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La démocratie des Cantons suisses, née d’une lutte de classe révolutionnaire en plein Moyen Age européen

lundi 2 septembre 2013, par Robert Paris

La véritable bataille de Morgarten

la bataille historique de Sempach

la bataille de Laupen

la bataille de Morat ont bel et bien permis à des masses paysannes suisses de triompher sans discontinuer entre 1300 et 1800 d’armées féodales

et la légende de Guillaume Tell, qui n’est pas plus véridique que le parchemin du pacte de 1291, ne change pas la réalité de la lutte révolutionnaire des paysans et des montagnards, parfois unis et parfois opposés aux villes bourgeoises, une lutte qui a triomphé de toutes les forces féodales coalisées.

Même si l’imagerie du serment des trois cantons montagnards de 1291 prête à sourire, sa réalité n’a pas du tout fait rire les classes dirigeantes féodales de l’Europe... N’oublions pas que la base de classe de la féodalité supposait que les paysans (libres ou serfs) n’avaient, pas plus que les bourgeois, le droit de porter les armes...

C’est en 1340 que la ville de Berne s’est unie aux cantons montagnards pour vaincre à Laupen l’armée des Habsbourg. Les Bernois révoltés sont ici représentés par des ours...

Ici la ville de Zurich rejoint les cantons en 1351, soit quarante ans plus tard que e début de l’insurrection et déjà après quelques victoires marquantes.

La démocratie des Cantons suisses, née d’une lutte de classe révolutionnaire en plein Moyen Age européen

Comme vous le savez, à Matière et révolution, nous n’opposons pas diamétralement (mais dialectiquement, c’est-à-dire en les liant au lieu de les séparer par des frontières infranchissables) les notions de nation, d’Etat, de démocratie ou de dictature à celle de classes sociales et de luttes de classes. Au contraire, nous estimons qu’elles sont irrémédiablement liées comme nous le soulignons aussi bien quand il s’agit de la révolution égyptienne que des élections au Mali ou sur d’autres thèmes de l’histoire comme de l’actualité. Cette fois, nous reprenons l’histoire de la Suisse commencée ici : Première partie sur la révolution suisse pour le souligner.

La Suisse actuelle ne ressemble en rien à celle de ses origines, qui a commencé à se constituer au milieu du Moyen Age, en un temps où il n’était nullement question en Europe de peuple en armes, ni de droits du peuple, ni de démocratie. C’est le peuple suisse mobilisé massivement ni une fois ni deux fois mais des milliers de fois, et se battant les armes à la main, qui a inventé cette démocratie directe. De cette Suisse il reste tout au plus le nom des cantons et leur forme. Celle qui est née entre 1200 et 1800 n’avait pas de pouvoir central, pas de gouvernement, pas de police, pas de justice permanentes ni centrales, pas d’institutions définitives reconnues, pas de nation même, pas de drapeau national, pas d’hymne national, aucune structure durable de direction ni politique ni militaire, ni entre cantons ni au sein des cantons. Et pourtant c’est ainsi que le peuple de ces montagnes a battu et terrorisé la noblesse féodale d’Europe et tous les grands pouvoirs comme l’empereur d’Autriche (allant jusqu’à massacrer une génération entière de jeunes nobles des Habsbourgs), le duc de Bourgogne, le roi de France et les grands nobles d’Italie, tous les grands pouvoirs voisins. Le peuple en armes suisse n’a jamais été battu dans tous les grands affrontements où ses puissants voisins avaient mobilisé des moyens énormes pour en finir avec la révolution suisse des cantons.

S’il y a eu sept très grandes batailles, comptant des dizaines de milliers de combattants : Morgarten (1315), Sempach (1386), Nafels (1388), Laupen (1340), Grandson (1476), Morat (1476) et Nancy (1477), toutes des victoires suisses, il y a eu des milliers de plus petites dans lesquelles l’héroïsme et l’ingéniosité des petites gens mobilisés a fait merveille, inventant tout un art militaire de guérilla qui a fait la réputation des Suisses dans toute l’Europe pendant des centaines d’années.

