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La Révolution française et l’Europe

vendredi 20 avril 2018, par Robert Paris

La Révolution « française » et l’Europe

Il y a une réticence de certains historiens à considérer la révolution en France comme épisode de la révolution antiféodale, antiroyale, anticléricale, bourgeoise, populaire et démocratique dans toute l’Europe. On peut lire ainsi Eric J. Hobsbawn, dans « L’ère des révolutions (1789-1848) » :

« La seconde moitié du XVIIIe siècle fut une période de crise pour les anciens régimes d’Europe et pour leurs systèmes économiques. Les dernières décennies du siècle furent remplies d’agitations politiques, qui allèrent quelques fois jusqu’à la révolte, de mouvements autonomistes qui aboutirent parfois à la sécession : non seulement aux Etats-Unis (1776-1783), mais aussi en Irlande (1782-1783), en Belgique et à Liège (1787-1790), en Hollande (1783-1787), à Genève et même, on l’a soutenu, en Angleterre (1779). Cette série d’agitations politiques est tellement frappante que certains historiens contemporains ont parlé d’un « âge de la révolution démocratique », dont la Révolution française ne serait qu’un épisode, le plus dramatique sans doute et le plus gros de conséquences. Dans la mesure où la crise de l’Ancien régime ne fût pas uniquement un phénomène français, ces observations sont d’un certain poids… Il se peut que la Révolution française n’ait pas été un phénomène isolé, mais elle a été beaucoup plus fondamentale qu’aucune autre de ses contemporaines et ses conséquences furent de ce fait beaucoup plus profondes… Seule de toutes les révolutions qui l’ont précédé ou suivie, elle fut une révolution sociale de masse et infiniment plus radicale qu’aucune insurrection qu’on voudrait lui comparer… Seule, cette fois encore, de toutes les révolutions contemporaines, la Révolution française fût œcuménique. Ses armées s’étaient mises en route pour révolutionner le monde ; ses idées y réussirent effectivement… Dans un sens très large, on peut dire qu’en principe, toutes les personnes ayant de la culture, du talent et des affinités avec la philosophie des Lumières ont sympathisé avec la Révolution française, en tout cas jusqu’à la dictature des jacobins, et souvent bien au-delà… En Grande-Bretagne, en faisaient partie les poètes Wordsworth, Blake, Coleridge, Robert Burns, Southey ; des savants, le chimiste Joseph Priestley et plusieurs membres très distingués de la Birmingham Lunar Society ; des technologues et des industriels comme Wilkinson, le maître des forges, l’ingénieur Thomas Telford, et d’une manière générale tous les intellectuels whigs et dissidents. En Allemagne, les philosophes Kant, Herder, Fichte, Schelling et Hegel, les poètes Schiller, Hoelderlin, Wieland et le vieux Klopstock, et le musicien Beethoven. »

Jacques Godechot, lui, écrit dans « La pensée révolutionnaire 1789-1799 » :

« Quelles révolutions ? Celles qui bouleversèrent le monde occidental entre 1770 environ, et 1850. Nous avons montré, qu’à notre avis, la Révolution « française » ne pouvait être isolée d’un vaste mouvement révolutionnaire qui commença dans les colonies anglaises d’Amérique vers 1770 et ne termina son cycle qu’après les troubles européens de 1848-1849. Le mouvement a été provoqué par les transformations de tous ordres qui ont perturbé la société occidentale : démographiques, économiques, sociales, intellectuelles, politiques. Dans ce grand mouvement, la France tient une place éminente, et sans doute prépondérante, mais on ne saurait plus aujourd’hui parler de Révolution française sans rappeler que cette révolution n’est que l’un des maillons d’une vaste chaîne qui a déroulé ses anneaux pendant quatre-vingt ans et fait passer l’Occident du système féodal (plus ou moins dégradé) au régime capitaliste. La révolution des Etats-Unis s’étale sur près de vingt ans (1770-1789). (...) Les révolutions en Europe eurent lieu de 1780 à 1790. (...) C’est de 1780 à 1799 que la révolution a été la plus violente et la plus riche en conséquences, c’est en 1789 qu’elle a atteint en France ses résultats les plus décisifs, l’abolition du régime féodal, et c’est de 1792 à 1796 qu’en France aussi, elle a formulé les théories les plus audacieuses et tenté la construction d’un régime démocratique (...)
C’est aux Etats-Unis que l’explosion se produisit d’abord. (...) le mouvement ne tarda pas à gagner l’Europe. Dès 1760, à l’intérieur même de la Grande-Bretagne, alors au plus fort de la lutte contre les « insurgents » d’Amérique, des mouvements révolutionnaires éclataient. Les Irlandais (...) profitaient de leur rassemblement sous les armes pour réclamer plus de liberté, et l’égalité entre catholiques et protestants d’Irlande. (...) A Londres, toujours la même année 1780, éclataient des émeutes très graves. (...) Les concessions accordées aux catholiques irlandais provoquèrent à Londres une gigantesque insurrection qui perdit tout caractère religieux pour se transformer en une lutte des pauvres contre les riches, les Gordon Riots, en juin 1780. (...) Le gouvernement britannique parvint à se rendre maître des soulèvements irlandais et anglais, mais il n’est pas douteux que la reconnaissance de l’indépendance des Etats-Unis et la signature de la paix en aient été précipitées. Aux Provinces-Unies, alliées de Etats-Unis, de la France et de l’Espagne contre l’Angleterre, le mouvement fût plus grave et prit une véritable allure révolutionnaire. (...) La bourgeoisie hollandaise qui occupait la majorité des sièges dans les municipalités, les états provinciaux et les états généraux, (...) se révolta. (...) En 1783, commence une insurrection qui, quatre ans plus tard, contraint le stathouder (Guillaume V d’Orange) à quitter La Haye. (...) Guillaume V demanda l’aide des forces armées britanniques et prussiennes. (...) la révolution des Provinces-Unies succombait devant l’assaut des forces de la réaction. Si Guillaume V avait demandé l’aide des armées étrangères, c’est qu’il avait sous les yeux l’exemple d’une révolution facilement vaincue par les troupes des puissances conservatrices : la révolution genevoise de 1782. La population de la ville de Genève au 18ème siècle était divisée en quatre groupes : les patriciens, les bourgeois, les natifs et les étrangers. Le pouvoir appartenait en fait aux patriciens (...) En 1781, les natifs obtinrent le soutien des bourgeois contre les patriciens, et en avril 1782, ils s’emparèrent du pouvoir (...) Cependant la révolution genevoise devait être plus éphémère encore que celles des Provinces-Unies. Les patriciens qui avaient été imprudemment laissés en liberté appelèrent à l’aide les anciens alliés de la République de Genève, les Bernois, les Zurichois, les rois de France et de Sardaigne. Ceux-ci envoyèrent des troupes qui bloquèrent la ville puis y entrèrent le 2 juillet 1782 ; c’était la première fois qu’en Europe, au 18ème siècle, une révolution était vaincue par l’intervention armée de l’étranger. (...) Cependant l’échec de la révolution genevoise ne découragea pas les patriotes des différents pays ; à partir de 1787, la révolution gronde, pour des raisons diverses, dans les Pays-Bas autrichiens, l’évêché de Liège et en France. De Liège en 1786 (...) aux Pays-Bas autrichiens la même année (...) et aux Etats provinciaux du Brabant (...), les troubles ne cessèrent de croître pour prendre, en 1789, comme en France, une allure révolutionnaire. Le 12 octobre 1789, les Etats de Liège, le 24 octobre ceux du Brabant publiaient des déclarations qui affirmaient les droits des habitants, et leur indépendance à l’égard des anciens souverains. Elles étaient imitées par les autres Etats des Pays-Bas et le 11 janvier 1790, ceux-ci signaient le « Traité d’Union des Etats belgiques. ». (...) La division des patriotes permit aux troupes autrichiennes de rentrer dans les Pays-Bas en novembre-décembre 1790. En même temps les troupes allemandes restauraient le Prince-Evêque à Liège. (...) La Révolution qui se développa en France à partir de 1787 et y atteignit un degré de violence et d’intensité supérieur à celui qu’elle revêtit ailleurs, a réveillé et généralisé un mouvement qui, nous l’avons dit, avait commencé dès 1770 dans les colonies anglaises d’Amérique et s’était propagé en Europe, notamment en Grande Bretagne, aux Pays-Bas et en Suisse, à partir de 1780. »

