre-révolutionnaire stalinienne afin de détruire ce parti et en faire une simple partie d’un appareil bureaucratique.

Loin de nous l’idée que les militants révolutionnaires et que les masses révolutionnaires ne seraient rien et que les leaders politiques seraient tout mais affirmer l’inverse serait tout aussi faux et ridicule. Aucun automatisme n’a produit les conceptions de Lénine et Trotsky en 1917. Il n’a nullement suffi qu’existe le parti bolchevik pour qu’il joue le rôle qui a été le sien et qu’il défende la politique qui a été la sienne. Ce n’était nullement inscrit dans une ligne droite issue du passé de ce parti et cela n’est pas venu aisément et « naturellement » pour ce parti, ni pour ses dirigeants, ni pour ses militants.

A l’égal de Lénine, on peut dire que Trotsky a été un élément déterminant de la révolution russe de 1917 et pourtant ni l’un ni l’autre n’étaient présents en Russie à son démarrage, ni ne disposaient de groupes politiques ayant pris la direction de la lutte à son démarrage et même pas la direction des masses ouvrières qui participaient à cette lutte. Par la suite, ces deux militants révolutionnaires que bien des prises de position séparaient ou même opposaient, ont convergé de manière étonnante vers une même politique, qu’ils étaient parmi les rares militants révolutionnaires à partager et dont il a fallu qu’ils convainquent d’autres militants, avant de devenir capables de se porter à la tête des masses. Il a suffi de quelques mois pour une telle œuvre titanesque qui continue d’apparaître comme surhumaine des décennies après. Cependant, ce n’est ni les capacités oratoires (Lénine n’en avait d’ailleurs pas particulièrement), ni le nombre des militants (Trotsky n’en avait que peu) qui ont été déterminantes mais l’orientation politique de ces deux dirigeants. Et si, après coup, bien des gens ont cru que cette orientation allait de soi, était inscrite dans toute leur activité passée, c’était en réalité loin d’être évident si on examine le passé des autres dirigeants politiques d’origine révolutionnaire et le chemin qu’ils ont suivi ensuite face à la révolution sociale. On peut quasiment dire que, pour la plupart, les dirigeants politiques d’origine révolutionnaire ont été d’autant plus à droite que les masses allaient plus à gauche, c’est dire !

Le premier point sur lequel Lénine et Trotsky ont convergé consistait à affirmer que l’on n’assistait qu’à la première étape de la révolution, que la chute du tsarisme ne serait pas la fin de la révolution, que la démocratie bourgeoise ne serait nullement l’aboutissement de la trajectoire révolutionnaire. Certes, cela semblait assez logique comme point de vue de la part d’un Trotsky, dont la conception de la révolution permanente supposait une telle logique mais cela ne l’était nullement de la part de Lénine qui envisageait plutôt un rôle révolutionnaire du prolétariat dans le cadre d’une révolution gardant un caractère démocratique, c’est-à-dire à perspective bourgeoise. La perspective socialiste supposait, à l’inverse, que la révolution n’était russe qu’en apparence, européenne et même internationale en réalité. Là aussi, après coup, les événements leur ont donné raison mais rares ont été ceux qui le pensaient.

L’idée que le tsarisme ne chutait en premier que comme chaînon le plus faible de la grande chaîne impérialiste secouée par la crise et la guerre mondiale puis la vague révolutionnaire, était loin de tomber sous le sens.

Même les plus révolutionnaires des militants et dirigeants russes semblaient prêts à se contenter d’être une force d’appui à un gouvernement bourgeois à visées démocratiques et nombre d’entre eux semblaient prêts à l’idée de la participation gouvernementale lorsque Lénine est rentrée de l’émigration et a commencé à défendre le point de vue qui allait rester dans l’Histoire sous le nom de « Thèses d’avril » et qui était très exactement le point de vue qu’il avait longtemps combattu sous le nom de « trotskysme » !

Mais Trotsky allait faire un mouvement tout aussi considérable en rejoingnant alors le parti bolchevique dont il avait combattu longtemps les méthodes et les conceptions organisationnelles autant que les orientations.

Et ces deux dirigeants allaient converger tout aussi étonnamment durant ces quelques mois sur un point tout aussi essentiel : le programme et les points d’appui de la construction de la deuxième vague révolutionnaire, son caractère et son rythme, à savoir la conquête patiente et méthodique de la majorité dans les soviets puis la prise de pouvoir de ces derniers par la mise en place d’une dictature du prolétariat dont les soviets seraient les briques élémentaires. Cette conquête devait se fonder sur la destruction méthodique des positions bourgeoises, quels que soient les partis qui les portaient, en se fondant sur les aspirations des masses elles-mêmes : aspirations à la terre, aspiration à la paix, aspiration aux liberté des nationalités et religions opprimées, aspiration de bien-être des masses ouvrières et paysannes. Les classes dirigeantes bourgeoises avaient certes profité de la révolution de février pour accéder au pouvoir mais étaient incapables de satisfaire ces aspirations et incapables aussi d’en finir avec les soviets, ces libres créations organisationnelles des masses ouvrières, soldates, paysannes et des nationalités opprimées.