Rien à voir donc avec cette caricature de démocratie locale des cantons qui règne aujourd’hui et qui, derrière ses référendums plus réactionnaires les uns que les autres, cache la dictature directe des banques qui ont placé leur secret bancaire dans la constitution au point que l’on peut passer sa vie en prison à vouloir enquêter sur cet Etat bancaire dans l’Etat suisse, rien à voir avec cette « Suisse en dessous de tout soupçon » que dénonçait Ziegler, capable, sous prétexte de neutralité, de cacher une complicité avec le nazisme allemand du général dictateur qui a gouverné la Suisse pendant la guerre. Non seulement cette Suisse des cantons n’était pas durant les premières centaines d’années une dictature des banquiers, mais elle n’était pas une Suisse dirigée par la bourgeoisie, par les villes mais le point de départ et le pôle central de ces cantons étaient la paysannerie pauvre (libre et serve) mobilisée et en armes, prête à entrer en révolution à tout appel, prête à se solidariser avec d’autres opprimés voisins et à risquer leur vie pour eux. C’étaient les paysans des hautes montagnes glacées alémaniques autour du col du Gothard et pas les villes de Berne, de Zürich, de Genève ou de Bâle qui menaient la danse contre les exactions des gouverneurs de l’empire d’Autriche et des grands nobles des grands châteaux.

Ce n’étaient nullement des institutions qui définissaient la Suisse mais l’action directe des masses populaires qui marquait le territoire et des régions qui voulaient entrer en révolte entraient dans « le pacte des cantons » ce qui signifiait qu’ils pouvaient alors faire appel à cette solidarité si des rands nobles ou des grandes puissances prétendaient les contraindre et les opprimer. Cette Suisse n’était pas définie par des frontières dessinées à l’avance, pard des douanes, par des gardiens, ni par des nations préexistantes, ni par un territoire, ni par une langue ou une religion, par un nationalisme plaqué.

Certes, il y a eu, après bien des batailles gagnées contre des adversaires puissants, une espèce de fierté populaire suisse qui a porté les masses populaires de Suisse et qui a amené autour d’elle une union entre paysans, bourgeois et petite noblesse suisse mais la lutte qui a bâti la première espèce de démocratie ou de république (sans Etat rappelons-le) de toute l’Europe féodale (bien avant les autres) a été sans conteste une lutte de classe. Chaque classe se battait pour ses propres objectifs et les cantons paysans et montagnards ont toujours eu conscience de vouloir des choses différentes des villes avec lesquelles il était parfois allié et souvent opposé. La noblesse suisse aussi a parfaitement eu conscience que cette masse populaire en révolte commençait à remettre en cause le féodalisme et que la bourgeoisie des villes, elle aussi, contestait de plus en plus l’ordre féodal, se servant de la guerre révolutionnaire suisse pour imposer sont propre gouvernement sur les villes. Quand les villes bourgeoises se sont renforcées, plusieurs centaines d’années après le début de la lutte, elles ont bien sûr commencé à vouloir détourner le combat à leur profit mais les cantons paysans et montagnards, loin de se laisser faire, on mené une nouvelle lutte contre les villes bourgeoises suisses, avec de nouvelles guerres, révoltes et révolutions pour résister à cette emprise grandissante.

Rien à voir par conséquent avec la légende de l’union nationale pacifique entre Suisses inventée pour justifier et servir de mythe national fondateur autour du personnage inventé (et repris aux pays nordiques) de Guillaume Tell.