Les particularités de la France de 1780-1796 par rapport à l’Europe de la même époque, crèvent les yeux : c’est le pays le plus riche et le plus peuplé d’Europe, le plus grand territoire centralisé d’Europe de l’Ouest, avec le plus de population urbaine, le plus d’activité bourgeoise et artisanale, le plus de vie sociale et politique, le plus de traditions politiques passées aussi, même si l’Angleterre avait devancé la France par sa révolution bourgeoise, par son développement industriel, par son pouvoir alliant bourgeoisie et noblesse, par sa domination maritime et coloniale. L’unification politique et étatique de la France n’était pas complète mais elle était déjà bien plus grande qu’en Allemagne, en Italie et dans toute l’Europe de l’Ouest. Le développement des classes sociales était aussi plus avancé, avec non seulement une forte bourgeoisie, une forte petite-bourgeoisie et aussi d’importants milieux populaires et même prolétariens. Et surtout, il y avait la particularité de Paris, ville concentrant la richesse et la pauvreté, le pouvoir et les classes sociales exploitées et opprimées qui en souffraient le plus. Paris, une capitale qui avait déjà derrière elle toute une histoire révolutionnaire, avec même des tentatives de la bourgeoisie d’y prendre le pouvoir… La maturité de la révolution en France ne peut être seulement mesurée à l’aune sociologique. Elle doit l’être aussi au plan politique. Il ne faut pas négliger le mécontentement du petit peuple devant la corruption et les exactions des classes dirigeantes, mécontentement passé au stade de la révolte depuis la politique violente et agressive, guerrière et dépensière, de Louis XIV. C’est ce dernier qui a cassé, dans l’esprit du peuple, l’image bon enfant de la royauté. Le coup contre le pouvoir royal a tardé à venir et a été repoussé à Louis XVI mais il n’en a été que plus fort… Trois pouvoirs ont été à la fois discrédités : pouvoir royal, pouvoir de la noblesse et pouvoir du clergé. Ils l’ont été également dans l’opinion publique par les Lumières et par les pamphlets satiriques et contestataires dont le succès marquait le mécontentement populaire des années avant la révolution. La Révolution française avait de profondes racines et elle a donc eu un développement plus profond et plus important qu’ailleurs en Europe. Mais il faut aussi, pour comparer, rappeler qu’une fois la révolution française parvenue à son stade radical de 1792-93, l’Europe bourgeoise ne pouvait que reculer de peur devant le radicalisme français et devant la guerre européenne… Si la guerre de la coalition européenne contre la Révolution française a radicalisé la révolution en France, elle l’a aussi déradicalisé à l’extérieur. N’oublions pas que des pays en guerre considèrent toute critique comme trahison et la font payer ainsi… La guerre contre la France offrait ainsi au reste de l’Europe le moyen de réprimer toute tendance révolutionnaire au nom de la défense nationale.

Bien entendu, la première chose qui frappe, c’est l’opposition entre la France révolutionnaire et l’Europe aux mains des réactionnaires.

Comme l’expose Robespierre :

« L’Europe est à genoux devant les ombres des tyrans que nous punissons. En Europe, un laboureur, un artisan sont des animaux dressés pour le plaisir d’un noble ; en France, les nobles cherchent à se transformer en laboureurs et en artisans, et ne peuvent même pas obtenir cet honneur. L’Europe ne conçoit pas qu’on puisse vivre sans rois, sans nobles ; et nous, que l’on puisse vivre avec eux. L’Europe prodigue son sang pour river les chaînes de l’humanité ; et nous pour les briser. Nos sublimes voisins entretiennent gravement l’univers de la santé du roi, de ses divertissements, de ses voyages ; ils veulent absolument apprendre à la postérité à quelle heure il a dîné, à quel moment il est revenu de la chasse, quelle est la terre heureuse qui, à chaque instant du jour, eut l’honneur d’être foulée par ses pieds augustes ; quels sont les noms des esclaves privilégiés qui ont paru, en sa présence, au lever, au coucher du soleil. Nous lui apprendrons, nous, les noms et les vertus des héros morts en combattant pour la liberté. Nous lui apprendrons dans quelle terre les derniers satellites des tyrans ont mordu la poussière ; nous lui apprendrons à quelle heure a sonné le trépas des oppresseurs du monde. »

La Révolution française a influencé l’Europe mais, auparavant, la révolution en Europe et aux Amériques a influencé la France…

