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1905 : la dernière vague révolutionnaire internationale avant la première guerre mondiale
mardi 21 novembre 2023, par ,
1905 : la dernière vague révolutionnaire internationale avant la première guerre mondiale
Cette vague révolutionnaire de 1905 dans le monde explique que les classes possédantes aient choisi, neuf ans plus tard en 1914, la boucherie guerrière plutôt que la reprise de la révolution sociale.
1905, c’est la révolution dans le monde :
Vague de grèves offensives en France
11 février : à l’issue d’une grève, les ouvrières sardinières de Douarnenez obtiennent d’être payées à l’heure plutôt qu’aux pièces. Elles constituent un syndicat. Quand quatre patrons sardiniers décident en juillet de revenir au paiement au mille, les ouvriers du bâtiment se mettent en grève pour soutenir les sardinières. Le conflit resurgit quand le 16 novembre les fabricants refusent d’accorder des contrats aux ouvrières membres du syndicat
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_des_sardini%C3%A8res
14 - 17 avril : troubles de Limoges ; en mars, les ouvriers porcelainiers, de la chaussure et du feutre, ne supportant pas les bas salaires et leurs conditions de travail se mettent en grève. Le 13 avril les patrons imposent le lock-out et les grévistes sont mis à pied. L’armée intervient le lendemain. Des barricades sont dressées, des armureries sont pillées, une bombe éclate dans la maison d’un directeur d’usine. La gendarmerie vient occuper l’usine le 9 mai 1905. Les manifestants se rassemblent sur le Champ-de-Foire et investissent la prison pour libérer les ouvriers arrêtés. Camille Vardelle, un porcelainier de dix-sept ans, est tué le 17 avril. Le travail reprend le 21 avril sans que les ouvriers aient obtenu satisfaction.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ves_de_Limoges_de_1905
16 - 24 mai : grève des agents de police de Lyon qui protestent contre le report du départ à la retraite de 45 à 55 ans, et le licenciement de 60 gardiens de la paix
Grèves de Vizille et Voiron
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Tisseuses_de_soie_dans_la_r%C3%A9gion_de_Vizille
Grève de Limoges
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ves_de_Limoges_de_1905
Grève révolutionnaire de 1905 en Finlande
Suurlakko est une grève générale révolutionnaire qui a eu lieu en octobre-novembre 1905 dans l’Empire russe et le grand-duché de Finlande. La révolution de 1905 obligea le tsar à accorder une constitution à la Finlande, celui-ci instituait chez elle le suffrage universel. Dès les premières élections, en 1907, les social-démocrates obtenaient au parlement 80 sièges sur 200.
Inspirée par la révolution russe de 1905, la classe ouvrière finlandaise s’est soulevée. En novembre 1905, il y eut une grève générale qui commença comme une « grève nationale » avec la participation également d’éléments bourgeois et petits-bourgeois qui voyaient une opportunité de se libérer du tsarisme. Cela a également conduit à la formation de milices, appelées « gardes nationales », qui comprenaient initialement également la droite.
Mais le mouvement de « grève nationale » s’est rapidement divisé selon les classes et la droite a été éjectée, ce qui a conduit à la formation des premières milices révolutionnaires – les Gardes rouges. Ces détachements armés étaient une expression organique de la volonté de la classe ouvrière de changer la société et prirent temporairement un caractère de masse. La bourgeoisie a créé ses propres « gardes de protection » comme alternative aux Gardes rouges révolutionnaires – l’embryon des premières gardes blanches de l’histoire.
Le mouvement se poursuivit en 1906 avec de nouvelles mutineries et grèves. La mutinerie la plus connue a eu lieu parmi les marins russes stationnés au fort de Viapori (aujourd’hui connu sous le nom de Suomenlinna), à seulement un kilomètre au large d’Helsinki. Cette opération fut brutalement réprimée par les « gardes de protection » blancs et plusieurs gardes rouges furent tués. La presse du SDP a condamné les Blancs comme des « bouchers » – ce qui serait désormais leur appellation légitime aux yeux des ouvriers.
