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La philosophie de Nietzsche

samedi 19 avril 2014, par Robert Paris

« Mes idées exigent une âme guerrière, un désir de faire mal, un plaisir de la négation, une enveloppe dure...

Les soldats et leurs chefs ont encore des rapports bien supérieurs à ceux des ouvriers et des patrons. Provisoirement du moins, toute civilisation à base militaire se trouve bien au-dessus de tout ce que l’on appelle civilisation industrielle : cette dernière, dans son état actuel, est la forme d’existence la plus basse qu’il y ait eu jusqu’à présent. Ce sont simplement les lois de la nécessité qui sont ici en vigueur : on veut vivre et l’on est forcé de se vendre, mais on méprise celui qui exploite cette nécessité et qui s’achète, le travailleur. Il est singulier que la soumission à des personnes puissantes, qui inspirent la crainte et même la terreur, à des tyrans et des chefs d’armées produit une impression beaucoup moins pénible que la soumission à des personnes inconnues et sans intérêt, comme le sont toutes les illustrations de l’industrie : dans le patron, l’ouvrier ne voit généralement qu’un homme rusé et exploiteur, un chien qui spécule sur toutes les misères et dont le nom, l’allure, les mœurs, la réputation lui sont tout à fait indifférents. Les fabricants et les grands entrepreneurs du commerce ont probablement beaucoup trop manqué, jusqu’à présent, de toutes ces formes et de ces signes distinctifs de la race supérieure, qui sont nécessaires pour rendre des personnes intéressantes ; s’ils avaient dans leur regard et dans leur geste la distinction de la noblesse héréditaire, il n’existerait peut-être pas de socialisme des masses. Car au fond les masses sont prêtes à l’esclavage sous toutes ses formes, pourvu que celui qui est au-dessus d’eux affirme sans cesse sa supériorité, qu’il légitime le fait qu’il est né pour commander — par la noblesse de la forme ! L’homme le plus vulgaire sent que la noblesse ne s’improvise pas, et qu’il lui faut honorer en elle le fruit de longues périodes, — mais l’absence de formes supérieures et la fameuse vulgarité des fabricants, avec leurs mains rouges et grasses, éveille en l’homme vulgaire la pensée que ce n’est que le hasard et la chance qui ont élevés ici l’un au-dessus de l’autre : eh bien ! décide-t-il à part soi, essayons une fois, nous, du hasard et de la chance. Jetons les dés ! — et le socialisme commence. »

Nietzsche dans "Le gai savoir"

L’explication par Nietzsche de la crise de la société : les forts doivent dominer...

Extrait de "La Volonté de Puissance" de Nietzsche :

« Pourquoi les faibles sont victorieux

« En somme les malades et les faibles sont plus compatissants, plus " humains " - ; les malades et les faibles ont plus d’esprit, ils sont plus changeants, plus multiples, plus divertissants, - plus méchants ; ce sont les malades qui ont inventé la méchanceté. (Une précocité maladive se rencontre souvent chez les rachitiques, les scrofuleux et les tuberculeux -.) L’esprit est le propre des races tardives : les juifs, les Français, les Chinois. (Les antisémites ne peuvent pas pardonner aux juifs d’avoir de l’esprit - et de l’argent. Les antisémites - c’est un nom que se donnent les " déshérités ".)

Les malades et les faibles ont eu pour eux la fascination, ils sont plus intéressants que les bien portants ; le fou et le saint - les deux espèces d’homme les plus intéressantes... ayant quelque parenté avec le " génie ". Les grands " aventuriers et criminels " et tous les hommes, avant tout les mieux portants, sont malades à certaines époques de leur vie ; - les grands mouvements de l’âme, les passions de la puissance, l’amour, la vengeance, sont accompagnés de troubles profonds... Et pour ce qui est de la décadence, tout homme qui ne meurt pas trop tôt la représente presque à tous les points de vue - il connaît donc aussi, par expérience, les instincts qui en font partie. Pour la moitié de presque toute vie humaine l’homme est décadent.

Il y a aussi la femme ! Une moitié de l’humanité est faible, essentiellement malade, changeante, inconstante, - la femme a besoin de la force pour s’y cramponner, il lui faut une religion de la faiblesse qui la glorifie, comme s’il était divin d’être faible, d’aimer et d’être humble, - la femme règne si elle parvient à subjuguer les forts. La femme a toujours conspiré avec les types de la décadence, avec les prêtres, contre les " puissants ", les " forts ", les hommes -. La femme met à part les enfants pour le culte de la piété, de la compassion, de l’amour ; - la mère représente l’altruisme d’une façon convaincante...

Il y a encore la civilisation qui va en augmentant. Elle apporte nécessairement avec elle l’augmentation des éléments morbides, la psycho-névrose et la criminalité. Il se forme une espèce intermédiaire, l’artiste, séparé de la criminalité en action, par la faiblesse de volonté et la crainte sociale, il n’est pas encore mûr pour la maison d’aliénés, mais il étend avec curiosité ses antennes dans les deux sphères. C’est un curieux produit de la culture, cet artiste moderne, peintre, musicien, avant tout romancier, qui emploie pour caractériser sa façon d’être le terme très impropre de ce " naturalisme "...

Le nombre des déments, des criminels et des " naturalistes " augmente : c’est le signe d’une culture grandissante qui s’avance à pas de géant, - c’est-à-dire que le rebut, les déchets, les excréments prennent de l’importance - le courant descendant tient le pas.

Il y a enfin le brouillamini social, conséquence de la Révolution, de l’établissement des droits égaux, de la superstition de " l’égalité entre les hommes ". On voit se confondre les représentants des instincts de décomposition (du ressentiment, du mécontentement, de la destruction, de l’anarchisme, du nihilisme), avec ceux d’esclavage, de lâcheté, de ruse, les instincts canailles des couches longtemps maintenues en bas ; tout cela se mêle au sang de toutes les classes : après deux ou trois générations la race est méconnaissable, - tout est encanaillé. De tout cela résulte un instinct général qui se dirige contre le choix, contre les privilèges de tout ordre, et cet instinct agit avec tant de puissance et de sûreté, il est si dur et si cruel dans la pratique, que les privilégiés eux-mêmes finissent par se soumettre de fait. Ce qui veut se maintenir dans la puissance flatte la populace, travaille avec la populace, est forcé d’avoir la populace de son côté, - les " génies " avant tout : ils deviennent les hérauts des sentiments, qui servent à enthousiasmer la masse, - le ton de pitié, la vénération même en face de tout ce qui souffre, de tout ce qui a vécu bas, méprisé, persécuté, ce ton s’élève au-dessus de tous les autres tons (types : Victor Hugo et Richard Wagner). - La montée de la populace signifie encore une fois la montée des valeurs anciennes...

Dans un mouvement si extrême par rapport à l’allure et au milieu, tel que le représente notre civilisation, l’équilibre des hommes se déplace : de ces hommes qui importent avant tous les autres, à qui il incombe en quelque sorte de compenser le très grand danger d’un pareil mouvement maladif. - Ce seront alors les ralentisseurs par excellence, ceux qui assimilent lentement et abandonnent difficilement, ceux qui possèdent une endurance relative au milieu de ce prodigieux changement, de ce mélange d’éléments disparates. Dans de pareilles circonstances il appartient nécessairement aux médiocres de maintenir l’équilibre : contre la domination de la populace et des excentriques (alliés tous deux presque toujours) la médiocrité se consolide, pour servir de garantie et de dépositaire de l’avenir. Aussi naît pour les hommes d’exception, un nouvel adversaire - ou bien encore une nouvelle séduction. En admettant qu’ils ne s’assimilent pas au peuple pour chanter des hymnes à la louange des déshérités, il leur faudra être " médiocres " et " consciencieux ". Ils savent que la mediocritas est aussi aurea, - qu’elle seule dispose d’or et d’argent ( - de tout ce qui brille... )... Et encore une fois, la vieille vertu, et en général, tout le monde d’un idéal qui a vécu s’acquiert ainsi des porte-paroles doués... Résultat : la médiocrité gagne de l’esprit, du piquant, du génie, - elle devient amusante, elle séduit...

Résultat. - Une haute culture ne peut s’édifier que sur un terrain vaste, sur une médiocrité bien portante et fortement consolidée. A son service, et servie par elle, la science travaille - et l’art lui aussi. La science ne peut pas souhaiter mieux : elle est le propre d’une espèce moyenne d’hommes - elle est déplacée parmi les exceptions, - elle n’a dans ses instincts rien d’aristocratique, et encore moins quelque chose d’anarchiste. - La puissance de la moyenne est encore maintenue par le commerce, avant tout par le commerce d’argent : l’instinct des grands financiers se dirige contre tout ce qui est extrême, - c’est pourquoi les juifs sont pour le moment la puissance la plus conservatrice dans notre Europe si menacée et si incertaine. Ils ne leur faut ni révolutions, ni socialisme, ni militarisme. S’ils veulent avoir de la puissance, s’ils ont besoin de puissance sur le parti révolutionnaire, c’est seulement une conséquence de ce que je viens d’indiquer. ce n’est pas une contradiction. Ils ont besoin d’éveiller par occasion la crainte à l’égard d’autres courants extrêmes - en montrant tout ce qu’ils tiennent entre les mains. Pourtant leur instinct lui-même est invariablement conservateur - et " médiocre "... Partout où il y a de la puissance, ils savent être puissants : mais l’exploitation de leur puissance va toujours dans la même direction. Le mot pour qualifier dignement ce qui est médiocre est, comme on sait, le mot " libéral ")...