Ce qui pouvait sembler des objectifs complètement irréalistes de deux dirigeants utopiques que la plupart des dirigeants et militants politiques « de gauche » ou d’ « extrême gauche » combattait comme une lubie, devenait, du coup, l’expression exacte des buts des masses, et une nécessité absolue devant la nécessité absolue pour les classes dirigeantes de continuer la guerre, de ne pas partager les terres, de frapper durement les masses travailleuses et même la nécessité de détruire dans le sang les soviets.

C’est ainsi que ces deux petits hommes, presque seuls à défendre ce qu’ils défendaient, à concevoir ce qu’ils concevaient, à rêver ce qu’ils rêvaient, devenaient les leaders « naturels » des masses, dont les militants y devenaient majoritaires et même avaient des partisans là où ils n’avaient même pas des militants ou des propagandistes de leurs idées, tant ces idées avançaient d’elles-mêmes, du moment qu’elles avaient été propagées en un point…

C’est la force des idées qui s’emparent des masses sur laquelle comptaient les Lénine et les Trotsky, et non pas la force du nombre de dirigeants, du nombre de militants, du nombre de sympathisants, point sur lequel le groupe de Lénine, sans même parler du petit groupe de Trotsky avant leur fusion, n’était, en février 1917, que le plus petit parti de Russie, ne disposant quasiment d’aucun appui d’intellectuels.

Certains ont voulu voir dans la victoire des idées de Lénine et de Trotsky la réussite de la « construction du parti révolutionnaire », mais ils isolent ainsi, comme un facteur à part, la construction organisationnelle, tâche à laquelle ils sont dédiés, la séparant de la construction intellectuelle de l’analyse et de la perspective politique, et séparant l’arbre de son tronc, de ses racines et empêchant ainsi la montée de la sève tout en affirmant vouloir multiplier branches et feuilles !!!

Ils ont voulu voir aussi dans la victoire des idées des Lénine et Trotsky parmi les masses, un succès du travail des militants bolcheviks, de leut tenacité, de leur courage, de leur confiance, de leur discipline et j’en passe, omettant la nécessité de concevoir d’abord le rôle respectif du parti et des soviet, le rôle repsectif de la révolution et des soviets, rôles qui n’allaient nullement de soi, vu déjà qu’au départ les bolcheviks étaient les plus minoritaires dans les soviets, que ceux-ci étaient du coup aux mains des réformistes, devenaient même des armes de ces réformistes bourgeois et petit-bourgeois et donc une arme contre l’avancée de la révolution sociale, contre la transformation de révolution bourgeoise en révolution socialiste, contre tout ce que défendaient justement Lénine et Trotsky. Conquérir la majorité dans les soviets devenait, du coup, non un objectif évident mais, apparemment, un but inatteignable. Le rôle que Lénine et Trotsky attribuait aux soviets pouvait sembler parfaitement irréaliste tant que ceux-ci étaient manœuvrés par les réformistes qui défendaient dur comme fer le caractère bourgeois démocratique de la révolution russe.

Cela supposait de se battre non seulement contre l’Etat, contre les classes dirigeantes, contre l’armée, contre l’impérialisme mais même contre les préjugés des masses elles-mêmes, contre leur idée, en particulier, selon laquelle la révolution était victorieuse et le pouvoir ne pouvait pas leur venir dans les mains.

Faire confiance en de telles perspectives, de la part de Lénine et de Trotsky, ce n’était pas avoir confiance dans les talents oratoires ou propagandistes des militants d’un parti mais dans les capacités des masses ouvrières de s’éduquer politiquement et socialement à la faveur de la situation elle-même et de ses contradictions explosives.

Tous les bureaucrates du monde savent avoir confiance dans leur appareil bureaucratique ou plutôt dans leur propre capacité à le manipuler, par contre avoir confiance dans des masses opprimées qui viennent de vivre la boucherie entre les peuples, qui ont subi la dictature politique et sociale et sont accoutumées à obéir et à subir, croire malgré tout cela qu’elles vont se révéler aptes à prendre la direction de toute la société, alors qu’elles-mêmes sont encore persuadées que les seules classes dirigeantes sont aptes à commander, voilà effectivement qui est le propre des têtes politiques du prolétariat révolutionnaire et d’elles seules.