Si le héros Guillaume Tell est un mythe, la révolte des cantons montagnards d’Uri, de Nidwald (communauté qui s’étendra ensuite à son canton appelé Unterwald) et de Schwyz ne l’est nullement. Si le document du pacte écrit en 1291 ( pacte fêté le premier août mais dont la date exacte reste imprécise ?) ne date pas de cette époque et a été copié plusieurs centaines d’années après, si les montagnards n’avaient sans doute même pas signé d’écrit entre leurs émissaires chargés de s’engager sur une solidarité armée entre eux, cela ne signifie pas que l’union de ces cantons n’ait été qu’une invention. Le pacte de 1291 est issu d’une première révolte défaite en 1240 et durement réprimée. En tout cas, 1291 est bel et bien l’année où se pacte apparaît pour la simple et bonne raison qu’en 1291, Rodolphe de Hasbourg rachète ses droits sur Lucerne car il entend rétablir les droits de sa famille sur toute la région dite des Quatre cantons et il se heurte alors militairement à la fameuse alliance des cantons. C’est bel et bien un fait historique qui finalement n’arrange plus tellement la bourgeoisie suisse dans son désir de se constituer une histoire plus respectable que celle de la démocratie directe et violente de paysans en révolte permanente et en armes sans Etat et sans institutions….

Si bien que les partis et la bourgeoisie suisse voudraient bien entraîner l’opinion petite bourgeoise à renoncer au mythe fondateur pour finalement considérer que la Suisse serait née avec son Etat en 1848 grâce à la bourgeoisie, grâce à l’Etat et même grâce à l’Etat français de la révolution… Tout mais pas la révolution sociale des masses opprimées en lutte ! voir ici

lire aussi ici

La bourgeoisie, ses politiciens, ses partis, ses religieux, ses notables, ses chefs militaires ou administratifs, en pleine phase de construction d’une opinion publique réactionnaire face à la crise du système mondial initiée en 2007-2008, n’apprécient nullement cette histoire ancienne des origines de la Suisse dans laquelle les droits démocratiques, les règles de la vie sociale, les relations politiques ne sont nullement le produit des Etats, des lois nationales ou locales, des appareils de fonctionnaires, mais de l’action révolutionnaire et armée des masses…

Si le terme de confédération des cantons suisses est restée dans les mémoires, il ne faut pas y voir entre 1200 et 1800 autre chose que des pactes de circonstance sans contenu ni contour définitif et avec des participants divers selon les circonstances.

Bien des gens n’ont même pas compris encore que la Suisse en question ne disposait nullement d’un gouvernement et encore moins d’une armée permanente. A cette époque féodale de division à l’extrême des pouvoirs locaux (entre Etats, noblesse régionale, locale, aux différents échelons, clergé et villes), les cantons ont coexisté avec tous ces pouvoirs sans les éradiquer en une fois ni définitivement ne serait-ce que dans une petite région. Et cependant, sans avoir donc leur propre pouvoir central, ils se sont fait reconnaitre assez vite de tous, des peuples de l’Europe, des classes dirigeantes et des grands Etats. Ils se sont imposés par la force de leur mobilisation armée, par leur capacité de se solidariser avec quiconque était opprimé et voulait faire appel à eux pour secouer cette oppression.

Le point fort des trois cantons paysans et montagnards qui ont débuté le combat (aucune grande ville n’y participait au départ) n’est ni le développement économique, ni la richesse, ni la centralisation politique ou militaire. C’est d’avoir conquis les terres de montagne de leurs propres mains sans l’aide de personne, d’y avoir établi leurs bergeries, leurs champs, leurs villages en luttant contre le froid, y compris durant les durs hivers, et tout cela sans l’aide de personne, sans même que les classes dirigeantes sachent ce qu’ils faisaient et s’en préoccupent ou en profitent. Cette indépendance sociale a joué un rôle considérable pour leur permettre de ne pas craindre d’affirmer leur indépendance sociale et politique. Habitués à se gouverner eux-mêmes par consensus dans leur vie quotidienne, à se solidariser pour survivre face aux éléments parfois déchaînés dans ces hautes montagnes, ils s’en sont servi quand ils ont estimé que la noblesse outrepassait ses droits et violait leur dignité. Il est à noter qu’un grand nombre de ces révoltes ont commencé parce que des grands ou moyens nobles se permettaient d’enlever et de violer des femmes et de massacrer leur famille si elle prétendait s’en indigner.