Réflexion. - Il est insensé de se figurer que toute cette victoire des valeurs pourrait être antibiologique : il faut chercher à l’expliquer par un intérêt vital pour le maintien du type " homme ", fût-ce par cette méthode de prépondérance des faibles et des déshérités. Dans d’autres cas l’homme n’existerait peut-être plus ? -

Problème - L’élévation du type est dangereuse pour la conservation de l’espèce. Pourquoi ? -

L’expérience de l’histoire montre que les races fortes se déciment réciproquement : par les guerres, les désirs de puissance, les aventures, les fortes passions, le gaspillage - (on ne capitalise plus de forces et il se forme des troubles intellectuels par une tension exagérée). Leur existence est coûteuse, bref - elles s’usent les unes les autres. Viennent alors de grandes périodes de profond abattement et de relâchement : toutes les grandes époques se payent...

Les forts deviennent ainsi plus faibles, plus indécis, plus absurdes que la moyenne des faibles.

Les races fortes sont des races prodigues. La " durée " par elle-même n’aurait aucune espèce de valeur, on préférerait que l’espèce eut une existence plus courte ; ce qui signifie que l’homme, considéré comme addition de forces, gagnerait ainsi une plus grande quantité de domination sur les choses, si cela se passait de telle ou telle façon... Nous nous trouvons devant un problème de l’économie....

Où il faut chercher les natures plus fortes. - La disparition et la dégénérescence des espèces solitaires est beaucoup plus grande et plus terrible : elles ont contre elles les instincts du troupeau, la tradition des valeurs ; leurs instruments de défense, leurs instincts protecteurs ne sont d’abord ni assez forts, ni assez sûrs ; il leur faut, pour prospérer, la faveur du hasard ( - ils prospèrent le plus souvent dans les éléments les plus bas et les plus délaissés, au point de vue social : si l’on cherche des personnalités c’est là qu’on les trouve, et avec beaucoup plus de certitude que dans les classes moyennes !)

Lorsque la lutte des conditions et des classes qui aboutit aux " droits égaux " est à peu près terminée, la guerre s’organise contre la personne solitaire. (En un certain sens, celle-ci peut le mieux se conserver et se développer dans une société démocratique, alors que les moyens de défense plus grossiers ne sont plus nécessaires et qu’une certaine habitude d’ordre, de probité, de justice, de confiance fait partie des conditions moyennes.)

Il faut que les plus forts soient attachés le plus solidement, il faut qu’ils soient surveillés et mis en chaîne : ainsi le veut l’instinct du troupeau. Il faut les soumettre à un régime de contrainte, de réclusion ascétique ou leur imposer le " devoir " dans un travail qui use et qui ne permet plus de revenir à soi-même....

L’idéal de la bête du troupeau. - Il culmine maintenant dans la plus haute évaluation de la " société ". Tentative pour prêter à celle-ci une valeur cosmique et même métaphysique. - Je défends contre elle l’aristocratisme.

Une société qui garde en elle ces égards et cette délicatesse, pour ce qui en est de la liberté, doit se considérer comme exception et avoir en face d’elle une puissance qui la fait ressortir, qu’elle combat et qu’elle regarde de haut.

Plus j’abandonne de mes droits, plus je me place en égal, plus je me mets sous la domination de la moyenne et enfin du plus grand nombre. Les conditions qu’une société aristocratique renferme en elle, pour obtenir parmi ses membres un degré supérieur de liberté, aboutissent à une tension extrême qui résulte de la présence d’instincts opposés chez tous ses membres : la volonté de domination...

Si vous voulez supprimer les contrastes violents et les différences de rang, vous supprimez aussi l’amour fort, le sentiment élevé, la notion du quant-à-soi.

La psychologie véritable de la société avec les principes de la liberté et de l’égalité. - Qu’est-ce qui diminue ? - La volonté d’être responsable, signe que l’autonomie diminue ; la capacité de porter les armes, aussi au point de vue intellectuel : la force de commander ; le sens du respect, de la subordination, la faculté de se taire ; la grande passion, la grande tâche, la tragédie, la sérénité...

Les dépravés et les licencieux : leur influence déprimante sur la valeur du désir. C’est la terrible barbarie des mœurs qui force, surtout au Moyen Âge, à une véritable " ligue de la vertu " - ainsi qu’à des exagérations tout aussi terribles au sujet de ce qui fait la valeur de l’homme. La "civilisation" en lutte (domestication) a besoin de toute espèce de fers et de tortures pour se maintenir contre le caractère terrible et la nature de fauve.

Ici une confusion serait toute naturelle, bien que d’une influence des plus néfastes. Ce que des hommes de puissance et de volonté peuvent exiger d’eux-mêmes donne aussi la mesure des droits qu’ils peuvent s’accorder. De pareilles natures sont l’opposé des natures vicieuses et intempérantes : bien que dans certaines circonstances elles fassent des choses, pour lesquelles un autre homme serait convaincu de vice et d’intempérance.

L’idée de " l’égalité des hommes devant Dieu " est ici très compromettante ; on défendit des actions et des convictions qui, par elles-mêmes, faisaient partie des prérogatives des hommes forts et bien conformés, comme si ces actions et ces convictions étaient indignes de l’homme. On jeta le décri sur toutes les tendances des hommes forts, en érigeant les préservatifs des plus faibles (faibles même à l’égard d’eux-mêmes) comme normes de la valeur.

La confusion va si loin que l’on stigmatise littéralement les grands virtuoses de la vie (dont l’empire sur soi-même est en opposition violente avec ce qui est vicieux et intempérant), en leur prêtant les noms les plus injurieux. Aujourd’hui encore on croit devoir désapprouver un César Borgia ; c’est tout au plus risible. l’Eglise a anathématisé des empereurs allemands à cause de leurs vices : comme si un moine ou un prêtre avait le droit de dire son avis sur ce qu’un Frédéric II peut exiger de lui-même. On envoie un Don Juan aux enfers : c’est vraiment très naïf. A-t-on remarqué que tous les hommes intéressants font défaut au ciel ? C’est un signe pour indiquer aux petites femmes où elles trouveront le mieux leur salut. Si l’on songe, avec un esprit quelque peu conséquent et, de plus, avec un jugement approfondi à ce que c’est qu’un " grand homme ", on acquiert la certitude que l’Eglise devra envoyer en enfer tous les grands hommes -, elle lutte contre toute " grandeur " de l’homme. »


« L’axe social de son système (s’il est permis d’offenser les écrits de Nietzsche par un terme aussi vulgaire, aux yeux de leur auteur, que celui de " système ") est la reconnaissance du privilège accordé à quelques " élus " de jouir librement de tous les biens de l’existence : ces heureux élus sont dispensés non seulement du travail productif mais aussi du " travail " de domination. " A vous de croire et de servir, (Dienstbarkeit) ! – telle est la destinée qu’offre Zarathoustra dans sa société idéale aux mortels ordinaires, dont le nombre est trop grand " (den Vielzuvielen). Au-dessus d’eux se tient la caste (sic) des ordonnateurs, des gardiens de la loi, des défenseurs de l’ordre, des guerriers. Au sommet se trouve le roi " en tant qu’image la plus élevée du guerrier, du juge et du gardien de la loi ". Comparés aux " surhommes ", tous ceux-là sont des auxiliaires de service : ils s’emploient aux " tâches grossières de la domination ", ils servent à transmettre à la masse des esclaves " les volontés des législateurs ". Enfin, la caste la plus élevée est celle des " maîtres ", des " créateurs de valeurs ", des " législateurs ", des " surhommes ". Elle inspire l’activité de tout l’organisme social. Elle jouera sur terre le même rôle que Dieu, d’après la foi chrétienne, dans l’univers...

Ainsi, même le " travail " de direction incombe non aux êtres supérieurs, mais seulement aux plus élevés parmi les inférieurs. En ce qui concerne les " élus ", les " surhommes ", libérés de toutes obligations sociales et morales, ils mènent une vie pleine d’aventures, de bonheur et de joie. »

(Ce qui précède est un extrait de "A propos de la philosophie du surhomme" de Trotsky).

Sa haine de toute conception historique

Son adoration d’une classe supérieure mythique

Le début d’un culte germaniste

La philosophie de l’égocentrisme

La philosophie du surhomme

Nietzsche, penseur du fascisme

Nietzsche écrit dans sa préface à "Ecce Homo" :

"Le désaccord entre la grandeur de ma tâche et la petitesse de mes contem­porains s’est manifesté par ceci que l’on ne m’a ni entendu ni même vu. Je vis sur le crédit que je me suis fait à moi-même."

Il est dirigé par un sentiment profond de ne pas être jugé à sa juste valeur et sa haine du monde en découle. Mais il n’a aucune révolte contre le mode d’oppression et d’exploitation.

Ne penser qu’à soi peut être érigé en théorie et devenir à la mode et cela va faire de cet écrivain un auteur à la mode. Ce n’en est pas moins exécrable humainement et sur le plan des idées.

"Critère pour le quotidien. - On se trompera rarement si l’on ramène les actions extrêmes à la vanité, les médiocres à la coutume et les petites à la peur."

Voilà ce qu’écrit Nietzsche dans "Humain, trop humain".

C’est la bassesse personnelle et la petitesse théorisées.