Le jugement de Lénine fut en cette période —jusqu’au 4 avril 1917, c’est-à-dire jusqu’à son apparition sur l’arène de Pétrograd,— un jugement personnel, individuel. Pas un des dirigeants du parti se trouvant alors en Russie, —pas un !— n’avait même l’idée de gouverner vers la dictature du prolétariat, vers la révolution socialiste. La conférence du parti qui avait réuni, à la veille de l’arrivée de Lénine, quelques dizaines de bolcheviks, avait montré qu’aucun d’eux n’allait en pensée au-delà de la démocratie. Ce n’est pas sans intention que les procès-verbaux de cette conférence restent cachés jusqu’à ce jour. Staline était d’avis de soutenir le gouvernement provisoire de Goutchkov-Milioukov et d’arriver à une fusion des bolcheviks avec les menchéviks. La même attitude fut prise (ou bien une attitude encore plus opportuniste) par Rykov, Kaménev, Molotov, Tomsky, Kalinine et tous autres dirigeants ou à demi dirigeants actuels. Iaroslavsky, Ordjonikidzé, le président du comité exécutif central de l’Ukraine, Pétrovsky, et d’autres, publiaient, pendant la révolution de février, à Iakoutsk, en commun avec les menchéviks, un journal appelé le Social-Démocrate, dans lequel ils développaient les idées les plus vulgaires de l’opportunisme provincial. Si l’on reproduisait actuellement certains articles du Social-Démocrate d’Iakoutsk dont Iaroslavsky était le rédacteur en chef, on tuerait idéologiquement cet homme, en admettant toutefois qu’il soit possible de l’exécuter idéologiquement.

Telle est la garde actuelle du « léninisme ». Qu’en diverses occasions, ces hommes aient répété les paroles et imité les gestes de Lénine, cela, je le sais. Mais, au début de 1917, ils étaient livrés à eux-mêmes. La situation était difficile. C’est alors qu’ils auraient dû montrer ce qu’ils avaient appris à l’école de Lénine et ce dont ils étaient capables sans Lénine. Qu’ils désignent seulement, parmi eux, un seul qui de lui-même ait su aborder la position qui fut identiquement formulée par Lénine à Genève et par moi à New-York. Ils ne trouveront pas un nom. La Pravda de Pétrograd, dont les rédacteurs en chef, avant l’arrivée de Lénine, étaient Staline et Kaménev, est restée à tout jamais un monument d’esprit borné, d’aveuglement et d’opportunisme. Cependant la masse du parti, comme la classe ouvrière dans son ensemble, se dirigeait spontanément vers la lutte pour le pouvoir. Il n’y avait pas en somme d’autre voie, ni pour le parti ni pour le pays.

Pour défendre, pendant les années de la réaction, la perspective de la révolution permanente, il fallait des prévisions théoriques. Pour lancer, en mars 1917, le mot d’ordre de la lutte pour le pouvoir, il suffisait, ce me semble, du flair politique. Les facultés de prévision et même de flair ne se sont révélées chez aucun —pas un !— des dirigeants actuels. Pas un d’entre eux, en mars 1917, n’avait dépassé la position du petit bourgeois démocrate de gauche. Aucun d’entre eux n’a passé convenablement l’examen de l’histoire.

J’arrivai à Pétrograd un mois après Lénine. Exactement le temps pendant lequel j’avais été retenu au Canada par Lloyd George. Je trouvai la situation dans le parti essentiellement modifiée. Lénine avait fait appel à la masse des partisans contre leurs tristes leaders. Il mena une lutte systématique contre ces « vieux bolcheviks —écrivait-il— qui ont déjà joué plus d’une fois un triste rôle dans l’histoire de notre parti, répétant sans y rien comprendre une formule apprise par coeur, au lieu d’étudier les particularités de la nouvelle et vivante situation ».

Kaménev et Rykov tentèrent de résister. Staline, en silence, se mit à l’écart. Il n’existe pas, pour l’époque, un seul article où celui-ci ait fait effort pour juger sa politique de la veille et s’ouvrir un chemin dans le sens de la position léniniste. Il se tut tout simplement. Il s’était trop compromis par la désastreuse direction qu’il avait donnée pendant le premier mois de la révolution. Il préféra se retirer dans l’ombre. Il ne prit publiquement nulle part la défense des idées de Lénine. Il éludait et attendait. Durant les mois où se fit la préparation théorique et politique d’Octobre, où s’engagèrent le plus sérieusement les responsabilités, Staline n’eut tout simplement pas d’existence politique.