Leur deuxième point fort a été leur position géographique tenant le col du Gothard, point de passage obligé du commerce entre les deux Europes les plus commerçantes, celle du nord (Allemagne, Autriche, Pays-Bas) et celle du sud (Italie).

Lorsque le combat s’engage entre les cantons suisses et la noblesse d’Autriche censée posséder cette région, jamais des paysans en armes n’ont réussi seuls à battre une grande armée féodale préparée au combat et outillée pour cela. La défaite des féodaux est aussi invraisemblable pour ces féodaux que l’était la première victoire des esclaves de Spartacus face à l’armée romaine. Tellement incroyable que ces féodaux n’y ont pas cru et que, comme l’armée romaine, ils ont pensé à une défaite liée à un hasard malencontreux ou à des décisions militaires mal prises, une situation qui leur semblait ne pas pouvoir se reproduire. Ils ont donc repris le combat plusieurs fois avant de se convaincre qu’ils étaient bel et bien battus par des paysans en armes… Toute l’Europe est alors consciente qu’un événement s’est produit et que les paysans opprimés d’Europe de l’ouest menacent non seulement l’Autriche mais tous les pouvoirs féodaux. Car la révolte fait des émules et d’étend…

Il est quasiment impossible de rapporter dans le détail l’ensemble des révoltes, des insurrections, des révolutions et des guerres menées par les Suisses tant elles ont duré des centaines d’années, été aussi bien locales, que régionales et globales, contre des pouvoirs divers, à des époques diverses. Parfois une simple armée de jeunes paysans sans même un chef militaire, parfois une armée de femmes seules ont bousculé, battu, massacré des armées professionnelles entraînées à faire la guerre avec chefs militaires et matériel de guerre. C’est presque incroyable et il ne suffirait pas de le rapporter pour être cru. Souvent le rapport de forces numériques lui-même n’était nullement en faveur des Suisses ! Et parfois, au bout d’un grand nombre de défaite des féodaux, la seule peur des Suisses révoltés a permis leur victoire face à des armées théoriquement imbattables. Cela s’explique par le fait qu’il ne s’agissait pas d’une guerre classique mais d’une armée de féodaux face à un peuple en révolution, prêt à tous les sacrifices, à commencer par celui de sa vie pour défendre le peuple travailleur, sa dignité et sa liberté.

Les négociations, les pactes, les alliances signées et les règles acceptées n’ont pas été le produit de parlements, de tribunaux, d’une justice d’Etat, d’une police d’Etat ni d’un gouvernement ou d’aucune institution préétablie. Elles sont le produit et l’émanation de la mobilisation populaire.

Et, tout d’abord, il s’est agi de la mobilisation des paysans. Des paysans qui s’auto-organisent, qui fondent des armées, qui battent des armées professionnelles, c’était du nouveau en Europe et cela a eu comme conséquence d’entraîner non seulement la peur des classes dirigeantes et des gouvernants mais la sympathie et l’effet d’entraînement sur les exploités des régions voisines qui n’ont pas manqué de se joindre progressivement au mouvement, provoquant une extension géographique de la zone révoltée, englobant progressivement les cantons voisins et les villes. Chaque exaction d’un seigneur ou d’un Etat a en effet entraîné les masses populaires à adhérer aux cantons suisses pour en tirer le soutien politique et militaire de ceux-ci.

La seule manière qu’ont trouvé Autriche et Allemagne pour limiter cette extension de la révolte a été, après bien des tentatives inutiles pour l’écraser militairement, de reconnaitre les cantons suisses et de signer avec eux une paix de 50 ans qui interdisait aux cantons de s’étendre au dépens de l’empire d’Autriche. Quand la guerre des paysans a atteint l’Allemagne, les cantons ne se sont donc pas solidarisés et la révolte des paysans d’Allemagne a été vaincue.

Mais avec la reconnaissance des cantons suisses par l’ Autriche est venue celle par la France puis l’écrasement du duc de Bourgogne par les cantons et la victoire contre l’Italie. Désormais, la démonstration était faite que le peuple suisse uni pouvait se défendre et même construire une vie indépendante des puissants et des oppresseurs.