La révolution américaine a débuté en 1770 suivie de soulèvements en Angleterre (mouvement en Irlande, radicaux britanniques de John Jebb, associations révolutionnaires du Yorkshire, émeutes de Londres de 1780), aux Provinces-Unies (mouvement de Van der Capellen en 1781, insurrection de 1783-1787), à Genève en 1781-1782, dans les Pays-Bas autrichiens (Belgique) et l’évêché de Liège en 1787, dans le Brabant en 1787. La révolution est à son sommet en 1789 en même temps dans le Brabant, dans les Etats de Liège, dans les Pays-Bas. C’est alors que la révolution républicaine et anti-féodale gagne la France. Le triomphe de la révolution en France et l’affrontement militaire entre la France révolutionnaire et l’Europe féodale va transformer la lutte en Europe. Là où la révolution aurait pu triompher du fait du mouvement populaire, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse, en Italie, ce sont les armées révolutionnaires de la France qui vont propager la révolution, au début avec le soutien des peuples. Mais c’est aussi l’Europe féodale qui, avec le soutien de l’Angleterre bourgeoise, attaque la révolution française, sous prétexte de soutenir Louis XVIII et Marie-Antoinette et de faire respecter la royauté.

La Révolution française a reçu aussi un soutien en Angleterre de la part de militants populaires, révolutionnaires, radicaux ou libéraux, des ancêtres des travaillistes et des réformistes, comme Richard Price, William Beslham, Thomas Paine, John Cartwright, John Tooke, Thomas Hardy et Thomas Erksine. Ils ont été organisés notamment dans la Société constitutionnelle et dans la Société correspondante de Londres et autres jacobins anglais.

En Allemagne, la Rhénanie est la première et la plus radicale à soutenir la Révolution française. Elle proclame son union avec la révolution française en mars 1793. Des intellectuels allemands comme Kant, Fichte, Hegel prennent parti publiquement pour la Révolution française.

En Italie, la vague révolutionnaire se propage dans les années suivantes : agitation en Sardaigne, mouvements révolutionnaires en Toscane et en Piémont en 1791, vague jacobine en Sicile depuis 1792, à Naples en 1795, à Bologne en 1796, à Rome en 1796, en Lombardie en 1797, à Gênes en 1797, à Venise, à Turin, dans la plupart des grandes villes italiennes.

La guerre de la révolution française contre l’Europe féodale a changé le cours… révolutionnaire des choses. Ainsi, le Piémont italien était révolutionnaire mais il a été occupé militairement par la France au début de décembre 1798. Les patriotes piémontais voulaient fonder une république qui devait fusionner avec les autres républiques italiennes. Les gouvernants français n’y étaient pas favorables, craignant la mise en place d’un Etat puissant à leur frontière… Le Directoire organisa le 16 février 1799 un référendum sur l’avenir du Piémont. La France fit pression et obtint un vote en faveur de l’annexion par la France. Les partisans de l’indépendance se révoltèrent et furent réprimés par le Directoire…

On était loin des premières proclamations selon lesquelles la Révolution française avait vocation de libérer tous les peuples…

La divergence entre les proclamations et les intérêts de la bourgeoisie française éclataient aussi bien en France qu’à l’extérieur…

L’époque où le Girondin Isnard déclarait le 29 novembre 1791 :

« Traiter tous les peuples en frères… Dix millions de français, embrassés du feu de la liberté, armés du glaive, de la plume, de la raison, de l’éloquence, pourraient seuls, si on les irrite, changer la face du monde et faire trembler tous les tyrans sur leurs trônes d’argile. »

L’époque où la Convention Nationale du 19 novembre 1792 adoptait le décret suivant :

« La Convention nationale déclare, au nom de la nation française, qu’elle accordera fraternité et secours à tous les peuples qui voudront recouvrer leur liberté, et charge le Pouvoir exécutif de donner aux généraux les ordres nécessaires pour porter secours à ces peuples, et défendre les citoyens qui auraient été vexés ou qui pourraient l’être pour la cause de la Liberté. »

L’époque où la Convention nationale réunie le 15 décembre 1792 proclamait la guerre révolutionnaire :

« Article Premier : Dans les pays qui sont ou seront occupés par les armées de la République, les généraux proclameront sur-le-champ, au nom de la nation française, la souveraineté du peuple, la suppression de toutes les autorités établies, des impôts ou contributions existants, l’abolition de la dîme, de la féodalité, des droits seigneuriaux, tant féodaux que censuels, fixes ou casuels, des banalités, de la servitude réelle et personnelle, des privilèges de chasse et de prêche, des corvées, de la noblesse, et généralement de tous les privilèges.

Article Deux - Ils annonceront au peuple qu’ils lui apportent paix, secours, fraternité, liberté et égalité, et ils le convoqueront de suite en assemblées primaires ou communales, pour créer et organiser une administration et une justice provisoires…

Article Onze – (…) La nation française promet et s’engage de ne souscrire aucun traité qu’après l’affermissement de la souveraineté et de l’indépendance du peuple sur le territoire duquel les troupes de la République sont entrées, qui aura adopté les principes de l’égalité, et établi un gouvernement libre et populaire. »

On ne peut oublier l’effet considérable de la Révolution française dans l’opinion européenne contre le féodalisme.

Citons-en quelques exemples…

Journal anglais The Morning Post du 21 juillet 1789, sur la prise de la Bastille :

« Un Anglais qui n’est pas pénétré d’estime et d’admiration pour la façon sublime dont se réalise en ce moment une des plus importantes révolutions que le monde ait jamais vu, est sans doute mort à tout sens de la vertu et de la liberté. Il n’est pas un de mes compatriotes ayant eu l’heureuse fortune d’assister aux événements des trois derniers jours dans cette grande cité, qui ne témoignera que mon langage n’est pas hyperbolique. »

Lettre de Hans Schlitter, ministre des Pays-Bas autrichiens à l’empereur Joseph II :

« Sacrée Majesté !