Lorsque j’arrivai dans le pays, un bon nombre d’organisations social-démocrates groupaient encore des menchéviks et des bolcheviks. C’était la conséquence naturelle de la position que Staline, Kaménev et d’autres avaient prise non seulement au début de la révolution, mais aussi pendant la guerre, bien que, il faut en convenir, l’attitude de Staline en temps de guerre soit restée inconnue de tous : il n’a pas écrit une seule ligne sur cette question qui n’est pas d’une mince importance.

Actuellement, les manuels de l’Internationale communiste, dans le monde entier —pour les Jeunesses communistes en Scandinavie et les pionniers en Australie— répètent à satiété que Trotsky, en août 1912, fit une tentative pour unifier les bolcheviks avec les menchéviks. En revanche, il n’est dit nulle part que Staline, en mars 1917, prêchait une alliance avec le parti de Tsérételli et qu’en fait, jusqu’au milieu de 1917, Lénine ne parvint pas à dégager le parti du marais où l’avaient entraîné les dirigeants temporaires d’alors, actuellement devenus les épigones. Le fait que pas un d’entre eux ne comprit, au début de la révolution, le sens et la direction de celle-ci est maintenant interprété comme procédant de vues dialectiques particulièrement profondes, s’opposant à l’hérésie du trotskysme qui osa non seulement comprendre les faits de la veille, mais aussi prévoir ceux du lendemain.

Quand, arrivé à Pétersbourg, je déclarai à Kaménev que je n’objectais rien aux fameuses « thèses d’avril » de Lénine, qui déterminaient le cours nouveau du parti, Kaménev me répondit seulement :
— Je crois bien !...

Avant même d’avoir adhéré en bonne et due forme au parti, je contribuai à l’élaboration des plus importants documents du bolchevisme. Il ne vint à l’esprit de personne de demander si j’avais renoncé au « trotskysme » comme l’ont voulu savoir, à mille reprises, depuis, dans la période de décadence des épigones, les Cachin, les Thaelmann et autres parasites de la révolution d’Octobre. Si, à cette époque, on a pu voir le trotskysme opposé au léninisme, ce fut seulement en ce sens que, dans les sphères supérieures du parti, pendant avril, Lénine fut accusé de trotskysme. Kaménev en parlait ainsi, ouvertement et avec persistance. D’autres disaient de même, mais d’une façon plus circonspecte, dans les coulisses. Des dizaines de « vieux bolcheviks » me déclarèrent, après mon arrivée en Russie :

— Maintenant, c’est fête dans votre rue !...

Je fus forcé de démontrer que Lénine n’avait pas adopté ma position, qu’il avait simplement étendu la sienne et que, par la suite de cette évolution, où l’algèbre se simplifiait en arithmétique, l’identité de nos idées s’était manifestée. Il en fut bien ainsi.

Dès nos premières rencontres, et plus encore après les Journées de juillet, Lénine donnait l’impression d’une extrême concentration intérieure, d’un ramassement sur lui-même poussé au dernier degré —sous des apparences de calme et de simplicité prosaïque. Le régime kérenskyste semblait, en ces jours-là, tout-puissant. Le bolchevisme n’était représenté que par une « petite bande insignifiante ». C’est ainsi qu’il était traité officiellement. Le parti lui-même ne se rendait pas encore compte de la force qu’il allait avoir le lendemain. Et, cependant, Lénine le conduisait, en toute assurance, vers les plus hautes tâches. Je m’attelai au travail et aidai Lénine.

Deux mois avant Octobre, j’écrivais :

« Pour nous, l’internationalisme n’est pas une idée abstraite, n’existant seulement que pour être trahie à la première occasion (ce qu’elle est pour un Tsérételli ou un Tchernov) ; c’est un principe qui nous dirige immédiatement et est profondément pratique. Un succès durable, décisif, n’est pas concevable pour nous en dehors d’une révolution européenne. »

A côté des noms de Tsérételli et de Tchernov, je ne pouvais pas alors encore ranger celui de Staline, philosophe du socialisme dans un seul pays. Je terminais mon article par ces mots :

« La révolution permanente contre le carnage permanent ! Telle est la lutte dont l’enjeu est le sort de l’humanité. »

Ce fut imprimé dans l’organe central de notre parti, le 7 septembre et reproduit en brochure. Pourquoi mes critiques actuels gardèrent-ils alors le silence sur le mot d’ordre hérétique d’une révolution permanente ? Où étaient-ils ? Les uns, comme Staline, attendaient les événements en regardant de côté et d’autre ; les autres, comme Zinoviev, se cachaient sous la table.