Quand on ne veut pas de la beauté des idées, on disserte sur la noirceur du monde...

Ensuite la crainte des autres :

"La pleine nature. - Si nous nous trouvons tellement à l’aise dans la pleine nature, c’est qu’elle n’a pas d’opinion sur nous."

On ne vit pas de ce que les autres pensent quand on croit à la pensée. Elle est trop grande pour se ramener à soi.
Nietzsche affirme dans "Généalogie de la morale" :

"Ce n’est pas des plus forts que vient pour les forts
la calamité, mais au contraire des plus faibles."

"Cette tendance d’aller à sa perte se présente comme la volonté de se perdre, comme le choix instinctif de ce qui détruit nécessairement. Le symptôme de cette auto-destruction des déshérités c’est l’auto-vivisection, l’empoisonnement, l’enivrement, le romantisme, avant tout la contrainte instinctive à des actes, par quoi l’on fait des puissants ses ennemis mortels ( — se dressant pour ainsi dire ses propres bourreaux), la volonté de destruction comme volonté d’un instinct plus profond encore, l’instinct de l’auto-destruction, la volonté du néant."

Nietzsche se positionne sur la révolution française :

"Nous nous sommes révoltés contre la révolution"

Quelques autres citations de Nietzsche le montrent très clair sur sa position par rapport à l’oppression :

"Vivre, c’est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l’étranger, l’opprimer, lui imposer durement ses formes propres, l’assimiler, ou tout au moins l’exploiter. "

"L’esclavage est la condition de toute civilisation supérieure, de tout progrès en civilisation. "

"Vous vous empressez auprès du prochain et vous exprimez cela par de belles paroles. Mais je vous le dis : votre amour du prochain, c’est votre mauvais amour de vous-mêmes. Vous ne savez pas vous supporter vous-mêmes et vous ne vous aimez pas assez : c’est pourquoi vous voudriez séduire votre prochain par votre amour et vous dorer de son erreur. Vous invitez un témoin quand vous voulez dire du bien de vous-mêmes ; et quand vous l’avez induit à bien penser de vous, c’est vous qui pensez bien de vous. L’un va chez le prochain parce qu’il se cherche, l’autre parce qu’il voudrait s’oublier. Votre mauvais amour de vous-mêmes fait de votre solitude une prison."

"Je vois beaucoup de soldats : puissé-je voir beaucoup de guerriers ! (...) Je vous dis : c’est la bonne guerre qui sanctifie toute cause. La guerre et le courage ont fait plus de grandes choses que l’amour du prochain. Ce n’est pas votre pitié, mais votre bravoure qui sauva jusqu’à présent les victimes."

dans "Ainsi parlait Zarathoustra" (1ere partie)

Prenons un exemple de la "grandeur" de la bêtise de Nietzsche, un extrait de son pamphlet contre Socrate dans "Le crépuscule des dieux" :

"Socrate appartenait, de par son origine, au plus bas peuple : Socrate était de la populace. On sait, on voit même encore combien il était laid. Mais la laideur, objection en soi, est presque une réfutation chez les Grecs. En fin de compte, Socrate était-il un Grec ? La laideur est assez souvent l’expression d’une évolution croisée, entravée par le croisement. Autrement elle apparaît comme le signe d’une évolution descendante. Les anthropologistes qui s’occupent de criminologie nous disent que le criminel type est laid : monstrum in fronte, monstrum in animo. Mais le criminel est un décadent. Socrate était-il un criminel type ? — Du moins cela ne serait pas contredit par ce fameux jugement physionomique qui choquait tous les amis de Socrate. En passant par Athènes, un étranger qui se connaissait en physionomie dit, en pleine figure, à Socrate qu’il était un monstre, qu’il cachait en lui tous les mauvais vices et désirs. Et Socrate répondit simplement : « Vous me connaissez, monsieur ! »

"Les dérèglements qu’il avoue et l’anarchie dans les instincts ne sont pas les seuls indices de la décadence * chez Socrate : c’en est un indice aussi que la superfétation du logique et cette méchanceté de rachitique qui le distingue. N’oublions pas non plus ces hallucinations de l’ouïe qui, sous le nom de « démon de Socrate ", ont reçu une interprétation religieuse. Tout en lui est exagéré, bouffon, caricatural ; tout est, ici en même temps, plein de cachettes, d’arrière-pensées, de souterrains. - Je tâche de comprendre de quelle idiosyncrasie a pu naître cette équation socratique raison - vertu - bonheur : cette équation la plus bizarre qu’il y ait, et qui a contre elle, en particulier tous les instincts des anciens Hellènes."

"Avec Socrate, le goût grec s’altère en faveur de la dialectique : que se passe-t-il exactement ? Avant tout c’est un goût distingué qui est vaincu ; avec la dialectique le peuple arrive à avoir le dessus. Avant Socrate, on écartait dans la bonne société les manières dialectiques : on les tenait pour de mauvaises manières, elles étaient compromettantes. On en détournait la jeunesse. Aussi se méfiait-on de tous ceux qui présentent leurs raisons de telle manière. Les choses honnêtes comme les honnêtes gens ne servent pas ainsi leurs principes avec les mains. Il est d’ailleurs indécent de se servir de ses cinq doigts. Ce qui a besoin d’être démontré pour être cru ne vaut pas grand-chose. Partout où l’autorité est encore de bon ton, partout où l’on ne « raisonne » pas, mais où l’on commande, le dialecticien est une sorte de polichinelle : on se rit de lui, on ne le prend pas au sérieux. — Socrate fut le polichinelle qui se fit prendre au sérieux : qu’arriva-t-il là au juste ? —"

etc, etc, etc.....

Faut-il en lire autant pour se persuader que Nietzsche est un personnage décadent, très symbolique d’une Europe noire qui va vers le fascisme. Certes, des gens louent son a-moralisme mais ils l’interprètent comme du courage face à la morale officielle alors que c’est juste le culte du petit-bourgeois arrivé au stade d’un certain Adolf....

Toujours de Nietzsche :

"L’idéal aristocratique

Type. - La vraie bonté, la noblesse, la grandeur d’âme qui jaillissent de l’abondance : qui ne donnent point pour prendre, - qui ne veulent point se relever par le bien qu’elles font ; - la prodigalité comme type de la vraie bonté, la richesse de personnalité comme condition première.

La purification du goût ne peut être que la conséquence d’un renforcement du type. Notre société d’aujourd’hui ne fait que représenter la culture ; l’homme cultivé fait défaut. Il nous manque le grand homme synthétique, chez qui les forces dissemblables sont assujetties sous un même joug, afin de viser à un but unique. Ce que nous possédons, c’est l’homme multiple, le chaos le plus intéressant qu’il y ait peut-être jamais eu ; mais ce n’est point là le chaos qui précède la création du monde, c’est le chaos qui suit : l’homme faible et multiple. - Goethe est la plus belle expression de ce type - (il n’est nullement un Olympien !).

Je voudrais que l’on commençât par s’estimer soi-même : tout le reste découle de là."

Nietzsche disait : « La démence est rare chez les individus, elle est la règle en revanche dans un groupe, un parti, un peuple, une équipe ».

Encore une perle du collier de Nietzsche :

"L’injustice ne se trouve jamais dans les droits inégaux, elle se trouve dans la prétention à des droits égaux."

Ce chantre de l’inégalité, du surhomme, de la supériorité, de la noblesse, de l’exploitation quand ce n’est pas du racisme, de l’esclavagisme a curieusement droit de cité chez les philosophes.

C’est de la noblesse de toilettes !

« L’homme supérieur au plus haut degré serait celui qui aurait la plus grande diversité d’instincts et avec la force la plus grande qu’il pourrait encore supporter. »

(Fragments posthumes de Nietzsche)

« Il y a chez l’homme comme dans les autres espèces animales, une surabondance de ratés, de malades, de dégénérés, d’infirmes nécessairement souffrants ; les cas réussis sont chez l’homme aussi toujours l’exception. »

Nietzsche (Par delà le bien et le mal)

"Peu de gens sont faits pour l’indépendance, c’est le privilège des puissants."

Messages

  • Il est intellectuellement malhonnête de faire une critique de la pensée de Nitzsche à partir de longues citations d’un ouvrage inachevé (La Volonté de Puissance) dont ni le titre et ni l’organisation du contenu ne sont de l’auteur, mais qui fut manipulé par sa sœur.

    Dire "Nietzsche, penseur du fascisme" est aussi inepte que de dire "Marx, penseur du fascisme" parce qu’il est longuement et admirativement cité par Goebbels dans son Journal.

    • Ce que tu dis suppose que le fascisme soit né dans cette région du monde seulement avec l’avènement d’Hitler. Mais ce n’est nullement le cas. Le développement du fascisme date d’avant la guerre de 1914 en Autriche-Hongrie par exemple et cela a une grande influence en Allemagne. En 1888, K. Lueger transforma un club politique de chrétiens antilibéraux en parti de masse fasciste, "travaillant" les victimes de la crise économique par ses discours antisémites. Lueger, grâce à cette diffusion parmi les masses réussit à devenir bourgmestre de Vienne (1897). Cela se fait aussi sur la base d’un refus nationaliste (pangermaniste) d’être coupé de l’Allemagne.
      C’est le fascisme autrichien qui a d’ailleurs influencé Hitler.
      Ensuite, reste la signification que l’on donne au fascisme. Pour moi, il s’agit de l’esprit violent exacerbé du petit bourgeois qui « a la haine », qui est aigri parce que la société bourgeoise ne lui donne pas la place qu’il estimait devoir accéder de droit et qui en veut au monde entier au point de se jeter dans les bras des idéologies les plus élitistes et théorisant la « supériorité des meilleurs ».