Sous cette pression venue d’en bas, le tsar chercha à modérer l’ambiance révolutionnaire et à couper court au mouvement en accordant des concessions. La puissance de cette pression massive et l’importance de maintenir la Finlande dans l’orbite tsariste sont démontrées par l’étendue des concessions accordées aux Finlandais. Alors que dans la majeure partie de la Russie, le couvercle a été encore plus serré après que la révolution n’a pas réussi à renverser le tsar, en Finlande, Nicolas a été contraint d’accorder une large autonomie et une constitution qui incluait même le suffrage universel, même s’il y avait encore certaines conditions de propriété. La constitution de 1906 prévoyait également les libertés d’expression, de presse et d’organisation, ainsi que la formation d’un parlement finlandais (connu sous le nom de Diète).
https://www-marxist-com.translate.goog/lessons-of-the-finnish-revolution-of-1917-1918-part-one.htm?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc
La République française briseuse de grève
https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2015-1-page-17.htm
Révolution russe
La révolution débute les 20-21 janvier (7-8 janvier du calendrier julien) à Saint-Pétersbourg, par la grève générale majeure des ouvriers de l’industrie organisée par le pope Gapone. Elle crée une nouvelle forme d’auto-organisation en masse des prolétaires et du peuple travailleur : le soviet.
https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905_6.htm
https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905_7.htm
https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905_8.htm
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1263
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6112
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3697
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6811
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1389
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article947
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1262
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article748
https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905_18.htm
https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905somm.htm
Révolution en Europe
Montée de la social-démocratie et des syndicats dans une grande partie de l’Europe, grandes grèves générales en Belgique, grèves de masse en Allemagne (même si la direction du SPD rejette le 16 février 1906 l’appel lancé par August Bebel en faveur de la grève générale insurrectionnelle et repousse les positions révolutionnaires de Rosa Luxemburg), soulèvement en Hongrie, grèves en Pologne, grèves en France, etc…
En octobre 1905, grève démonstrative à Prague et dans la région praguoise (100.000 travailleurs) pour le suffrage universel au parlement de Bohême, en ocotbre 1905, grève de masse démonstrative à Lemberg pour le suffrage universel égalitaire au Conseil d’Empire, en 1905 encore grève de masse des travailleurs agricoles en Italie, 1905 toujours, grève de masse des employés de chemin de fer en Italie, en 1906, grève de masse démonstrative à Trieste pour le suffrage universel égalitaire au Parlement régional, grève couronnée de succès ; en 1906, grève de masse des travailleurs de fonderies de Wittkowitz (Moravie) en solidarité avec les 400 hommes de confiance licenciés pour avoir chômé le 1er mai, grève couronnée de succès
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7036
Lorsque l’écho de la révolution de 1905 atteignit l’Allemagne, celle-ci était confrontée à une vague de grèves sans précédent, liée à l’aggravation des tensions économiques et sociales. Or, après la révolution de 1905, la plupart des dirigeants révolutionnaires du royaume de Pologne se retrouvèrent en Allemagne qui constituait une base de retraite traditionnelle pour les militants polonais fuyant la répression de la police tsariste.
https://journals.openedition.org/monderusse/9014
Grève de masse en Allemagne
La grève démarre le 9 janvier 1905 dans la rhur, bloque la production minière et s’étend à d’autres secteurs capitalistes en Allemagne. La grève minière allemande touche toute l’Europe…
https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1982_num_29_2_1187
Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l’une sur l’autre c’est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants. Et la loi du mouvement de ces phénomènes apparaît clairement elle ne réside pas dans la grève de masse elle-même, dans ses particularités techniques, mais dans le rapport des forces politiques et sociales de la révolution. La grève de masse est simplement la forme prise par la lutte révolutionnaire et tout décalage dans le rapport des forces aux prises, dans le développement du Parti et la division des classes, dans la position de la contre-révolution, tout cela influe immédiatement sur l’action de la grève par mille chemins invisibles et incontrôlables. Cependant l’action de la grève elle-même ne s’arrête pratiquement pas un seul instant. Elle ne fait que revêtir d’autres formes, que modifier son extension, ses effets. Elle est la pulsation vivante de la révolution et en même temps son moteur le plus puissant. En un mot la grève de masse, comme la révolution russe nous en offre le modèle, n’est pas un moyen ingénieux inventé pour renforcer l’effet de la lutte prolétarienne, mais elle est le mouvement même de la masse prolétarienne, la force de manifestation de la lutte prolétarienne au cours de la révolution.