Mais la plus grosse question est celle-ci : comment Lénine a-t-il pu tolérer ma propagande hérétique ? Quand il était question de théorie, il ne connaissait ni condescendance ni indulgence. Comment a-t-il pu supporter que le « trotskysme » fût prêché dans l’organe central du parti ?

Le 1er novembre 1917, à une séance du comité de Pétrograd (le procès-verbal de cette séance, historique sous tous rapports, est tenu secret jusqu’à présent), Lénine déclara que depuis que Trotsky s’était convaincu de l’impossibilité d’une alliance avec les menchéviks, « il n’y avait pas de meilleur bolchevik que lui ». Il montra par là clairement, et non pour la première fois, que si quelque chose nous séparait, ce n’était pas la théorie de la révolution permanente, c’était une question plus restreinte, quoique très importante, sur les rapports à garder envers le menchévisme.

Jetant un coup d’oeil rétrospectif, deux ans après la révolution d’Octobre, Lénine écrivait :

« Au moment de la conquête du pouvoir, lorsque fut créée la république des soviets, le bolchevisme avait attiré à lui tout ce qu’il y avait de meilleur dans les tendances de la pensée socialiste proches de lui. »

Peut-il y avoir l’ombre d’un doute qu’en parlant d’une façon aussi marquée des tendances de la pensée socialiste les plus proches du bolchevisme, Lénine avait en vue tout d’abord ce que l’on appelle maintenant le « trotskysme historique » ? En effet, quelle autre tendance pouvait être plus proche du bolchevisme que celle que je représentais ? Qui donc Lénine pouvait-il avoir en Vue ? Marcel Cachin ? Thaelmann ? Pour Lénine, lorsqu’il passait en revue l’évolution du parti dans son ensemble, le trotskysme n’était pas quelque chose d’étranger ou d’hostile ; c’était, au contraire, le courant de la pensée socialiste le plus proche du bolchevisme.

La véritable marche des idées n’eut, on le voit, rien de commun avec la caricature mensongère qu’en ont faite, profitant de la mort de Lénine et de la vague de réaction, les épigones.

Trotsky en 1917

Le programme de la Paix

Le droit des nations à l’autodétermination

Le pacifisme, supplétif de l’impérialisme

La paix et la réaction

La farce du double pouvoir

Les journées de juillet

Que s’est-il passé ?

Éléments de bonapartisme

Et maintenant ?

Le caractère de la révolution russe

Questions de tactique internationale

L’armée et la révolution

Discours à la conférence démocratique

Le rôle des mencheviks et des S.R. dans la conférence démocratique

Cinq journées : du 23 au 27 février 1917

Qui dirigea l’insurrection de Février ?

Le paradoxe de la Révolution de Février

Le nouveau pouvoir

La dualité de pouvoirs

Le Comité exécutif

L’armée et la guerre

Les dirigeants et la guerre

Les bolcheviks et Lénine

Le réarmement du parti

Les "Journées d’Avril"

La première coalition

L’offensive

La paysannerie

Regroupements dans les masses
Le Congrès des soviets et la manifestation de Juin

La Révolution de Février : conclusion

Préface à Octobre

Les " Journées de Juillet " : la préparation et le début

Les " Journées de Juillet " : le point culminant et l’écrasement

Les bolcheviks pouvaient-ils prendre le pouvoir en Juillet ?

Le mois de la grande calomnie

La contre-révolution relève la tête

Kerensky et Kornilov
La conférence d’Etat à Moscou

Le complot de Kérensky

Le soulèvement de Kornilov

La bourgeoisie se mesure avec la démocratie

Les masses exposées aux coups

Marée montante

Les bolcheviks et les soviets

La dernière coalition

La paysannerie devant Octobre

La question nationale

Sortie du préparlement et lutte pour le congrès des soviets

Le comité militaire révolutionnaire

Lenine appelle à l’insurrection

L’art de l’insurrection

La prise de la capitale

La prise du palais d’Hiver

L’insurrection d’octobre

Le congrès de la dictature soviétique

Conclusion

A Petrograd

Sur des calomniateurs

De juillet à Octobre

La nuit décisive

Le "trotskysme" en 1917

Au pouvoir

A Moscou

Préface à Bilan et Perspectives

La grande année

Sur le seuil de la révolution

Troubles en Europe

Deux visages (forces internes de la révolution russe)

La guerre ou la paix ? (Les forces intérieures de la Révolution)

Contre qui et comment défendre la révolution ?

Qui sont les traîtres ?

La guerre et la révolution

Le conflit qui se développe

Sous la bannière de la Commune

La révolution en Russie

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