      Dire Nietzsche fasciste ce n’est pas le dire nazi. Ce qui serait un renversement du cours de l’histoire.

      Par contre, il est exact que le fait que les œuvres de Nietzche aient été récupérées par les fascistes allemands ou italiens n’est pas en soi une preuve d’idéologie fasciste. Les œuvres de Marx ont bien été récupérées par les staliniens !
      Mais l’idéologie du moi, du héros, de la supériorité d’une élite, culte d’une humanité supérieure, haine de la démocratie, haine de la gauche, haine des opprimés, haine du prolétariat, tout cela est bel et bien une idéologie fasciste. Certes, on trouve des citations allant dans tous les sens mais ce n’est pas une preuve car chez tous les démagogues fascistes, c’est le cas. Mais il est vrai que l’hitlérisme n’a absolument pas eu besoin de cela pour exister idéologiquement.

      Il y a aussi des malins à gauche qui voudraient récupérer Nietzsche. Mais il convient de ne pas oublier que ce dernier est intervenu en politique, dénonçant « les têtes plates du socialisme » comme « les chiens anarchistes »…

      Bataille soutient que "fascisme et nietzschéisme s’excluent, s’excluent même avec violence". Il confond fascisme et nazisme (qui n’en est que l’une des formes)… Par exemple, le fascisme italien n’était nullement antisémite (au contraire !).

      Concluons sur une citation de Nietzsche : « Périssent les faibles et les ratés ! Et il faut même les y aider ! »

      Ou encore : « Il y a chez l’homme comme dans les autres espèces animales, une surabondance de ratés, de malades, de dégénérés, d’infirmes nécessairement souffrants ; les cas réussis sont chez l’homme aussi toujours l’exception. »

      Nietzsche sur la révolution française :
      "Nous nous sommes révoltés contre la révolution"
      Ou encore : « Je vous dis : c’est la bonne guerre qui sanctifie toute cause. »

      On peut lire :

      « Vivre, c’est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l’étranger, l’opprimer, lui imposer durement ses formes propres, l’assimiler, ou tout au moins l’exploiter. »
      ou encore
      « L’esclavage est la condition de toute civilisation supérieure, de tout progrès en civilisation. »

    • Le mot fascisme (fascismo) est apparu en 1921 quand le mouvement politique, crée en 1919 par Benito Mussolini, devint un parti politique. Il est donc abusif de l’appliquer rétrospectivement à Karl Lueger ou à d’autres.

      Amalgamer fascisme, nazisme (national-socialisme), franquisme revient à créer un concept anhistorique conforme au zoroastrisme (fondé par Zarathoustra), doctrine reposant sur le combat éternel entre le Bien et le Mal. Ainsi, le Mal s’appellerait Fascisme et le Bien Communisme. Dialectique un peu courte qui, ignorant que le savoir est une construction sociale, crédibilise la doxa religieuse.

      La critique de Nietzsche et de son œuvre, publiée de son vivant entre 1858 et 1888 (trop souvent mal traduite) à laquelle on peut légitimement ajouter la Correspondance, nécessite une analyse qui tienne compte de sa démarche située à contre-courant des idéologies de l’époque (lire par exemple les Considérations Inactuelles) et non sur La volonté de puissance, un recueil établi et falsifié par sa sœur au service des nazis.

      L’antisémitisme est étranger au fascisme et pas propre au nazisme. La chasse aux Juifs était monnaie courante en Europe de l’Est (de l’Allemagne à la Russie) au XIXe siècle.

    • Le mot fascisme oui mais sa réalité ?

      Comme je te l’ai fait remarquer, dans les années 1880, le fascisme est très en vogue en Europe, avec des sommets en Autriche, en Hongrie qui atteignent aussi l’Allemagne et la France.

      On n’a pas besoin d’attribuer rétrospectivement le terme de fascisme à Karl Lueger car quiconque décrit le fascisme pour ce qu’il signifie en termes de classe reconnait dans Lueger un fasciste.

    • Je te rappelle que je cite toute son oeuvre et pas un seul ouvrage et sa soeur n’est pour rien dans le reste de l’oeuvre...

    • Tu veux qu’on cite Considérations inactuelles, soit !

      Bien qu’il méprisât particulièrement les idées de Schopenhauer sur la compassion - en qui il vit de plus en plus une incarnation majeure de ce qu’il appelle le "nihilisme passif" - Nietzsche affirmait que Schopenhauer était l’un des rares penseurs qu’il respectait, et il lui consacra son essai "Schopenhauer als Erzieher" (Schopenhauer éducateur, 1874), une de ses quatre Considérations inactuelles.

      Voici un extrait de la conclusion :

      « "Car, écrit Schopenhauer, je me trouve du moins en présence d’un style fixé selon des règles, avec une grammaire et une orthographe déterminées et sévèrement observées et je puis entièrement m’abandonner au sujet. Tandis qu’en lisant de l’allemand je suis gêné à tout moment par la suffisance de l’auteur qui veut imposer ses lubies grammaticales et orthographiques et ses inventions grossières. Alors je suis écœuré par cette folie qui s’étale de si impertinente façon. C’est proprement une souffrance de voir maltraiter par des ignorants et des ânes une langue qui possède de belles œuvres classiques et anciennes. "... celui qui a péché contre la langue allemande a profané le mystère de tout notre germanisme. Seul la langue allemande, à travers tous les mélanges et les changements de nationalités et de mœurs, par une espèce de sortilège métaphysique, s’est sauvée elle-même et, de la sorte, elle a sauvé l’esprit allemand. Elle seule garantit aussi cet esprit pour l’avenir, au cas où elle ne serait pas détruite sous l’étreinte scélérate du présent. »

      Schopenhauer, que Nietzsche adule particulièrement, est très nettement un petit bourgeois réactionnaire qui méprise la période prérévolutionnaire d’avant 1848, le Vormärz ; d’autre part, en tant que demi bohémien, il est un ennemi de la mentalité bourgeoise étriquée (le Spiessertum), qui se manifeste surtout dans l’institution du mariage, cible de sarcasmes perpétuels pour ce misogyne grognon et animé par ses pulsions. Pour s’assurer un certain équilibre émotionnel, notre célibataire endurci s’est flanqué pendant toute sa vie d’un compagnon canin, un caniche : dès que l’un de ces animaux favoris mourrait, il s’en procurait un nouveau qu’il baptisait invariablement « Atman », comme tous ses prédécesseurs. Ce nom signifiait en sanskrit “souffle de vie” ou “âme individuelle”, car, croyait-il, il y avait, actif, dans chaque caniche un seul et même principe de vie, le Pudels Kern, le « noyau du caniche ».

    • C’est un raisonnement tautologique !

      Le prolétariat, invoqué ici comme le Saint Sacrement, fut combattu au cours du XXe siècle par la droite et l’extrême droite, mais plus décisivement trahi par les socialistes en 1914 et par le communistes à partir de 1921 - tous des fascistes selon votre définition.

      Trotsky n’a pas changé le cours de l’histoire car il n’a pas lutté de front, en URSS, contre la bureaucratie stalinienne, mais au contraire il a entretenu le mythe que le parti avait toujours raison… y compris contre le prolétariat. Et il est mort assassiné à Coyoacán aussi, mais pas seulement, parce qu’il entretenait une liaison avec Frida Kahlo.

      Pour l’anecdote, je ne défends pas la philosophie de Nietzsche, mais je récuse une approche critique partielle et partiale car fondée sur des postulats tautologiques.

    • Cher ami et camarade,
      certes ceux qui ont permis la victoire du fascisme sont les réformistes et staliniens, cela ne dresse pas un signe égal entre des mouvements socialement et politiquement différents.
      Cela ne blanchit pas non plus Nietzsche qui ne rejette de la société bourgeoise que sa morale démocratique qui nuit à son élitisme exacerbé.

      Il ne rejette pas par contre le luxe, le profit, la violence, l’armée, la répression, l’ordre, l’esclavage et j’en passe...

      Ce n’est pas une critique partiale que... de le citer j’espère.

      Et cela me semble suffisant pour se faire une bonne idée du mouvement qui menait la petite bourgeoisie.

      Je comprend également très bien que ce genre d’auteur revienne à la mode puisqu’il cultive l’individualisme exacerbé couplé à la haine des masses, prolétariennes ou pas, au mépris des peuples et au culte des êtres supérieurs.

      Si tout cela n’a pas pour toi une odeur bien spécifique dans une période de crise de la domination capitaliste, pour moi, je reconnais quelque chose de déjà vu...

      Un philosophe qui nie l’histoire sera rattrapé par l’histoire !

    • Nietzsche disait aussi : je n’ai écrit que pour les miens...

      Quand on prétend se faire le critique d’un philosophe tel que Nietzsche, il faut un tant soi peu savoir de quoi il parle... vous placez Nietzche dans son rapport à l’homme, alors que Nietzsche est un existentialiste et qu’il analyse non pas l’homme face à l’homme, mais l’homme face à la vie... Pffffff je n’ai jamais lu un blog aussi affligeant !!!

    • Les siens, en tout cas, ce n’était pas les opprimés, pas les exploités, pas les prolétaires, pas les Noirs, pas les esclaves, c’étaient les maîtres !!!