https://www.marxists.org/francais/luxembur/gr_p_s/greve4.htm
https://www.marxists.org/francais/luxembur/gr_p_s/greve5.htm
https://www.marxists.org/francais/luxembur/gr_p_s/greve7.htm
Grèves et manifestations en Autriche
La nouvelle de la création par le Tsar de la Douma, le 30 octobre 1905, provoque le soir même à Vienne, devant le parlement, une manifestation grandiose qui se transforme au cours des journées suivantes en heurt avec la police, en particulier à Prague le 4 novembre. Le jour de la rentrée du Reichrat, le 28 novembre suivant, 250.000 ouvriers réunis dans un meeting à Vienne laissent planer la menace d’une grève révolutionnaire alors qu’au même moment Prague connaît, elle aussi, une manifestation de masse réunissant plusieurs milliers de personnes. Un nouveau projet de réforme électorale est alors déposée au Parlement qui le repousse dans un premier temps mais qui fini par l’accepter à la fin de l’année 1906 sentant de plus en plus la menace de révolution. Ainsi, la nouvelle réforme accorde le suffrage universel pour les hommes de plus de 24 ans.
https://wikirouge.net/Mouvement_ouvrier_en_Autriche
Grèves et manifestations en Pologne
Le 28 janvier, grève générale et insurrection à Varsovie et à Lodz suivie d’une répression sanglante.
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_polonaise_de_1905
Révolution en Hongrie
5 janvier manifestation de soutien à la révolution russe à Budapest.
https://www.jstor.org/stable/42554699
Grève générale en Suède
Crête : Révolte de Thérissos
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_de_Th%C3%A9rissos
Soulèvement en Argentine
Nuit du 3 février : début d’un soulèvement armé en Argentine, conduit par l’Union civique radicale d’Hipólito Yrigoyen. Le gouvernement réussit à l’endiguer.
Révolution au Chili
22 octobre : début de la « Semaine rouge » à Santiago du Chili (la « Huelga de la Carne »). La répression fait plus de 200 morts.
https://fr.wikipedia.org/wiki/1905
En 1905, la Chine est encore en pleine répression de la révolution des Boxers :
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_des_Boxers
Révolution en Perse
Décembre 1905 : début de la révolution constitutionnelle en Perse à la suite de la bastonnade de deux marchands à Téhéran (1905-1911)
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_constitutionnelle_persane
Révolution en Mongolie
Sous l’influence des révolutionnaires communistes russes, le mouvement des ardín dougouylang (cercles populaires) se propage dans les khanats khalkhas.
Mouvements et grève en Australie
https://trove.nla.gov.au/newspaper/article/5046588
http://classic.austlii.edu.au/au/journals/UQLawJl/2013/19.pdf
Révoltes et révolutions anticoloniales
Ecrasement dans le sang de la révolution en Namibie
Révolution dans l’Afrique orientale coloniale allemande
28 - 29 juillet : début des révoltes Maji Maji contre les Allemands au Tanganyika, notamment contre les cultures obligatoires (1905-1907). Des champs de coton sont incendiés, puis la révolte se répand à tout le sud de la colonie
29-30 août : l’attaque de Mahenge, lors de la rébellion des Maji-Maji.
21 octobre : les troupes d’Afrique orientale allemande attaquent les Ngoni qui ont rejoint la rébellion des Maji-Maji.
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9bellion_des_Maji-Maji
Le massacre des Hereros par les Allemands
Le 12 janvier 1904, éclate la révolte des Hereros. Un groupe de guerriers conduit par le chef Samuel Maharero attaque les colons du poste d’Okahandja. En trois jours de sang et de fureur, près de deux cents civils allemands sont massacrés.
La riposte allemande est terrible.
L’empereur Guillaume II limoge le gouverneur Theodor Leutwein pour lui substituer un homme résolu, le général Lothar Von Trotha. Il a mission de chasser les Hereros du territoire ou de les exterminer.
Le 11 août 1904, les troupes allemandes conduites par Lothar von Trotha encerclent 7500 Hereros et leur chef Maharero sur le plateau de Waterberg. Leurs armes puissantes ont facilement raison des assiégés. Les survivants sont chassés vers le désert d’Omeheke (l’actuel désert de Khalahari) [3].
prisonniers hereros enchaînés Pour ceux qui survécurent, esclavage et camps. Des milliers de femmes Hereros furent transformées en femmes de réconfort pour les troupes coloniales allemandes.
Le 2 octobre, un ordre du jour de Von Trotha enlève aux Hereros tout espoir de retour. Cet ordre d’extermination (Vernichtungsbefehl) est ainsi rédigé :
“Le général des troupes allemandes [en Namibie] envoie cette lettre au peuple Herero.
Les Hereros ne sont dorénavant plus sujets allemands [...] Tous les Hereros doivent partir ou mourir. S’ils n’acceptent pas, ils y seront contraints par les armes. Tout Herero aperçu à l’intérieur des frontières [namibiennes] avec ou sans arme, sera exécuté. Femmes et enfants seront reconduits hors d’ici - ou seront fusillés [...] Nous ne ferons pas de prisonnier mâle ; ils seront fusillés.