« Les nouvelles de France deviennent toujours plus alarmantes et l’effet qu’elles font sur les esprits dans ce pays ne l’est pas moins. Il est cruel de se voir à la veille de perdre, par des événements absolument imprévus, le fruit de tout ce qui s’est fait jusqu’ici. (...) ce qui est certain est que la folie des Français gagne de façon étonnante. On s’en ressent déjà en Hollande et je viens de recevoir une lettre de l’évêque de Liège qui s’en plaint également chez lui. »

Manifeste, dit de Brunschwick, de l’armée des nobles français et de la contre-révolution européenne (25 juillet 1792) « adressé aux habitants de la France » :

« Leurs majestés l’empereur et le roi de Prusse.. ont fait rassembler des armées sur les frontières de la France … pour faire cesser l’anarchie à l’intérieur de la France, d’arrêter les attaques portées au trône et à l’autel, de rétablir le pouvoir légal, de rendre au roi la sûreté et la liberté dont il est privé, et de le mettre en état d’exercer l’autorité légale qui lui est due… Ceux des gardes nationaux qui auront combattu contre les troupes des deux cours alliées, et qui seront pris les armes à la main, seront traités en ennemis, et punis comme rebelles à leur roi et comme perturbateurs de l’ordre public. Les généraux, officiers, sous-officiers et soldats des troupes de ligne française sont également sommés de revenir à leur ancienne fidélité, et de se soumettre sur le champ au roi leur légitime souverain. Les membres des départements, des districts et des municipalités seront également responsables, sur leur tête et sur leurs biens, de tous les délits, incendies, assassinats, pillages et voies de fait qu’ils laisseront commettre ou qu’ils ne se seront pas notoirement efforcés d’empêcher dans leur territoire… Les habitants des villes, bourgs et villages qui oseraient se défendre contre les troupes de leurs majestés impériale et royale, et tirer sur elles en rase campagne, soit par les fenêtres, portes et ouvertures de leurs maisons, seront punis sur le champ suivant la rigueur du droit de la guerre, et leurs maisons démolies et brûlées… La ville de Paris et tous ses habitants sans distinction seront tenus de se soumettre sur le champ… S’il est fait la moindre violence, le moindre outrage à leurs Majestés, le roi, la reine et la famille royale, s’il n’est pourvu immédiatement à leur sûreté, à leur conservation et à leur liberté, elles en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale, et les révoltés coupables d’attentats aux supplices qu’ils auront mérités… »

Richard Price, discours du 4 novembre 1789 au Meeting House de Londres :

« Dans quelle période riche en évènements vivons-nous !... j’ai vécu pour voir les droits de l’homme mieux compris qu’avant et les nations palpiter pour la liberté, alors qu’elles semblaient en avoir perdu l’idée. J’ai vécu pour voir trente millions d’hommes (les citoyens français), indignés et résolus, repoussant l’esclavage et demandant la liberté avec une voix irrésistible… Et maintenant il me semble que je vois l’ardeur générale commencer dans les affaires humaines, le pouvoir des rois remplacé par le pouvoir des lois et la puissance des prêtres par la puissance de la raison et de la conscience… Tremblez, vous tous les oppresseurs du monde ! Prenez garde, vous tous qui soutenez les gouvernements d’esclaves et les hiérarchies basées sur l’esclavage ! »

William Beslham dans ses « Réflexions sur la Révolution française » :

« Nous savons tous que la constitution anglaise suppose sagement que « le Roi ne peut pas faire de mal »… Au même moment où le Dr Price est accusé pour avoir diffusé ses « doctrines de trahison », Mr Burke lui-même admet qu’un tyran peut être déposé et même puni « pourvu que ce soit avec dignité ». Mais, avec quelque dignité que ce soit, le plan de résistance à la tyrannie de Mr Burke doit… faire face aux peines prévues par la loi… »

Thomas Paine dans « Les Droits de l’homme » :

« L’étonnement que la Révolution française a causé dans toute l’Europe doit être considéré sous deux points de vue différents : d’abord, en tant que cette révolution affecte les habitants des pays étrangers ; secondement, en tant qu’elle affecte les gouvernements de ces mêmes pays. La cause du peuple français est celle de toute l’Europe, ou plutôt celle du monde entier ; mais les gouvernements de tous les pays ne lui sont aucunement favorables. Il est à propos de ne jamais perdre de vue cette distinction. Il ne faut point confondre les peuples avec leurs gouvernements, et particulièrement le peuple anglais avec son gouvernement. »

Déclaration de la Société constitutionnelle de Cartwright et Tooke le 28 mai 1791 :

« La Société d’information constitutionnelle, s’efforçant de prévenir la dangereuse influence des publications contraires à la liberté civile et religieuse, pense qu’il sera utile pour le public de savoir qu’elle exprime sa désapprobation pour l’indécente virulence avec laquelle Mr Edmond Burke a, avec une déplorable inconsistance à l’égard de ses opinions antérieures, censuré les illustres Patriotes d’un royaume voisin (la France – NDLR) qui ont délivré plus vingt-cinq millions de leurs concitoyens d’un état d’abjecte oppression et de servitude civile. »

Adresse de la Société correspondante de Londres du 24 mai 1792 :

« Assuré que l’homme, en tant qu’individu, peut justement revendiquer la liberté comme son droit naturel, nous concluons qu’en tant que membre de la société, c’est pour lui un devoir indispensable de maintenir inviolée cette liberté pour le bénéfice de ses concitoyens, de sa postérité et de la leur… Le peuple de Grande-Bretagne n’est effectivement représenté au Parlement. Par suite d’une représentation partielle, inégale et, en conséquence inadéquate, combinée avec les méthodes de corruption par lesquelles les députés sont élus, il existe des impôts oppressifs, des lois injustes, des restrictions de la liberté et un gaspillage des deniers publics… Une représentation juste, égale, impartiale ne peut exister sans l’abolition de tous les privilèges particuliers. »

Signé Thomas Hardy, secrétaire

Klopstock dans « La guerre de conquêtes » :

« Tel aussi fut ma joie au spectacle d’un peuple

Un peuple grand et fort, renonçant à jamais

A toutes les guerres de conquêtes. »

Déclaration de la Convention rhéno-germanique du 25 mars 1793 :

« Ce n’est pas la chute d’un seul despote que nous allons vous annoncer. Le peuple rhéno-germanique a renversé les prétendus trônes de vingt petits tyrans, tous avides de sang humain, tous engraissés de la sueur des pauvres et des malheureux… Les représentants du peuple libre rhéno-germanique, constitués en Convention nationale à Mayence, après avoir déclaré à l’univers que les tyrans de ces contrées étaient déchus de tous leurs droits usurpés, ont prononcé la peine de mort contre ceux d’entre eux qui oseraient reparaître pour les revendiquer. Mais ces actes de souveraineté ne doivent être que les précurseurs d’une démarche plus importante encore. C’était peu d’avoir fait écrouler l’édifice de l’ancienne tyrannie, il fallait reconstruire celui de la félicité publique. Les représentants du peuple connaissaient le vœu unanime de leurs commettants ; ils ne font que prononcer aujourd’hui le sentiment qui est dans tous les cœurs, en vous demandant la réunion de leur pays à la République française. »