  • Et désolé encore une fois, Serge, si comme bien des lecteurs, tu as cru voir en Nietzsche un défenseur de ta lutte pour être un individu libéré des chaînes idéologiques du passé...

    Nietzsche ne libère personne de rien du tout : il ne fait que fantasmer qu’il est un héros...

    • Tu n’as pas à être désolé car je ne défends pas la philosophie de Nietzsche et je ne crois pas aux fantasmes que tu me prêtes, mais je récuse une critique partielle et partiale car fondée sur des postulats tautologiques et des citations non référencées.

      Je n’ai rien écrit sur Nietzsche même si je l’ai cité une seule fois. Tu as pris le risque de citer Nietzsche et souvent à contresens pour que tes citations collent avec tes a-priori. Ainsi "penseur du fascisme" et "précurseur de l’esthétique fasciste" ne signifient la même chose !

    • Tu parles de citations non référencées mais l’article lui-même est plein d’attachés de plusieurs textes de Nietzsche lui-même et presque sans commentaire !!!

      Et je cite des tas de textes que tu peux parfaitement retrouver sur internet.

      Tous ses écrits en fait !

      La soeur a bon dos !

  • Je te ferai, Serge, remarquer que les extraits de "La volonté de puissance" ne vont nullement à l’encontre des extraits que l’on trouve dans d’autres oeuvres. Sa soeur ne suffit pas à transformer Nietzsche en autre chose qu’un petit bourgeois violemment aigri, violemment nationaliste, violemment hostile au prolétariat, violemment hostile à la démocratie et j’en passe...

  • Citation :

    « quand les maîtres déterminent la notion du « bien », ce sont les sentiments de fierté et de supériorité qui sont ressentis comme distinctifs et qui fondent la hiérarchie. (…) L’humanité aristocratique sent qu’elle détermine les valeurs, elle n’a pas besoin d’approbation, elle juge que ce qui lui nuit est nuisible en soi, elle sait que c’est elle qui confère de la dignité aux choses, elle est créatrice de valeurs. Elle honore tout ce qu’elle trouve en soi : une telle morale est une glorification de soi. Elle met au premier plan le sentiment de la plénitude, de la puissance qui veut déborder, le bonheur de connaître une forte tension, la conscience d’une richesse qui voudrait donner et prodiguer : l’aristocrate secourt lui aussi le malheureux, non pas ou presque pas par compassion, mais par l’effet d’un besoin qui naît de la surabondance de sa force. (…) Les êtres aristocratiques et courageux qui pensent de la sorte sont très éloignés de la morale qui voit dans la compassion ou dans l’altruisme ou dans le désintéressement le signe distinctif du sentiment moral. (…) Supposons que les êtres brimés, opprimés, souffrants, dépendants, incertains d’eux-mêmes et fatigués se mettent à proposer une morale : quel sera le caractère commun de leurs appréciations morales ? Ils exprimeront probablement une défiance pleine de pessimisme à l’endroit de la condition humaine, peut-être condamneront-ils l’homme et la condition humaine tout ensemble. Le regard de l’esclave est défavorable aux vertus du puissant (…). »

  • Nietzsche n’a pas seulement dit : dieu est mort, la morale est morte, mais la démocratie est mortifère, le peuple est mortifère, les opprimés sont mortifères, les pauvres sont des tarés, des nuls, des aigris, des sources de mort morale. Cela ne mérite pas les éloges.

  • " A vous de croire et de servir, (Dienstbarkeit) ! – telle est la destinée qu’offre Zarathoustra dans sa société idéale aux mortels ordinaires, dont le nombre est trop grand " (den Vielzuvielen). Au-dessus d’eux se tient la caste (sic) des ordonnateurs, des gardiens de la loi, des défenseurs de l’ordre, des guerriers. Au sommet se trouve le roi " en tant qu’image la plus élevée du guerrier, du juge et du gardien de la loi ". Comparés aux " surhommes ", tous ceux-là sont des auxiliaires de service : ils s’emploient aux " tâches grossières de la domination ", ils servent à transmettre à la masse des esclaves " les volontés des législateurs ". Enfin, la caste la plus élevée est celle des " maîtres ", des " créateurs de valeurs ", des " législateurs ", des " surhommes ". Elle inspire l’activité de tout l’organisme social. Elle jouera sur terre le même rôle que Dieu, d’après la foi chrétienne, dans l’univers...

    Ainsi, même le " travail " de direction incombe non aux êtres supérieurs, mais seulement aux plus élevés parmi les inférieurs. En ce qui concerne les " élus ", les " surhommes ", libérés de toutes obligations sociales et morales, ils mènent une vie pleine d’aventures, de bonheur et de joie. " Du moment que je vis, dit Nietzsche, je veux que la vie déborde, qu’elle soit en moi et hors de moi aussi prodigue, aussi luxuriante qu’il est possible. "

  • Nietzsche contre la révolution française

    « C’est un ensemble de traits quasi déments, histrioniques, bestialement cruels, voluptueux, et surtout d’une sentimentalité toujours prête à se griser d’elle-même, qui constituent le fonds proprement révolutionnaire et qui, avant la Révolution, s’étaient incarnés dans la personne et le génie de Rousseau : or, l’être qu’ils définissent trouva encore, avec un enthousiasme perfide, à poser la philosophie des Lumières sur sa tête fanatique ; et celle-ci se mit à resplendir comme transfigurée par ce nimbe, ces mêmes Lumières qui lui étaient étrangères au fond et qui, agissant d’elles-mêmes, auraient comme un brillant rayon tranquillement traversé les nuées, longtemps satisfaites de réformer les individus seulement, en sorte qu’elles auraient aussi réformé, quoique très lentement, les mœurs et les institutions des peuples. Mais dès lors, lié à un phénomène violent et brutal, la philosophie des Lumières se fit elle-même violente et brutale. Le danger qu’elle représente en est devenu presque plus grand que l’élément utile d’émancipation et d’éclaircissement qu’elle a introduit dans le vaste mouvement révolutionnaire. Qui comprendra cela saura aussi de quelle confusion il s’agit de la tirer et de quelle salissure la purifier, afin de continuer ensuite l’œuvre des Lumières, pour elle-même, et d’étouffer en germe la Révolution, après coup, de faire qu’elle n’ait pas été. »

    Le Voyageur et son ombre (1880), § 221 : « Le côté dangereux de la philosophie des Lumières. »

  • Par-delà bien et mal (1886), II « L’esprit libre », § 38 : « Comme il en advint encore récemment, en plein siècle des Lumières, de la Révolution française, cette farce sinistre et superflue si on la regarde de près, mais que les nobles et enthousiastes spectateurs de l’Europe entière, qui la suivirent si longuement et si passionnément de loin, interprétèrent au gré de leurs indignations ou de leurs enthousiasmes jusqu’à ce que le texte disparût sous l’interprétation, de même il se pourrait qu’une noble postérité travestît encore une fois le sens de tout le passé et par là en rendit peut-être la vue supportable. – Ou plutôt, n’est-ce pas déjà chose faite ? Ne fûmes-nous pas nous-mêmes cette « noble postérité » ? Et ce passé, dans la mesure où nous sommes conscients d’un tel phénomène, n’est-il pas du même coup aboli ? »
    III « Le phénomène religieux », § 46 : « La philosophie « éclairée » indigne : l’esclave veut de l’absolu, il ne comprend que ce qui est tyrannique, en morale comme ailleurs, il aime comme il hait, profondément, jusqu’à la douleur, jusqu’à la maladie ; ses souffrances nombreuses et cachées se révoltent contre le goût aristocratique qui semble nier la souffrance. Le scepticisme à l’égard de la souffrance, simple attitude, au fond, de la morale aristocratique, n’a pas peu contribué à susciter la dernière grande révolte d’esclaves qui a commencé avec la Révolution française. »
    V « Contribution à l’histoire naturelle de la morale », § 191 : « Descartes, le père du rationalisme (et par conséquent le grand-père de la Révolution)

    VII « Nos vertus », § 239 : « Depuis la Révolution française l’influence de la femme a diminué en Europe à mesure qu’elle obtenait plus de droits et formulait plus de prétentions : et « l’émancipation de la femme », pour autant qu’elle est le vœu et l’œuvre des femmes elles-mêmes (et non pas seulement des imbéciles de l’autre sexe), se révèle comme un des symptômes les plus remarquables du graduel affaiblissement, du dépérissement des instincts les plus essentiellement féminins. » [Seit der französischen Revolution ist in Europa der Einfluss des Weibes in dem Maasse geringer geworden, als es an Rechten und Ansprüchen zugenommen hat ; und die „Emancipation des Weibes“, insofern sie von den Frauen selbst (und nicht nur von männlichen Flachköpfen) verlangt und gefördert wird, ergiebt sich dergestalt als ein merkwürdiges Symptom von der zunehmenden Schwächung und Abstumpfung der allerweiblichsten Instinkte.]

    IX, « Qu’est-ce qui est aristocratique ? », § 258 : Quand une aristocratie, comme celle de la France au début de la Révolution, rejette ses privilèges dans un geste de dégout sublime et tombe victime des visées extravagantes de son sens moral, on doit parler de corruption : ce geste ne fut au fond que le dernier acte d’une corruption séculaire, qui l’avait amenée à se démettre graduellement de ses prérogatives seigneuriales pour se contenter d’être une fonction de la monarchie (elle ne fut plus, à la fin, que sa parure). [Wenn zum Beispiel eine Aristokratie, wie die Frankreichs am Anfange der Revolution, mit einem sublimen Ekel ihre Privilegien wegwirft und sich selbst einer Ausschweifung ihres moralischen Gefühls zum Opfer bringt, so ist dies Corruption].