Cette union, qui englobait désormais villes et campagnes, paysans, petits nobles et bourgeois, hommes libres et serfs, ne signifiait pas que le lutte ne soit pas une lutte de classe, un combat qui mette en avant des intérêts de classes sociales opposées, ni que le seul ferment de la lutte soit l’unité nationale.

Le combat des cantons suisses est bel et bien une lutte de classe

Certes, le combat a uni des éléments de classes sociales différentes mais c’est le cas dans toutes les révolutions sociales, la révolution anglaise comme celle de 1789 comme celle de 1917, ou toutes les autres.

Mais le ferment de la situation est bel et bien les intérêts des paysans d’un côté, les intérêts de la bourgeoisie d’un autre, leur union contre les grands féodaux (ou les plus petits oppresseurs) mais aussi leur combat les uns contre les autres, des cantons paysans par exemple contre les villes (même parfois celles qui avaient adhéré à la confédération suisse).

En 1847, de grandes insurrections puis de grandes guerres ont finalement opposé les cantons paysans aux villes suisses. Et pas seulement pour la question religieuse (les cantons paysans et montagnards étant catholiques et les villes bourgeoises penchant vers le protestantisme).

En tout cas, s’il y a bel et bien un caractère d’unité nationale face à l’oppression d’un empire, ce n’est pas le seul élément de révolte. Il y a dans chaque mobilisation des masses suisses, un élément de révolte sociale, une lutte de classe permanente.

Et c’est cette lutte de classe qui a mis en place une forme de démocratie directe, sans intermédiaires permanents, sans institutions centrales qui fait l’originalité de la Suisse pendant plusieurs centaines d’années.

La démocratie qui est née là n’a rien à voir avec un produit étatique, institutionnel ni bourgeois. Elle n’a pas besoin d’être idéalisée ni mythifiée mais mérite d’être connue…

Malgré l’entreprise unificatrice de la révolution française, les cantons conservèrent leurs particularismes et vécurent séparément la révolution de 1830. En 1847, la guerre fit rage entre villes et campagnes sur la question du protestantisme. La seule raison de mes réunifier fut l’apparition du prolétariat et c’est contre ce dernier que la république bourgeoise fit son apparition.

En 1847, la guerre civile du Sonderbund a déchiré la Suisse et menacé son existence politique. C’est en 1848 que naît la Suisse conne Etat-nation avec la « Confédération helvétique ». Dès les années 1840, la crise économique est bien présente avec notamment une industrie du coton qui connaît de très grandes difficultés. Ce sont bel et bien les intérêts économiques, politiques et sociaux de la bourgeoisie qui ont primé dans l’unification du pays : faire face à la montée du mouvement ouvrier, y opposer une législation nationale du travail, aider l’industrie par le marché unique, la monnaie unique, la libre circulation de la main-d’oeuvre, le décloisonnement des systèmes de transport et de communication,… On était très loin des origines révolutionnaires et l’Etat était une fois encore nécessaire d’abord pour contrer les risques révolutionnaires d’un mouvement ouvrier montant.

Une précision pour conclure :

Cet article n’a pas pour but de glorifier la Suisse sans Etat et sans autorité centrale qui a subsisté pendant plusieurs centaines d’années car c’était aussi un produit du caractère féodal de division à l’extrême des pouvoirs locaux, comme régionaux ou nationaux à cette époque médiévale et cela ne signifiait pas ni un meilleur traitement des populations ni une véritable démocratie.

Par contre, nous voulions faire remarquer combien la démocratie était le produit de l’action directe des opprimés et pas des institutions, des parlements, des tribunaux, des juristes, des lois, des gouvernants, des polices et des juges.

En Suisse, l’Etat bourgeois n’est pas arrivé par la révolution suisse mais à la pointe des baïonnettes des armées de la révolution française envahissant toute la région et y imposant, contre les révoltes populaires, leur centralisation, leur institutionnalisation politique à l’imitation de la France.