Kant dans « Le conflit des facultés » (1798) :

« Cette Révolution… aura beau entraîner une telle somme de misère et d’horreur… cette Révolution rencontrera cependant dans l’esprit de tous les spectateurs désintéressés une sympathie qui touche à l’enthousiasme… Un tel phénomène de l’histoire humaine ne peut s’oublier ; il révèle dans la nature humaine une aptitude et une puissance de progrès que jamais aucun homme politique de l’Ancien Régime n’est arrivé à y déceler. Même si le but de cette Révolution ne pouvait être atteint tout de suite, même si la révolution ou la réforme constitutionnelle de tout un peuple avortait finalement, même si après une réussite temporaire tout devait retomber dans l’ancienne ornière, comme le prédisent nos politiciens, ma prédiction philosophique ne perdrait rien de sa force. Car c’est un évènement trop grand, trop lié aux intérêts de l’humanité et dont l’influence s’est trop largement répandue dans toutes les parties du monde, pour qu’il ne revienne pas en mémoire aux peuples, à la simple instigation de circonstances favorables, pour les stimuler à de nouveaux essais de même ordre. »

Fichte dans « Considérations destinées à rectifier les jugements du public sur la Révolution française » :

« La Révolution française intéresse, ce me semble, l’humanité tout entière. Je ne parle pas des conséquences politiques qu’elle a eues pour la France aussi bien que pour les Etats voisins, et qu’elle n’aurait peut-être pas produites si ces derniers ne s’en étaient mêlés de leur propre chef et n’avaient eu en eux-mêmes une confiance irréfléchie. Tout cela est beaucoup en soi, mais n’est rien au prix de quelque chose d’incomparablement plus important… En s’appliquant à juger les événements réels, l’histoire du monde tire plus aisément d’elle-même les trésors qu’elle recèle. C’est ainsi que la Révolution française me semble être un riche tableau sur ce grand texte : les droits de l’homme et la dignité de l’homme. Mais le but n’est certainement pas qu’un petit nombre d’élus sachent ce qui mérite d’être su et que, dans ce petit nombre, un plus petit nombre encore agissent en conséquence… Ce n’est qu’en propageant ces résultats, ou plutôt en écartant les tristes préjugés qui les ont jusqu’ici empêchés de se développer dans les âmes, que ses propres connaissances deviendront vraiment claires, vivantes et fécondes. »

Hegel dans « La Phénoménologie de l’Esprit » :

« Dans cette œuvre caractéristique, la liberté absolue se devient à soi-même objet et la conscience de soi fait l’expérience de ce qu’est cette liberté absolue… La liberté absolue a donc accordé avec soi-même l’opposition de la volonté universelle et de la volonté singulière. »

Buonarroti, à Paris, le 1er Ventose an IV de la République française :

« L’île de Sardaigne s’est soustraite à la domination de son tyran… Une fermentation universelle règne dans les deux Siciles… Dans les Etats du pape, la révolution a de nombreux partisans… En Toscane, où des mouvements révolutionnaires se firent sentir en 1791, le peuple est mécontent par la misère, par l’insouciance du gouvernement à son égard, par la cherté de toutes les denrées, par le défaut de travail… En 1791, plusieurs insurrections en Piémont ont déjà fait trembler le gouvernement… D’après ce qu’on vient de dire il paraît certain que la révolution du Piémont amènera nécessairement celle de toute l’Italie. »

Le club fraternel des révolutionnaires génevois aux comités d’administration et de sûreté réunis :

17 septembre 1793

« La Révolution est opérée sans retour, les Génevois amis de la Liberté et de l’Egalité doivent avec plaisir anéantir tout ce qui pourrait leur rappeler le souvenir des temps malheureux de la féodalité, des distinctions de rang, de naissance et de privilèges. »

Déclaration du gouvernement anglais contre la France révolutionnaire du 29 octobre 1793 (appel à la contre-révolution sur le sol de France) :

« Les desseins qui avaient été proclamés de réformer les abus du Gouvernement français, d’établir la liberté individuelle et les droits de propriété sur des bases solides, d’assurer à un pays étendu et de population nombreuse le bénéfice d’une sage législation et une administration équitable et modérée de ses lois, toutes ces vues salutaires se sont malheureusement évanouies. A leur place a succédé un système destructeur de tout ordre public, maintenu en place par des prescriptions, des exils et des confiscations sans nombre, par des emprisonnements arbitraires, par des massacres, qu’on ne peut même pas se rappeler sans horreur et, à la longue, par l’exécrable assassinat d’un juste et bienfaisant souverain et de l’illustre princesse qui, avec une inébranlable fermeté, a partagé tous les malheurs de son Royal époux. Les nations voisines, au lieu de tirer d’un gouvernement sage et modéré une nouvelle sécurité pour le maintien du calme général, ont été exposées aux attaques répétées d’une féroce anarchie, ennemi naturel et nécessaire de tout ordre public… C’est dans l’intention de le délivrer de l’oppression, de mettre fin à un système de crimes sans pareils, et de restaurer une longue tranquillité en France et la sécurité de toute l’Europe, que Sa Majesté fait appel à la coopération du peuple de France… »

Serment exigé par la tsarine Catherine II des Français résidant en Russie :

« Je, soussigné, déclare sur la foi du serment prononcé devant Dieu et ses Saints Evangiles que, resté étranger aux préceptes d’athéisme et de révolte introduits et professés en ce moment en France, je considère le présent gouvernement de mon pays comme illégal et usurpé, le meurtre du Roi Très Chrétien Louis XVI comme un véritable crime et un acte de forfaiture… »

Conclusion :

C’est bel et bien la révolution sociale et populaire que les classes possédantes européennes ont tenté de limiter et, si possible d’éradiquer en transformant la contre-révolution en guerre et ils ont fait de l’Europe un vaste champ de bataille, empêchant dans le même temps que la révolution devienne populaire dans les pays en guerre. Le bain de sang préventif des guerres contre la Révolution puis anti-Napoléoniennes a servi de pare-feu… Il a permis de dégoûter les peuples de toute révolution sociale, pour un temps…

Friedrich Engels dans « La situation de la classe laborieuse en Angleterre » :