  • La Généalogie de la morale (1887), I § 16 :

    "Dans un sens plus décisif, plus radical encore, la Judée triomphe une fois de plus de l’idéal classique avec la Révolution française : la dernière noblesse politique de l’Europe, celle du XVIIe et du XVIIIe siècle français, s’écroule sous la poussée des instincts populaires du ressentiment – jamais sur Terre on n’avait connu allégresse plus grande, enthousiasme plus tapageur. Au milieu de ce vacarme se produisit la chose la plus inattendue, la plus énorme : avec une magnificence jusqu’alors inconnue, l’idéal antique lui-même se présenta en chair et en os au regard et à la conscience de l’humanité,
    – et de nouveau, mais plus fortement, plus simplement, de façon plus insistante que jamais, face au vieux mot d’ordre mensonger du ressentiment publiant le privilège de la majorité, face à la volonté de bassesse, d’humiliation et de nivellement de déclin de l’homme, retentit le mot d’ordre contraire, effrayant et enchanteur, du privilège de la minorité."

  • Quelques autres citations de Nietzsche le montrent très clair sur sa position par rapport à l’oppression :

    "Vivre, c’est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l’étranger, l’opprimer, lui imposer durement ses formes propres, l’assimiler, ou tout au moins l’exploiter. "

    "L’esclavage est la condition de toute civilisation supérieure, de tout progrès en civilisation. "

    "Vous vous empressez auprès du prochain et vous exprimez cela par de belles paroles. Mais je vous le dis : votre amour du prochain, c’est votre mauvais amour de vous-mêmes. Vous ne savez pas vous supporter vous-mêmes et vous ne vous aimez pas assez : c’est pourquoi vous voudriez séduire votre prochain par votre amour et vous dorer de son erreur. Vous invitez un témoin quand vous voulez dire du bien de vous-mêmes ; et quand vous l’avez induit à bien penser de vous, c’est vous qui pensez bien de vous. L’un va chez le prochain parce qu’il se cherche, l’autre parce qu’il voudrait s’oublier. Votre mauvais amour de vous-mêmes fait de votre solitude une prison."

    "Je vois beaucoup de soldats : puissé-je voir beaucoup de guerriers ! (...) Je vous dis : c’est la bonne guerre qui sanctifie toute cause. La guerre et le courage ont fait plus de grandes choses que l’amour du prochain. Ce n’est pas votre pitié, mais votre bravoure qui sauva jusqu’à présent les victimes."

    dans "Ainsi parlait Zarathoustra" (1ere partie)

    Prenons un exemple de la "grandeur" de la bêtise de Nietzsche, un extrait de son pamphlet contre Socrate dans "Le crépuscule des dieux" :

    "Socrate appartenait, de par son origine, au plus bas peuple : Socrate était de la populace. On sait, on voit même encore combien il était laid. Mais la laideur, objection en soi, est presque une réfutation chez les Grecs. En fin de compte, Socrate était-il un Grec ? La laideur est assez souvent l’expression d’une évolution croisée, entravée par le croisement. Autrement elle apparaît comme le signe d’une évolution descendante. Les anthropologistes qui s’occupent de criminologie nous disent que le criminel type est laid : monstrum in fronte, monstrum in animo. Mais le criminel est un décadent. Socrate était-il un criminel type ? — Du moins cela ne serait pas contredit par ce fameux jugement physionomique qui choquait tous les amis de Socrate. En passant par Athènes, un étranger qui se connaissait en physionomie dit, en pleine figure, à Socrate qu’il était un monstre, qu’il cachait en lui tous les mauvais vices et désirs. Et Socrate répondit simplement : « Vous me connaissez, monsieur ! »

    "Les dérèglements qu’il avoue et l’anarchie dans les instincts ne sont pas les seuls indices de la décadence * chez Socrate : c’en est un indice aussi que la superfétation du logique et cette méchanceté de rachitique qui le distingue. N’oublions pas non plus ces hallucinations de l’ouïe qui, sous le nom de « démon de Socrate ", ont reçu une interprétation religieuse. Tout en lui est exagéré, bouffon, caricatural ; tout est, ici en même temps, plein de cachettes, d’arrière-pensées, de souterrains. - Je tâche de comprendre de quelle idiosyncrasie a pu naître cette équation socratique raison - vertu - bonheur : cette équation la plus bizarre qu’il y ait, et qui a contre elle, en particulier tous les instincts des anciens Hellènes."

    "Avec Socrate, le goût grec s’altère en faveur de la dialectique : que se passe-t-il exactement ? Avant tout c’est un goût distingué qui est vaincu ; avec la dialectique le peuple arrive à avoir le dessus. Avant Socrate, on écartait dans la bonne société les manières dialectiques : on les tenait pour de mauvaises manières, elles étaient compromettantes. On en détournait la jeunesse. Aussi se méfiait-on de tous ceux qui présentent leurs raisons de telle manière. Les choses honnêtes comme les honnêtes gens ne servent pas ainsi leurs principes avec les mains. Il est d’ailleurs indécent de se servir de ses cinq doigts. Ce qui a besoin d’être démontré pour être cru ne vaut pas grand-chose. Partout où l’autorité est encore de bon ton, partout où l’on ne « raisonne » pas, mais où l’on commande, le dialecticien est une sorte de polichinelle : on se rit de lui, on ne le prend pas au sérieux. — Socrate fut le polichinelle qui se fit prendre au sérieux : qu’arriva-t-il là au juste ? —"

    etc, etc, etc.....

  • Nietzsche disait : « La démence est rare chez les individus, elle est la règle en revanche dans un groupe, un parti, un peuple, une équipe ».

    Encore une perle du collier de Nietzsche :

    "L’injustice ne se trouve jamais dans les droits inégaux, elle se trouve dans la prétention à des droits égaux."

    Ce chantre de l’inégalité, du surhomme, de la supériorité, de la noblesse, de l’exploitation quand ce n’est pas du racisme, de l’esclavagisme a curieusement droit de cité chez les philosophes.

    C’est de la noblesse de toilettes !

    « L’homme supérieur au plus haut degré serait celui qui aurait la plus grande diversité d’instincts et avec la force la plus grande qu’il pourrait encore supporter. »

    (Fragments posthumes de Nietzsche)

    « Il y a chez l’homme comme dans les autres espèces animales, une surabondance de ratés, de malades, de dégénérés, d’infirmes nécessairement souffrants ; les cas réussis sont chez l’homme aussi toujours l’exception. »

    Nietzsche (Par delà le bien et le mal)

    "Peu de gens sont faits pour l’indépendance, c’est le privilège des puissants."

  • L’idôlatrie nietzschéenne se loge là où on ne la soupçonne plus. Nouveau conformisme mais aussi, allez soyons clairs, allié de la réaction, promoteur de la pensée bourgeoise et nid douillet de notre époque pré-fasciste "le nietzschéisme de gauche" se décline dans la doxa manageriale aussi bien que chez les intellectuels cathodiques à la Onfray. Mais il est tellement séduisant pour les ados, ce Nietzsche qui enterre Dieu, la Raison, la morale, autrement dit Papa et Maman, pour nous livrer à une émancipation assez proche du nombril de chacun et de la position d’un maître incapable de s’assumer en tant que tel. Car il faut bien lire Nietzsche et tout Nietzsche. Il aura fait le bonheur des nazis avant guerre, jusque là pas de problème, la filiation est logique. Et puis depuis Camus et Bataille, une longue cohorte de suiveurs classés à gauche joueront Nietzsche contre Marx suivant le conseil de Drieu La Rochelle : "En tout cas, les succès certains remportés par l’antimarxisme dans les derniers lustres en Europe centrale et sans doute secrètement en Russie nous engagent à proposer cette formule : Nietzsche contre Marx, Nietzsche succédant à Marx, Nietzsche véritable prophète et véritable inspirateur des révolutions d’après-guerre".

  • « s’il devait s’avérer que les Grecs ont péri à cause de l’esclavage, il est bien plus certain que c’est du manque d’esclavage que nous périrons ».

    Nietzsche, « L’Etat Grec », de 1872

    Ben voyons ! Quel beau philosophe que voilà ! Quel chantre de la liberté !!!!

  • Nietzsche est un personnage décadent, très symbolique d’une Europe noire qui va vers le fascisme.

  • Serge, tu écris que Nietzsche est « à contre-courant des idéologies de l’époque » sauf que dans ces idéologies de l’époque tu dois citer le mouvement démocratique lié à la révolution française, la social-démocratie, le mouvement prolétarien, toutes les révolutions sociales, la lutte contre l’esclavagisme et j’en passe...

    • Je précise que Nietzsche fut à contre-courant des idéologies dominantes de l’époque. Précision utile pour ne pas interpréter "idéologies de l’époque" comme une synecdoque.

    • Tu écris : "Je précise que Nietzsche fut à contre-courant des idéologies dominantes de l’époque."

      Malheureusement, il faut entendre par idéologies de l’époque :

       la révolution française

       la chute de la noblesse

       la fin des mythologies nationales

       la montée des masses prolétariennes et du mouvement socialiste et syndical

       les aspirations démocratiques des masses

       la haine de l’esclavage

      et j’en passe des meilleures...