Telle est ma décision prise pour le peuple Herero”
Signé : le grand général du tout puissant Kaiser [Guillaume II],
Lieutenant général Lothar Von Trotha.
le 2 octobre 1904
Le 11 décembre de la même année, le chancelier allemand Bülow ordonne d’enfermer les Hereros survivants dans des camps de travail forcé - des Konzentrationslagern- et, peu après, les dernières terres indigènes sont confisquées et mises à la disposition des colons allemands.
Au cours des trois années qui suivent, des dizaines de milliers de Hereros succombent à la répression, aux combats, à la famine et aux camps. De près d’une centaine de milliers, leur population tombe à 15.000.
Une ultime révolte herero, conduite par le chef Herero Samuel Maherero s’engagea en 1904 pour s’achever trois ans plus tard. L’histoire a gardé le souvenir de l’ordre d’extermination lancé à cette occasion contre les rebelles par le général Lothar von Trotha, qui reprend une idée anglaise : le camp de concentration :
"N’épargnez aucun homme, aucune femme, aucun enfant, tuez-les tous."
On estime à 75 à 80% la proportion de Herero et de Nama ainsi massacrés.
http://www.matierevolution.fr/spip.php?article1552
Révolution dans l’Afrique orientale britannique
19 octobre, Afrique orientale britannique : Koitalel Arap Samoei, orkoiyot (chef suprême) des Nandi révoltés, invité à négocier une trêve par le colonel Richard Meinertzhagen, est assassiné avec 23 membres de son entourage. Les Britanniques lancent une opération de répression conduite par le général Manning ; 1 117 guerriers nandi sont tués, 16 213 bovins et 36 205 moutons et chèvres sont confisqués, et 4 956 huttes et silos à grains sont brûlés. En décembre, les Nandi capitulent, perdent leur indépendance et sont chassés de leurs terres ancestrales.
Répression de la révolte gusii en Afrique orientale britannique (1905 et 1908)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Afrique_orientale_britannique
Révolte tonga-tonga au Kasaï
Dans le royaume Kuba, les villageois devaient travailler au caoutchouc avec une telle intensité qu’ils n’avaient plus le temps de s’occuper des cultures vivrières et que le pays fini par être affamé. Il y eut des tensions sociales, des villages qui entrèrent en conflits à cause du manque de nourriture. La pression constante pour produire du caoutchouc rendaient les gens fous. Il y eut des révoltes. Des tentatives de résistance désespérées. Fortement réprimées. Vansina écrit qu’« au cours de l’automne 1903, dans le sud du royaume, les dirigeants de la société à Ngel iKook, Luebo et Bena Makima se sont regroupés pour détruire deux grands villages de Lele de l’autre côté du Kasaï. Il s’agissait de représailles car les habitants locaux fatigués des mauvais traitements répétés dont ils étaient l’objet, avaient détruit un poste de la compagnie. »
Le roi Kot-A-Pey resta sans réaction face à cette répression de son peuple car il avait pris le parti d’être extrêmement collaborant avec les européens. Toutefois, en avril 1904, cela n’empêcha pas qu’il soit arrêté et mis en prison par un officier de l’EIC qui exigeait de lui qu’il paye des arriérés de taxes en « croisettes ». Vansina raconte que « la détention royale ne dura que quelques jours car la mission presbytérienne avança les fonds nécessaires, mais le mal était fait. Le roi, la cour et la plupart des villageois du royaume étaient scandalisés par cette insulte sans précédent. » Ce n’était qu’un prologue. En septembre 1904, Paul Hubin, un autre agent de l’EIC fraîchement nommé au poste de Luebo indiqua au roi que les payements de ses taxes en « croisettes » ne suffisaient plus. Maintenant, on exigeait du roi qu’il livra 50 hommes, des recrues destinées à servir sept ans durant dans la force publique. « Comme tous les Africains du Kasaï considéraient ce type recrutement comme de l’esclavage ne disant pas son nom, cette demande était tout simplement inacceptable », explique Vansina.