Par contre, le fait que la révolution ait été bourgeoise provient aussi de la participation effective à la lutte révolutionnaire des grandes villes comme Berne et Zürich et au fait qu’elles ont mené pour elles-mêmes leur propre lutte de classe, ne craignant pas de faire la guerre non seulement à des grands Etats et à des grands nobles mais aussi aux paysans et montagnards suisses, et pas seulement en 1847 dans la guerre de religions mais tout au long de l’histoire. La révolution n’a pas simplement été volée aux exploités par les bourgeois. Et certainement pas sans qu’ils s’en rendent compte. Le sens de l’histoire allait vers un pacte entre les exploités et les bourgeois contre la féodalité et ce pacte devait favoriser d’abord la classe qui bénéficiait le plus de la propriété privée des moyens de production : la bourgeoisie. Ce n’est pas vrai bien entendu qu’en Suisse mais dans toute la révolution bourgeoise...

Pour donner une idée de l’état d’esprit en Suisse en 1848

Comment la montée ouvrière dans la révolution de 1848 a amené la Suisse à basculer vers la contre-révolution

Ce qui Lénine dit de l’exemple suisse

Pour se faire une idée des détails des luttes du peuple suisse débutée à partir du combat contre Rodolphe de Habsbourg :

La lutte du peuple suisse à partir du combat contre Rodolphe de Habsbourg (page 26)

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Un autre récit de la fondation de la Suisse

Un troisième récit historique

Messages

  • A lire sur la guerre entre cantons paysans et villes bourgeoises (entre catholiques et protestants) ici

  • Ce n’étaient nullement des institutions qui définissaient la Suisse mais l’action directe des masses populaires qui marquait le territoire et des régions qui voulaient entrer en révolte entraient dans « le pacte des cantons » ce qui signifiait qu’ils pouvaient alors faire appel à cette solidarité si des rands nobles ou des grandes puissances prétendaient les contraindre et les opprimer.

  • S’il y a eu six très grandes batailles, comptant des dizaines de milliers de combattants : Morgarten (1315), Sempach (1386), Nafels (1388), Grandson (1476), Morat (1476) et Nancy (1477), toutes des victoires suisses, il y a eu des milliers de plus petites dans lesquelles l’héroïsme et l’ingéniosité des petites gens mobilisés a fait merveille, inventant tout un art militaire de guérilla qui a fait la réputation des Suisses dans toute l’Europe pendant des centaines d’années.

  • La défaite des féodaux est aussi invraisemblable pour ces féodaux que l’était la première victoire des esclaves de Spartacus face à l’armée romaine. Tellement incroyable que ces féodaux n’y ont pas cru et que, comme l’armée romaine, ils ont pensé à une défaite liée à un hasard malencontreux ou à des décisions militaires mal prises, une situation qui leur semblait ne pas pouvoir se reproduire. Ils ont donc repris le combat plusieurs fois avant de se convaincre qu’ils étaient bel et bien battus par des paysans en armes… Toute l’Europe est alors consciente qu’un événement s’est produit et que les paysans opprimés d’Europe de l’ouest menacent non seulement l’Autriche mais tous les pouvoirs féodaux. Car la révolte fait des émules et d’étend…

  • l’Etat était une fois encore nécessaire d’abord pour contrer les risques révolutionnaires d’un mouvement ouvrier montant.

  • Le premier congrès ouvrier suisse réunissant notamment le parti socialiste, la société du Grütli, les syndicats fut tenu à Olten en 1873. Il en sortit une association d’ouvriers qui se transformera plus tard en Union syndicale suisse. Le nombre des adhérents ne cessait de croître dans un mouvement adhérant très nettement à la lutte des classes et au marxisme, chapeauté politiquement par le parti socialiste. En 1874, le parti socialiste demandait la révision de la Constitutions de 1848. Entre 1890, date de son entrée au Conseil national, et 1914, le parti socialiste put accroître sa députation à 17 parlementaires fédéraux.