    • Non, l’idéologie dominante de l’époque était le nationalisme prônée par la droite et l’extrême droite que les socialiste avaient combattu en paroles, mais auquel ils se rallieront en 1914 via l’Union sacrée.

  • Nietzsche se révèle comme le plus "brillant" représentant intellectuel d’un mouvement élitiste qui traverse toute l’Europe à l’époque et qui se sait uni dans la lutte contre la Révolution française, le libéralisme, le socialisme, la démocratie, les droits humains, toute révolution sociale, toute expression des exploités, etc...

  • Encore heureux qu’on n’apprécie pas la philosophie de Nietzsche car il est hostile à toute philosophie, la conception de l’histoire de Nietzsche puisqu’il est hostile à toute conception historique, la morale de Nietzsche puisqu’il est contre la morale, la conception sociale de Nietzsche puisqu’il déteste toute vie collective et sociale, les psychoses de Nietzsche puisqu’il cultive l’égocentrisme exacerbé.


    « Dieu merci, je ne suis pas philosophe, mais chrétien et citoyen de mon pays ! »
    disait Nietzsche.

    Sans dieu, merci, je ne suis pas chrétien et pas citoyen d’aucun pays et j’adore la philosophie !

    • Le petit jeu des citations et contre-citations non référencées aboutit à des contre-sens. Le référencement (AUTEUR, Titre, Editeur, Année, Pagination de la citation) permet non seulement de vérifier que la citation est juste, mais surtout de la contextualiser car on peut faire dire n’importe quoi à une phrase isolée, pratique favorite des staliniens et des nazis.

      Alain prend à la lettre une antiphrase de Nietzsche (figure de style fréquente dans son œuvre) qui dit le contraire de ce qu’il fut : philosophe, anti-chrétien et contre le militarisme allemand.

      Robert Paris renomme à tort "Nietzsche, penseur du fascisme" le livre de Georg Lukács intitulé "Nietzsche, précurseur de l’esthétique fasciste".

    • Et quand il dit qu’il est contre la démocratie, contre le peuple, contre le socialisme, contre la révolution, contre les masses et pour l’esclavage, faut-il lire aussi le contraire ?

  • Le début d’un culte germaniste, ton surtitre du chapitre 8 de Par delà le bien et le mal, constitue une interprétation fautive du texte de Nietzsche qui dénonce au contraire les "excès de patriotisme atavique" (241) et décrit ce que précisément fera Hitler en exaltant le nationalisme (241) :
    « Supposé qu’un homme d’État mette son peuple dans la situation de faire dorénavant de la « grande politique », ce à quoi il est, de nature, mal doué et mal préparé : il aurait alors besoin de sacrifier ses vieilles et sûres vertus pour l’amour de nouvelles médiocrités douteuses, - en admettant qu’un homme d’État condamne son peuple à faire la politique d’une façon générale, tandis que ce peuple avait jusqu’à présent mieux à faire et à penser et qu’au fond de son âme il ne pouvait se débarrasser du dégoût plein de méfiance que lui inspirait l’agitation, le vide, l’esprit bruyant et querelleur des peuples vraiment politiques ! - en admettant qu’un tel homme d’État aiguillonne les passions et les convoitises latentes de son peuple, qu’il lui fasse un reproche de sa timidité d’hier et de son plaisir à rester spectateur, un crime de son exotisme et de son goût secret de l’infini, qu’il déprécie devant lui ses penchants les plus intimes, qu’il lui retourne sa conscience, qu’il rende son esprit étroit, son goût « national », - comment ! un homme d’État qui ferait tout cela, un homme dont un peuple devrait expier les fautes jusque dans l’avenir le plus lointain, en admettant qu’il ait un avenir, un tel homme serait grand ? - Indubitablement ! lui répondit vivement l’autre vieux patriote : autrement il n’aurait pas pu faire ce qu’il a fait ! C’était peut-être fou de vouloir cela, mais peut-être que tout ce qui est grand a commencé par être fou ! »

    Nietzsche est contre la démocratie, mais Lénine dénonça aussi cette illusion petite-bourgeoise qui masque la dictature de la bourgeoisie. La différence entre les deux est que Lénine prônait la dictature du prolétariat qui, comme l’avait prévu Nietzsche, se transforma en dictature contre le prolétariat (242) :
    « Ces mêmes conditions nouvelles qui aboutiront en moyenne au nivellement et à l’abaissement de l’homme - de la bête de troupeau homme, habile, laborieuse, utile et utilisable de façon multiple, - ces conditions sont au plus haut degré aptes à produire des êtres d’exception, de la qualité la plus dangereuse et la plus attrayante. Car, tandis que cette faculté d’assimilation qui traverse des conditions sans cesse variantes, et qui commence un nouveau travail avec chaque génération, presque tous les dix ans, rend impossible la puissance du type ; tandis que l’esprit général de ces Européens de l’avenir sera probablement celui de ces ouvriers bavards, pauvres de volonté et très adroits qui ont besoin du maître et du chef comme du pain quotidien ; donc, tandis que la démocratisation de l’Europe aboutira à la création d’un type préparé à l’esclavage, au sens le plus subtil, dans les cas uniques et exceptionnels, l’homme fort deviendra nécessairement plus fort et plus riche qu’il ne l’a peut-être jamais été jusqu’à présent, - grâce au manque de préjugés de son éducation, grâce aux facultés multiples qu’il possédera dans l’art de dissimuler, et les usages du monde. Je voulais dire : la démocratisation en Europe et en même temps une involontaire préparation à faire naître des tyrans, - ce mot entendu dans tous les sens, même au sens le plus intellectuel. »

    Le plus grand ennemi du prolétariat fut les socialistes en1914 et les communistes à partir de 1921. Nietzsche n’a joué aucun rôle dans cette histoire interne au mouvement ouvrier qui lui était totalement étranger.

    Pour conclure cette discussion, qui n’en est pas une, voici un dernier extrait du même que vous vilipendez un peu vite (240) :
    « Ce que l’Europe doit aux juifs ? Bien des choses, du bon et du mauvais, et avant tout une chose qui est à la fois des meilleures et des pires : le grandiose en morale, la redoutable majesté des revendications infinies, le sens des « valeurs » infinies, tout le romantisme et tout le sublime des énigmes morales, - et par conséquent, ce qu’il y a de plus attrayant, de plus captivant et de plus exquis dans les jeux de nuances et les tentations de vivre dont la dernière lueur, la lueur mourante, peut-être, embrasé aujourd’hui le ciel crépusculaire de notre civilisation européenne. Et c’est pourquoi nous autres, les artistes, entre les spectateurs et les philosophes, nous avons pour les juifs de la reconnaissance. »

    Lire aussi la suite sur la dénonciation de "la bêtise anti-juive" (251).

    • Je n’ai nullement dit que Nietzsche était mêlé à la trahison socialiste ni à la guerre de 14 ni au nazisme. C’est toi qui me prête de tels propos. Tu imagines dans ces conditions combien il est facile de prêter des propos à Nietzsche. Tes citations montrent que ses idées vont en tous sens et cela est exact. Cela ne donne pas de la valeur à sa philosophie qui n’en est pas une. Pour la continuation de ce que tu considères ne pas être une discussion bien qu’elle en soit une, il faudra attendre une semaine car je serai absent et sans connexion pendant cette période. Avec toute mon amitié malgré nos désaccords. R.P.

    • Je te rappelle, m’appuyant sur Mussolini notamment, que l’on peut parfaitement être fasciste et pas antisémite. Le fascisme est l’hostilité violente aux travailleurs, au socialisme, à la révolution et à la démocratie bourgeoise.

  • « En vérité, les convictions sont plus dangereuses que les mensonges. »

    Friedrich Nietzsche

  • Friedrich Nietzsche était un des écrivains les plus misogynes :

    « Si tus vas chez les femmes n’oublies pas le fouet, ainsi parlait Zarathoustra. »

    « Le bonheur de l’homme est ; je veux : le bonheur de la femme est ; il veut. »

    « L’homme véritable veut deux choses : le danger et le jeu ; c’est pourquoi il veut la femme, le jouet le plus dangereux. »

    « Le guerrier n’aime les fruits trop doux, c’est pourquoi il aime la femme, une saveur amère.
    Friedrich Nietzsche »

    « L’homme est pour la femme un moyen : Le but est toujours l’enfant. »

    « Beaucoup de brèves folies, c’est là ce que vous appelez l’amour. Et votre mariage met fin à beaucoup de brèves folies par une longue sottise. »

    « La femme est une surface qui mime la profondeur. »

    « La femme est la seconde faute de Dieu. »

    « La femme apprend à haïr dans la mesure où elle désapprend de charmer. »

    « Où n’entrent en jeu ni amour ni haine, la femme n’est qu’une médiocre actrice. »

    citations de Friedrich Nietzsche ; dans « Ainsi parlait Zarathoustra » (1885)

    Un très sale type !!!

  • « L’égoïsme est la véritable essence d’une âme noble »

    Nietzsche

  • dans « Par delà le bien et le mal » (chapitre : qu’est-ce qui est noble ?)