A la même époque, un nouveau culte était en train de se répandre dans le bassin du Kassaï, une croyance qui convaincu une grande partie de la population Kuba qu’elle n’aurait plus à devoir subir la domination des européens ; inventé par le guérisseur Ekpili kpili, le charme Tonga Tonga était censé transformé les balles de la force publique et des capitas de la CK en eau, jamais plus elles n’atteindraient leurs cibles… Cette magie avait déjà conduit des premières tentatives de révoltes en juin 1904, des postes de la C.K. avaient été attaqués, des capitas avaient été tués, des cadres de la Compagnie avaient dû fuir. Dans un premier temps, Kot-A-Pey avait tenté de dissuader ceux qui voulaient utiliser le charme pour entrer en résistance. Mais après ses démêlés avec Paul Hubin, il changea d’avis. La révolte générale débuta le 15 novembre 1904. Plusieurs stations furent envahies mais pas celle de Bena Makima où les pères de Scheut usèrent de leurs fusils contre les insurgés. Tandis qu’à Luebo, les missionnaires protestants armaient des fidèles Luba pour lutter contre les Kuba. Les agents de la C.K. et de la force publique ne furent pas en reste… Et la révolte de ces opprimés sans fusils, armés d’une magie inopérante, fut facilement matée, village après village, jusqu’à ce que la capitale soit une nouvelle fois occupée. Comme l’écrit Vansina, « la réaction coloniale à l’insurrection « Tongatonga » démontra de manière dramatique à tout Kuba qui aurait pu en douter que tous les étrangers d’outre-mer étaient finalement des colonialistes qui étaient ligués, quels que soient leurs étiquettes de commerçants, de missionnaires, d’agents de l’État ou d’officiers de l’armée. »
Début février 1905, la révolte était terminée et le pays des Kuba était totalement détruit. Kot-A-Pey fut tout arrêté et 20.000 Kuba marchèrent jusqu’à Luebo pour réclamer sa remise en liberté. Face à cette mobilisation, fin juin 1905, le gouverneur général Wahis préféra suivre le conseil qui avait donné par la C.K. : rétablir Kot-A-Pey dans son autorité au motif inventé mais commode que de « mauvais conseillers de la cour » l’avaient « entrainé contre sa volonté » dans la révolte. A partir de moment, le roi se montra encore plus collaborant qu’auparavant, tandis que son peuple sombra dans la plus grande précarité. Les villages avaient été pillés et incendiés. L’Etat leur réclama des amendes qui fallait payer avec les « croisettes » qu’ils ne pouvaient obtenir que de la C.K., en produisant du caoutchouc. Les mise sous pression exercée par les agents de la compagnie redoubla d’intensité, les empêchant de travailler à autre chose qu’au caoutchouc. La guerre ayant en plus compromis l’ensemencement des plantations, cela priva les villageois de récolte dans l’année qui suivit la guerre. Vansina ajoute que « de nombreux villages reçurent aussi l’ordre de fournir du matériel ou des ouvriers pour la reconstruction des factoreries et des missions, alors qu’ils avaient du mal à trouver le temps de reconstruire leurs propres maisons. En juillet 1905, à Bena Makima, Frobenius vit que le redoutable père Polet (ndlr : un missionnaire Scheutiste), amenait plusieurs chefs de village enchaînés à la mission afin de les y incarcérer jusqu’à l’arrivée des ouvriers qu’il avait réquisitionnés pour finir de reconstruire la mission. »
Révolte au Congo colonial français
Révolte en Afghanistan
Du fait du soulèvement de la population contre l’attaque coloniale anglaise, le Royaume-Uni reconnaît l’indépendance de l’Afghanistan par un traité signé à Kaboul le 21 mars 1905.
Soulèvement au Bengale colonial anglais
La première guerre mondiale, un choix conscient contre la menace d’une nouvelle vague de révolution mondiale
Les classes dirigeantes européennes ont choisi la guerre mondiale en 1914 pour échapper à une menace des travailleurs et des peuples, menace révolutionnaire liée à la crise économique passée dont ils n’étaient pas sortis et à la crise nouvelle qui venait. Ils ont ainsi détourné une révolution sociale et l’ont retardée mais elle est revenue en boomerang et les a obligés à arrêter la guerre. Ils ont failli y perdre le pouvoir. La vitalité sociale et politique des classes bourgeoises était tellement affaiblie que sans les dirigeants du mouvement ouvrier réformiste, ils ne s’en seraient pas sortis ! Ils ont d’ailleurs fait appel à eux dès le début de la guerre et plus encore à sa sortie pour écraser la révolution prolétarienne. La guerre n’est pas seulement la continuatrice de la guerre économique mais aussi de la lutte des classes...
https://www.matierevolution.org/spip.php?article4096
https://www.matierevolution.org/spip.php?article5828
https://www.matierevolution.org/spip.php?article8317
https://www.matierevolution.org/spip.php?article5995
https://www.matierevolution.org/spip.php?breve1105