    Au cours de la Première Guerre mondiale, le parti socialiste suisse, sous l’influence forte du marxisme, réaffirma le programme de l’avènement politique du socialisme par la révolution. Lénine, réfugié en Suisse de 1914 à avril 1917, était alors membre du parti socialiste suisse et entretenait des liens étroits avec l’aile gauche dirigée par son ami Platten. Sa présence en Suisse était marquée par de nombreuses interventions publiques. En 1917, Lénine retourna en Russie pour la révolution avec l’aide de ses amis Robert Grimm et Platten. Les éléments socialistes révolutionnaires exploitaient le mécontentement social résultant du rationnement et des privations causés par la guerre et sa longueur, intensifiant les menées anti-mililtaristes. En 1917, en pleine guerre mondiale, le parti socialiste suisse refusait le budget militaire et appela au refus de servir. La même année, de connivence avec le Conseiller fédéral Arthur Hoffmann des membres du parti socialiste tentèrent de faciliter une paix séparée entre l’Allemagne et la Russie révolutionnaire. Cette manœuvre outragea l’opinion publique suisse et conduisit à la démission de Hoffmann et son remplacement par le Genevois Gustave Ador. En 1918, cette politique de la confrontation sociale culmina dans la grève générale décrétée par le Comité d’Olten, impliquant 250 000 grévistes.

    En effet, le Comité d’Olten, le conseil supérieur de l’Extrême gauche sous la présidence de Robert Grimm et la légation des Soviets à Berne sous la direction de Ian Antonovitch Berzin (pseudonyme : "Winter") chef de mission de l’URSS à Berne et secondé de Zalkinde (parent de Leon Trotsky), encouragés par la révolution russe collaboraient activement à la subversion du régime constitutionnel et du gouvernement suisse afin de permettre l’avènement de la dictature rouge en Suisse. La révolution socialiste suisse devait éclater le 10 novembre 1918 sur l’ordre de Moscou. Il s’ensuivit une propagande intense dans les milieux ouvriers et dans l’armée conduisant à des émeutes fréquentes à travers le pays. L’audace des révolutionnaires socialistes, appuyés par la présence de 30’000 déserteurs et réfractaires à la guerre de 14-18 et ayant trouvé refuge en Suisse, s’engagèrent dans de nombreux coups de force, dont la tentative de s’emparer des arsenaux de Zurich et Berne, de bâtiments publics, d’usines électriques et de banques les 6-7 novembre 1918. Le 6 novembre, les troupes militaires furent mises en état d’alerte et repoussèrent les actions révolutionnaires. Le 10 novembre, le Comité d’Olten, gouvernement révolutionnaire parallèle en marge des institutions, proclama la grève générale, exigeant la démission du Conseil fédéral et la dissolution du parlement, le droit de vote des femmes, le travail obligatoire et la socialisation de l’armée. Le 11 novembre, le Conseil fédéral donna mission à l’armée de rétablir l’ordre intérieur. Dans les jours qui suivirent, l’armée dut faire face aux émeutes, sièges décrétés dans les principales villes et aux combats de rue. Le 13 novembre, le Conseil fédéral ordonna l’expulsion vers l’Allemagne de la légation des Soviets y compris du plénipotentiaire soviétique Ian Antonovitch Berzin. (Certains historiens voient dans l’expulsion de la légation des Soviets davantage le résultat de pressions des alliés qui refusaient de voir la Suisse tomber dans la révolution communiste que le résultat d’une implication de la légation dans les agitations de novembre dont la réalité est controversée7.) Le Comité d’Olten capitula le 14 novembre et lendemain la révolution fut stoppée, permettant au travail de reprendre à travers le pays. S’ensuivit une campagne médiatique haineuse dans les journaux socialistes vis-à-vis des institutions et l’armée de milice (cf. par exemple l’article du 18 novembre 1918 "La grippe [qui avait décimé les rangs de l’armée] venge les travailleurs" anonyme mais attribuable au révolutionnaire Humbert-Droz8 publié dans le journal "La Sentinelle" dirigé par Paul Graber).