  • Nietzche a publié lui-même son apologie parodique : « Ecce homo :

    « Je connais ma destinée. Un jour s’attachera à mon nom le souvenir de quelque chose de formidable, — le souvenir d’une crise comme il n’y en eut jamais sur terre, le souvenir de la plus profonde collision des consciences, le souvenir d’un juge ment prononcé contre tout ce qui jusqu’à présent a été cru, exigé, sanctifié. Je ne suis pas un homme, je suis de la dynamite. Et, avec cela, il n’y a en moi rien d’un fondateur de religion. Les religions sont les affaires de la populace. J’ai besoin de me laver les mains, après avoir été en contact avec des hommes religieux… Je ne veux pas de « croyants », je crois que je suis trop méchant pour cela, je ne crois même pas en moi-même. Je ne parle jamais aux masses… J’ai une peur épouvantable qu’on ne veuille un jour me canoniser. On devinera pourquoi je publie d’abord ce livre ; il doit éviter qu’on se serve de moi pour faire du scandale… Je ne veux pas être pris pour un saint, il me plairait davantage d’être pris pour un pantin… Peut-être suis-je un pantin… Et malgré cela — ou plutôt non, pas malgré cela, car, jusqu’à présent, il n’y a rien de plus menteur qu’un saint — malgré cela la vérité parle par ma bouche. — Mais ma vérité est épouvantable, car jusqu’à présent c’est le mensonge qui a été appelé vérité. Transmutation de toutes les valeurs, voilà ma formule pour n n acte de suprême détermination de soi, dans l’humanité, qui, en moi, s’est faite chair et génie. Ma destinée veut que je sois le premier honnête homme, elle veut que je me sache en contradiction avec des milliers d’années… Je fus le premier à découvrir la vérité, par le fait que je fus le premier à considérer le mensonge comme un mensonge, à le sentir comme tel. Mon génie se trouve dans mes narines. Je proteste comme jamais il n’a été protesté, et pourtant je suis le contraire d’un esprit négateur. Je suis un joyeux messager comme il n’y en eut jamais, je connais des tâches qui sont d’une telle hauteur que la notion en a fait défaut jusqu’à présent. Ce n’est que depuis que je suis venu qu’il y a de nouveau des espoirs. Avec tout cela je suis nécessairement aussi l’homme de la fatalité. Car, quand la vérité entrera en lutte avec le mensonge millénaire, nous aurons des ébranlements comme il n’y en eut jamais, une convulsion de tremblements de terre, un déplacement de montagnes et de vallées, tels que l’on n’en a jamais rêvé de pareils. L’idée de politique sera alors complètement absorbée par la lutte des esprits. Toutes les combinaisons de puis sances de la vieille société auront sauté en l’air — elles sont toutes appuyées sur le mensonge. Il y aura des guerres comme il n’y en eut jamais sur la terre. C’est seulement à partir de moi qu’il y a dans le monde une grande politique. »

  • Dispose-t-on d’un texte qui témoigne clairement du fait que Nietzsche serait antisémite ?

  • Tout à fait, il y en a plusieurs et je n’en donne qu’un dans un court extrait suffisamment parlant.

    Il s’agit de « La Généalogie de la morale ».

    Citons-le :

    « Les Juifs, ce peuple sacerdotal qui a fini par ne pouvoir trouver satisfaction contre ses ennemis et ses dominateurs que par une radicale transmutation de toutes les valeurs, c’est-à-dire par un acte de vindicte essentiellement spirituel. Seul un peuple de prêtres pouvait agir ainsi, ce peuple qui vengeait d’une façon sacerdotale sa haine rentrée. Ce sont des Juifs, qui, avec une formidable logique, ont osé le renversement de l’aristocratique équation des valeurs (bon, noble, puissant, beau, heureux, aimé de Dieu). Ils ont maintenu ce renversement avec l’acharnement d’une haine sans borne (la haine de l’impuissance) et ils ont affirmé : « Les misérables seuls qui souffrent, les nécessiteux, les malades, les difformes sont aussi les seuls pieux, les seuls bénis de Dieu ; c’est à eux seuls qu’appartiendra la béatitude – par contre, vous autres, vous qui êtes nobles et puissants, vous êtes de toute éternité les mauvais, les cruels, les avides, les insatiables, les impies, et, éternellement, vous demeurerez aussi les réprouvés, les maudits, les damnées ! »

  • N’est-ce cependant pas la traduction de sa soeur qui a fait de Nietzsche un faux précurseur idéologique des nazis ?

  • Comme on le sait, Nietzsche, victime d’une attaque cérébrale en 1889, s’effondre psychiquement et n’est plus capable de penser dans l’intervalle qui le sépare de la mort (1900). Sa sœur va d’abord profiter de la gloire montante de son frère en publiant, un an après sa mort, une Volonté de puissance que les spécialistes considèrent comme une falsification. Par la suite, ayant adhéré aux thèses nazies, elle publie une compilation qui va dans le sens des nouvelles idées. On a beaucoup insisté, les amis de Nietzsche en premier lieu, sur le fait qu’elle avait dénaturé la pensée de son frère. Un examen attentif permet d’affirmer qu’elle n’a pas eu à vraiment forcer les textes.

    Nous disposons aujourd’hui d’une bonne édition de La Volonté de puissance. Il s’agit de l’édition en deux volumes disponible dans la collection Tel. Ce livre, non écrit par Nietzsche, nous le rappelons, a été élaboré un peu comme le Journal de Stendhal dû à au professeur de Litto. Un spécialiste, Friedrich Würzbach, a recueilli et organisé, en les datant autant que possible, tous les aphorismes et développements en relation avec cette idée de la volonté de puissance qu’il a retrouvés dans les papiers du philosophe. Le résultat est affligeant.

    Tout y est. Par exemple, l’idée d’une race supérieure dirigeant l’humanité et écartant les faibles à défaut de les éliminer. Au profit de cette race supérieure, Nietzsche va jusqu’à préconiser la castration des criminels et des malades, l’interdiction du mariage pour les malades. La guerre et la colonisation seront des éléments favorables pour forger cette race de maîtres. Les textes sont nombreux. Lisons :

     Dans de nombreux cas, le devoir de la société est d’empêcher la procréation ; pour ce faire, elle a le droit, sans égard à l’origine, au rang et aux qualités de l’esprit, de prévoir les mesures coercitives les plus rigoureuses, les entraves de toutes sortes à la liberté, la castration dans certains cas. […] La vie elle-même ne connaît aucune solidarité, aucune « égalité » entre les parties saines et les parties dégénérées de son organisme ; il faut supprimer les dernières, faute de quoi tout périra. La pitié pour les décadents, l’égalité pour les dégénérés, ce serait la pire immoralité, ce serait la contre-nature promue au nom de la morale.

     Une société qui, pour satisfaire son instinct, répudie définitivement la guerre et la conquête, est en décadence.

     Du traitement à appliquer aux peuples grossiers. — La « barbarie » des moyens n’a rien d’arbitraire ni de facultatif, c’est évident, dès que l’on se trouve placé, avec toute sa sensiblerie européenne, dans la nécessité de soumettre des barbares — au Congo ou ailleurs.

     Contrarier la sélection de l’espèce, l’élimination de ses déchets, voilà ce qui a passé jusqu’à présent pour la vertu par excellence… Il faut respecter la fatalité ; cette fatalité qui dit au faible : « Péris ! »

    • Le quiproquo avec le nazisme est-il fondé ? La pensée de Nietzsche a-t-elle été manipulée ?

      « Bien sûr qu’elle a été manipulée, spécialement par sa sœur ! Le quiproquo n’est pourtant que partiel. Nietzsche était-il nazi ? Évidemment pas, et pour cause (il est mort après plusieurs années [ onze ] de démence, en 1900 : Hitler avait 11 ans !). Reste à savoir pourquoi les nazis ont cru reconnaître en Nietzsche une espèce de précurseur. La plupart des nietzschéens, surtout en France, voudraient nous faire croire que c’est un total contresens. Ce n’est pas si simple. Considérez par exemple ce passage de L’Antéchrist (&2) : “ Périssent les faibles et les ratés : premier principe de notre amour des hommes. Et qu’on les aide encore à disparaître ! ” Ou celui-ci du même ouvrage : “ Nous fréquenterions des “premiers chrétiens” tout aussi peu que des Juifs polonais : ce n’est pas qu’on ait besoin de leur reprocher même la moindre des choses… Tous deux sentent mauvais. ” Et que dire, dans la Généalogie de la morale (I, 11), de l’apologie de la “ superbe brute blonde, en quête de proie ou de victoire ” ? Cela n’empêchait pas Nietzsche de détester les antisémites, comme il aurait vraisemblablement détesté les nazis. Mais il détestait aussi les démocrates, les socialistes, les féministes, les progressistes… Une dernière citation, extraite de Zarathoustra, au livre IV : “ Les hommes efféminés, les fils d’esclaves et surtout la population métissée, tout cela veut à présent pendre en main le destin humain – ô dégoût, dégoût ! ” Bref, Nietzsche n’était pas nazi, mais ce n’est pas un hasard si les nazis se sont reconnus dans sa doctrine. Jankélévitch se scandalisait que le nazisme “ porte si visiblement l’empreinte de Nietzsche ” (L’Imprescriptible, Seuil, 1986, p. 52). Il est difficile de lui donner complètement tort. »

      Comte-Sponville

  • Nietzsche a déclaré que les femmes devraient avoir le droit d’avorter si des tests pouvaient déterminer que l’enfant à naître portait les « gènes » de l’homosexualité.

    Le même a écrit dans « L’Antéchrist » : "Périssent les faibles et les ratés !"

     !!!!

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