« Tant que les classes possédantes, non seulement n’éprouveront aucun besoin de libération, mais encore s’opposeront de toutes leurs forces à la libération des travailleurs par eux-mêmes, la classe ouvrière se verra contrainte d’entreprendre et de réaliser seule la révolution sociale. Les bourgeois français de 1789 proclamaient eux aussi, que la libération de la bourgeoisie signifiait l’émancipation de tout le genre humain ; mais la noblesse et le clergé se refusaient à l’admettre ; cette affirmation - bien qu’elle fût à cette époque, à considérer la féodalité, une vérité historique abstraite indéniable -dégénéra bientôt en formule purement sentimentale et se volatilisa totalement dans l’embrasement des luttes révolutionnaires. Aujourd’hui, il y a pas mal de gens qui, du haut de leur point de vue impartial, prêchent aux ouvriers un socialisme s’élevant au-dessus des oppositions de classes et des luttes de classes. Mais ce sont ou bien des novices qui ont encore énormément à apprendre, ou alors les pires ennemis des travailleurs, des loups déguisés en brebis. »

Petite chronologie de la révolution et de la contre-révolution en Europe

1723 : le Black Act est adopté en Angleterre. Cette législation défend la propriété privée et réprime la chasse et diverses activités. Mais les paysans organisent une résistance collective pour garder le contrôle des terres contre les riches seigneurs qui se les accaparent. Les paysans n’hésitent pas à s’approprier le bois qui se trouve sur les terres qui ne leur appartiennent pas. Une bande de braconniers s’organise pour pouvoir prendre des animaux et riposter face aux gardes chasse. Les Blacks, amenés par le « roi Jean », incarnent la résistance populaire face au pouvoir féodal.

1727 : soulèvement de paysans de la Forêt Noire contre le servage, dirigé par Albiez (révolte des « Salpétriers »)

1760 : mouvements populaires en Angleterre. En 1760, George III monta sur le trône. Né en Angleterre, il essaya de jouer un rôle direct dans le gouvernement du pays. Il nomma donc des hommes en qui il avait confiance. L’autoritarisme de son gouvernement se heurta violemment aux campagnes de libelles de l’opposition qui défendaient ses atteintes aux libertés fondamentales, l’opposition réclama la liberté de la presse, la cessation de la fraude électorale et de l’achat des votes, couramment pratiqués, et l’élargissement du droit de vote.

1765 : en Norvège, quelques saisies de contribuables insolvables provoquent la « guerre des Strilars » qui menace Bergen

1766 : en Espagne, émeutes de subsistances connues sous le nom de « motin d’Esquilache » qui affectent surtout les villes mais aussi les campagnes de Vieille Castille, du Guipuzcoa et du centre de l’Aragon

1768 : Dans la partie ukrainienne du royaume de Pologne, les paysans orthodoxes s’attaquent aux seigneurs polonais catholiques et uniates et en tuent de nombreux avec leur famille quand les soldats russes réputés orthodoxes eux aussi pénètrent dans la province pour mater à la demande de Stanislas II la Confédération de Bar.

1770 : influence en Europe de la révolution américaine (1770-1783)

1770 : dans la principauté roumaine de Valachie, une révolte paysanne éclate

1772 : la bande des Steelboys, paysans protestants du nord de l’Irlande, regroupe plusieurs centaines de tenanciers appauvris par la rigueur des baux de location de la terre, qui se sentent assez forts pour envahir Belfast où sont établis l’administration royale et les marchands qui rachètent à bas prix leurs exploitations, et ils délivrent les prisonniers enfermés par les autorités.

1773-1775 : révolte des paysans russes autour de Pougatchev, cette jacquerie des cosaques de Yaik (l’ancien nom de l’Oural) est la plus importante révolte de paysans de l’histoire russe

30 décembre 1779 : au Royaume-Uni, début du mouvement dissident radical du Yorkshire (1779-1780), qui prévoit de s’autoproclamer représentation nationale si le Parlement refuse ses réformes

6 avril 1780 : la « Résolution de Dunning » est adopté par le Parlement britannique, selon laquelle « le pouvoir du roi a augmenté, est en train d’augmenter et doit être réduit »

avril 1780 : création au Royaume-Uni, sur l’initiative du major John Cartwright, d’une Société pour la réforme constitutionnelle (Society for Constitutional Information) qui préconise le suffrage universel masculin et les parlements annuels

1780 : émeutes à Londres

Dans les années 1780, les partisans de la réforme parlementaire s’unissent en Associations de comtés en Angleterre, en sociétés de burgh reform en Ecosse. A la faveur de la Révolution française se développe une sociabilité ‘plébéienne’, faite de sociétés et de clubs politiques ‘radicaux’ ou ‘jacobins’, mais aussi ‘anti-jacobins’ ou ‘loyalistes’.

4 janvier 1781 : la destitution du procureur-général Duroveray à la demande de la France (Vergennes) provoque des troubles populaires à Genève contre le Petit Conseil (fin le 17 février). L’édit du 10 février consacre l’égalité civile en faveur des natifs ; il est suspendu après l’intervention des représentants de Berne et de Zurich.

26 septembre 1781 : appel « Au peuple des Pays-Bas », pamphlet du noble d’Overijssel Johan Derk van der Capellen, inaugurant le mouvement des patriotes aux Provinces-Unies, qui se renforce tout au long de la guerre d’indépendance américaine.

1781-1783 : en Suisse, le gouvernement de Fribourg reçoit le secours armé de Berne, Lucerne et Soleure contre la révolte des Chenaux (du nom du leader J.-B. Chenaux)

1782 : révolution en Suisse (Genève). Le 7 avril, un conflit éclate à Genève entre les « natifs » et les « bourgeois ». Les « natifs », qui se sont organisés sous des chefs comme Marat, Étienne Clavière et Flournoy, s’emparent du pouvoir, s’entendent avec les « bourgeois » pour le réorganiser en éliminant les « patriciens ». Le 2 juillet 1782 : capitulation de Genève, assiégée par trois armées coalisées - française, sarde et bernoise - qui veulent mettre fin à la « Révolution de Genève ».