    Malgré l’échec de la grève générale, celle-ci conduisit au renouvellement anticipé du Conseil national en 1919 sur la base du système proportionnel qui venait ainsi remplacer le système majoritaire prévalant jusqu’alors. Ce changement de régime permit au parti socialiste de prendre 41 mandats.

    Toutefois, les meneurs de la grève générale, 3500 personnes, en particulier les dirigeants du comité d’Olten, seront jugés et 147 d’entre eux seront condamnés. Robert Grimm verra son immunité parlementaire levée et sera condamné à 6 mois de prison, période pendant laquelle il écrira son ouvrage "Histoire de la Suisse en termes de lutte des classes". L’épisode de la grève générale servira pendant des décennies à diaboliser la gauche suisse. L’histoire revisitée dans la foulée de 1968 permettra l’avènement d’un œil bienveillant sur ces évènements de 1918 qui constituent le plus grand évènement social de l’histoire de la Suisse.

  • Voilà comment est présentée aujourd’hui la guerre civile entre bourgeoisie et paysannerie : une guerre entre forces progressistes (la bourgeoisie) et forces réactionnaires (la paysannerie) encore appelée Sonderbund et qui avait été en fait latente et faible pendant des années avant d’exploser violemment en 1847 :

    « Il y a exactement 150 ans, la Suisse plongeait dans la guerre civile. Libéraux-radicaux contre conservateurs, protestants contre catholiques, centralisateurs contre fédéralistes : le conflit traduisait toutes les divisions minant le pays depuis des décennies. »

  • Alors que sa croissance économique attire de plus en plus d’étrangers, les Suisses doivent se prononcer dimanche pour ou contre "l’immigration de masse".

    L’Union démocratique du centre (UDC), le parti le plus à droite de l’échiquier politique suisse, n’a pas pour habitude de faire dans la dentelle. Pour dénoncer l’arrivée trop massive à son goût des étrangers, la formation politique présentait dans le passé trois gentils moutons blancs expulsant d’un pré bien gras un vilain mouton noir. Pour s’opposer aux naturalisations, elle placardait une photo d’Oussama Ben Laden sur une carte d’identité à croix blanche. Mais pour promouvoir son "initiative" (l’équivalent de notre référendum) contre "l’immigration de masse", l’UDC se contente aujourd’hui d’aligner des chiffres, qu’elle estime suffisamment parlants.

    L’UDC part d’un constat : le solde migratoire moyen annuel est d’environ 80 000 nouveaux immigrants par an. Et de lister concrètement ce que cela signifie en termes d’infrastructures : 34 500 logements de plus par an, 72 écoles et 500 enseignants, 380 lits d’hôpitaux et 160 médecins supplémentaires. Des objectifs impossibles à atteindre. Résultat, davantage d’embouteillages sur les routes, des hausses de loyers, du temps d’attente chez le médecin, etc.

    Et cela semble fonctionner ! Au début de la campagne, en décembre 2013, le référendum contre "l’immigration de masse" ne recueillait que 35 % des intentions de votes. À quelques semaines du vote, qui a lieu dimanche, les sondages lui en donnaient 43 %.

  • C’est fait. Les Suisses ont dit « oui » à 50,3% à une limitation de l’immigration, notamment européenne, dimanche lors d’un référendum. Le référendum, organisé à l’initiative du parti UDC (droite populiste) a obtenu la double majorité requise, soit la majorité des cantons et la majorité des électeurs.

    Un résultat qui risque d’avoir de lourdes conséquences dans les relations entre la Suisse et l’UE car elles risquent d’être complètement remises à plat. Ce sera « le chaos », prédit le professeur genevois de Sciences politiques Pascal Sciarini. La Commission européenne a aussitôt réagi : Elle a « regretté » le vote des Suisses et « examinera les implications de cette initiative sur l’ensemble des relations entre l’UE et la Suisse ».

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