1782-1783 : révolte en Irlande. Le 15 février 1782, en Irlande, a lieu l’assemblée de Dungannon. Henry Grattan, à la tête des volontaires unis (United Volunteers), demande l’indépendance législative pour le Parlement irlandais, la suppression des « bourgs pourris » et l’égalité des droits économiques avec les Britanniques. Le 16 avril Henry Grattan dut franchir les rangs des Volontaires propose une déclaration d’indépendance du Parlement irlandais. Une Constitution accorde l’indépendance au Parlement irlandais et les lois Poynings de 1495 sont abrogées (16 mai)

22 janvier 1783 : le Renunciation act accorde à l’Irlande sa pleine autonomie législative

avril 1783 : Le khan de Crimée Şahin Giray, menacé par des révoltes intérieures, appelle les Russes à l’aide. La Russie annexe unilatéralement la Crimée

Avril : l’agitation orangiste est matée à Rotterdam par les corps francs. Début de la lutte triangulaire pour le pouvoir dans les Provinces-Unies entre les stadhouders, les familles patriciennes contrôlant les États Généraux et le parti patriote de la classe moyenne qui cherche à démocratiser le gouvernement (1784-1787)

1783-87 : la révolution des Pays Bas monte et finit par renverser en 1787 Guillaume V d’Orange

31 octobre - 2 novembre 1784 : début de la révolte des paysans roumains en Transylvanie conduite par Vasile Niclas Horea/Ursu (Hora), Juon Cloşca (Cloşca) et Crişan, l’abolition de la servitude personnelle dans l’empire des Habsbourgs n’étant pas étendue à la Transylvanie.

28 février 1785 : répression de la révolte de Horea en Transylvanie. Ses chefs sont mis à mort

Juin 1785 : dans les Provinces-Unies, révolte des patriotes, rassemblés à Utrecht. Les corps francs concluent « L’Acte d’association » en pour réclamer une vraie constitution républicaine et l’élargissement du droit de suffrage. Les Régents tentent de résister à la montée de la démocratie, et font même des avances à Guillaume V d’Orange-Nassau, ce qui radicalise le mouvement révolutionnaire. Les patriotes s’organisent militairement quand le stathouder fait disperser les manifestations en décembre.

2 septembre 1785 : abolition du servage en Hongrie et en Transylvanie

1785 : En Sicile, le duc de Caracciolo réduit le champ d’action de la justice féodale, qui ne peut plus ni juger, ni incarcérer, et donne aux paysans un droit de recours auprès d’un tribunal pour tout abus fiscal ou empiètement sur les communaux. Le tribunal est submergé de plaintes. Une réforme municipale oblige les nobles à partager l’administration avec des fonctionnaires de l’État et les représentants élus des contribuables. Le pouvoir baronnial résiste mais est réellement entamé.

1785-1786 : révolte des tisserands de Silésie

2 août 1786 : dans les Provinces-Unies, les patriotes prennent le pouvoir à Utrecht. À la suite de heurts à Utrecht, Amsterdam et Rotterdam, les patriotes néerlandais purgent les magistrats orangistes et des « tièdes » dans la plupart des grandes villes (été 1786-été 1787). Guillaume V d’Orange-Nassau se ressaisit grâce à l’argent britannique et reprend le contrôle des petites villes patriotes de Hatten et Elburg en Gueldre. En réponse, les États de Hollande lui retirent son commandement militaire sur les troupes provinciales (22 septembre).

1786 : la révolution à Liège entraîne la disparition de la principauté de Liège après huit siècles d’existence.

1786-1787 : au Danemark, révolte de Lofthuus contre le poids de l’impôt et les administrateurs d’origine danoise.

1er janvier 1787 : par ses diplômes, Joseph II révise la constitution des Pays-Bas autrichiens. En réaction, les États de Brabant refusent de consentir l’impôt (23 avril). Joseph II réplique par la dissolution des états.

28 mai 1787 : révolution des « Patriotes ». De nouveaux conseils sont élus au printemps aux Provinces-Unies d’après un règlement qui avait notablement élargi le corps électoral. Les conseils, spécialement ceux de Rotterdam et d’Amsterdam, décident la destitution du stathouder. Des émeutes anti-orangistes éclatent à Amsterdam le 28 mai et les jours suivants.

1787-1790 : révolution « brabançonne » (aux Pays-Bas autrichiens). 11 juillet - 8 août 1787 : agitation à Louvain, à Anvers et à Malines contre l’occupation autrichienne. Le soulèvement entraîne le retrait des troupes autrichiennes des Pays-Bas autrichiens en 1789.

6 octobre 1788 : en Pologne, début de la Grande Diète ou Diète de quatre ans (fin le 29 mai 1792). Un parti patriote se dégage parmi les nobles, hostile à la tsarine, au roi et au Conseil permanent. Un programme d’unité nationale est élaboré. Les magnats les plus importants (Ignacy Potocki, Adam Czartoryski, Malakowski) y adhèrent ainsi qu’une partie de la bourgeoisie.

26 janvier 1789 : la décision du gouvernement genevois d’augmenter le prix du pain déclenche une émeute à Saint-Gervais, le quartier le plus populaire de Genève

1789-1790 : révolution en Belgique et dans le pays de Liège

18 août 1789 : le prince-évêque de Liège est chassé par un coup d’État de la bourgeoisie, soutenue par les travailleurs et les paysans. La féodalité est abolie.

1789 : Révolution française

24 octobre 1789 : insurrection de patriotes, provoquée par la politique religieuse, conduite par l’avocat Vonck, en Belgique. Les Patriotes belges réfugiés aux Pays-Bas proclament la déchéance de Joseph II comme duc de Brabant et envahissent les Pays-Bas autrichiens

13 novembre 1789 : les Patriotes brabançons entrent à Gand où la population se soulève ; les troupes autrichiennes du général d’Arberg évacuent la citadelle la nuit du 16 au 17 novembre

11 - 18 décembre 1789 : Révolution brabançonne : les Autrichiens évacuent Bruxelles et les places principales. Les Patriotes déclarent l’indépendance. Deux courants s’opposent : les « statistes », avec Van der Noot entendent seulement s’affranchir de la tutelle étrangère en faisant respecter l’existence des franchises et le respect du pouvoir des États. Les « vonckistes » sont plus radicaux et hostiles à l’ancien régime

1789 : En Espagne, le ministre Floridablanca s’attache à supprimer tout risque de contagion révolutionnaire : cordon sur les frontières, censure accrue par l’Inquisition. Les Cortes sont dispersés.

11 janvier 1790 : proclamation de la république brabançonne (États belgiques unis). Henri van der Noot (1731-1827) devient le Premier ministre des États-Unis de Belgique.

Juin 1790 : La République des États Belgiques Unis mobilise contre les révoltés flamands en juin 1790 une armée avec des canons, de la cavalerie et le soutien de milices urbaines, elle fait tirer et il y a ensuite de nombreuses poursuites.

1er novembre 1790 : publication en Angleterre des Réflexions sur la Révolution de France d’Edmund Burke. La Révolution française de 1789-1790 est d’abord bien accueillie en Grande-Bretagne, dans la mesure où elle laisse présager un affaiblissement de la France en Europe. Edmund Burke est minoritaire quand il s’en prend à la façon dont les Constituants font table rase de l’Ancien Régime et à l’aspect inutilement abstrait de leurs « Droits de l’homme ». En revanche, les radicaux s’enthousiasment. Thomas Paine répond à Burke par les Droits de l’Homme, en faveur de la république et du suffrage universel (1792). Des sociétés radicales essaiment dans tout le pays (Société des Amis du peuple, Société de correspondance londonienne, et rencontrent une large audience dans les milieux populaires.

22 novembre 1790 : retour des troupes autrichiennes dans les Pays-Bas autrichiens : la révolution est battue.

1790 : grande révolte paysanne anti-seigneuriale en Saxe pour refus de corvée. 5 000 hommes sont déployés pour casser la révolte

2 décembre 1790 : entrée des troupes autrichiennes à Bruxelles : la révolution est battue.

18 avril 1791 : révolution polonaise dirigée par Stanislas Poniatowski.

3 mai 1791 : révolution constitutionnelle en Pologne (première constitution européenne en faveur de la liberté civile, avant celle de la France, mais qui maintient les privilèges).La Diète de Pologne adopte une constitution proche de celle de la France

14 - 17 juillet 1791 : émeutes de Birmingham (Angleterre)

1789-1795 : révolution liégeoise

1792 : déclaration de guerre de la Révolution française contre l’Autriche et la Prusse

1792 : formation de clubs révolutionnaires à Naples

30 avril 1792 : au Royaume-Uni, Lord Grey, fondateur d’une Société des amis du peuple, annonce à la Chambre des communes qu’il envisage de présenter une motion sur la réforme en faveur d’une enquête sur le système représentatif. La motion, présentée le 6 mai 1793 dans le contexte de la proclamation de la République en France, est rejetée. La tenue de deux Conventions du peuple, en 1792 et 1793, marque le point d’orgue de l’activité des Jacobins britanniques.

25 juillet 1792 : manifeste de Brunswick, de la contre-révoluion féodale et monarchique européenne, lancé de Coblence et signé par le commandant en chef des armées prussiennes et autrichiennes, alliées aux nobles français.

10 août 1792 : l’attaque des Tuileries marque la deuxième vague de la révolution française et sa radicalisation contre la royauté

20 septembre 1792 : Victoire de l’armée révolutionnaire française face aux troupes de la contre-révolution européenne lors de la bataille de Valmy

octobre 1792 : avant même que le commandement français ait pris position, les paysans de la région de Mayence refusent de payer la dîme des vendanges et passent même devant la cuve décimale en criant « Vive la liberté et l’égalité ».

1792 : occupation et annexion de la Savoie et de Nice par la France

1792 : entrée des troupes révolutionnaires françaises dans l’Allemagne rhénane

5 décembre 1792 : les « natifs » de Genève se révoltent à nouveau et prennent le pouvoir

1792 et 1793 : manifestations révolutionnaires en Styrie (Hongrie)

23 janvier 1793 : la tsarine de Russie écrase la révolution de Pologne, qu’elle appelle « la jacobinière de Varsovie » et partage la Pologne. Patriotes et jacobins polonais se battent derrière Kosciuszko et proclament dans le sud de la Pologne le « Manifeste de Thadée » qui annonce de grandes réformes sociales dont l’abolition du servage (que la constitution de Poniatowski ne reconnaissait pas).

1793 : complots révolutionnaires jacobins en Autriche et en Hongrie

1793 : annexion de la Belgique à la France

1793 : révolution jacobine et sans-culotte en France

1793-1795 : révolte de la campagne du canton de Zurich (Suisse)

1794 : victoire des troupes révolutionnaires françaises face aux troupes de la contre-révolution européenne à Fleurus

1794 : mouvements révolutionnaires en Bohême

1794 : échec de la révolution de Kosciuszko en Pologne

1794 : agitation révolutionnaire paysanne dans la région de Zurich (Suisse)

1795 : invasion française des Provinces-Unies et proclamation de la république batave

1793 et 1795 : En Angleterre, dans le Norfolk ou le Wiltshire, des troubles de salariés agricoles éclatent avec des effectifs de plusieurs centaines de salariés chacun.

1795-1805 : révolution batave (Pays-Bas)

1796 : La première coalition militaire européenne contre-révolutionnaire formée contre la France par Pitt, avec la Prusse, l’Autriche et la Russie, s’effondre.

1797 : formation en Italie des républiques cisalpine et ligure mais partage de l’ancienne république de Venise entre la France, l’Autriche et la Cisalpine.

1797 : agitation patriote à Bâle, dans le pays de Vaud et à saint-Gall (Suisse)

1798 : formation de la république helvétique mais annexion de Genève par la France

1798 : révolution suisse

1798 : rébellion irlandaise

1799 : occupation militaire de Naples par l’armée française

1799-1801 : en Grande-Bretagne, troubles qui se sont étendus par contamination d’un lieu à l’autre sur près de la moitié de l’Angleterre, touchant même le sud de l’Écosse, et ont duré un an et demi

Révolution suisse de 1798

Révolution bourgeoise et populaire dans les Pays-Bas : 1780-1798

La révolution "française" avait commencé... en Corse, colonie italienne, en 1729-1769 !

Chronologie des révolutions bourgeoises et populaires en Europe

Révoltes populaires en Angleterre

Kant et la Révolution française

Hegel et la Révolution française

Mozart et la Révolution française

Beethoven et la Révolution française

L’Europe et la Révolution française

L’Europe et la révolution française (1ère partie)

L’Europe et la révolution française (2ème partie)

L’Europe et la révolution française (3ème partie)

L’Europe et la révolution française (4ème partie)

L’Europe et la révolution française (5ème partie)

L’Europe et la révolution française (6ème partie)

L’Europe et la révolution française (7ème partie)

L’Europe et la révolution française (8ème partie)

Histoire des peuples et des révolutions de l’Europe

L’Europe pendant la Révolution française

L’état de l’Europe avant et après la Révolution française

Histoire de l’Europe depuis le commencement de la Révolution française

L’Europe pendant la Révolution française

La Révolution française déclare la guerre à l’Europe

« On ne peut en effet qu’être frappé par la succession des secousses de part et d’autres de l’Océan atlantique qui se produisent à partir de la première crise de la République de Genève en 1766 jusqu’à la Révolution française et la révolution brabançonne »

Michelet : « Le monde se donne à la France (révolutionnaire) »

« Dialogue entre la France, le monde et Robert Owen »

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